Au-delà des préjugés de futilité et de frivolité des cours royales et princières, on a bien souvent trop tendance à oublier que les cours relevaient de véritables institutions sociologiques et économiques à grande échelle.
Ainsi, le fait de loger, de nourrir, de distraire des centaines de personnes, voire de milliers relèvait d'une véritable gestion de l'organisation. Et encore je ne parle pas de l'intendance, des chevaux, des voyages, d'une multitude de services à gérer...
Sous l'Antiquité en passant par les cours des Pharaons et des Empereurs Romains, des rois médiévaux, des empereurs bysantins, des sultans Ottomans, des empereurs de Chine et du Japon on trouve des cours, bref dit souverains dit cours, le phénomène est incontournable. Que l'on ait trouvé des gens frivoles dans ces milieux, c'est certain, mais on y trouvait aussi toutes sortes de gens avec de véritables compétences juridiques (les clercs, les secrétaites, les bureaux des ministres), les services de chasse et de vénerie (autrefois c'était un véritable art), le service de la Prévoté (surveillance)...et j'en oublie.
C'est avec l'apparition du monde moderne que le phénomène millénaire de la Cour s'est évaporé, alors que les noblesses s'acharnaient à sauvegarder leurs privilèges. Mais à défaut de les sauver, la noblesse (et là je parle de toutes les noblesses en Europe et dans le monde) a longtemps gardé un pouvoir politique et social important (en Russie jusqu'en 1917, à des degrés divers au Japon jusqu'en 1945). A propos du pouvoir politique, c'est la présence des nobles dans les chambres hautes (la chambre des Lords en Angleterre), et le pouvoir social c'est le prestige de la fortune, des propriétés foncières (au XIXe siècle l'aristocratie conserve l'essentiel de la terre en Europe, surtout en Europe Centrale).
_________________ Dominique Poulin
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