Bonsoir,
Drouet Cyril a écrit :
Dommage...
De gros dommages entraînant de grosses difficultés :
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Permettez-moi Prince, de vous déclarer franchement mon opinion. Ce n'est point une affaire ordinaire que la guerre d'Espagne ; on n'y a point sans doute de revers, d'échecs désastreux à craindre mais cette nation opiniâtre mine l'armée avec sa résistance de détail. C'est en vain qu'on abat d'un côté les têtes de l'hydre, elles renaissent de l'autre et, sans une révolution dans les esprits, vous ne parviendrez de longtemps à soumettre cette vaste péninsule ; elle absorbera la population et les trésors de la France. Elle veut gagner du temps et nous lasser par sa constance. Nous n'obtiendrons sa soumission que par lassitude ou l'anéantissement de la moitié de la population. Tel est l'esprit qui anime cette nation qu'on ne peut même s'y créer quelques partisans. En vain use-t-on avec elle de modération, de justice, à peine cela vous vaut-il quelque considération, quelques épithètes moins dures mais dans un moment difficile un gouvernement ou chef quelconque ne trouverait pas dix hommes qui osassent s'armer pour sa défense." (Kellermann à Suchet, novembre 1809).
A ce moment déjà l'armée n'est plus payée régulièrement, les hôpitaux manquent du nécessaire et les privations augmentaient les maladies, défense était faite aux hommes de se hasarder isolés. L'Empereur est dans l'impossibilité d'aller en Espagne.
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Le métier que je fais est intolérable. Si la conduite de l'Empereur a eu pour objet de me dégoûter de l'Espagne, son but est rempli... Je n'ai pas besoin de couronne pour être un homme et je me sens assez grand par moi-même pour ne pas vouloir monter sur des échasses." (Joseph à son épouse le 8 novembre 1809)
Après le départ de Jourdan, Soult est major-général de l'armée d'Espagne et se prépare à affronter don Juan de Areizaga (50 000 fantassins, 8 000 cavaliers, 80 bouches à feu) -je n'y entends rien en logistique mais vous certainement voici pourquoi j'ai tenu à mettre ceci- qui avance sur Madrid, remplie de joie.
Soult disposait du 1er, 2e, 4e et 5e corps soit plus de 60 000 hommes dont la qualité devrait se solder par une victoire aussi Napoléon ne comprend pas qu'avec une telle armée les affaires n'avancent pas. Soult et Joseph quittent Madrid avec la garde espagnole et une partie de la division Dessoles.
Le 18 novembre Sebastiani avec les 900 dragons et lanciers polonais de Mortier s'engage bien aux environs d'Ocana. La cavalerie espagnole est complètement défaite et Sébastiani aperçoit l'armée d'Areizaga qui avance sur Ocana.
Le 19 novembre, Mortier ordonne à Leval d'attaquer avec des troupes polonaises et allemandes. Interviennent Girard et Dessoles.
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La cavalerie française fondit alors sur la cavalerie espagnole jetant une horrible confusion dans les colonnes d'infanterie qui commençaient leur retraite. Le carnage fut terrible, les résultats de la bataille considérables : 18 200 prisonniers envoyés à Madrid suivis de 8 000 autres ; 4 à 5 000 hommes tués ou blessés, 32 drapeaux pris et 42 pièces de canons ou obusiers et 26 000 fusils ainsi que 2 000 chevaux."
Soult à Victor, Dos Barrios,
19 novembre 1809 : ordre est donné par Joseph d'occuper tous les débouchés de la Sierra-Morena.
Rapport d'armée à la même date "
... L'armée de la Manche qui avait reçu des renforts de celle de l'Estramadure, ce qui en avait porté le nombre à 55 000 hommes a été détruite [...]
il parait positif qu'il ne reste pas à cette armée un seul bataillon pour se battre"
L'effet de ce succès est grand à Séville, la junte centrale est critiquée et le général de la Romana se voit arrêter les opposants pour éviter un renversement. On se réfugie au sud, près de Cadix et une réunion est envisagée dans l'île de Léon, début 1810. Le 21 novembre, Napoléon ignore cette victoire :
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Il n'y a aucune direction ni suite dans mes armées d'Espagne..." (A Clarke, le 20 novembre 1809)
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L'Empereur à cette époque se proposait de partir vers le 15 janvier pour la péninsule à la tête de 25 000 hommes de la Garde. S'il avait donné suite à son projet il eût sans doute terminé cette guerre désastreuse."
Au même moment Ferdinand des Asturies qui était chez Talleyrand supplie l'Empereur -via Joseph d'épouser une de ses nièces. Joseph reprend espoir apprenant que l'armée anglaise s'est retirée en Portugal le 24 novembre abandonnant le duc del Parque. La Galicie et l'Andalousie sont découvertes.
Les Anglais sont retirés à Trujillo, l'esprit public s'améliore dans la vallée du Tage et même à Madrid où des fortifications sont renforcées en cas de troubles (Soult au ministre de la guerre) mais "...
l'armée française continue à être dispersée : le 3e corps qui se trouvait à Saragosse agit isolément en Aragon et le 7e corps fait de même en Catalogne. Sur les 7 corps principaux constituant l'armée d'Espagne, 4 seulement sont en mesure de se réunir et d'agir de concert ; les autres sont occupés à maintenir leurs positions et à contenir les pays qui les avoisinaient. (Joseph -
Mémoires -Aperçu de la position de l'armée d'Espagne au 1er décembre 1809).
Viendront de nouveaux renforts, l'Empereur désire toujours se rendre sur les lieux, le siège de Valence est préparé, Napoléon va songer à réunir la Catalogne à la France, les dépenses entraînées par cette guerre sont colossales, des renforts nouveaux sont envoyés en Espagne. La Hollande détourne Napoléon de l'Espagne et Joseph désire prendre sa retraite...
Bien à vous.
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