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Napoléon et Bonald
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Auteur :  A 25 [ 16 Juil 2017 20:04 ]
Sujet du message :  Napoléon et Bonald

On ne rapproche jamais le régime impérial de la pensée réactionnaire de Bonald. Pourtant c'est cette petite révolution intellectuelle que nous propose Laure de Brancion dans son excellent livre sur le sacre de Napoléon.

Le futur Empereur aurait lu les œuvres de Bonald pendant la campagne d'Italie et aurait assez facilement été convaincus par ses théories. En très gros, la nation est une famille dont le monarque est le père. La société doit être hiérarchisée avec des corps intermédiaires qui se place et entre le Gouvernement et les sujets comme la mère se place entre le père et les enfants.

À débattre ...

Auteur :  A 25 [ 16 Juil 2017 21:10 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Avec quelques petites corrections

On ne rapproche jamais (à ma connaissance) le régime impérial de la pensée réactionnaire de Bonald. Pourtant c'est cette petite révolution intellectuelle que nous propose Laure de Brancion dans son excellent livre sur le sacre de Napoléon.

Le futur Empereur aurait lu les œuvres de Bonald pendant la campagne d'Italie et aurait assez facilement été convaincu par sa théorie. En très gros, la nation est une famille dont le monarque est le père. La société doit être hiérarchisée avec des corps intermédiaires qui se placent entre le Gouvernement et les sujets comme la mère se place entre le père et les enfants.

À débattre ...

Auteur :  Rebecca West [ 16 Juil 2017 21:20 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

[L'université impériale

... le poète Louis de Fontanes fut nommé grand maître de l'Université à la place de Fourcroy ... Fontanes fit entrer au conseil de l'Université des catholiques ultramontains comme Bonald ou l'abbé Emery...

... Discrédités déjà par la proclamation de déchéance de Napoléon où ils avaient entassé contre l'Empereur une multitude d'abus de pouvoir qu'ils avaient pourtant approuvés au temps de la toute puissance impériale, ils achevaient ainsi de ruiner leur crédit et celui de leur constitution auprès de l'opinion. Les tenants de la légitimité, les Barruel, les Maistre, les Bonald pouvaient tirer plus facilement à boulets rouges sur le projet constitutionnel...] (J. Tulard)

Ceci semble évoqué par Tulard et plus encore par Louis Bergeron.
-

Auteur :  A 25 [ 16 Juil 2017 21:28 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Rebecca West a écrit :
[L'université impériale

... le poète Louis de Fontanes fut nommé grand maître de l'Université à la place de Fourcroy ... Fontanes fit entrer au conseil de l'Université des catholiques ultramontains comme Bonald ou l'abbé Emery...

... Discrédités déjà par la proclamation de déchéance de Napoléon où ils avaient entassé contre l'Empereur une multitude d'abus de pouvoir qu'ils avaient pourtant approuvés au temps de la toute puissance impériale, ils achevaient ainsi de ruiner leur crédit et celui de leur constitution auprès de l'opinion. Les tenants de la légitimité, les Barruel, les Maistre, les Bonald pouvaient tirer plus facilement à boulets rouges sur le projet constitutionnel...] (J. Tulard)

Ceci semble évoqué par Tulard et plus encore par Louis Bergeron.
-



Que voulez vous dire exactement ? Que les historiens qui pensaient que Fontanes avait trahi l'empereur en introduisant des ultra montains au sein de l'université impériale se trompaient et qu'en fait Napoleon voulait consciemment leur présence ?

Accessoirement l'université a été créée en 1808 - peut imaginer une influence antérieure de Bonald sur la pensée impériale ? Peut être mais il faudrait des preuves ...

Quel rapport avec le débat constitutionnel de 1814 ?

Auteur :  Rebecca West [ 20 Juil 2017 15:06 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

-
Il est vrai que le sujet est "Napoléon et Bonald".
Pourquoi évoquer Fontanes ? Parce-que les trajectoires de Fontanes et Bonald sont liées.
Lors de la parution du fameux "Parallèle entre César, Cromwell, Monck et Bonaparte", la ligne directrice de la brochure -dont le rédacteur est Fontanes- est directement inspirée des écrits de Bonald et adroitement remixée pour servir le pouvoir du moment.
Pour les tenants et aboutissants :

- https://www.napoleon.org/histoire-des-2 ... bonaparte/
.

Auteur :  A 25 [ 22 Juil 2017 16:48 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

J'ai réuni quelques éléments grâce à google, l'ami des chercheurs qui veulent trouver ...

Tout d'abord Bonald lui même fait une critique très curieuse du régime impérial ici
https://books.google.fr/books?id=eAxGAA ... te&f=false

L'idee de Bonald serait que l'empereur aurait été anti libéral et admirateur de l'ancienne monarchie qu'il aurait voulu faire renaître sous son sceptre.

Ensuite la lecture de Bonald par Bonaparte en Italie est mentionnée par Jules Simon dans un article de 1841 hélas sans indication de source ...
https://fr.m.wikisource.org/wiki/Philos ... emporains_—_M._de_Bonald

Enfin la proximité entre Bonald et Lucien (avec Fontanes) est évoquée ici
https://books.google.fr/books?id=4I2a96 ... ld&f=false

C'est intéressant car cela invalide les sentiments républicains de Lucien ...

Mais tout cela reste un peu épars ... Pourrait on m'indiquer une source plus précise et complète sur les liens entre Bonald et Bonaparte ?

Auteur :  Rebecca West [ 22 Juil 2017 19:57 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Aigle a écrit :
C'est intéressant car cela invalide les sentiments républicains de Lucien ...

Concernant Lucien :
[... Godoy peut alors reprendre les négociations avec la France ... et cette fois son partenaire n'est autre qu'un des frères du premier consul, Lucien Bonaparte ... le plus indocile ... le plus encombrant par son jacobinisme tout théorique.]

- Napoléon et la guerre d'Espagne, 1808-1814 - J-J Bréjeon - Perrin
.

Auteur :  A 25 [ 23 Juil 2017 8:13 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Rebecca West a écrit :
Aigle a écrit :
C'est intéressant car cela invalide les sentiments républicains de Lucien ...

Concernant Lucien :
[... Godoy peut alors reprendre les négociations avec la France ... et cette fois son partenaire n'est autre qu'un des frères du premier consul, Lucien Bonaparte ... le plus indocile ... le plus encombrant par son jacobinisme tout théorique.]

- Napoléon et la guerre d'Espagne, 1808-1814 - J-J Bréjeon - Perrin
.


Merci Rébécca
Qu'en déduisez vous ?

Auteur :  Rebecca West [ 23 Juil 2017 19:21 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Aigle a écrit :
Que voulez vous dire exactement ? Que les historiens qui pensaient que Fontanes avait trahi l'empereur en introduisant des ultra montains au sein de l'université impériale se trompaient et qu'en fait Napoleon voulait consciemment leur présence ?

Du tout.
Les historiens analysent l'Histoire et écrivent des livres où bien souvent leur avis personnel transparait.
Ces livres sont une chance : à l'appui de thèses personnelles, les historiens nous apportent des sources.
Ensuite, il nous appartient de décortiquer ces sources nous-mêmes.
Je prends l'exemple du sujet : "Les erreurs de Napoléon". Cyril Drouet nous offre un extrait de Lentz. Si nous lisons bien cet extrait, il n'y a rien d'autre que des conclusions et des évidences que tout intervenant -ayant une vision synoptique de l'Histoire- a en tête. Cette feuille absente du livre, qui en verrait la nécessité de la présence ? Mais c'est Lentz.
Je n'ai fait que citer.
Vous m'avez interrogée sur la source et sur une éventuelle comparaison entre les deux historiens : il s'agit du "Napoléon" de J. Tulard
Bergeron cite beaucoup J. Tulard mais il se montre complémentaire dans son analyse des institutions, plus longue, plus poussée.
Je ne mets pas les deux hommes en comparaison. Bergeron évoque "L'épisode napoléonien", le titre est intéressant et laisse à penser que ce ne sera pas une vision hagiographique.

De la même manière, je vous apporte une courte analyse de Lucien faite par Brégeon, c'est tout.
Ce que j'en pense ?
Ceci risque le HS mais comme vous m'interrogez et que vous avez vous-même initié le sujet.

Le livre concerne le conflit dans la péninsule ibérique, vaste programme.
Brégeon pourrait simplement acter qu'à tel moment Lucien est mandaté par son frère pour aller en Espagne. Mais il s'attarde un peu trop sur Lucien. J'en déduis un a-priori. Bregeon entre dans le jugement, ceci invite alors à la discussion.

Le plus "indocile". Que faut-il comprendre ? Il est vrai que Lucien souvent et contrairement à ses autres frères aura des conflits frontaux avec Napoléon. Si exprimer un désaccord est de l'indocilité, alors oui Lucien est "indocile". Si faire montre d'initiatives personnelles qui -au final- serviront la cause, alors oui Lucien est "indocile". Si refuser certains ordres concernant son intimité, là encore on peut estimer que Lucien est "indocile".
Passons au "encombrant". Je l'aurais dissocié du "jacobinisme théorique". En effet Lucien est encombrant car il a grandement aidé à l'ascension de son frère. L'Histoire nous montre que souvent ces gens passent vite à la trappe : il n'est pas bon de se faire rappeler : "Qui t'a fait roi ?". Il est évident que Lucien est encombrant, est-il fautif d'avoir su et pu avoir un rôle déterminant lors du 19 Brumaire ?
"Jacobinisme théorique" ? Peut-il être autre que théorique ? Lucien par sa facilité d'adaptation (on le voit en Espagne) prend fait et cause pour certaines idées. S'il était seul, rien de bien grave mais ceci risque d'avoir des effets collatéraux et Lucien ne doit pas trop s'engager pour mieux savoir se dégager.
A-t-il le choix ? Ce refus de se sentir confiné dans un pré carré dicté par son aîné crée chez lui un besoin d'affirmation. Alors, pour s'opposer, il reprend une musique détestable aux oreilles de l'Empereur : le jacobinisme. Que peut-il faire d'autre ?
Avec un personnalité comme celle de NB, pour exister, il faut s'éloigner de cette tutelle étouffante. Lucien le fera. Il ne devra pas son titre de duc à son frère et reviendra lors d'évènements où il peut jouer un rôle actif.

Pour sa mission en Espagne, Brégeon veut montrer que c'est raté. Je ne suis pas d'accord.
Il faut remettre les choses dans leur contexte. Ceci est une sanction non méritée, pourquoi Lucien s'investirait-il ? Le peu qu'il fait est bien bon. Que son aîné ait d'autres projets, encore fallait-il le faire savoir et quels autres projets que la troupe ?
Il est aisé de conclure que Lucien a échoué, son aîné a-t-il mieux géré la situation ? Ceux qui récupèreront l'inachevé seront-ils meilleurs ? Napoléon leur donnera-t-il les moyens d'être meilleurs ? Ce "sale" conflit verra-t-il des officiers se comporter comme tels ? Des remontrances impériales seront-elles envoyées ? Rien de tout ceci.

En ceci Brégeon, sans le vouloir, soulève l'intérêt : qu'ont de commun les campagnes d'Egypte, d'Espagne, de Russie ?
J'espère que ces déductions ne vous décevrons pas trop.
-

Auteur :  A 25 [ 23 Juil 2017 20:43 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Les souvenirs de Barante semblent une mine d'informations sur les aspects civil du régime impérial. À propos des débats de 1806 sur la question juive, Barante mentionne (pour la déplorer) l'action d'une "coterie anti philosophique" dirigée par Fontanes Et Bonald ...le lien entre les deux hommes semblaient donc notoires ....

Quant à Lucien il me semble s'être agi d'un effroyable opportuniste doublé d'un mauvais tacticien : prêt à rétablir la monarchie au profit de sa famille en 1800 pour ensuite rompre avec son frère et s'afficher comme un défenseur des valeurs républicaines ...

Auteur :  A 25 [ 17 Août 2017 19:10 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

J'apporte un élément supplémentaire au débat : une lettre de Fontanes à Bonald du 17 août 1806 reproduite ici de la page 114 à 118 et explicitant le fait que l'empereur lisait et appréciait les textes de Bonald

https://books.google.fr/books?id=FCVPiU ... 06&f=false

Auteur :  A 25 [ 10 Sep 2017 17:22 ]
Sujet du message :  Re: Napoléon et Bonald

Pour revenir au livre de Laure de Brancion, je voudrais mettre le fait que selon cette historienne l'empereur n'était pas obsédé par le modèle romain mais se référait autant voire plus au modèle carolingien dans une vision pré romantique du moyen âge bien éloignée de la rationalité des Lumières...
Loin d'habiller la république consulaire avec un costume impérial , il s'engageait sciemment dans la voie d'une monarchie de droit divin, substituant simplement une nouvelle dynastie, énergique et victorieuse, à l'ancienne, corrompu et inefficace....

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