Chou d'amour a écrit :
Tout à fait c'est à cela que je faisait référence, car pour moi vendre de tels objets est une forme de pillage...
Oui, mais la notion de patrimoine historique est en fait, malgré l’ancienneté du mot (patrimonium) assez récente ; ainsi, Chambord fut bien transformé en caserne pour les régiments de Maurice de saxe au XVIIIème siècle, Louis XVI lui-même proposant par un édit de 1787 de vendre quatre châteaux : La Muette, le château de Madrid au bois de Boulogne, Vincennes, pourtant très représentatif de l’histoire de la monarchie, et même Blois, qui deviendra aussi une caserne.
Paradoxalement, c’est avec les Lumières que s’est pourtant ébauché l’idée de protéger les édifices et les oeuvres, jugées trop précieuses pour dépendre du caprice des propriétaires.
Une instruction de l’An II est très claire : "Vous n’êtes que les dépositaires d’un bien dont la grande famille a le droit de vous demander compte" (aux administrateurs de la république).
Il est vrai que la liste des dégradations, profanations et destructions est longue surtout de 1793 à 1795, due aux sans-culottes, mais c’est pourtant en 1793 qu’on énonça les mots de patrimoine et de vandalisme (Commission temporaire des arts) en réaction à ces exactions.
Après la révolution, le choc fut tel qu’on commença à réfléchir sur la fragilité et l’état lamentable de nombreux édifices, et que l’Etat prit des mesures de conservation. Ajoutez à cela l’esprit du romantisme (Hugo : " il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, c’est donc dépasser son droit que de le détruire".), la vogue du Moyen-âge, et le mouvement était lancé (Mérimée, Viollet-le-Duc, etc...) Par exemple ce n’est pas un hasard si le Musée de Cluny ouvre à cette époque, en 1844, et le musée des Monuments Français un peu plus tôt (la date exacte m’échappe). Avant, il n’y a pas de véritable notion du « monument historique ».
Sur toutes ces questions, je vous conseille la véritable somme qu’a dirigé Pierre Nora chez Gallimard : Les lieux de Mémoire.