Dalgonar a écrit :
Les bateaux construits pour débarquer nécessitaient des ports et non des plages? Je pensais davantage à des barques à faible tirant d'eau, échouables
La flottille se trouve (comme le reste des escadres françaises de la manche) bloquée dans les ports, pour l'en faire sortir il faut tout d'abord faire sauter le verrou.
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Je n'ai pas trop la culture de la guerre sur mer à cette époque, mais précisément j'ai toujours eu l'impression que Napoléon avait agencé tout son plan - en donnant des ordres précis et aucune latitude aux exécutants - comme s'il s'était agi de manœuvres terrestres, donc sans imaginer les aléas de la "fortune de mer", soucis qui lui étaient étrangers. Il s'imagine, en poussant une pointe vers les Antilles, leurrer l'Amirauté et la distraire de la défense de Londres, comme il aurait manœuvré un général autrichien en Italie. Mais dans la guerre sur mer, c'est l'Amirauté qui possède une longueur d'avance sur tous les plans, stratégie, tactique, armement, liaisons...
Philippe Masson et José Muracciole dans "Napoléon et la marine" en arrivent aux mêmes conclusions, les deux auteurs sont également beaucoup plus prudent concernant les "quelques heures" dont l'empereur disait avoir besoin. Le livre date un peu mais il est dans son élément après tout.
De plus Napoléon se déplace et voyage beaucoup, comme il envoie régulièrement de nouvelles instructions à Villeneuve celles ci lui arrivent tardivement et se trouvent déjà périmées à leur réception. Si sur terre la réalité du terrain modère son optimisme et tempère ses plans, sur mer il est souvent coupé des réalités et prend des décisions peu réalistes. Il s'imagine qu'un vaisseau français vaut bien un anglais et pire, qu'un espagnol vaut bien un français. Il ne tient pas assez compte des vents, des courants, de l'usure du matériel et j'en passe... La faute de Villeneuve, bouc émissaire tout trouvé, paraît relativement minime. Le plan reposait également sur la jonction entre Villeneuve et certaines escadres de la manche. Or pour toute une série de raisons ces dernières ne sont pas au rendez vous ou encore au port et incapable de sortir rapidement. Deux escadres françaises se prennent même mutuellement pour des ennemis et s'évitent, bref tout une série de mécomptes et d'imprévus pour lesquelles Villeneuve n'est pour rien. Comme le dit Masson sa véritable erreur fut de ne pas donner à temps une démission pour protester contre l'ingérence et les ordre contradictoires de l'empereur (qui modifie à plusieurs reprises le plan initial). Le passage en Egypte relevait déjà du miracle et c'était tout de même pousser un peu fort sur le bouton que d'en redemander. Je ne cherche pas à dénigrer systématiquement Napoléon mais pour le coup il semble bien que ce soit lui qui se soit bercé d'illusion.
Et puis imaginons Londres prise, le roi en fuite en Ecosse et la bourse s'effondrant... et ensuite? Nelson et toute les escadres britanniques rappliquent, bloquent la manche, détruise la flottille et voilà l'empereur bloqué avec son armée de l'autre coté de la Manche pendant que les autros-russes préparent une visite de courtoisie à l'est. La chute de Londres, l'écroulement de la city et la reddition (éventuelle) des anglais aurait elle suffit à dissoudre la totalité de la coalition...? Uchronie je sais, mais on peut se poser la question. Autant Napoléon peut faire effectuer des marches forcées à ses soldats pour réaliser des miracles sur terre autant il est difficile de prendre assez d'élan pour enjamber la manche d'un seul tenant... je m'en tient là car on sort du sujet mais si quelqu’un est partant je continue la discussion sur un sujet déjà dédié à Trafalgar...
Cordialement...