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 Sujet du message : Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 17 Avr 2013 10:49 
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Fustel de Coulanges
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Alain.g a écrit :
la guerre de Vendée qui a donné lieu à des ordres révolutionnaires officiels d'extermination et fait plus 100.000 victimes. Le jeune Bonaparte aurait refusé pour cette raison de commander en Vendée !



Quand on se penche sur le problème, ce n’est pas vraiment ce qui ressort des documents contemporains du refus du jeune Bonaparte.

Le 29 mars, Bonaparte, toujours à l’armée d’Italie, était nommé à celle de l’Ouest. On peut à ce sujet citer un extrait du rapport présenté à la Convention nation au nom du Comité de salut public :
« Armée de l’Ouest :
Buonaparté (Néapolone), général de brigade. A des connaissances réelles dans son arme »


Un mois plus tard, l’intéressé écrivait à Hoche, son futur supérieur :
"Une lettre de la commission du mouvement des armées de terre m'apprend que j'ai été nommé à commander l'artillerie de votre armée, du moment que j'aurai remis à celui qui doit me succéder, et que j'attends tous les jours, les papiers et instructions nécessaires, je partirai pour Nantes, très empressé de faire votre connaissance et servir sous vos ordres."

Le 7 mai suivant, Bonaparte recevait à Marseille l’ordre de rejoindre son poste. Il partait le lendemain (« J’arrive à Avignon bien affligée de l’idée de devoir être si longtemps loin de toi » Bonaparte à Désirée Clary, 9 mai 1795) et filait sur Paris où il arrivait vers la fin du mois.

Là, un nouvel ordre allait tomber. Le 13 juin en effet, Bonaparte était toujours affecté à l’armée de l’Ouest, non dans l’artillerie, mais dans l’infanterie.

L'empressement de la lettre 29 avril ne résista pas cette nouvelle affectation. Le 22 du même mois, il écrivait à Joseph :
" Je suis employé comme général de brigade dans l'armée de l'Ouest, mais non pas dans l'artillerie. Je suis malade, ce qui m'oblige à prendre un congé de deux ou trois mois. Quand ma santé sera rétablie, je verrai ce que je ferai."

Le 5 août suivant, il présentait ses doléances au Comité de salut public en ces termes :
" Au premier travail qui fut fait pour les officiers généraux, il avait été nommé pour commander l'artillerie de l'armée de l'Ouest ; il s'y rendait lorsqu'il a appris qu'il n'avait point été compris parmi le nombre des officiers généraux d'artillerie.
[...]
Si le général Bonaparte a été exclu du nombre des officiers généraux d'artillerie, il l'a été sans aucune raison et par l'impulsion de quelques intrigants connus de tous temps dans le corps, par leur assiduité à circonvenir tous les hommes en place, ce qu'ils appellent faire la guerre et avoir des années de service.
Le général Bonaparte attend de la justice des membres du Comité de salut public, chargés de la partie militaire, qu'ils voudront bien le restituer à ses fonctions "


Cette lettre ne fut pas couronnée de succès et le 17 août, Bonaparte reçut finalement l'ordre de rejoindre son poste.
Le refus fut sa réponse :
" L'on m'a porté pour servir à l'armée de la Vendée comme général de la ligne : je n'accepte pas ; nombre de militaires dirigeront mieux que moi une brigade, et peu commanderont avec plus de succès l'artillerie. Je me jette en arrière, satisfait de ce que l'injustice que l'on fait aux services est assez sentie par ceux qui savent les apprécier. "
(Lettre à Sucy, 17 août)

Après s'être plaint auprès de Barras, Fréron, Pontécoulant, Debry, il fut finalement attaché au Bureau topographique du ministère de la Guerre, dès le lendemain 18 août.

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 19 Avr 2013 19:57 
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Le témoignage de Marmont (Mémoires) :

« Le général Bonaparte reçut la mission d’aller commander l’artillerie de l’armée de l’Ouest, en conséquence d’un travail fait et arrêté sur le rapport d’un membre du comité de salut public, Dubois de Crancé. Cette disposition parut un coup funeste au général Bonaparte, et chacun en porta le même jugement. Il quittait une armée en présence des étrangers pour aller servir dans une armée employée dans les discordes civiles. On pouvait espérer raisonnablement que la première serait appelée à frapper de grands coups, à faire des entreprises importantes et glorieuses ; dans l’autre, aucune perspective brillante n’était offerte : des services obscurs, pénibles, quelquefois déchirants, étaient la seule chose à prévoir. Il avait fait sa réputation par ses actions; mais ses actions n’avaient pas encore assez d’éclat pour faire arriver sa renommée hors de l’enceinte de l’armée où il avait servi; et, si son nom était prononcé de Marseille à Gênes avec estime et considération, il était inconnu à Paris et même à Lyon. Ce changement de destination devait donc lui paraître une véritable fatalité, et il ne s’y soumit qu’avec le plus vif regret.
[…]
A la veille de son arrivée [à Paris], un nouveau travail avait été signé, et ce travail l’excluait du service de l’artillerie. Un nommé Aubry, membre du comité de salut public, ancien officier d’artillerie, rempli de passion contre les jeunes officiers de son arme, avait blâmé l’avancement de Bonaparte. Chargé de revoir le travail de Dubois de Crancé, travail ancien déjà de trois mois, il avait rayé Bonaparte du tableau du corps. De tout temps il y a eu dans l’artillerie de grandes difficultés à un avancement extraordinaire, et rien encore n’avait motivé la nécessité de s’écarter de l’usage. Si les circonstances avaient paru expliquer la fortune de Bonaparte, elles n’étaient guère appréciées à une aussi grande distance du théâtre des événements, et un homme comme Aubry, qui n’avait pas fait la guerre, ne pouvait pas les comprendre. Au contraire, il devait apporter et il apporta dans cette affaire les passions résultant de l’âge et des préjugés.
Aubry fut donc sourd aux représentations, et repoussa impitoyablement les réclamations de Bonaparte, appuyées par tous ceux qui l’avaient vu à l’armée. Ces démarches, faites cependant avec toute l’activité de son esprit, toute l’énergie de son caractère, n’obtinrent aucun succès.

[…]
On offrit à Bonaparte de l’employer dans la ligne, c’est-à-dire de lui donner le commandement d’une brigade d’infanterie, et il refusa avec dédain cet emploi. Ceux qui n’ont pas servi dans l’artillerie ne peuvent pas deviner l’espèce de dédain qu’avaient autrefois les officiers d’artillerie pour le service de la ligne ; il semblait qu’en acceptant un commandement d’infanterie ou de cavalerie, c’était déchoir.
[…]
Bonaparte, encore sous l’empire des préjugés de son éducation, refusa donc formellement le commandement offert. »

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 20 Avr 2013 10:13 
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Voici comment certains napoléonâtres peuvent encore conter l’affaire aujourd’hui :

« Général famélique en disgrâce après le 9 Thermidor, il est limogé de l'armée d'Italie en mars 1795 et nommé au commandement d'une brigade d'infanterie en Vendée insurgée. Cette affectation le mortifie. Soldat, il ne conçoit la guerre que contre les ennemis de son pays et non contre des paysans français, fussent-ils royalistes. Il s'exclame : « Jamais mon épée contre le Peuple ! » Il se précipite à Paris et fait le siège de toutes les autorités pour faire annuler cette nomination déshonorante aux yeux du glorieux « capitaine canon », récent libérateur de Toulon. Il multiplie les démarches pour faire traîner les choses, errant comme une âme en peine dans les rues de la capitale. Sa santé altérée lui procure un sursis. En août, il reçoit la sommation comminatoire de rejoindre immédiatement son poste en Vendée. Subjuguant par son magnétisme le ministre de la guerre Doulcet de Pontécoulant qui a consenti à le recevoir, il fait annuler la mutation et obtient une affectation au Service Topographique. »
(Franceschi, Napoléon, défenseur immolé de la paix)

:rool:

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 09 Juil 2015 5:33 
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Un mot de Bourrienne (Mémoires):
"Le gouvernement d'alors avait voulu l'envoyer dans la Vendée comme général de brigade d'infanterie. Deux motifs déterminèrent le jeune Bonaparte à refuser d'y aller. Il regardait ce théâtre comme peu digne de ses talents, et ce changement comme une espèce d'outrage. Le second motif et le plus puissant, c'est qu'il ne voulait pas changer d'arme. C'est le seul qu'il alléguait officiellement."

Une hypothèse formulée par Lentz (Le Grand Consulat) :
"La légende nous dit qu'il refusait de se battre contre d'autres Français. La vérité est peut-être plus prosaïque ; selon quelques esprits critiques. Napoléon courtisait alors Eugénie (Désirée) Clary ; fille d'un riche négociant marseillais, qui séjournait à Gênes. Sans doute préférait-il se rapprocher des Alpes plutôt que de s'éloigner un peu plus d'elle."

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 6:30 
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La version de Napoléon dans le Mémorial :
"[L'Empereur] a rappelé qu'il avait été tiré de l'armée des Alpes pour passer à celle de la Vendée, et qu'il avait préféré donner sa démission, à poursuivre un service dans lequel, d'après les impulsions du temps, il n'eût pu concourir qu'à du mal, sans pouvoir personnellement prétendre à aucun bien."

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 9:38 
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Merci, cher Drouet Cyril, pour cette mise au point. J'ignorais l'existence de ces documents - j'en étais resté aux propositions de Lentz dans le Grand Consulat et aux explications du Memorial.

L'explication que vous proposez, plus prosaïque, est bien plus satisfaisante. C'est très intéressant. Pourquoi à votre avis, Lentz (ou d'autres) ne la reprennent-ils pas ?

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 9:43 
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Salluste
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Drouet Cyril a écrit :
Quand on se penche sur le problème, ce n’est pas vraiment ce qui ressort des documents contemporains du refus du jeune Bonaparte.

Ces documents ne permettent toutefois pas d'exclure absolument l'idée que Bonaparte se serait arrangé pour ne pas participer à cette "sale guerre" dont on ne pouvait tirer aucune gloire. Le refus de servir dans l'infanterie plutôt que dans l'artillerie pourrait n'être qu'un prétexte avancé pour n'avoir pas à donner les véritables raisons de son refus qui étaient sans aucun doute inacceptables pour la Convention et qui auraient pu l'envoyer à la guillotine si elles avaient été clairement exprimées.


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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 10:54 
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Jefferson a écrit :
L'explication que vous proposez, plus prosaïque, est bien plus satisfaisante. C'est très intéressant. Pourquoi à votre avis, Lentz (ou d'autres) ne la reprennent-ils pas ?


Il l'évoque d'une certaine manière par ces mots : "L'artilleur Bonaparte refusait de rejoindre son affectation, comme général d'infanterie, dans l'ouest de la France."
Cependant, il ne précise pas que Bonaparte avait dans un premier temps accepter de servir sur ce théâtre d'opération.

Lei Ming Yuan a écrit :
Le refus de servir dans l'infanterie plutôt que dans l'artillerie pourrait n'être qu'un prétexte avancé pour n'avoir pas à donner les véritables raisons de son refus


Peut-être ; reste la lettre du 19 avril où il notifie son empressement à rejoindre son poste.

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 13:09 
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Drouet Cyril a écrit :
Peut-être ; reste la lettre du 19 avril où il notifie son empressement à rejoindre son poste.

C'est vrai. Mais on peut aussi considérer qu'entre le moment où il avait écrit cette lettre en avril et le moment où il s'apprêtait à prendre son poste en juin, il avait pu comprendre dans quoi il risquait de mettre les pieds et que son empressement s'était quelque peu refroidi, non pas parce qu'il était affecté à l'infanterie au lieu de l'artillerie, mais parce qu'il s'agissait d'aller faire une guerre que peu de militaires avaient envie de faire.


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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 13:49 
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Lei Ming Yuan a écrit :
Drouet Cyril a écrit :
Peut-être ; reste la lettre du 19 avril où il notifie son empressement à rejoindre son poste.

C'est vrai. Mais on peut aussi considérer qu'entre le moment où il avait écrit cette lettre en avril et le moment où il s'apprêtait à prendre son poste en juin, il avait pu comprendre dans quoi il risquait de mettre les pieds et que son empressement s'était quelque peu refroidi, non pas parce qu'il était affecté à l'infanterie au lieu de l'artillerie, mais parce qu'il s'agissait d'aller faire une guerre que peu de militaires avaient envie de faire.


La question peut être posée; c'est d'ailleurs pour cela que j'avais retranscrit plus haut le passage des Mémoires de Marmont.

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 18:02 
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Drouet Cyril a écrit :
La question peut être posée; c'est d'ailleurs pour cela que j'avais retranscrit plus haut le passage des Mémoires de Marmont.

Effectivement. D'autant qu'on parle de 1795, donc sauf erreur de ma part, après l'épisode des colonnes infernales, en tout cas à une période où l'on sait en quoi consiste la guerre en Vendée.

Si même on ne prête pas à Napoléon une sainte horreur de cette guerre civile - lui qui n'a jamais été très ému par le spectacle des morts et des blessés sur un champ de bataille, sauf quelques unes particulièrement meurtrières, ni même par le récit du massacre des civils de Saragosse que lui faisait Lannes* - on peut aussi prendre en compte son ambition et imaginer qu'il ne tenait pas à aller combattre dans une guerre sans honneur et sans gloire, pas de celles où on peut prendre du galon.

Et puis il est à cette époque artilleur d'abord, c'est cette position qui lui a permis de s'illustrer et de prendre la direction des opérations à Toulon, la réticence à se voir verser dans les "lignards" est peut-être réelle.

Ironie du destin, c'est bien l'artillerie qui va le faire connaître - et le mettre sur une trajectoire qu'il n'allait pas quitter - mais en tirant à mitraille sur des insurgés parisiens... :mrgreen:

* Lannes, avant Essling, lui confiait son dégoût. (De mémoire : "pour y tuer une idée, il faut tuer tout un peuple. La victoire fait peine.")

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 18 Mars 2017 18:28 
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La lettre écrite au Comité de Salut public, le 5 août 1795, abordée plus haut ; et ici en son entier :

« Le général Buonaparte, élève depuis 1782, a été fait Lieutenant d'artillerie en 1785. Il est passé par les différents grades, a été fait Général d'artillerie, confirmé par la Commission, il a, compris ses campagnes, 17 ans de service.
Il a commandé l'artillerie au siège de Toulon, à la fin duquel il a été confirmé Général d'artillerie par un décret de la Convention nationale.
Il a depuis été chargé comme Général d'artillerie de l'inspection et de l'armement de la côte de la Méditerranée qui avait été en partie désarmée par les Anglais.
Il a commandé en chef l'artillerie de l'armée d'Italie pendant deux campagnes où il a obtenu l’estime de l'armée et les suffrages les plus flatteurs des Représentants du peuple et des généraux avec qui il a servi. C’ est en suivant le plan de campagne qu’il a donné que l'armée s’est emparée de Saorgio, d’Oneille et d’ Ormea et que nous avons battus les ennemis à Cairo.
Au premier travail qui fut fait pour les officiers généraux il avait été nommé pour commander l’artillerie de l'armée de l’Ouest; il s'y rendait lorsqu'il a appris qu'il n'avait point été compris parmi le nombre des officiers généraux d'artillerie. Lorsqu'à son arrivée à Paris, il a demandé les raisons pour lesquelles il avait été oublié et placé dans l'infanterie, on lui a allégué :
1° Qu'il y avait un grand nombre d'officiers généraux qui avaient servi dans l'artillerie, qu'ils ne pouvaient pas tous être compris parmi ceux de ce corps, ne pouvant y en avoir que vingt.
Cependant, l’on en a créé plusieurs de nouveaux, au moment même du travail, notamment les citoyens Durtubie, Campagnol et Valstin. La nomination du premier a d'autant plus étonné que le citoyen Durtubie n'a point fait la guerre, a refusé de la faire depuis le commencement de la révolution et est le premier exemple peut-être d'un officier fait général sans avoir vu le feu.
2° L'on a allégué que le général Buonaparte était trop jeune, comme s'il n'y avait pas même des généraux en chef plus jeunes que lui ! Comme si cette objection, bonne pour qui n'aurait que trois ou quatre ans de service, était applicable à celui qui en a dix-sept, qui a mérité son avancement par des actions d'éclat et est dans la force de l'âge.
Cette raison est d'ailleurs dénuée de tout fondement, car si on compte l'ancienneté à dater du brevet de général, il est un des plus anciens des généraux de brigade d'artillerie et plusieurs de ceux qui sont compris, ont été sous ses ordres. Si l'on compte l'ancienneté, depuis le grade d'élève et d'officier, il est plus ancien que les généraux Delebel et Le Maire ; le premier n'ayant été officier qu'en 1788 et le second en 1790.
Si le général Buonaparte a été exclu du nombre des officiers généraux d'artillerie, il l'a été sans aucune raison et par l’impulsion de quelques intrigants, connus de tous temps dans le corps, par leur assiduité à circonvenir tous les hommes en place, ce qu'ils appellent faire la guerre, et avoir des années de service.
Le général Buonaparte attend de la justice des membres du Comité de salut public chargés de la partie militaire qu'ils voudront bien le restituer à ses fonctions et ne permettront pas qu’il ait la douleur, après avoir commandé l’artillerie dans les circonstances les plus fâcheuses de la guerre et avoir contribué aux succès les plus éclatants, de voir sa place occupée par des hommes qui se sont constamment tenus en arrière, qui sont absolument étrangers à nos succès, inconnus dans nos armées et qui ont l’impudence de se présenter aujourd’hui pour nous arracher le fruit de la victoire dont ils n'ont pas voulu courir les chances. »

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 26 Mars 2017 8:16 
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Pierma a écrit :
D'autant qu'on parle de 1795, donc sauf erreur de ma part, après l'épisode des colonnes infernales, en tout cas à une période où l'on sait en quoi consiste la guerre en Vendée


Qu'entendez-vous par là ?

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 26 Mars 2017 8:32 
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Grégoire de Tours
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Citer :
L'empressement de la lettre 29 avril ne résista pas cette nouvelle affectation. Le 22 du même mois, il écrivait à Joseph :" Je suis employé comme général de brigade dans l'armée de l'Ouest, mais non pas dans l'artillerie. Je suis malade, ce qui m'oblige à prendre un congé de deux ou trois mois. Quand ma santé sera rétablie, je verrai ce que je ferai."

Bonaparte avance qu'il est malade, quelle est cette indisposition ?
Un militaire peut-il "décider de ce qu'il fera ?"
Un ordre d'affectation est donné, on obéit semble-t-il.
Sauf si -la lettre est envoyée à son frère et là Bonaparte peut éviter de se censurer- aller en Vendée ne "plait" pas.
Il semblerait que ce soit ceci car bien que rétabli depuis peu, il fait le siège des bureaux avec insistance et se rappelle à certains dont Fréron, dont -à ce moment- il est proche.
Pourquoi à ce moment, aller en Vendée pose un problème ? Ce n'est pas le fait de tirer l'épée contre des insurgés, on pourra le voir en vendémiaire tirer du canon sur les marches de Saint Roch, alors ?
Où donc est le problème ? Existerait-il des "priorités" ?
..

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 Sujet du message : Re: Bonaparte et la Vendée
Message Publié : 26 Mars 2017 9:46 
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Drouet Cyril a écrit :
Pierma a écrit :
D'autant qu'on parle de 1795, donc sauf erreur de ma part, après l'épisode des colonnes infernales, en tout cas à une période où l'on sait en quoi consiste la guerre en Vendée


Qu'entendez-vous par là ?

Aux débuts de l'insurrection vendéenne, la réputation de cette guerre civile n'était pas faite. (Et d'ailleurs les méthodes de répression s'y sont durcies avec le temps) Un officier aurait pu y accepter une affectation en toute candeur. Pas en 95 : on ne sait que trop ce qui s'y pratique. (Dans l'armée tout se sait, à supposer même que le grand public ne le sache pas.)

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