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Message Publié : 15 Sep 2016 13:48 
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Thucydide
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Un carré en mauvaise posture !?

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auerstaedt , Davout sauve son armée contre les prussiens!

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Cordialement

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Message Publié : 15 Sep 2016 16:44 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Pouvez-vous nous en dire plus sur la première image s'il vous plait ?

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Message Publié : 15 Sep 2016 19:53 
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Thucydide
Thucydide

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Drouet Cyril a écrit :
Pouvez-vous nous en dire plus sur la première image s'il vous plait ?


OUI je peux , j'ai voulu démarrer un sujet sur les carrés d'infanterie avec une premiere image choque et inconnue de beaucoup ,pour démarrer un débat!
Cette vidcap est tiré d'un film britannique des années 60 /70 sur la conquette du Soudan, et la bataille de EL TEB en 1884!
Voici l'extrait:

https://www.youtube.com/v/9tRXpZBIPJs

Il n'y avait pas de trucage numérique à cette époque!
Voir les possibilités actuelles ci-dessous

https://vimeo.com/172374044

Vivement la série de S . spielberg
Sur Napoléon!

Cordialement

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Message Publié : 15 Sep 2016 20:19 
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Le carré rempart de l'infanterie, certes, mais uniquement contre la cavalerie !
Il aurait été suicidaire de se former en carrés face à une colonne d'infanterie en charge (le choc aurait fait ployer la ligne attaquée, l'aurait repoussée, le carré aurait été désorganisé et, entamé, se serait effondré), encore plus face à de l'artillerie (les boulets dans les rangs compacts... Il n'y aurait plus personne au bout de quelques salves). Et cela aurait été du gaspillage contre une ligne d'infanterie qui lui confronte sa mousqueterie (vu le nombre de tireurs inutilisé...).

C'est tout le problème de l'infanterie qui se défend elle-même très facilement, à condition d'être organisée de la manière adéquate : en ligne pour tirer, en colonne pour charger baïonnette au canon, en carré pour résister à des charges de cavalerie (même si la ligne est suffisante pour repousser une charge frontale, le carré se justifiant lorsque l'infériorité numérique est si manifeste que l'ennemi peut vous envelopper et vous attaquer sur deux, trois ou quatre côtés).

Je pense que le schéma de la bataille de l'Isly en 1844 serait aussi évocateur de ce principe, même si plus que le carré (qui n'est qu'un mode d'action tactique) c'est plutôt l'ordre de bataille "en hure de sanglier" qui s'y est distingué.

CNE EMB

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Message Publié : 15 Sep 2016 20:40 
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Thucydide
Thucydide

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CNE_EMB a écrit :
Le carré rempart de l'infanterie, certes, mais uniquement contre la cavalerie !
Il aurait été suicidaire de se former en carrés face à une colonne d'infanterie en charge (le choc aurait fait ployer la ligne attaquée, l'aurait repoussée, le carré aurait été désorganisé et, entamé, se serait effondré), encore plus face à de l'artillerie (les boulets dans les rangs compacts... Il n'y aurait plus personne au bout de quelques salves). Et cela aurait été du gaspillage contre une ligne d'infanterie qui lui confronte sa mousqueterie (vu le nombre de tireurs inutilisé...).

C'est tout le problème de l'infanterie qui se défend elle-même très facilement, à condition d'être organisée de la manière adéquate : en ligne pour tirer, en colonne pour charger baïonnette au canon, en carré pour résister à des charges de cavalerie (même si la ligne est suffisante pour repousser une charge frontale, le carré se justifiant lorsque l'infériorité numérique est si manifeste que l'ennemi peut vous envelopper et vous attaquer sur deux, trois ou quatre côtés).

Je pense que le schéma de la bataille de l'Isly en 1844 serait aussi évocateur de ce principe, même si plus que le carré (qui n'est qu'un mode d'action tactique) c'est plutôt l'ordre de bataille "en hure de sanglier" qui s'y est distingué.

CNE EMB


La formation fut décrite par Plutarque et utilisée par l'armée romaine. Elle fut développée à partir d'une formation circulaire. Plus précisément, un imposant carré d'infanterie fut formé par les légions romaines lors de la bataille de Carrhes contre les Parthes, et dont les armées continrent une grande partie de la cavalerie adverse!
Il est évident que sans cavalerie le carré d'infanterie n' a pas lieu d'etre!
Voici des vidcaps de carrés britannique à waterloo prises dans une série anglaise (Jonathan Strange And Mr Norrell de 2015

Pas dans le Waterloo de Bondarchuk de 1970

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Cordialement

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Message Publié : 15 Sep 2016 20:50 
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Eginhard
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CNE_EMB a écrit :
Le carré rempart de l'infanterie, certes, mais uniquement contre la cavalerie !
Il aurait été suicidaire de se former en carrés face à une colonne d'infanterie en charge (le choc aurait fait ployer la ligne attaquée, l'aurait repoussée, le carré aurait été désorganisé et, entamé, se serait effondré), encore plus face à de l'artillerie (les boulets dans les rangs compacts... Il n'y aurait plus personne au bout de quelques salves). Et cela aurait été du gaspillage contre une ligne d'infanterie qui lui confronte sa mousqueterie (vu le nombre de tireurs inutilisé...).
CNE EMB


Alors je suis un béotien assumé en tactique militaire (non, mais vraiment, je n'y connais strictement rien, en dehors de quelques heures passées sur la série de jeux vidéos Total War, vous conviendrez que c'est un peu court), et je ne comprends absolument pas cette partie de votre démonstration. Vous voulez dire qu'une charge en colonne d'infanterie a plus de puissance à l'impact qu'une charge de cavalerie ? Un carré résisterait (ou pourrait résister) à des cavaliers au galop mais pas à un groupe de fantassins en charge ?

Je pensais que pour enfoncer une ligne de fantassins, il n'y avait rien de mieux qu'une charge de cavalerie.

Entendez bien : je ne remets pas du tout en cause votre analyse. Je ne comprends tout simplement pas. Si vous pouviez m'expliquer, avec des mots simples ?

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Message Publié : 15 Sep 2016 21:19 
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Thucydide
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Citer :
Le carré rempart de l'infanterie, certes, mais uniquement contre la cavalerie !
Il aurait été suicidaire de se former en carrés face à une colonne d'infanterie en charge (le choc aurait fait ployer la ligne attaquée, l'aurait repoussée, le carré aurait été désorganisé et, entamé, se serait effondré), encore plus face à de l'artillerie (les boulets dans les rangs compacts... Il n'y aurait plus personne au bout de quelques salves). Et cela aurait été du gaspillage contre une ligne d'infanterie qui lui confronte sa mousqueterie (vu le nombre de tireurs inutilisé.


Un carré devait être inébranlable face à une charge de cavalerie, mais n'était pas statique pour autant : des chefs habiles ont utilisé cette formation pour décimer la cavalerie ennemie, soit en l'accablant sous des feux de salve, soit en la prenant au piège. C'est ce que les Français réussirent contre les Ottomans à la bataille du Mont-Thabor (1799), en les soumettant à un feu croisé.
S'ils étaient nombreux, les carrés d'infanterie étaient ordonnés en damier les uns par rapport aux autres, afin d'éviter les accidents du type tir ami.
L'infériorité de l'infanterie en ordre dispersé devant une attaque de cavalerie est évidente : ici, lors de labataille d'Albuera (1811), le 3° régiment d'infanterie anglaise (The Buffs) est écrasé par les uhlans qui ont pu les charger de flanc, sous la pluie, alors que de plus les britanniques faisaient mouvement. Le 31° régiment, lui, aura le temps de former le carré et sera épargné

Lors de la bataille de Waterloo (1815), les carrés d'infanterie (sur quatre rangs d'hommes) des Alliés tinrent contre 11 charges de cavalerie française (laquelle n'était soutenue ni par l'artillerie montée ni par l'infanterie).

Lors de la bataille de Lützen (1813), des carrés de troupes françaises non aguerries soutinrent les charges de la cavalerie Alliée, qui pourtant était soutenue par son artillerie montée et son infanterie.
Autres exemples de l'efficacité défensive impressionnante du carré d'infanterie : la bataille d'Iéna-Auerstedt (1806), la bataille de Pultusk (1806), la bataille de Fuentes de Oñoro (1811) et la 1re bataille de Krasnoï (14 août 1812). Lors de la bataille d'Albuera (1811), la cavalerie française (uhlans et hussards) lancée par Latour-Maubourg avance cachée par un orage de pluie et de grêle (qui de plus rend les fusils des redcoats inefficaces) et détruit presque complètement la colonne Colborne; seul le 31st (Huntingdonshire) Regiment of Foot, qui a pu former le carré, échappe au massacre

Lors de laBataille des Pyramides, les cavaliers mamelouks ont chargé en vain l'infanterie française : elle s'est massée en carré et les a repoussés (toile de Antoine-Jean Gros)
Les charges de cavalerie contre un carré d'infanterie étaient menées en formation serrée, de façon à essayer de semer la panique dans les rangs de fantassins peu aguerris, provoquant leur débandade – ou d'arriver au contact pour provoquer un maximum de pertes chez l'ennemi.

La cavalerie se lançait souvent contre les coins du carré, qui étaient connus comme étant les points faibles de la formation. Elle utilisait aussi des feintes ou de fausses attaques, en espérant que les fantassins lâcheraient leur volée trop tôt, et seraient ensuite vulnérables, n'ayant plus en main que des fusils vides, qui, avec leur baïonnette, n'étaient plus que de courtes piques.
Bataille des Quatre-Bras (1815) : les Highlanders de la Black Watch, attaqués par la cavalerie française, n'ont pas eu le temps de former le carré; ils perdent pied et vont devoir se réfugier dans un bois.
En fait, si les fantassins étaient disciplinés et tenaient bon, la cavalerie n'avait pratiquement aucune chance de « culbuter un carré et de le transformer en une ruine sanglante ». Cela arriva pourtant, exceptionnellement : ainsi lors de la bataille de Medina de Rioseco (au nord de Valladolid, le 14 juillet 1808), les fantassins navarrais résistèrent longtemps, puis lâchèrent pied.
L'arme la plus efficace contre le carré d'infanterie n'était pas la cavalerie, mais l'artillerie. Cependant celle-ci devait approcher à courte distance pour être vraiment efficace contre une formation de 20 m de côté : cette cible était difficile à atteindre pour l'artillerie de campagne qui tirait généralement à des distances de 600 m ou plus. Les attaquants utilisaient donc l'artillerie montée : des canons légers de calibre moyen ou petit, que leurs attelages pouvaient approcher tout près du carré d'infanterie. Les fantassins à l'approche de la cavalerie formaient le carré, et devenaient alors une cible compacte et facile pour l'artillerie montée ; et une fois démantelé par les canons, le carré devenait une proie facile pour la charge de cavalerie.
Les dragons lourds de laKing's German Legion de Bock qui, fait d'armes sans précédent, défirent 2 carrés d'infanterie française (commandés par Maximilien Foy) lors de la bataille de Garcia Hernandez, le 23 juillet 1812
Faute d'artillerie montée, l'association cavalerie-infanterie était efficace contre un carré d'infanterie : l'attaque par l'infanterie poussait le carré à se mettre en ordre dispersé pour répondre au tir ennemi, et il devenait alors vulnérable à la charge de cavalerie. Il y eut au moins un cas connu de carré d'infanterie chargé par des fantassins : lors de la bataille des Quatre-Bras, le capitaine Jean Baptiste Fidèle Bréa, à la tête de 140 carabiniers du 1er régiment d'infanterie légère, mena l'attaque à la baïonnette contre un carré d'Écossais (il y eut 42 morts chez les attaquants français).

Il était aussi possible que la cavalerie surprenne l'infanterie avant qu'elle n'ait eu le temps de former le carré : lors de la bataille des Quatre-Bras (1815) plusieurs corps britanniques furent ainsi pris au dépourvu par la cavalerie française qui s'était dissimulée derrière un repli de terrain.

Le carré d'infanterie pouvait donc voir son efficacité fortement diminuée dans certaines circonstances. Par exemple, quand un orage détrempait sa poudre, il était réduit à un bataillon de piquiers, dépendant pour sa survie de son courage et de sa discipline : ainsi lors de la campagne d'Allemagne, le 23 août 1813, à Goldberg, les soldats du 150e régiment d'infanterie résistent à la baïonnette contre les charges de cavalerie des Coalisés bien qu'une pluie torrentielle ait détrempé leur poudre ; d'où la devise du régiment : « Par le fer quand le feu manque ».

Autres circonstances critiques : quand les soldats étaient fatigués ou démoralisés, la solidité du carré était diminuée – et quand le feu était commandé trop tôt ou trop tard… Dans ce dernier cas, un cheval mortellement blessé pouvait effondrer un de ses murs, donnant accès aux ennemis. Cela arriva lors de la bataille des Arapiles (23 juillet 1812)4 : « Les dragons lourds de la King's German Legion commandés par Bock chargent un carré formé par le 6° d'infanterie légère. Les Français tirent trop tard, et certes leur salve tue un bon nombre de cavaliers, mais un cheval mortellement blessé tombe sur le front français. Il rue, se débat, et renverse au moins une demi-douzaine d'hommes, créant une brêche dans laquelle s'engouffre le capitaine Gleichen. Ses hommes le suivent, le carré est brisé, les Français se rendent en masse. Un 2nd carré, démoralisé par le spectacle, perd pied et se désagrège dès que les dragons le chargent. »
Pendant la première guerre anglo-afghane, lors de la bataille de Gandamak (janvier 1842) : ultime tentative de survie des derniers soldats britanniques (700 morts, sans compter les milliers d'auxiliaires indiens et les civils…)
Pendant la guerre anglo-persane, lors de la bataille de Khushab (le 7 février 1857), le 3rd Bombay Light Cavalry attaqua et brisa un carré de 500 fantassins persans. Il n'y eut que 20 survivants parmi les Persans…
Pendant la guerre anglo-zouloue (1879), le carré d'infanterie fut utilisé avec profit par le lieutenant-general Frederic Augustus Thesiger (lord Chelsmford) : une fois à titre défensif (Bataille de Gingindlovu), puis comme moyen efficace d'attaque en rase campagne d'une armée de dix à quinze mille Zoulous lors de la Bataille d'Ulundi, qui marqua la fin de la guerre.
Pendant la guerre des Mahdistes
Le carré d'infanterie est principalement défensif, comme à Tamai et Abu-Klea.
Bataille de Tamai
Pris lors de la bataille de Tamai (13 mars 1884), les highlanders de la Black Watch dresserent un mur d'hommes et de fusils contre la vague d'attaquants. Des guerriers mahdistes sont cependant parvenus à l'intérieur du carré, où écossais et cavaliers les achèvent. La discipline et le sang-froid britanniques permettent de redresser la situation, et même les canons emportés par les Mahdistes ont été repris. Les pertes seront élevées : 214 britanniques, et 4 000 dervishes.
Bataille d'Abu Klea
Lors de la bataille d'Abu Klea (16 & 17 janvier 1885), une colonne britannique, partie au secours de Gordon assiégé dans Khartoum, est attaquée par les Mahdistes. Le tableau ci-contre donne une vue réaliste de la 1re ligne du carré britannique, sur laquelle déferlent les fuzzy-wuzzies. Le carré est enfoncé, mais les britanniques se retournent contre les guerriers noirs enfermés dans le carré et les éliminent. Pertes : 150 britanniques, et 1 500 dervishes.
Le carré d'infanterie tomba en désuétude lorsque la cavalerie hippomobile disparut comme arme d'attaque - et qu'apparurent par ailleurs les armes à feu modernes à répétition : un groupe dense de fantassins était trop exposé à leur feu!
Source Wp

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Message Publié : 15 Sep 2016 22:34 
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Jefferson a écrit :
Alors je suis un béotien assumé en tactique militaire (non, mais vraiment, je n'y connais strictement rien, en dehors de quelques heures passées sur la série de jeux vidéos Total War, vous conviendrez que c'est un peu court), et je ne comprends absolument pas cette partie de votre démonstration. Vous voulez dire qu'une charge en colonne d'infanterie a plus de puissance à l'impact qu'une charge de cavalerie ? Un carré résisterait (ou pourrait résister) à des cavaliers au galop mais pas à un groupe de fantassins en charge ?

Je pensais que pour enfoncer une ligne de fantassins, il n'y avait rien de mieux qu'une charge de cavalerie.

Entendez bien : je ne remets pas du tout en cause votre analyse. Je ne comprends tout simplement pas. Si vous pouviez m'expliquer, avec des mots simples ?


Jefferson,

Si vous ne comprenez pas, c'est que je ne suis pas clair :wink:

Sauf exception, une charge de cavalerie n'a absolument aucune chance d'entamer une ligne d'infanterie qui est prête à la recevoir. Celle-ci est en mesure de la foudroyer à courte distance avec ses feux de salve, et de la clouer au choc avec ses baïonnettes. Comprenez bien : le poitrail d'un cheval n'a aucune chance face à une baïonnette (a fortiori plusieurs), et même la latte d'un cuirassier a moins d'allonge qu'un fusil. Un principe de base est qu'une unité de cavalerie n'attaque pas une formation d'infanterie organisée - sauf s'il s'agit de l'immobiliser pour gagner du temps, comme ce fut le cas des "80 escadrons" à Eylau, qui n'avaient aucune chance de faire plus que stopper temporairement l'attaque russe, et qui y réussirent parfaitement. Elle n'a absolument guère de chances de l'emporter, ses pertes seront dramatiquement élevées pour un résultat tout à fait aléatoire.
Si l'unité d'infanterie n'est pas organisée - parce qu'elle a été prise sous des tirs d'artillerie ou de mousqueterie, parce qu'elle est en mouvement en colonne, parce qu'elle est en désordre suite à un combat ou une marche mal maîtrisée, parce que son moral est évidemment fluctuant - une charge peut se justifier, puisque les intervalles offerts ou le flanc découvert vont permettre de sabrer avec l'avantage de la vitesse et de la hauteur.
Il suffit de regarder les compte-rendus de combats ou de batailles napoléoniens pour s'en convaincre : très rares sont les occasions où une unité de cavalerie rompt le dispositif d'une unité d'infanterie si cette dernière n'est pas désorganisée.
Le cas du carré est plus spécifique, puisqu'il n'est adopté qu'en cas de disproportion des forces par trop flagrant, pour éviter d'être enveloppé. Il ne se justifie finalement que rarement, lors d'une phase offensive où la ligne de bataille est disloquée par l'avance (difficile de maintenir tout le monde sur une même ligne, ce qui crée des décalages), ou surtout lors d'une phase défensive, pour amarrer la ligne à des môles défensifs qui croisent leurs tirs.

Quant à l'infanterie : rien, à l'époque, n'est supérieur au choc de l'infanterie en colonne, baïonnette au canon. Une colonne d'infanterie lancée avec vigueur sur un adversaire même organisé peut rompre son front, le percer et le forcer à la fuite. Si les pertes sont lourdes, surtout dans la phase initiale (quand il s'agit d'aborder la ligne ennemie), les résultats sont spectaculaires si la charge succède.
Bien sûr, la coordination des moyens est là aussi cruciale, puisqu'une défense désorganisée par des tirs d'artillerie ou une mousqueterie de tirailleurs est plus facile à assaillir en colonne que celle qui est retranchée derrière des fortifications de campagne et qui n'a pas été entamée.

Est-ce plus clair ?
C'est sûr que c'est moins héroïque que dans Empire Total War... Mais parfois il est utile de rappeler que les développeurs de jeux vidéo n'ont qu'une notion très abstraite de la réalité du combat :mrgreen:

CNE EMB

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Message Publié : 15 Sep 2016 23:03 
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Thucydide
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A waterloo le 1er Corps du général d'Erlon démarre la progression (marchant avec ses quatre divisions d'infanterie, emmené par le maréchal Ney et son général. Chaque division est constituée de 8 bataillons en ligne, formant un rectangle de 24 rangs de 180 hommes (trois rangs par bataillon) se déployant sur un front d'environ 150 mètres et une profondeur de 60 mètres, soit plus de 4 000 fantassins armés de mousquets. Elles se mettent en marche l'une après l'autre d'ouest en est, c'est-à-dire dans l'ordre : la division Quiot, la division Donzelot, la division Marcognet et la division Durutte.
les divisions Donzelot et Marcognet, après avoir eu un certain nombre de pertes dues à l’artillerie alliée et à la grande profondeur de leur rang, repoussent facilement la brigade Bylandt, déjà très affaiblie par le bombardement français, par un court échange de feu, puis elles commencent à monter vers le plateau. Mais le général britannique Picton, vétéran de la guerre d'Espagne et commandant la division alliée qui se trouve devant les Français, a fait coucher ses soldats derrière la contre-pente en adoptant la technique de Wellington en Espagne, et ordonne à ses régiments d'infanterie écossais et de miliciens de se lever brusquement. Les soldats alliés déchargent alors leurs fusils sur les soldats du 1er corps, même la brigade Bylandt s'est ressaisie et dirige un déluge de feu sur les Français, qui, pris par surprise en train de monter le plateau en colonnes, ne peuvent répondre aux tirs et tentent désespérément de reformer leurs lignes. Devant cette infanterie désorganisée, Wellington confie au commandant de son corps de cavalerie, Lord Uxbridge, de faire contre-attaquer les brigades de cavalerie lourde Somerset et Ponsonby (dont les célèbres Scots Greys). Les Scots Greys de Somerset attaquent le détachement de cavalerie lourde du corps de Milhaud, chargé de protéger la division Quiot ; la brigade lourde Ponsonby attaque le 1er corps. Les Français, surpris en plein déploiement, sont sévèrement étrillés et se replient en désordre, subissant de lourdes pertes, ne pouvant se former en carré
Il était d’usage dans notre armée que les colonnes d’attaque se présentassent à l’ennemi un bataillon déployé sur leur front, pour fournir des feux, et sur chaque flanc un bataillon en colonne serrée pour tenir tête aux charges de cavalerie. Cette fois au contraire Ney et d’Erlon avaient déployé les huit bataillons de chaque division, en les rangeant les uns derrière les autres à distance de cinq pas, de manière qu’entre chaque bataillon déployé il y avait à peine place pour les officiers, et qu’il leur était impossible de se former en carré sur leur flanc pour résister à la cavalerie. Ces quatre divisions formant ainsi quatre colonnes épaisses et profondes, s’avançaient à la même hauteur, laissant de l’une à l’autre un intervalle de trois cents pas. D’Erlon était à cheval à la tête de ses quatre échelons ; Ney dirigeait lui-même la brigade Quiot, qui allait aborder la Haye-Sainte.
Jean-Pierre de Potter, dont l’exposé est en général très clair, explique :
« La formation de combat du 1er corps est la chose la plus aberrante de la journée, les divisions vont marcher au canon en masses compactes, ayant un front de 160 à 200 hommes sur toute la profondeur de la colonne.
« Aucune chance de passer à la formation en carré contre la cavalerie si elle charge, aucune chance d’alignement pour un combat de front. Si les colonnes parviennent au sommet dans les mêmes positions, elles pourront alors utiliser 160 fusils sur un total de feu de 3 500 environ.
« Avant l’attaque, un chef de bataillon de Durutte commande la formation par compagnies, il reçoit l’ordre formel de reprendre le dispositif initial.
« Qui a ordonné cette tragique parade ?
« Napoléon, Ney ou d’Erlon ?
« Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est que cette formation tant critiquée par la suite, n’a soulevé aucun commentaire lors de son exécution. Ni des uns, ni des autres.»

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Message Publié : 16 Sep 2016 5:34 
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Eginhard
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CNE_EMB a écrit :
Est-ce plus clair ?

C'est sûr que c'est moins héroïque que dans Empire Total War... Mais parfois il est utile de rappeler que les développeurs de jeux vidéo n'ont qu'une notion très abstraite de la réalité du combat :mrgreen:

CNE EMB


Merci pour cette réponse très éclairante, CNE EMB !

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Message Publié : 16 Sep 2016 7:07 
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Pour synthétiser, on a dans la cavalerie plusieurs subdivisions d'arme qui ont chacun leur rôle :
- grosse cavalerie (carabiniers et cuirassiers) : supériorité sur la cavalerie ennemie (rôle privilégié : combat cavalerie contre cavalerie) ;
- cavalerie de ligne (dragons et lanciers) : polyvalence, peut tout aussi bien affronter la cavalerie adverse avec succès (même si elle sera désavantagée face à une formation de grosse cavalerie) que charger la ligne ennemie, couvrir un intervalle, éclairer l'armée, etc. ;
- cavalerie légère (chasseurs à cheval et hussards) : actions autour du champ de bataille (reconnaissance/éclairage, harcèlement, poursuite, etc.), doit éviter le combat cavalerie contre cavalerie (particulièrement contre de la grosse cavalerie, qui allie le choc à l'allonge et à la taille ainsi qu'à la protection du cavalier par une cuirasse ou un plastron), sauf si l'ennemi est de même nature.

Nécessité faisant loi, bien entendu sur le moment on fait avec le disponible.

D'innombrables charges, pendant l'Empire, ne sont qu'esquissées pour forcer l'infanterie ennemie à changer de dispositif (de la colonne à la ligne, de la ligne au carré) et ainsi gagner des délais et interrompre le tempo adverse. L'unité de cavalerie, après s'être mise en ordre pour charger, ne "donne" pas. Sa mission est pourtant accomplie : sous la menace d'une charge, l'unité d'infanterie change de dispositif, interrompt son mouvement, bref, perd du temps. Sans qu'il y ait charge.

CNE_EMB

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Message Publié : 16 Sep 2016 7:12 
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Philippe de Commines
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Bonjour

je voudrais juste ajouter une petite remarque, qui va dans le sens de CNE EMB, sur un sujet que je connais bien et qui concerne l'antiquité et le moyen age.

C'est le même principe dans les batailles qui concerne les charges d'archers légers à cheval (pour les "peuples d'Asie centrale").

En effet, ceux-ci savaient très bien qu'une charge de cavalerie seule ne pouvait pas vaincre une armée de piétons qui restait organisée et sur ses positions.

Le but était donc de les désorganiser.

Et il faut faire remarquer qu'en plus, les archers à cheval légers ont une puissance de feu (toute proportion gardée puisque c'est des flèches) que n'ont plus les cavaleries dont on parle dans cette discussion, puisque celle-ci lors de leur charge ne se servent que de leur sabre.


Les archers légers avaient comme but tactique d'harceler les troupes ennemies par un tir nourri de flèches et ce sans entrer en contact.
La feinte de la "faute fuite" ou simplement la lassitude de l'armée ennemie faisait qu à un moment donné l'armée ennemie prenait la décision de rompre ses rangs et c'est ce qui était attendu pour lancer la cavalerie lourde.

C'est bien ce qui se passe à la bataille de Carrhae, en 53 av J-C, citée plus haut.

Les Parthes prennent position sur une colline boisée. Les Romains, en carrés encadrant l’infanterie légère, attends l’attaque ennemie de pied ferme.

Les archers à cheval parthes (cavalerie légère) dévalent la pente et s'arrêtant juste à portée de flèches arrosent les légions d’un tir intensif. Les Romains contre attaque en lançant la cavalerie gauloise. Les Parthes simule la retraite, entraînant leurs adversaires vers la cavalerie lourde de Surena qui les massacre jusqu’au dernier.

Une seconde vague de cavaliers légers fonce vers les Romains et recommence à les harceler par leurs tirs de flèches, se gardant bien d’entrer en contact.

Les Romains commencent à perdent confiance et Crassus se sent obligé de passer à l’offensive. Il confie à son fils, Publius, ses 1000 cavaliers gaulois restant, 500 cavaliers lourds, 500 fantassins (archers, frondeurs) et 8 cohortes (4000 hommes en tout), avec l’ordre d’attaquer.

Le même scénario se répètent, les archers légers s’éparpillent et le groupe de Publius, maintenant isolé du gros de l’armée romaine, se trouve encerclée par la cavalerie lourde des Parthes.

Quand ceux-ci donne l’assaut final, Publius et ses officiers se suicident de leur propre glaive.


Les Parthes reprennent leur harcèlement sur l’armée romaine. La tête de Publius est même lancée dans leurs rangs.

C’est la tombée de la nuit qui donne un répit aux Romains. Les Parthes se retirent à distance pour camper.

Crassus opère alors un repli sur Carrhae. Il abandonne 6000 morts et 4000 blessés sur le terrain. Les blessés seront achevés par les Parthes. Crassus, qui aurait pu se réfugier dans la ville, préfère continuer vers Sinnaca dans les montagnes arméniennes.

Les Romains, complètement en déroute, sont incapable d’organiser leur retraite. Les archers parthes, insaisissable, sur leur petite montures, continuent inlassablement à les harceler à coup de flèches.

Dans la confusion, Crassus est tué (ou se suicide). moins de 3000 hommes parviennent à se sauver et à regagner la côte. 1000 autres sont fait prisonnier et expédiés à Merv (on prétend qu’ils épousèrent des femmes parthes et s’intégrèrent à la population).

En deux jours, 23.000 soldats de la toute puissante armée romaine tombèrent sous les flèches des cavaliers parthes.


Bien à tous.

_________________
Hugues de Hador.


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Message Publié : 16 Sep 2016 12:20 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
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à propos de l'attaque du corps de d'Erlon à Waterloo, on a employé l'expression de "formation Macédonienne" !
Relire Ardant du Picq (Etudes sur le Combat antique et moderne)

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 16 Sep 2016 14:03 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5718
Localisation : Limoges
Ce qui importe avant tout durant les époques anciennes c'est la profondeur de rang et la fermeté des troupes face aux charges de cavalerie lourde. Bouvine est le cas classique de la charge frontale qui emporte la décision. Au contraire Courtrai est sa faillite sans autre rempart que la formation flamande. Empêtré dans les rangs passé le choc la chevalerie immobilisée est promptement désarçonnées et trucidée. Durant ces époques également les attaques tournées ou contre un ennemi imparfaitement rangé a toujours été bien plus décisive. A Patay le résultat est assez éloquent.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 16 Sep 2016 14:07 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 28 Août 2016 18:45
Message(s) : 43
bourbilly21 a écrit :
à propos de l'attaque du corps de d'Erlon à Waterloo, on a employé l'expression de "formation Macédonienne" !
Relire Ardant du Picq (Etudes sur le Combat antique et moderne)



Merci à vous !!!!!!!!!!!!! Hugues de Hador, bourbilly21, Pédro.
De revenir aux fondamentaux du sujet et non à l'entre soi de certains membres "éminents" qui se répondent en oubliant et surtout en ignorant les autres, voir le sujet lui même !

:!: :!: :!: :!:

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Jeunes gens, écoutez le vieillard que les vieillards écoutaient lorsqu'il était un jeune homme"
(Auguste)


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