Jefferson a écrit :
Citer :
Encore une fois, la libération graduelle concernait les enfants mais pas leurs parents esclaves.
La Pennsylvanie n'est pas tous les Etats du Nord. Si vous voulez nuancer, allez jusqu'au bout - dans certains Etats, les esclaves ont été libérés immédiatement, dans d'autres après quelques années.
Ma précision ne concernait pas les abolitions définitives mais les graduelles puisque je répondais à vos mots « la libération effective fut graduelle » ; or dans le cadre de la législation des états de Pennsylvanie, du Connecticut, de Rhode Island, et de New-York, il n’est pas question de libérer les esclaves vivants au moment où les actes en question ont été pris.
Jefferson a écrit :
Si je comprends bien, les "engagés", ou "bounds", seraient les esclaves libérés par l'acte d'abolition, mais maintenus sous les fers dans le cadre d'une libération graduelle ?
Si on s’en tient aux différents actes d’abolition graduelle, il ne s’agit pas de libérer des esclaves mais de créer un nouveau statut pour les enfants d’esclaves nés après une date déterminée. Ainsi, ces derniers ne naissent plus esclaves, mais se doivent de servir le propriétaire de leur mère jusqu’à un âge (variable en fonction des états et du sexe) au terme duquel ils seront libérés de cette obligation.
Ces textes ont logiquement grandement inspiré les abolitionnistes français, sans pour autant faire taire leurs critiques.
Ainsi, Brissot dans son Mémoire sur les Noirs de l'Amérique septentrionale, présenté à l'assemblée de la Société des Amis des Noirs, le 9 février 1789, écrivait ceci :
« On ne peut sans doute donner trop d'éloges au zèle constant et soutenu de la société de Pennsylvanie qui provoqua ces lois, à l'esprit de liberté et d'équité qui dirigea l'assemblée de la Pennsylvanie, aux principes d'humanité qui furent déployés dans les débats à cette occasion. Cependant, qu'il nous soit permis de mêler nos regrets à ces justes éloges. Pourquoi cette respectable assemblée n'a-t-elle pas été plus loin ? Pourquoi, par exemple, n'a-t-elle pas étendu, ou au moins fait espérer l'affranchissement aux noirs qui étaient esclaves lors du premier acte ? C'est une propriété, dit-on, et toute propriété est sacrée. Mais qu'est-ce qu'une propriété évidemment fondée sur le vol ? Qu'est-ce qu'une propriété contraire aux lois divines et humaines ? Je veux encore que cette propriété méritât quelques égards ; mais pourquoi ne l'avoir pas limitée à un certain nombre d'années ? Pourquoi n'avoir pas accordé à l'esclave le droit de se racheter ? Quoi ! l'enfant d'un nègre esclave, en Pennsylvanie, peut espérer de jouir un jour de la liberté ; son maître ne peut la lui refuser, quand il a travaillé pour lui jusqu'à l'âge de vingt-huit ans ! et le malheureux père est à jamais privé de sa liberté ! Son fils, qui n'a pas, comme lui, senti la douleur, le désespoir d'être enlevé à sa patrie, à sa famille, à tout ce qu'il y a de plus cher pour l'homme ; son fils, qui n'a pas été déchiré par ces tourments si .communs avant la révolution actuelle; son fils est favorisé par la loi ! et cette loi partiale condamne le père à être infortuné toute sa vie ! Non, cette injustice ne peut souiller longtemps le code des lois, dans un pays où la raison et l'humanité se font entend, et il faut espérer qu'un jour viendra où l’on fera une composition avec l’intérêt, pour arracher de ses mains les pères esclaves. »
Jefferson a écrit :
Je ne parviens pas à trouver le terme "bound", pour ces engagés auxquels font allusion les acteurs français. L'acte d'abolition de Pennsylvanie parle "d'indentured servants". Ce doit être cela. Cela dépasse mes compétences, mais l'indenture etait une vieille forme de contrat anglais qui réglait des contrats de domesticité - l'indentured servant s'engageait à servir un certain nombre d'années son maître pour payer son voyage vers le nouveau monde.
l’Act for the gradual Abolition of slavery de l’état de Pennsylvanie parle de “servant”, mais associe ce statut avec celui du « servant bound by indenture ».