Drouet Cyril a écrit :
A ce sujet, le témoignage de Mauduit (Les derniers jours de la Grande Armée) :
« Nous voici, enfin, aux bords escarpés des ravins de Ligny!... Les balles, la mitraille, les boulets, les obus, tout est dirigé sur nous, car l'ennemi connaît notre mission !...
Là, nous serrâmes en masse, sous le feu même des Prussiens ; là, seulement, nous chargeâmes nos armes, et reçûmes les dernières instructions.
Ce fut là aussi que le lieutenant-général comte Roguet, notre colonel en second, ayant réuni en cercle autour de lui tous les officiers et sous-officiers du régiment, nous adressa ces paroles mémorables qui provoquèrent de si cruelles représailles à Plancenoit et pendant la retraite de Waterloo :
« Messieurs, prévenez les grenadiers que le premier d'entr'eux qui m'amène un prisonnier, je le fais fusiller...»
Triste témoignage de l'exaspération qui animait certains généraux en compensation de la mollesse de la plupart des autres. »
Plusieurs années auparavant, Mauduit avait dans la Sentinelle conté l’affaire ainsi :
« Arrivés aux bords escarpés des ravins de Ligny, nous serrâmes en masse ; là seulement nous chargeâmes nos armes et reçûmes les dernières instructions qui, pour plusieurs, furent de glorieux arrêts de mort. Une bouche supérieure laissa échapper dans cette grave circonstance, relativement aux prisonniers à faire, une de ces paroles trop anti-françaises pour la rappeler ici, et qui, le 18, coûta peut-être la vie à quelques centaines d'entre nous! Ces paroles me parurent étranges et ne pouvaient s'excuser ; j'aime à penser que la réflexion les a fait regretter plus d'une fois depuis à celui qui les prononça ! »
A noter que les ordres de Roguet ne sont pas sans en rappeler d'autres :
Austerlitz :
"Dans une lutte aussi acharnée, toujours aux prises avec trois ou quatre fois notre nombre, il n'y avait rien à compromettre ; on ne pouvait hésiter sur rien ; aussi il ne resta en arrière de nous aucun ennemi vivant. Ce triste souvenir m'est souvent revenu, mais je ne pense pas que le consigner soit m'accuser.
[...]
J'ai donné l'ordre, sur ces hauteurs de Pratzen, de ne faire aucun prisonnier, de n'en laisser aucun derrière nous, et cet ordre, je l'ai fait exécuter parce que la victoire était pour la France une question de vie ou de mort, parce que la nécessité commandait et conséquemment le devoir."
(Thiébault, Mémoires)
Haunau :
"Le lendemain matin, les bras croisés, [Napoléon] passait devant ses vieux grognards, et leur disait : Je compte sur vous pour me faire de la place pour arriver à Francfort. Tenez-vous prêts, il faut leur passer sur le ventre ; surtout ne vous embarrassez pas de prisonniers ; passez outre ; faites-les repentir de nous barrer le chemin."
(Coignet, Souvenirs)