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 Sujet du message : Napoléon et le duc d’Enghien
Message Publié : 01 Fév 2016 11:51 
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Plutarque
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est-ce que c'est l'éxécution du DUC D’ENGHIEN qui a fait de napoléon un empereur? si il avait put le gracier aurait t-il put devenir empereur?


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Message Publié : 01 Fév 2016 12:13 
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Là je ne vois pas du tout la problématique. Si quelqu'un pouvait m'éclairer ?

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Message Publié : 01 Fév 2016 12:54 
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surtout qu'il doit y avoir une ou deux discussions sur le sujet.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 01 Fév 2016 13:03 
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Fustel de Coulanges
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La mort d'Enghien n'a pas fait de Napoléon un empereur, mais elle a contribué à afficher, s'il en était encore besoin, toute la fermeté de ses projets.

Tiré des Mémoires de Miot de Melito :
"Je ne puis me repentir du parti que j'ai pris à l'égard du duc d'Enghien. Je n'avais que ce moyen de ne laisser aucun doute sur mes véritables projets, et de renverser toutes les espérances des partisans des Bourbons. Enfin je ne puis me le dissimuler, je ne serai tranquille sur le trône que lorsqu'il n'existera plus un seul Bourbon, et celui-ci en est un de moins. C'est le reste du sang du grand Condé, c'est le dernier héritier du plus beau nom de cette maison. Il était jeune, brillant, valeureux, et, par conséquent, mon plus redoutable ennemi. C'était le sacrifice le plus nécessaire à ma sûreté et à ma grandeur."

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Message Publié : 01 Fév 2016 17:16 
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L'inconvénient c'est que cette exécution a été perçue - à juste titre - comme un assassinat par toutes les cours d'Europe. Pour quelqu'un qui espérait se faire reconnaître à terme comme un égal dans le concert des dynasties ce n'était pas très habile.

Edit / il y a déjà un fil complet, et même un sondage, sur ce sujet :
viewtopic.php?f=55&t=5894&start=15&hilit=Enghien

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Message Publié : 01 Fév 2016 21:59 
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Fustel de Coulanges
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Pierma a écrit :
L'inconvénient c'est que cette exécution a été perçue - à juste titre - comme un assassinat par toutes les cours d'Europe. Pour quelqu'un qui espérait se faire reconnaître à terme comme un égal dans le concert des dynasties ce n'était pas très habile.


On peut à ce sujet citer l’exposé que fit le 5 avril 1804, l'adjoint du ministre des affaires étrangères de Russie :

"L'incursion que les Français viennent de se permettre sur le territoire de l'empire germanique, pour y enlever le duc d'Enghien et pour conduire ce prince à un supplice immédiat, est un événement qui donne la mesure de ce que l'on doit attendre d'un gouvernement qui ne connaît plus de bornes dans ses violences et qui foulent aux pieds les principes les plus sacrés. Sa Majesté, indignée d'une violation aussi criante de tout ce que l'équité et le droit des nations peuvent prescrire de plus obligatoire, répugne à conserver plus longtemps des rapports avec un gouvernement qui ne connaît ni frein ni devoirs d'aucun genre, et qui, entaché d'un assassinat atroce, ne peut plus être considéré que comme un repère de brigands, qui, malgré leur puissance, n'en méritent pas moins cette dénomination.
L'attentat, que Bonaparte vient de consommer, devrait attirer sur la France le cri de la vengeance et de l'improbation de la part de tous les états de l'Europe, et donner le signal d'une opposition générale ; mais si d'autres puissances, frappées de terreur et dénuées d'énergie, gardent un humble silence dans un moment pareil, conviendrait-il à la Russie de suivre cet exemple ? N'est-ce pas à elle, au contraire, de donner la première celui que le reste de l'Europe doit suivre pour être sauvée d'un bouleversement immanquable dont elle est menacée ? S. M. I. mue par ces considérations, conduite par son coeur sensible et loyal, et par le sentiment de sa propre dignité, croit nécessaire de faire prendre à sa cour le deuil pour la mort du duc d'Enghien, et se propose de manifester hautement toute son indignation sur les procédés iniques de Bonaparte. S. M. voudrait d'autant moins suivre une autre règle de conduite, que l'infraction du droit des gens ayant été commise sur le territoire d'un prince qui, par les liens de la parenté, tient de si près à l'empereur, l'outrage fait dans cette occasion à toute l'association des états européens et à l'humanité même ne peut sous ce rapport que le blesser doublement. Notre Auguste Maître considérant qu'il devient désormais flétrissant et inutile d'entretenir des rapports avec un gouvernement qui respecte tout aussi peu l'équité pour le fond que la décence dans les formes, et envers lequel toute représentation en faveur du droit et contre l'oppression est totalement infructueuse, croit devoir ne plus conserver avec lui des relations, et penche à renvoyer d'ici la mission française, en même temps qu'il rappellera de Paris celle de Russie. L'empereur intimement convaincu qu'il ne convient pas, ni à sa dignité ni à l'honneur de son empire, de rester passif après l'attentat qui a eu lieu, ne se dissimule pas les inconvénients partiels et momentanés qui pourront être la suite d'une résolution dont il voit la nécessité. S. M. désire de s'entourer de toutes les lumières, dans un moment aussi important, et a voulu à cet effet rassembler les membres de son conseil, en y adjoignant des personnes dont l'expérience et l'habileté dans la diplomatie sont connues. L'Empereur m'a ordonné de leur exposer succinctement l'état de la question et la résolution qu'il est porté à prendre dans ces circonstances, ainsi que les raisons qui l'y déterminent, enfin d'indiquer les avantages et les inconvénients qui peuvent en résulter pour le bien des affaires en général et celles de la Russie en particulier.
Depuis le rétablissement des rapports entre la Russie et la France, il serait difficile de citer un seul avantage réel qui en soit résulté pour notre cour. Le gouvernement français n'a pas tenu les engagements les plus solennels qu'il avait pris envers la Russie, et nos instances maintes fois répétées, fondées sur ces engagements en faveur des princes auxquels l'Empereur s'intéresse, n'ont eu jusqu'à présent aucun effet. Le premier consul, dans ces derniers temps, paraît au contraire avoir pris à tâche de donner à la cour de Russie des désagréments continuels par des demandes et des procédés déplacés, que la fermeté mesurée que Sa Majesté y a opposée n'a pu faire cesser. Ce tableau en raccourci de la conduite de la France vis-à-vis de la Russie est une preuve que nous ne perdrons pas beaucoup à suspendre toute relation pour le moment avec un gouvernement qui, dans sa marche, se fait une règle de manquer à tous les égards que l'usage et les convenances ont établis, et à ne mettre aucune réciprocité dans sa conduite envers les autres gouvernements.
La résolution que prendrait l'Empereur, outre les motifs que le sentiment révolté et le devoir de ne pas agir d'une façon contraire à sa dignité lui fournissent, présente aussi divers avantages purement politiques. Il faut s'attendre que la conduite énergique de la Russie dans ce moment sera capable plus que toute autre chose de donner de l'essor à une opposition générale parmi les Etats de l'Europe, qu'il est si nécessaire de faire naître, afin de mettre des bornes à l'ambition et aux violences de Bonaparte. On doit espérer que les cours de Vienne et de Berlin, par suite de cette détermination, seront amenées à prendre aussi un parti décisif. Ces deux gouvernements et surtout le dernier, par des motifs différents, mais tous les deux principalement influencés par la terreur que leur inspire la France, n'ont pu jusqu'à présent être tirés de leur état de soumission passive, malgré les persuasions, les offres et les insinuations les plus fortes que Sa Majesté Impériale leur a fait parvenir. L'Empereur, en prenant lui-même un parti prononcé, et qui ne laisse aucun doute sur les sentiments qui l'animent et sur le système qu'il a adopté, sera dans le cas de tenir à ces deux cours un langage plus pressant, auquel ses armées réunies sur les frontières ne manqueront pas d'ajouter du poids, et pourra leur demander des réponses catégoriques sur la conduite qu'elles comptent tenir. Selon toutes les apparences et d'après les notions que nous recevons, ces deux cours, si elles sont une fois obligées à se décider, préféreront faire cause commune avec la Russie, résultat auquel il est peut-être impossible d'arriver, excepté au moment où les circonstances ne leur permettront plus de biais. C'est à peu près dans la même catégorie qu'il faut placer la Porte Ottomane, qui parait être remplie de confiance et de bonnes dispositions envers nous, et très convaincue de ce qu'elle à redouter de la part des Français.
Cependant, posons le cas que la Russie, après avoir rompu avec le gouvernement français, reste seule sans alliée continentale, que risque-t-elle par là ? Suspendre toute relation n'est pas encore entrer en guerre, et la France ne peut pas nous attaquer directement. Pour parvenir jusqu'à nous, il faut qu'elle entame d'autres puissances qui seront bien alors forcées de se défendre, en nous donnant l'occasion de voler à leur secours. La politique de la Russie dans un tel état de choses n'en deviendra nécessairement que plus influente, et nous en avons l'exemple par le rôle qu'elle a joué pendant la révolution française, lorsque, sans être précisément en guerre directe, toute relation était interrompue entre les deux puissances. Notre cour sera débarrassée par ce moyen d'un tas de tracasseries que ses rapports avec le gouvernement français lui causaient, ainsi que de la présence de cette foule d'agents répandus dans le pays.
Au reste. Sa Majesté Impériale ne peut avoir aucun doute de trouver quand il le faudra dans l’Angleterre une alliée sûre et toujours prête à se concerter et à s'unir avec Elle.
Les avantages que présente la détermination à laquelle Sa Majesté se voit amenée, par la façon d'agir inexcusable du gouvernement français, paraissent évidents. Les inconvénients qui peuvent en être la suite n'ont pas non plus échappé à l'attention de l'Empereur et doivent être indiqués ici.
Il n'est pas douteux qu'aussitôt que le gouvernement français saura que la Russie est décidée à rompre toute relation avec lui, et qu'en conséquence il n'a plus aucun ménagement quelconque à garder envers elle, son premier soin sera d'en tirer avantage, en se vengeant sur tous les Etats protégés et soutenus par Sa Majesté. Le royaume de Naples sera une première victime dans le Midi. Les Français une fois maîtres de ce pays, nos troupes à Corfou, trop peu nombreuses encore, courront des dangers, avant l'arrivée des nouveaux renforts, que Sa Majesté a ordonné de transporter aux Sept-lles, mais qui ne peuvent y être rendus qu'au bout de plusieurs mois.
Dans le Nord, il est possible que les Français voudront aussi frapper quelques coups et attaqueront le Danemark, qui, quoique disposé à une vigoureuse résistance et assuré d'être promptement secouru par Sa Majesté Impériale, ne s'attend pas à une agression aussi subite et n'est pas entièrement préparé pour s'y opposer.
Si un événement pareil à celui qui vient d'arriver avait eu lieu trois mois plus tard, quelque triste et malheureux qu'il soit en lui-même, il serait pour ainsi dire survenu à point nommé, afin de déterminer une démarche d'éclat de la part de la Russie. Les sentiments de l'Autriche et de la Prusse auraient été alors plus éclaircis et certains, le Danemark en mesure, notre corps aux Sept-Iles, renforcé, aurait été à même de garantir la Grèce et de secourir le royaume de Naples, au moyen d'un concert établi avec l'Angleterre.
Ce laps de temps qui se serait écoulé aurait augmenté les embarras de Bonaparte, à qui peut-être c'était rendre service que de lui fournir un prétexte de se désister du projet de la descente et de commencer une guerre continentale, que Sa Majesté Impériale, avare du sang de ses sujets, n'aurait voulu voir naître qu'avec les chances les plus favorables et après avoir épuisé les moyens qu'une négociation commune de toutes les puissances de l'Europe, entamée à Paris, aurait pu fournir.
Quelque fondées que soient ces considérations, l'événement qui vient d'arriver oblige à les mettre de côté ou du moins à ne les regarder que comme accessoires. Sa Majesté ne saurait ne point ressentir le procédé atroce du premier consul qui menace la sûreté de chaque Etat, sans manquer à sa dignité et sans persuader de plus en plus à l'Europe, à la France et à Bonaparte lui-même qu'il peut tout entreprendre, tout oser avec la pleine assurance de ne rencontrer nulle part de l'opposition.
Il semble, au premier coup d'œil, qu'il y aurait un moyen pour allier jusqu'à un certain point ces différents buts. Sans dissimuler une juste indignation, on pourrait ne pas rompre immédiatement avec Bonaparte, mais se contenter de prendre le deuil à l’occasion de la mort du duc d'Enghien et d'exprimer à Paris que l’Empereur ne pouvait voir avec indifférence la lésion du territoire germanique et notamment des Etats de l’électeur de Bade, d'où le duc d'Enghien avait été enlevé pour être conduit à la mort, — et que Sa Majesté désirait être informée si le gouvernement français ne désavouait pas un fait aussi inique et contraire au droit des gens; en un mot, entrer dans une explication qui ne serait demandée que pour pouvoir traîner encore environ deux mois et prendre ce temps pour se mettre davantage en mesure dans le nord et le midi de l'Europe. Le gouvernement français ne se soumettrait pas sans doute à l'humiliation de donner une satisfaction qui puisse être mise en parallèle avec ses torts, et l'interruption de tous rapports en serait la suite nécessaire. Mais à ce moyen est encore lié un nouvel inconvénient, qui est qu'aussitôt que l'on saura à Paris la nouvelle qu'on a porté à Saint-Pétersbourg le deuil pour le duc d'Enghien, et à plus forte raison lorsque M. Oubril aura fait sur cet événement des offices qui ne pourront être que d'une teneur très désagréable, le premier consul prévoyant à quoi il doit s'attendre prendra le devant, renverra notre mission de Paris et rappellera la sienne de Pétersbourg. L'impulsion de cette façon viendra de sa part, c'est lui qui osera faire une offense à la Russie et qui montrera qu'il ne craint pas sa puissance; en un mot, une grande partie des avantages qui doivent résulter de la conduite de la cour de Russie dans cette occasion seront perdus si l'on permet à Bonaparte de nous prévenir par une décision pareille à celle que Sa Majesté médite et si au lieu d'en être décontenancé, il a l'air de nous narguer aux yeux de sa nation et de toute l'Europe.
Pour ne point donner lieu à ces inconvénients, il faudrait plutôt s'en tenir à la première idée et procéder d'abord par l'annonce du deuil, puis par le rappel de notre mission de Paris, en ne gardant ici celle de Bonaparte que jusqu'au temps où le chargé d'affaires de Russie sera sorti de France. On se bornerait à envoyer avant tout deux courriers à Naples et à Copenhague, pour prévenir ces cours de la résolution qu'aurait prise Sa Majesté et de celles qui pourraient s'ensuivre de la part du gouvernement français. Pour ce qui est de Corfou, il faudrait y envoyer des ordres, afin que l'on s'y mette en posture aussi bien que possible, et qu'en attendant l'arrivée du renfort, on lève un corps d'Albanais, pour se garantir d'un premier effort sur les Sept-Iles. Il serait impossible d'entrer ici dans les détails des mesures ultérieures à prendre, cette matière exigeant d'être traitée au long et de faire l'objet d'un mémoire séparé.
Dans l'office que notre chargé d'affaires présenterait en quittant Paris, l'indigne conduite du gouvernement français relativement à l'empire germanique et aux rois de Naples et de Sardaigne, en contravention aux engagements les plus formels, pourrait être relevée avec force. — Une idée naturelle qui se présente dans cet endroit, c'est de faire en cette occasion un dernier effort en faveur des princes qui vont être dans le premier moment abandonnés à la merci de Bonaparte, et pour leur prouver encore tout l'intérêt que Sa Majesté Impériale prend à leur sort, de lui proposer comme seule réparation acceptable et comme condition indispensable du maintien des relations entre la Russie et la France, d'accorder sur-le-champ le dédommagement promis au roi de Sardaigne, d'évacuer immédiatement le royaume de Naples et tous les pays faisant partie de l'empire d'Allemagne, et de s'engager solennellement à n'y plus faire rentrer de troupes. Différents arguments s'opposent à faire une semblable demande préalable : elle sera inutile et rendra peut-être le premier consul plus acharné contre les princes en faveur desquels on parlera ; elle nous attirera un refus immanquable, qu'il est bon d'éviter, et diminuera même le caractère de loyauté et de majesté qu'aura la démarche de l'Empereur, si elle se fait dans toute la simplicité de son motif, qui est de rompre avec un gouvernement qui ne mérite plus de porter ce nom et avec lequel il est déshonorant de conserver encore des relations. Plus la modération et les principes généreux et désintéressés de l'Empereur sont connus, et plus sa détermination dans cette occurrence fera d'impression sur la nation française et dans toute l'Europe. Si toutefois le gouvernement français tient réellement à conserver des relations avec la Russie, au point de se résoudre aux conditions susmentionnées, il ne manquera pas de les proposer de lui-même, et Sa Majesté verra alors s'il lui conviendra de l'écouter.
Ayant taché d'énoncer en peu de mots les suites favorables et fâcheuses qui peuvent découler de la résolution que Sa Majesté croit devoir prendre et d'indiquer les difficultés qui se mêlent à son exécution, je dois ajouter que l'Empereur désire que les personnes qu'il a réunies aujourd'hui énoncent d'après ces données, que je suis tout prêt à compléter, si elles ne paraissent pas suffisantes, leur avis sur le mode le plus convenable selon lequel il faudrait agir dès à présent, et nommément si des raisons d'Etat et purement de prudence n'obligent pas d'arrêter encore une détermination que le sentiment et la dignité commandent au plus haut degré; s'il convient après l'annonce du deuil de faire immédiatement des démarches finales auprès du gouvernement français ou de tâcher de traîner la chose en longueur par des ouvertures préalables ; quel sens on pourrait leur donner; jusqu'à quel point nous devons du ménagement aux princes qui n'espèrent que dans la protection de l'Empereur; dans tous les cas, quelles sont les mesures à prendre pour les garantir autant que possible, et surtout le royaume de Naples qui court les plus grands risques ; en un mot quelle est la marche qu'il faut adopter , afin de ne perdre rien des avantages qui doivent résulter d'une résolution honorable et glorieuse pour Sa Majesté Impériale afin de remédier aux inconvénients qui peuvent s'y mêler.
Après avoir ainsi exécuté les ordres de Sa Majesté, il ne me reste qu'à témoigner ici combien il est important que le secret le plus inviolable soit gardé sur l'objet de la discussion qui va avoir lieu, combien la mission russe à Paris et les princes, que nous désirons exposer le moins possible, risqueraient, si la chose venait à transpirer. Sa Majesté Impériale connaissant à fond le caractère et le zèle pour son service des personnes qu'elle a réunies, est dans une pleine sécurité à cet égard. »

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Message Publié : 03 Fév 2016 8:38 
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Pierre de L'Estoile
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à propos de Russie, ce n'est pas Talleyrand qui avait répondu à leurs critiques d'une façon cinglante en demandant à l'ambassadeur un rapport circonstancié sur l'assassinat du Tzar Paul 1er ?

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 03 Fév 2016 9:32 
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J'ai en tête une approche plus fine. Talleyrand - quoi qu'il en ait - reprend la fiction d'un duc d'Enghien comploteur, et argumente sans rire auprès de l'ambassadeur russe : " Imaginez qu'on ait connu à Saint Petersbourg les assassins futurs du tzar Paul : n'aurait-on pas alors été heureux de s'en saisir et de les exécuter ? " (citation approximative de ma part, mais c'est évidemment l'ironie de la comparaison qui en fait tout le sel.)

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Message Publié : 03 Fév 2016 14:12 
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Fustel de Coulanges
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Il s'agit des mots tirés de la lettre que Talleyrand écrivit le 16 mai à l'ambassadeur Oubril :
« La plainte que la Russie élève aujourd’hui conduit à se demander si, lorsque l’Angleterre médita l’assassinat de Paul 1er, et qu’on eut connaissance que les auteurs du complot se trouvaient à une lieue des frontières, on n’eut pas le geste de les faire saisir. »

Cette gifle fut ensuite publiée dans le Moniteur.

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Message Publié : 03 Fév 2016 19:49 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Bonsoir,

Pierma a écrit :
L'inconvénient c'est que cette exécution a été perçue - à juste titre - comme un assassinat par toutes les cours d'Europe. Pour quelqu'un qui espérait se faire reconnaître à terme comme un égal dans le concert des dynasties ce n'était pas très habile.

Cet "incident" pour certains a déjà été traité plusieurs fois il me semble mais lorsque l'on aime le sujet...
Je suis tout à fait en accord avec votre analyse et il semble que cet acte a enveloppé et l'auteur et, malheureusement, entaché le pays, voilé certains idéaux qui -après cet assassinat- sont passés comme simple propagande.
J'ignore si Bonaparte à ce moment a songé en terme "d'habileté" ou plus en terme "d'avertissement".
Pour la Russie, Czartoryski avec un texte rédigé sur ordre d'Alexandre :
"SMI indignée d'une infraction aussi criante de tout ce que l'équité et le droit des nations peuvent prescrire de plus obligatoires, répugne de conserver plus longtemps des rapports avec un gouvernement qui ne connait ni frein, ni devoir d'aucun genre et qui, entaché d'un assassinat atroce, ne peut plus être regardé que comme un repaire de brigands."
L'empereur de Russie est encore -à ce moment- un jeune homme très imprégné des idées de son précepteur Laharpe, lui-même très adepte des Lumières. C'est donc l'estimation d'une récupération de Bonaparte pour un esprit encore imprégné d'idéaux, avec un programme dans lequel s'inscrit une volonté de libération au niveau de certains coutumes (servage etc.). Pour un tel homme, se sentant toujours comme usurpateur de son pouvoir, toujours dans un balancement entre tenir et passer la main, l'opportunisme est plus qu'une faute : un crime.
Désormais, Alexandre s'inscrit dans une lutte idéologique face à un homme. Il se trouve que cet homme soit à la tête de la France.
On voit la tournure : "L'arme la plus puissante dont se soient servis les Français et avec laquelle ils menacent encore tous les pays est l'opinion universelle qu'il ont su répandre que leur cause est celle de la liberté et de la prospérité des peuples..."
C'est terrible dans la mesure où avec ce prémisse, plus aucun discours, aucun échange ne trouvera crédibilité. Traite-t-on avec des brigands ? Traite-t-on avec un homme qui s'accapare et joue des idées ?
A partir de ceci, tout ce qui sera de "traité", "échange" etc. est biaisé. C'est d'autant plus funeste que la position de "victime" est déjà accolée à qui sera le perdant face à NB et tout acte un peu "litigieux" sera mis au débit de la France.
Cette avancée (la Révolution) suivie avec intérêt, puis un certain recul mais en gardant le "meilleur" (les idées) va tout à coup apparaître à travers le pire et la récupération.
Pour le disciple de Laharpe, il reste impensable de chercher à rétablir en France un ordre monarchique de droit absolu :
"Répugnant à faire rétrograder l'humanité, je voudrais que les deux gouvernements convinssent entre eux que loin de prétendre rétablir dans le pays qu'il faudra affranchir du joug de Bonaparte d'autres abus ... on s'efforcera au contraire de leur assurer la liberté fondée sur de véritables bases".
Il est clair que ce n'est pas tant le pays que l'homme qui désormais traîne derrière lui une image d'opportuniste près à fossoyer toutes les libertés. Il est clair aussi que l'on peut s'entendre avec la France, du moment qu'elle se défasse de Bonaparte et il semble clair aussi qu'Alexandre voit -en la Révolution- une avancée à surtout conserver et ne pas brader au plus fort par facilité (on peut le lire dans ses échanges avec son ancien précepteur).
Drouet Cyril a écrit :
La mort d'Enghien n'a pas fait de Napoléon un empereur, mais elle a contribué à afficher, s'il en était encore besoin, toute la fermeté de ses projets.

;) ... par ailleurs le choix d'Enghien a une autre dimension, peut-être plus personnelle, plus intime et insupportable à qui veut être unique :
Citer :
C'est le reste du sang du grand Condé, c'est le dernier héritier du plus beau nom de cette maison. Il était jeune, brillant, valeureux, et, par conséquent, mon plus redoutable ennemi.

On sent déjà, chez NB, un certain narcissisme : "jeune" + "brillant" + "valeureux" = "... mon plus redoutable ennemi...". Déjà, l'homme ne doute de rien : belle oraison pour Enghien lorsque l'on connait la mesure que donne Bonaparte à sa propre personne.

Il vaut mieux éviter le parallèle avec la fin de Paul Ier ou plus antérieurement celle de Pierre III : il n'y a rien de comparable dans la mesure où ces deux assassinats sont exécutés pour éviter des dommages. Pour Pierre III, c'est son épouse qui risque d'être au mieux évincée, avec Paul Ier c'est aussi son épouse et ses deux aînés sans compter avec une politique, un comportement et des actes jugés intolérables sur la longueur pour certaines hautes familles.
C'est peut-être avec l'affaire Enghien que Talleyrand se dévoile autant et met une énergie assez peu compréhensible pour "faire passer" un acte si peu "diplomatique" avec un "... ce sont les affaires".

:(

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Message Publié : 03 Fév 2016 20:03 
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Plutarque
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ezio-auditore a écrit :
Bonsoir,

avec Paul Ier c'est aussi son épouse et ses deux aînés sans compter avec une politique, un comportement et des actes jugés intolérables sur la longueur pour certaines hautes familles.
C'est peut-être avec l'affaire Enghien que Talleyrand se dévoile autant et met une énergie assez peu compréhensible pour "faire passer" un acte si peu "diplomatique" avec un "... ce sont les affaires".
:(


c'est surtout son retournement d'alliance contre l’Angleterre qui lui a été fatale. L'argent de l’Angleterre à causé sa mort .


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Message Publié : 03 Fév 2016 20:09 
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Plutarque
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Pierma a écrit :
L'inconvénient c'est que cette exécution a été perçue - à juste titre - comme un assassinat par toutes les cours d'Europe. Pour quelqu'un qui espérait se faire reconnaître à terme comme un égal dans le concert des dynasties ce n'était pas très habile.


La mort duc d'engien n'a pas pas été condamné dans toutes les coures d’Europe.

citation CHRONIQUES NAPOLÉONIENNES Michel Franceschi " Seules la Suède (pour très peu de temps), l’Angleterre, et surtout la Russie, manifestent leur hostilité"
"les Bourbons d’Espagne, de Naples et de Florence ne prennent même pas le deuil ! La reine d’Etrurie va jusqu’à se réjouir de l’évènement à sa façon toute personnelle : «Si quelque chose avait pu donner à la Reine de la consolation en apprenant la mort de ce prince, c’était la manière délicate dont le Premier Consul s’était servi pour lui faire part de l’évènement .»


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Message Publié : 03 Fév 2016 20:11 
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grossmann a écrit :
L'argent de l’Angleterre à causé sa mort .


Pouvez-vous nous en dire plus s'il vous plait ?

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Message Publié : 03 Fév 2016 20:23 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Bonsoir,

Pierma a écrit :
... " Imaginez qu'on ait connu à Saint Petersbourg les assassins futurs du tzar Paul : n'aurait-on pas alors été heureux de s'en saisir et de les exécuter ? " (citation approximative de ma part, mais c'est évidemment l'ironie de la comparaison qui en fait tout le sel.)

[... Dès 1798-1799, la Cour de Russie bruisse de rumeurs d'assassinat et dans l'entourage immédiat du tsar, une opposition commence à se structure autour du comte Nikita P. Panine...]. C'est Panine qui approchera le grand prince de Moscou. Toute la bande (Panine, Ribas, les Zoubov, Whitworth) se réunissait chez une aristocrate ayant pignon sur rue. Si Paul Ier eut été averti, Pétersbourg aurait pris le deuil des complotistes.

;)

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"L'histoire remplit le vide du présent et se transforme elle-même en espérance !"


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Message Publié : 03 Fév 2016 20:33 
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Plutarque
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Drouet Cyril a écrit :
grossmann a écrit :
L'argent de l’Angleterre à causé sa mort .


Pouvez-vous nous en dire plus s'il vous plait ?


revue Napoléon Ier, Oleg Sokolov :
<< Dès les premiers pas de Bonaparte au pouvoir, le tsar apprécie hautement l'action et les talents du jeune chef du gouvernement français. Paul comprend très vite que c'est un homme de génie qui a pris le pouvoir en France, l'homme capable de mettre fin à l'anarchie révolutionnaire et de rétablir, quoique sur un fondement tout à fait nouveau, l'ordre et la légalité dans l'Etat français. Il ressent dans l'action du Premier Consul la force et sincérité qui correspondent à sa nature chevaleresque, et il s'adresse presque tout de suite à lui avec des propositions tout à fait inattendues. Le 29 décembre 1800, Paul écrivait à Bonaparte :

" Monsieur le Premier Consul,

Il est du devoir de ceux à qui Dieu a remis le pouvoir de gouverner les peuples, de penser et s'occuper de leur bien-être. Je vous propose à cette fin de convenir entre nous des moyens de finir et faire finir les maux qui désolent depuis onze ans l'Europe entière. Je ne parle, ni ne veux discuter ni des droits de l'homme, ni des principes des différents gouvernements que chaque pays a adoptés. Cherchons à rendre le repos et le calme au monde, dont il a tant besoin ".
onaparte répond à cette demande de l'Empereur russe avec un enthousiasme tout à fait compréhensible. Le 2 janvier 1801, prenant la parole au sein de son conseil, le Premier Consul déclare : " La France ne peut avoir que la Russie comme alliée. Cette puissance est la clef de l'Asie... "

Le rapprochement entre la Russie et la France se passe d'une façon presque instantanée. Les pays, dont les soldats encore naguère se retrouvaient sur les champs de bataille, étaient sur le point, non seulement de faire la paix, mais de conclure aussi une alliance dont la pointe était dirigée contre l'Angleterre. Le 24 janvier 1801, devançant les espoirs les plus hardis du Premier Consul, Paul Ier ordonne aux troupes russes de marcher d'Orenbourg vers les Indes, dans le but d'en chasser les Anglais. C'est le corps sous les ordres du comte Orlov (22.000 cosaques avec 24 pièces d'artillerie) qui est envoyé dans cette expédition.

Pourtant, les grands espoirs de l'alliance franco-russe, cet " accord entre ceux que les chancelleries germaniques appelaient les puissances flanquantes ", ne devaient pas se réaliser. Dans la nuit du 23 au 24 mars 1801, l'Empereur Paul Ier était tué par des conspirateurs. En apprenant la fin tragique de son allié, Bonaparte aurait poussé " un cri de désespoir ". Selon un autre témoin, en parlant des Anglais, le Premier Consul aurait dit : " Ils m'ont raté le 3 nivôse, ils m'ont eu à Saint-Pétersbourg ". Dans cette brève analyse des événements qui s'étaient déroulé dans la capitale russe, Bonaparte avait complètement raison. Bien sûr, les causes principales du mécontentement d'une partie de l'oligarchie aristocratique russe résidaient dans le caractère de Paul Ier, dans certaines de ses actions dans le domaine de la politique intérieure, et surtout dans de vagues projets de libération des serfs. Pourtant, sans argent venant d'Angleterre et sans l'action directe de l'ambassadeur anglais lord Whitworth, le complot aurait pu ne jamais aboutir.>>


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