Il me semble que les "cahiers du duc d'Enghien" sont une source réellement intéressante à consulter. ils relatent une partie non négligeable de sa vien ,au service de son père, le prince de Condé au sein de la fameuse "armée de Condé".
Voici "un copié-collé" de l'extrait de la biographie du duc d'Enghien au Musée "Condé". (Patrimoine de Chantilly, les cahiers du duc d'Enghien) -
La Révolution et le début de l'émigration « Nous apprîmes le mardi 14 juillet au soir à Chantilly que les révoltés s'étaient emparés de la Bastille ; nous eûmes de la peine à le comprendre, mais enfin cela était : je crus alors ne pouvoir me dispenser de me rendre le lendemain avec mes enfants auprès du roi, dont au moins la couronne était en danger. » Ainsi s'ouvre le journal que le prince de Condé tiendra jusqu'en mai 1795 et qui, complété par le journal de son petit-fils, nous permet de suivre la métamorphose de l'adolescent comblé en officier.
Après avoir vainement offert ses services au roi, le prince décide de quitter Chantilly avec sa famille pour « chercher, écrit le duc d'Enghien, des remèdes aux maux de la France ». En hâte, les princes de Condé décident de gagner Turin. Cette petite cour, grossie d'émigrés qui arrivent quotidiennement, passe toute l'année 1790 à comploter sans grande efficacité. La Révolution qui se durcit et l'échec de leurs tentatives de coup de force pour rentrer en France décident les Condé, au début de l'année 1791, à remonter vers le Nord et à gagner les bords du Rhin, où ils seront tout près de la frontière française.
C'est pendant l'année 1791 que l'émigration devient militaire. Le jeune prince apprend alors à « charger ses armes, à marcher aligné, à se rompre. Mon grand-père, écrit-il, pouvait alors compter de mille à douze cents gentilshommes sous ses ordres. […] À mesure, on formait des compagnies nouvelles, toutes de cinquante-quatre hommes ». La fameuse armée de Condé était en train de naître.
La guerre Le 20 avril 1792, Louis XVI déclare la guerre à son neveu, François II. Jusqu'à la paix d'Amiens, en 1802, trois forces se trouveront en présence : les patriotes, les puissances alliées, c'est-à-dire les nations européennes à qui les patriotes ont déclaré la guerre, et l'armée des émigrés.
Le duc d'Enghien souffre de cette situation équivoque et l'amertume est à son comble lorsque l'empereur ordonne que l'armée des émigrés français soit divisée en trois corps : « L'armée des Princes était forte d'environ dix à douze mille hommes ; celle de Condé de quatre mille cinq cents hommes à cinq mille ; celle de Bourbon de quatre mille au plus ».
C'est dans ces conditions difficiles que le duc d'Enghien apprend que la bataille de Valmy s'est engagée. Jemmapes, le 6 novembre 1792, entérinera la victoire des révolutionnaires. À la suite de cette campagne, l'armée des Princes et le corps de Bourbon sont dissous sur ordre de l'empereur. Ceux qui veulent continuer à se battre rejoignent, avec le duc de Bourbon et le duc d'Enghien, le corps de Condé.
À la fin de 1793, la petite armée montre son héroïsme lors de la bataille de Berstheim. Le prince de Condé, blessé d'un coup de sabre à la main, désigne son petit-fils pour reprendre le commandement de la cavalerie. Le duc d'Enghien portait ce jour-là l'uniforme de son régiment d'infanterie, dont il avait été nommé colonel le 17 juillet 1788, et le brassard blanc brodé de trois fleurs de lys noires, signe de deuil du roi.
Après cette bataille, le duc d'Enghien tombe malade et est transporté à Ettenheim, dans la région du Rhin. C'est alors qu'il s'éprend de la princesse Charlotte de Rohan-Rochefort, réfugiée chez son oncle, le cardinal de Rohan. Mais, à peine guéri, il rejoint l'armée de son grand-père.
Les années 1794 et 1795 se passent dans une inaction pénible. Le duc de Bourbon s'embarque pour l'Angleterre le 30 août 1795. Il ne retournera pas se battre et son fils ne le reverra plus. Cette année-là, la princesse Louise de Condé prend la décision d'entrer au couvent. Ni son père, ni son frère, ni son neveu ne comprennent son choix.
1796 est la plus belle année militaire du jeune prince. Au début du printemps, son grand-père lui confie le commandement de son avant-garde. Un journal manuscrit du duc d'Enghien ainsi que sa correspondance nous renseignent sur les campagnes de cette période. Dans toute la région du Rhin, le jeune prince continue de prouver sa valeur militaire. Les républicains français l'ont surnommé le duc « Va-de-bon-cœur ».
L'armistice de Leoben est signé le 18 avril 1797. L'empereur de Russie, Paul Ier, se souvenant de l'accueil somptueux reçu à Chantilly, fait savoir au prince de Condé qu'il est prêt à accueillir son armée. Cependant, les conditions imposées par le tsar ne peuvent être satisfaites et le duc d'Enghien doit se résoudre à rejoindre son grand-père. Il se rapproche alors également de Charlotte mais, sous la pression de son aïeul, doit repartir pour la Russie et rompre avec la princesse.
Le 6 février 1797, le duc d'Enghien rejoint son grand-père à Saint-Pétersbourg. Paul Ier donne un faste inouï à ces retrouvailles, faisant don au prince de Condé et à son petit-fils d'un luxueux château. Le 21 décembre, l'empereur Paul Ier remet solennellement au prince de Condé les nouveaux drapeaux et étendards de son corps. Le duc d'Enghien, oubliant leurs adieux définitifs, propose à Charlotte de venir le rejoindre avec son père.
Les officiers français supportent cependant difficilement l'humeur excentrique du tsar. De plus, les relations entre le duc d'Enghien et son grand-père se dégradent inexorablement. La présence de Charlotte pousse en effet le jeune prince à négliger les propositions de mariage faites par son grand-père et le tsar, qui a refusé d'octroyer une pension au prince de Rohan-Rochefort, met celui-ci, ainsi que sa fille, dans une position très inconfortable.
Au printemps 1799, les hostilités reprennent. La Russie signe une nouvelle coalition avec les alliés contre la France et le Directoire répond par une déclaration de guerre. Dans les premiers jours d'octobre, l'armée de Condé, sur l'ordre de l'archiduc Charles, arrive dans Constance et se charge de défendre la position de la ville. Toute la journée du 7 octobre, le duc d'Enghien montre, une fois de plus, son talent militaire et son courage. Au milieu de la défaite des puissances alliées, la bataille de Constance se détache comme une victoire du duc d'Enghien.
Pendant que les combats font rage, Bonaparte, le 16 octobre 1799, entre secrètement dans Paris et, le 9 novembre (18 brumaire an VIII) se rend le maître de la France. Le bruit du coup d'État parvient aux oreilles du duc d'Enghien : c'est alors que Paul Ier décide de se retirer de la coalition anti-française, impressionné peut-être par la montée en puissance de Bonaparte. Point d'orgue de l'aventure condéenne en Russie, l'empereur nomme le duc d'Enghien grand-croix de l'ordre de Malte.
La paix de Lunéville est signée le 9 février 1801, mais personne ne prend en considération le destin de l'armée de Condé. « Nous avons été traités comme une troupe devenue inutile à la paix et que l'on réforme », se lamente le duc d'Enghien.
Dès la dissolution de l'armée, les chemins du prince de Condé et de son petit-fils se séparent. Le grand-père s'embarque pour l'Angleterre, où il doit retrouver son fils, mais, malgré ses prières, le duc d'Enghien refuse de le suivre. Ils ne se reverront plus.
Ettenheim Après dix années de combats, le duc d'Enghien décide de se fixer à Ettenheim (Allemagne), où réside la princesse Charlotte. Mais il vit dans l'espoir de rentrer en France et d'aider le roi à recouvrer son trône. De surcroît, ses moyens financiers sont très réduits, le gouvernement anglais ne lui allouant qu'une maigre pension mensuelle.
À la toute fin de septembre 1801, le duc d'Enghien emménage dans la maison que lui loue le baron d'Ichtratzheim, à quelques pas du palais de Rohan, où Charlotte vit avec son oncle. Ses amis fidèles s'installent, eux aussi, dans la petite ville. Repas entre amis, plaisirs des carnavals et surtout de la chasse : une autre vie commence, pleinement partagée par la princesse Charlotte. Mais cette douce tranquillité n'est pas, pour le prince, synonyme de bonheur : la paix d'Amiens, signée le 25 mars 1802 entre la France et l'Angleterre, le réduit à l'inaction militaire, et le désespoir l'envahit quand il fait le bilan de ces dix années de guerre.
La rupture de la paix, en mai 1803, fait renaître la guerre entre la France et l'Angleterre. Bonaparte, pour beaucoup, représente une nouvelle légitimité. Mais certains Bourbon ne désarment pas. À Londres, le comte d'Artois échafaude des plans pour renverser le pouvoir en place et les sentiments du duc d'Enghien sont clairs : il est l'ennemi de Bonaparte. Le Ier octobre 1803, il déclare : « Je suis trop fier pour courber bassement ma tête et le Premier Consul pourra peut-être venir à bout de me détruire, mais il ne me fera pas m'humilier ».
Entre janvier et mars 1804, de nombreuses arrestations, opérées par la police du Premier Consul, permettent de découvrir un complot de grande ampleur : des officiers, des généraux, des princes ainsi que le comte d'Artois s'étaient entendus pour renverser Bonaparte.
Qui peut être l'âme de ce complot ? Le nom du duc d'Enghien circule. Bonaparte se garde bien de vérifier ces affirmations. Il ordonne d'aller saisir le duc en territoire de Bade.
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