Malicorne a écrit :
Pouzet a écrit :
Je me demande, les militaires français (ou étrangers) se sont-ils inspirés de ces méthodes pour d'autres opérations de pacification plus tard ?
En Algérie par exemple ?
Bugeaud avait fait la guerre d'Espagne sous les ordres de Suchet.
On peut aussi citer le général Valée, commandant l’artillerie du 3e corps, futur maréchal et gouverneur général de l’Algérie.
Pour rester dans le cadre chronologique du forum, on peut imaginer que l’expérience acquise par Suchet dans sa lutte contre les Barbets dans les Alpes a pu jouer.
Concernant ses actions en Espagne, deux témoignages :
« Par sa bonne administration, Suchet, qui commandait les troupes de la province, avait su à la fois payer exactement, entretenir largement son armée et faire respecter les personnes et les propriétés des Espagnols. Les chefs subalternes et les soldats ayant conservé la discipline, il en résultait qu'on ne voyait de ruines ni de traces d'incendie ou de dévastation nulle part. Les travaux s'exerçaient partout comme en pleine paix et nous pouvions voyager partout sans escorte, en pleine sécurité. La France, comme l'Espagne et l'humanité, doivent regretter à jamais que Suchet n'ait pas été imité par les autres généraux français qui par leur barbarie, leur cupidité, leurs atrocités, l'indiscipline dont ils donnaient chaque jour l'exemple et leurs criminelles exactions ont rendu pour longtemps le nom de Français justement odieux en Espagne. »
(Tyrbas de Chamberet, Mémoires d’un médecin militaire)
« L'administration de M. le maréchal Suchet était avantageuse à la fois à l'armée et à la province de Valence. D'une part les services des vivres et des fourrages étaient assurés par des réquisitions frappées avec discernement et fourni par les fabriques du pays, et la solde des corps régulièrement payée au moyen d'impositions pécuniaires levées suivant la richesse de chaque ville ou village. De l'autre part, l'égale répartition des impôts en rendait le paiement moins onéreux aux habitants. Le paysan protégé contre les vexations et le pillage, cultivait avec tranquillité le champ dont les productions servaient à sa nourriture et à celle des soldats ; et comme les terres, toujours occupées par leurs propriétaires, ne restaient jamais en friche, elles pouvaient facilement suffire, à cause de leur grande fertilité, à alimenter l'armée et les habitants. L'inactivité des fabriques des provinces voisines contribuait à augmenter l'activité des manufactures du royaume de Valence. Comme, par suite de l'excellente police établie par le maréchal duc d'Albufera, les ouvriers étaient restés dans leurs ateliers, au lieu de former des guerillas , la main-d'oeuvre ne s'éleva jamais à un prix exorbitant, et les produits des fabriques allaient toujours en augmentant, parce qu'il fallait fournir en même temps l'armée française, les habitants du royaume et les provinces voisines, qui étaient privées de tout commerce, sans industrie et ruinées tour à tour par les mouvements militaires des armées impériales et par les courses des partisans espagnols. On conçoit facilement que cet état prospère du royaume en assurait la tranquillité.
Un des actes les plus sages de l'administration, fut l'établissement de grands entrepôts militaires, où les villages envoyaient les réquisitions frappées. L'égalité de la répartition se trouvait établie sur-le-champ, parce que, recevant dans les entrepôts les produits variés du sol, nécessaires à l'armée, les agents administrateurs faisaient évaluer, en argent suivant le tarif des marchés, les denrées versées en excédant du montant de la réquisition exigée, et les recevaient à compte ou en paiement de l'impôt pécuniaire. Ainsi un village qui ne produisait que du riz et qui était obligé de fournir une quantité déterminée de riz, de froment, de fourrage, de viande et d'argent, acquittait son impôt en riz seulement, tandis que d'autres, ne produisant que de la paille et du grain, faisaient un versement composé de leurs productions spéciales. L'équilibre se rétablissait dans les magasins. L'impôt pécuniaire rentrait dans la circulation, parce que les corps prenaient dans le pays une grande partie de ce qui leur était nécessaire, et payaient avec l'argent qu'ils recevaient. Aussi le royaume de Valence entretenait-il, sans être appauvri, un corps d'armée considérable. »
(Hugo, Mémoires)