ezio-auditore a écrit :
Comment ceci se passait sur le terrain ?
L'Armée avançait, considérait donc que "passée", le terrain n'était plus la Prusse ou la Pologne (on peut décliner) mais une sorte de réserve qui se devait de ne pas bouger.
Une fois l’armée ennemie repoussée, toute forme de résistance armée au sein du territoire ainsi abandonné ne relevait plus des lois de la guerre touchant les troupes régulières.
Des proclamations explicites pouvaient précéder l’invasion. Je pense par exemple à celle lancée depuis Alexandrie, le 2 juillet 1798, dès le débarquement effectué :
« Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s’armeront pour les Mameluks et combattront contre nous ! Il n'y aura pas d'espérance pour eux : ils périront.
Article 1er Tous les villages situés dans un rayon de trois lieues des endroits où passera l’armée enverront une députation pour faire connaître au général commandant les troupes qu'ils sont dans l‘obéissance, et le prévenir qu‘ils ont arboré le drapeau de l’armée, bleu, blanc et rouge.
Art. 2. Tous les villages qui prendront les armes contre l’armée seront brûlés. »
D’autres proclamations pouvaient être lancées par la suite pour signifier que l’avertissement premier n’était pas un simple écrit :
« Article 1er. Les habitants du village d‘A'lqàm ayant assassiné l‘aide de camp Jullien et 15 Français qui l’escortaient, ce village sera brûlé.
Article. 2. Le général de brigade Lanusse partira, demain au soir, avec 500 hommes de sa division et un aviso, et se rendra à A'lqàm pour exécuter cet ordre. Tous les bestiaux, grains, qui pourraient s'y trouver, seront embarqués et confisqués au profit de la République. S‘il peut parvenir à arrêter les cheiks, il les mènera en otage au Caire. Il livrera le village au pillage, de manière qu’il ne reste aucune maison entière.
Il fera connaître, par une proclamation qu'il répandra dans les villages voisins, qu’A'lqàm a été brûlé pour avoir assassiné des Français qui naviguaient sur le Nil. »
(Bonaparte, ordre du 25 août 1798)
ezio-auditore a écrit :
Existera-t-il des insurrections suite à une résistance à la conscription en France ?
On peut évoquer les mouvements ayant touché la Vendée fin 1803.
Ainsi, le général Gouvion, inspecteur général de la gendarmerie, rapporta l'affaire d'Aizenay :
« Le 8 frimaire [30 novembre], les rebelles se portèrent en armes sur le lieu de la conscription et mirent en fuite la commission chargée de cette opération. Le maréchal des logis de gendarmerie de cette résidence ainsi que deux chasseurs furent grièvement blessés. Le premier mourut des suites de ses blessures. Piveteau qui commandait le rassemblement, fut arrêté par le lieutenant de gendarmerie Bourgeois, jugé et condamné à mort. »
Bonaparte ordonna alors la constitution de colonnes mobiles chargées de parcourir le pays.
Le 25 décembre, le Premier Consul écrivait à Régnier :
« Je vous renvoie, Citoyen Ministre, votre correspondance de l'Ouest. Ecrivez au général Gouvion qu'il faut faire des exemples ; que je pense qu'il doit tomber une centaine d'individus, car il y avait bien cent coupables. Les chefs doivent être jugés à mort par la commission militaire et exécutés. Les autres, qui n'ont été qu'égarés, quoique d'ailleurs la sévérité des lois les condamne à mort, seront envoyés, par ordre de la commission, à Luxembourg, pour être employés aux travaux. L'humanité et la sûreté publique veulent qu'il y ait des exemples. »
La commission militaire instaurée en vertu d'un arrêté datant du 2 décembre jugea 95 personnes (57 de Vendée, 18 des Deux-Sèvres, 12 de Loire-Inférieure, 5 du Maine-et-Loire, 1 du Morbihan, 1 de l'Ille-et-Vilaine et 1 du Cher).
9 furent condamnées à mort, 61 aux travaux forcés, 2 envoyées à l'armée, et 23 mises en liberté.