Stavroguine a écrit :
On me pardonnera de passer très vite en rappelant que le compte des députés présents, quand l'assemblée se réunit la première fois le 20 sept 1792 aux Tuileries est bien de 371, soit plus qu'il n'en faut pour qu'elle commence ses travaux (Camus).
On ne pardonnera rien du tout, à moins que ledit Camus soit meilleur mathématicien que Taine! Il y a 749 députés à la Convention: le quorum est donc de 374 députés + Un, soit 375... IL MANQUE DONC QUATRE DEPUTES pour que le quorum soit atteint! Serait-ce que l'arithmétique est révolutionnaire, elle aussi ?
Comment, quand il s'agit de décider du régime politique de la France, de tourner la page avec plus de 1000 ans d'histoire, on n'attend pas la réunion de tous les députés ? Au moins, on respectera le quorum ? Mais non, puisque le résultat ne peut être douteux, on le proclame à l'avance! Ainsi, on épargne de la peine aux nouveaux arrivants qui n'auront plus qu'à applaudir l'esprit d'à propos de leurs collègues...
C'est sans doute politiquement habile! En droit, c'est nul. NUL ET NON AVENU... J'ai peut-être "historiquement tort" mais J'AI JURIDIQUEMENT RAISON !!! A moins qu'étant considéré comme "MINORITAIRE", je dusse -moi aussi - me taire ?
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Je ne souhaite pas non plus me répêter inlassablement contre quelqu'un qui écrit dans un message qu'on ne peut pas statuer sur la signification de l'abstention aux votes en 92, 93, et dans un message suivant que le référendum de 93 n'a aucune valeur parce que les abstentions y sont encore plus fortes.
Il faudrait qu'il s'entende d'abord lui-même sur ce qu'il dit.
Je crois surtout qu'il vous faudrait cesser de déformer les propos de vos interlocuteurs dans le sens qui vous convient!
Je n'ai jamais écrit dans le sens que vous me prêtez -bien au contraire-, cette réflexion, je l'ai faite à propos de ceux -comme vous- qui ne veulent pas reconnaître une quelconque signification à l'abstention aux élections de 1792 pour désigner des députés à la Convention: j'ai énuméré leurs arguments, mais certainement pas pour leur donner raison...
Je vous ai suivi dans ces considérations pour le référendum portant sur l'approbation de la constitution de l'an III, soit en 1795; surtout par le fait que j'ai moins étudié ce scrutin que les deux autres...
Il n'en demeure pas moins que les élections de 1792 s'apparentent à un scrutin totalitaire, exactement comme celles de 1918 en URSS qui donnèrent la majorité aux mencheviks contre les bolcheviks (en précisant que les autres tendances de l'opinion russe se voyaient inerdites de présenter des candidats. Notez d'ailleurs que c'est un scrutin au suffrage universel dont sont exclus les non-prolétaires.
En 1792, c'est la même chose: les nobles ne peuvent pas se présenter! Ce n'est pas inscrit dans une loi, c'est effectif dans les faits. Pas question de se dire royaliste non plus, on serait immédiatement décrété d'accusation, sinon massacré...
Ces élections ne sont donc pas libres! Elles ne sont pas disputées non plus: deux tendances républicaines s'opposent; les Girondins, qui triomphent en province; et les Montagnards qui triomphent à Paris et aux alentours. Il faut encore ajouter que les domestiques ne peuvent pas voter (on présuppose qu'ils voteront comme leur employeur forcément "aristocrate"), ni même les perruquiers... Oui, oui, les perruquiers, car nos grands démocrates considèrent qu'ils sont réactionnaires car ayant perdu la clientèle des nobles, et de tous les "emperruqués"...
Il ya donc beaucoup d'exclus et la majorité de ces exclus n'est nullement noble... Il est donc quasiment impossible à un citoyen qui ne serait pas républicain d'être élu! D'ailleurs, je ne pense pas me tromper en indiquant qu'il n'y en a eu AUCUN.
Aucun noble, aucun "feuillant", terme désignant les partisans de la monarchie constitutionnelle, proches de La Fayette...
Les élections de 1792 ne sont donc ni libres, ni sincères, ni disputées!
AUTREMENT DIT, ELLES N'ONT AUCUN CARACTERE DEMOCRATIQUE !!!
C'est vrai que je ne tiens pas compte du contexte: proclamer la république, à n'importe quel prix, sans tenir aucun compte de l'avis des citoyens. On présuppose que la majorité est d'accord: on le présuppose d'autant mieux qu'elle est silencieuse: qui ne dit mot consent, et le tour est joué... Mais ceci, ce sont des faits historiques parfaitement démontrés par Taine et François Furet, s'il en était besoin...
Citer :
Le reste comme souvent étant un mélange d'allégorie, de pamphlet politique et de jugements sans intérêt historique, on ne m'en voudra pas de passer dorénavant systématiquement sur ces "éléments" folkloriques.
Je m'en voudrais d'en dire autant de vos propos... A moins de considérer Taine et Furet comme des auteurs folkloriques! Je n'avais pas songé à cette éventualité.
Je réponds donc à Crillon.
Au 10 août, si vous parlez de pression violente de la Commune sur les députés, et en particulier sur les Feuillants, je ne vous donnerai pas tort.
A la limite, même, je veux bien présenter mes excuses d'avoir pu donner l'impression que je les comptai comme donnée méprisable.
J'atteste, Duc de Raguse, que Crillon écrit vrai.
J'en reste à mon propos que ces 2/3 n'ont pas été mise en fuite, que la plupart ne s'y sont pas présentés mais n'étaient pas encore là physiquement parce qu'aussi l'heure matinale a joué, que le groupe girondin était le ferme appui de la Monarchie constitutionnelle et que les menaces de la foule étaient déjà le pain quotidien des noirs de la Contituante.[/quote]
Les noirs de la Constituante ? Etait-ce le surnom des royalistes ? Je ne m'en souviens plus...
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Je maintiens pourtant tout de même, que oui, tout ce grand bazar violent du 10 août, ce sont pour moi les balbutiements de la démocratie.
Au même titre que la prise de la Bastille et la tête de Delaunay sur une pique, ce sont les balbutiements de l'instauration des droits de l'homme.
Je le redis inlassablement : il faut dissocier l'évènemement, des idées qu'il porte et de ses conséquences.
Le coup d'état du 10 août n'a rien de rien de démocratique dans les violences qu'il charrie. Mais l'entrée dans la vie politique des sans-culottes, entrée qu'il porte en lui comme sa marque, cette entrée était la condition sine qua non pour que l'on puisse enfin parler de démocratie populaire en France. (Duc de Raguse, c'était le sens de mon propos, l'affirmation de Furet ne venant -qu'après-, comme une espèce de caution scientifique et morale à cette idée)
Bien sûr, il faut dissocier les droits de l'Homme de ceux qui sont chargés de leur application, car sinon, c'était les disqualifier à jamais...
Il y a une étude qu'on ne fait pas, parce que ce n'est pas le sujet bien sûr, mais qui est aussi intéressante : elle pose la question de savoir si la violence était pendant la Révolution le seul moyen politique pour la "classe" (pardon, hein, je fais court) populaire de pouvoir accéder à un pouvoir politique décisionnel.
C'est que l'on étudie jamais la politique DANS la révolution, mais la politique DE la révolution.
Ne vous tracassez pas trop pour votre recherche des 72 départements, Carra a pu lui aussi se tromper. Pour moi, ce n'est pas très important, si vous me suivez dans cette idée qu'entre le 20 juin et le 10 août, tout est réuni pour affirmer l'expression d'une nouvelle donne politique.
Ce que je peux dire vite sur la discussion du caractère insconstitutionnel de le suspension du roi, c'est que vous avez raison - dans cette approche-.
Mais pour ma part, je l'ai déjà dit, je l'ai déjà argumenté, et je n'y reviens pas : la discussion autour de l'idée de légalité n'est pas intéressante, et moins encore dans une analyse d'un évènement révolutionnaire. Elle introduit une idée juridique, et induit un traitement "en droit" de l'évènement historique. Ce n'est pas la mission de l'historien d'en déduire des théories évenementielles disqualifiantes.[/quote]
Tiens donc, et pourquoi ? Serait-ce que sa mission serait de justifier à tout prix les atteintes aux droits de l'Homme par les jacobins pour fonder la république et la légitimer envers et contre tout ? C'est une ANALYSE MARXISTE que celle-là: elle est est incomplète et orientée!
François Furet est sorti de ces ornières, c'est sans doute pourquoi il est si contesté quand il n'est pas purement et simplement villipendé!
La vérité est là, sous nos yeux! LE CARACTERE DEMOCRATIQUE DE LA Ière REPUBLIQUE EST UNE IMPOSTURE...