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Message Publié : 13 Mai 2008 16:01 
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Hérodote
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bonjour à tous,

est-ce quelqu'un pourrait me dire si les 3 ordres de l'ancien régime sont restés quasiment inchangés du XVII au XVIII siècle?

je vous en rmercie d'avance,

aimitiés,

ben0012


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Message Publié : 13 Mai 2008 17:02 
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Oui.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 13 Mai 2008 17:24 
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Plutarque
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Pareil, mis à part que cela tend peut-être au cours du temps à s'envenimer, non?
Cette classification devient de plus en plus mal vécue, surtout de la part du tiers, normal.
Confirmation?

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"En guerre comme en amour, pour en finir, il faut se voir de près" ...


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Message Publié : 13 Mai 2008 17:29 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Cela faisait belle lurette que le Tiers voulait être autre chose. Il y a déjà des velleités aux Etats Généraux de 1588 et 1614. Il est évident que cela ne s'est pas amélioré durant le XVIIIème.

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Message Publié : 13 Mai 2008 18:36 
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Plutarque
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J'avais un peu de temps et je vous propose quelques sites où vous pouvez trouver des renseignements.

Le site qui m'a le plus intéressée :
http://g3l1s1.centerblog.net/705053-soc ... ommunautes

Un site qui propose beaucoup de détails:
http://www.stellamaris-edu.net/2/images ... en_reg.htm


Si vous manquez de temps,

Ceci qui reprend un article d'Encarta :
http://www.scribd.com/doc/37225/Ancien- ... dre-social

L'habituel ( à croiser avec d'autres sources)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisati ... %C3%A9gime

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Il ne suffit pas de parler, il faut parler juste. Shakespeare


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Message Publié : 13 Mai 2008 18:53 
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Plutarque
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Jean-Marc Labat a écrit :
Cela faisait belle lurette que le Tiers voulait être autre chose. Il y a déjà des velleités aux Etats Généraux de 1588 et 1614. Il est évident que cela ne s'est pas amélioré durant le XVIIIème.


Que étonnante vison des choses! Le tiers-état avant d'être une machine politique ( v. Sieyes) est un état qui regroupe les sujets du roi quel que soit leur état de fortune du manouvrier des champs et des villes au grand bourgeois financier, titulaire d'office en voie d'anoblissement, riche marchand, banquier, fournisseur aux armées. Le " Tiers" commande les leviers de la finance. Il avait des " droits sur le roi" ( au sens financier) en nom propre ou comme prête-nom de très grands seigneurs. N"allons pas croire que les curés et religieux notamment des ordres enseignants ou hospitaliers appartenaient au " premier" ordre ; on le verra auxEtats Généraux où nombre de curés siègent parmi le tiers.
Le " tiers" peut être parfaitement un état transitoire, dans une famille par exemple ce ne sont pas forcément les plus riches voire les plus influents qui accèdent au deuxième ordre ( la noblesse) il y a toute une stratégie familiale dans laquelle on choisit tel pour etre d'Eglise, tel autre pour jouir d'un office de judicature ( anoblissant) à moins que e ne soit pas éléction municipale ( noblesse de cloche) ou par une simple acquisition de "secrétaire du roi" qui n'egage à rie et qui est anoblissante.
Traitants et financiers n'accedent pas forcément à la noblesse mais ils sont alliés, leur fille épouse dans la haute noblesse.

Les mécanismes de montéedans le 2e ordre n'ont rien à voir avec l'accès à "l'aristocratie" mais avec les privilèges de la "noblesse" ce sont deux réalités très différentes . L'aristocratie est de sang, la noblesse, d'acquisition.
C'est une erreur majeure de "fixer" le tiers dans un rapport politique dominé/dominant ( par rapport aux deux premiers ordres. Réfléchissons sur l'incroyable facilité ( et brièveté) avec laquelle le "tiers" obtient dans un premier temps le doublement des têtes et dans un deuxième le vote par tête. La facilité avec laquellece sont les deux premiers ordres qui rejoignent le tiers apres quelques contremarches effarouchées. Louis XVI qui ne comprend pas très bien ce qui se passe s'arrête à la procédure de 1614, les temps avaient changés la réalité politique ( et financière) est dans le tiers. C'est un long travail intellectuel et social ( le théatre du 18e s n'y est pas pour rien et je pense a Beaumarchais) qui a travaillé tout au long du siècle. Dans la mesure où comme l'écrit G.Huppert dans " Bourgeois et gentilhommes" ( flammarion 1983) que la noblesse n'est qu'en partie une condition légale elle est en premier lieu une condition sociale qui tient au style d'une personne à ses attitudes mentales. E n outre il n'y a pas une mais plusieurs sortes de style et de mentalités nobles, dont chacune pouvait être revendiquée par des observateurs aux intérêts contraires comme la seule vraie façon e vivre noblement. L'énorme influence de la culture littéraire joue là un rôle essentiel, les " humanités" forgent une nouvelle " classe" intermédiaire entre aristocratie/noblesse et tiers. Les grandes littérateurs du XVIIIe s ( à la différence de ceux du XVIIe) sont fils de bourgeois qui jouent de la particule ( Voltaire , d'Alembert, Buffon , Diderot etc) comme dès le 12e les docteurs de bologne ou de Padoue s'intitutent comes compagnons et conseillers du prince.
Les grandes dynasties marchandes ( les Arouet, les Colbert - excusez moi rien à voir bien sûr- les Fouquet) marchands-banquiers-prêteurs d'argent au Roi peuvent quand ils le veulent être alliés aux anciennes familles ( le plus souvent parlementaires et depuis longtemps anoblies)/ La religion des femmes ( une Madeleine de Lamoignon, une Marie de Maupeou) fait autant pour la progression et le maintien en vie noble que la culture littéraire des hommes du "clan" le maintien de leur fortune , un oncle abbé ( pucelle allié aux catinats) évêque, Président à mortier...etc
La société d'ancien régime n'est nullement ( ou presque) une société d'ordre , c'est une société de connivence où un complexe de situations socio-culturelles, fondent une forme de "noblesse" qui ne doit plus rien à la naissance et cela bien avant le XVIIIes.
Ne jamais oublier non plus que dans l'imaginaire des classes sociales ( cultivées évidemment) l'imperium résidait dans le peuple, dans le populus romain. C'est une réalité tellement preignante à la jonction du MA et de la Renaissance qu'en 1328 Louis de Bavière reçoit le diadème des mains des sénateurs et du peuple de rome et non pas à Saint-Pierre mais au Capitole

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Gilles Deleuze


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Message Publié : 13 Mai 2008 19:36 
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Polybe
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letiers a écrit :
N"allons pas croire que les curés et religieux notamment des ordres enseignants ou hospitaliers appartenaient au " premier" ordre ; on le verra auxEtats Généraux où nombre de curés siègent parmi le tiers.


Le fait d'être députés du Tiers n'empêche pas qu'ils appartenaient au Premier Ordre.

Par contre, il faudrait voir ce qui dans la législation de l'époque permettait d'être député pour un autre corps électoral que le sien.


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Message Publié : 14 Mai 2008 7:56 
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Plutarque
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Jézabel a écrit :
letiers a écrit :
N"allons pas croire que les curés et religieux notamment des ordres enseignants ou hospitaliers appartenaient au " premier" ordre ; on le verra auxEtats Généraux où nombre de curés siègent parmi le tiers.


Le fait d'être députés du Tiers n'empêche pas qu'ils appartenaient au Premier Ordre.

Par contre, il faudrait voir ce qui dans la législation de l'époque permettait d'être député pour un autre corps électoral que le sien.


Votre réflexion permet plusieurs réflexions : d'abord vous posez un principe et une question , les deux sont de nature strictement juridiques. Je ne vois pas d'explication plus lumineuse à ce doublet que la lecture de " Penser la Révolution française" de F.Furet ( gallimard 1991 chap 1er pp 64-69). Furet pose la question de la réunion des " ordres" avec une clairvoyance qui emprunte à une lecture socio-politique plutôt que juridique. Inontestablement on glisse du " droit naturel" à "l'égalité naturelle" et, par là à un théorie moderne du pouvoir. Juridiquement nous sommes dans le cadre d'une structure "d'Etats généraux" qui se transforme en " système représentatif" fondée sur des pouvoirs délégués. Les cahiers s'inscrivent dans la structure " Etats Généraux ( et donc logique d'Ordres) : C'est la vieille structure du pouvoir monarchique : le Roi consulte son peuple et toutes les communautés qui le composent, plus même, qui le constituent lui répondent ; mais cette consultation enveloppe ( le terme est de Furet) une élection qui, elle, n'est pas conforme au scénario traditionnel car au lieu d'être une simple désignation ( comme en 1614) des délégués " naturels" des communautés ( ex : les échevinages des villes); elle donne lieu à une compétition "politique".
Il existe donc un pouvoir à prendre et des compétiteurs!
Ceci rend caduque une société "d'Ordres" ( et accessoirement le contenu des cahiers eux-mêmes).
Il ne s'agit pas de nier l'importance , par exemple, de la "vérification" des pouvoirs ( et des frictions provoqués par des "rétrogadations" sociales notamment dans une noblesse trop récente ou mal prouvée) mais en un mois ou deux ce combat est devenu obsolète. Il s'agit de prendre conscience que le terrain du pouvoir est déserté par les autorités traditionnelles. Depuis deux ans au moins le pouvoir est vacant. Mais les "cahiers" sont encore prisonniers de leur situation de communication avec la monarchie et ces milliers de textes authentiques dans les détails ( je veux dire répondant réellement au positionnement des questions) deviennent obsolètes sur le fond. Le fond c'est la domestication des députés ( au mandat lié) au profit de l'interprêtation de la volonté du peuple ( l'interprêtation elle-même délie du mandat obligatoire). Le scrutin de 89 est donc bien un scrutin politique. Et cette "politique" qui ne naît pas dans les cahiers naît bel et bien dans la bataille de l'élection elle-même. Nous retrouvons là le texte de Sieyes Qu'est ce que le Tiers Etat. Le retentissement de ce texte vaut au Vicaire général de Chartres un siège au Tiers Etat parce que la brochure est à la fois un discours de l'exclusion et un discours de l'origine.
Le triomphe du texte réside dans ce qu'ostracisant le second ordre de la nation, le déclarat ennemi de la chose publique. Fonder la nation contre la noblesse : un nouveau monde politique.

Si j'écris plus haut que la crise des pouvoirs traditionnels date de 2 ans ( 1786) je fais bien sur allusion à la réunion des notables. Sans aller jusqu'à l'affirmation de Furet selon laquelle la "monarchie absolue meurt cette année là) apres tout ç'aurait pû n'être qu'une simple amodiation des pouvoirs : que les intendants dussent partager leur pouvoir avec des assemblées élues ( avec un " tiers" doublé) , et dans le vide créé par l'effondrement de son autorité où s'engouffre d'abord l'aristocratie et les parlements puis toute la " société politique" en 1788, quand les parlements restent décidément attachés à la convocation traditionnelle des Etats généraux; la société politique ( juristes cultivés, bourgeois progressistes) qui s'intitule déjà la nation est la première scission du camp révolutionnaire.
Oui les " Ordres" sont bel et bien morts et enterrés et Tocqueville ne s'y est pas trompé qui date de septembre 1788 l'apparition du " véritable esprit de la Révolution"

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Gilles Deleuze


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Message Publié : 15 Mai 2008 14:00 
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Hérodote
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Localisation : Bordeaux
C'est vrai qu'avec l'enthousiasme né des théories du droit naturel, des discours qui valorisent l'homme sans Dieu, on en arrive à ne plus vraiment penser en terme d'ordres en 1789. D'ailleurs lors du fameux serment du jeu de paume par les députés du Tiers dans la salle du jeu de paume, on retrouve des membres du clergé et de la noblesse, ce qui montre bien, à ce moment là, que les clivages traditionnels (clergé, noblesse, Tiers) étaient dépassés devant l'euphorie de l'action et l'enthousiasme. Des clercs comme des nobles soutenaient les députés du Tiers dans leur volonté de représenter un contre-pouvoir essentiel au pouvoir royal.

Mais sous l'Ancien Régime et jusqu'en 1789, la société se vit comme hiérarchisée. C'est ça qu'il est important de souligner. Cette hiérarchisation en trois ordres existe dans toutes les représentations mentales parce que fondée par le droit et la coutume. Ce sont les historiens qui ont montré qu'au fond, les vrais clivages, la vraie hiérarchie sociale, dans la pratique, était différente. Qui est au sommet de la société et des honneurs entre le petit curé de campagne sans le sou et le nouveau noble fermier des gabelles (financier de l'Etat royal) ? A qui on accorde le plus d'importance ? Dans une société d'Ancien Régime qui connait le développement du capitalisme, et le besoin d'argent pour monter dans la société, c'est bien le riche financier qui va être sollicité. Donc dans les faits, au fond, la hiérarchie sociale est fondée sur l'utilité avec le développement du capitalisme. Le petit noble provincial de très ancienne lignée et hobereau besogneux ou le petit curé de campagne est moins utile à l'Etat que le riche financier prêteur ou le marchand. Et pourtant ce dernier est roturier (3e ordre dans la hiérarchie sociale en droit) et le clergé appartient au premier ordre du royaume, la noblesse au second ordre. Et pourtant, socialement, le pouvoir royal accorde plus d'importance au nouveau noble issu du Tiers en ce qu'il apporte de l'argent au roi pour financer ses guerres.
L'utilité sociale et politique brouille la société d'ordres, sans que celle ci ne soit remise en cause jusque dans les années 1780 où l'enthousiasme va engendrer l'euphorie de faire table rase de l'existant. Et encore, je résume, car c'est bien plus complexe.

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"Curiosité n'est que vanité. Le plus souvent, on ne veut savoir que pour en parler." Pascal


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Message Publié : 15 Mai 2008 14:46 
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Pierre de L'Estoile
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ben0012 a écrit :
bonjour à tous,est-ce quelqu'un pourrait me dire si les 3 ordres de l'ancien régime sont restés quasiment inchangés du XVII au XVIII siècle?

De quel point de vue? Si c'est juridiquement, ils n'ont pas changé du tout.
Mais s'il s'agit de leur structure sociale, de la façon dont ils étaient vécus. Il y a beaucoup de changements. A l'intérieur de la noblesse par exemple la différence entre noblesse de robe et d'épée s'estompe. Le Tiers état se différencie de plus en plus. Quant au clergé, il ne faut jamais oublier que l'on ne naît pas membre du clergé et que l'on y arrive avec la culture et le vécu de l'un ou l'autre des deux autres ordres. La pénétration au cours du 17e siècle de la Réforme catholique dans le clergé de France l'a beaucoup fait évoluer.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 15 Mai 2008 15:02 
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Plutarque
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fab9815 a écrit :
C'est vrai qu'avec l'enthousiasme né des théories du droit naturel, des discours qui valorisent l'homme sans Dieu, on en arrive à ne plus vraiment penser en terme d'ordres en 1789. D'ailleurs lors du fameux serment du jeu de paume par les députés du Tiers dans la salle du jeu de paume, on retrouve des membres du clergé et de la noblesse, ce qui montre bien, à ce moment là, que les clivages traditionnels (clergé, noblesse, Tiers) étaient dépassés devant l'euphorie de l'action et l'enthousiasme. Des clercs comme des nobles soutenaient les députés du Tiers dans leur volonté de représenter un contre-pouvoir essentiel au pouvoir royal.

Mais sous l'ancien Régime et jusqu'en 1789, la société se vit comme hiérarchisée. C'est ça qu'il est important de souligner. Cette hiérarchisation en trois ordres existe dans toutes les représentations mentales parce que fondée par le droit et la coutume. Ce sont les historiens qui ont montré qu'au fond, les vrais clivages, la vraie hiérarchie sociale, dans la pratique, était différente. Qui est au sommet de la société et des honneurs entre le petit curé de campagne sans le sou et le nouveau noble fermier des gabelles (financier de l'Etat royal) ? A qui on accorde le plus d'importance ? Dans une société d'Ancien Régime qui connait le développement du capitalisme, et le besoin d'argent pour monter dans la société, c'est bien le riche financier qui va être sollicité. Donc dans les faits, au fond, la hiérarchie sociale est fondée sur l'utilité avec le développement du capitalisme. Le petit noble provincial de très ancienne lignée et hobereau besogneux ou le petit curé de campagne est moins utile à l'Etat que le riche financier prêteur ou le marchand. Et pourtant ce dernier est roturier (3e ordre dans la hiérarchie sociale en droit) et le clergé appartient au premier ordre du royaume, la noblesse au second ordre. Et pourtant, socialement, le pouvoir royal accorde plus d'importance au nouveau noble issu du Tiers en ce qu'il apporte de l'argent au roi pour financer ses guerres.
L'utilité sociale et politique brouille la société d'ordres, sans que celle ci ne soit remise en cause jusque dans les années 1780 où l'enthousiasme va engendrer l'euphorie de faire table rase de l'existant. Et encore, je résume, car c'est bien plus complexe.


Je suis très embarrassé par ce que vous écrivez. J'aurais tendance à m'inscrire en faux contre ce que vous écrivez ( avec toute la considération que je vous doit). La monarchie n'a jamais connu de société "d'ordres" c'est une conceptualisation tardive qui ne correspond nullement à une " réalité" . Au XIII e siècle les domaines seigneuriaux en Ile de France avaient changé trois fois de main! . La société de l'ancien régime se vit tellement comme une société "hiérarchisée" que les hiérarchies s'entremêlent. Dites plutôt qu'à la fin de l ancien régime on assiste à la fin d'un entrelac de hiérarchies qui ont perdu leur sens. Mais cela date de loin...de la 1ere réunion des représentants des bonnes villes aux États par Philippe le bel pour faire pièce au Pape.Les "représentations mentales" sont très difficiles à manier ( comme concept historique et vous avez tort sur le point juridique : la " noblesse" est toujours juridiquement conçue comme un dondu roi l'aristocratie est donc une concurrente au pouvoir royal. Concurrente détestée et réduite par les Bourbon ( même avant Louis XIV) ? Il ne faut pas fabriquer à partir de mythes : sous la monarchie tout est à acheter. Offices ( et donc accession au nobiliaire) en premier Pontchartrain disait à Louis XV " chaque fois que votre Majesté créé un office , il se trouve un niais pour l'acheter". et c'est vrai. La société d'ordre est une fantasmagorie commode. Si l'on parlait des parlements je vous dirais ceci : à chaque conquête aux marges du royaume succède une installation de collège ( oratoriens ou jésuites pour dégrosser les fils de famille qui ne parlent pas français) puis un Parlement ( ou un conseil souverain pour avoir des offices à vendre!
C'est ça la réalité de l'ancien régime et non je ne sais quelle idéalisation d'un "ordre" logique" soumis à la volonté divine. Les sociétés sont ce quelles sont et l'argent y tient la place prédominante bien avant les prémisses du capitalisme.La "noblesse" c'est l'argent
et ce depuis que le roi a besoin de ses " bonnes villes" pour faire entrer de l'argent". Dieu à peu à voir là dedans.

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Gilles Deleuze


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Message Publié : 15 Mai 2008 21:04 
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Hérodote
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Vous vous trompez. Voyez les historiens, voyez Roland Mousnier, la société se définit selon ces critères d'ordres ou états. Voyez l'ouvrage de Michel Vergé-Franceschi: il montre notamment que dans les faits, la hiérarchie des honneurs au XVIIe siècle ne suit plus forcément la hiérarchie des ordres, mais le cadre juridique (fondé sur le droit coutumier) est celui de la division tripartite. Parce que même s'il n'y a pas de lois écrites qui fondent ces ordres (et c'est normal vu que la monarchie n'a pas de constitution écrite, pas de droit écrit spécifique, elle s'appuie sur l'ancien droit romain (écrit) et des coutumes imposées au fil du temps) il y a bien distinction entre le noble, le roturier et le clerc, vous ne pouvez le nier! C'est surtout en fait au niveau des laïcs que la distinction se joue. Le noble, par coutume, ne paie pas la taille personnelle, à la différence du roturier. Le noble ne doit pas déroger auquel cas il tombe dans le tiers état.
De même, dans les discours des grands juristes français, le royaume est perçu comme un organisme dans lequel le roi est la tête (ou le coeur), la noblesse et le clergé les membres principaux et le tiers sont les parties les moins "nobles". Seule l'existence de ces trois états permettaient le fonctionnement de l'organisme. Et puis que faites vous de la réunion des états ou ordres généraux ? Lorsque le roi les convoque, il les convoque par ordres.

Ce n'est pas parce que des lois écrites n'existent pas sur les ordres qu'ils n'existent pas. C'est la coutume qui les a fondé. Notamment à partir de la distinction faite par l'évêque de Laon au Moyen Age entre oratores, bellatores et laboratores. Cette distinction sera continuellement reprise et transmise, même si elle ne s'appuie pas sur des lois écrites je le répète, mais sur la coutume. Il n'y a pas de recueil de droit écrit général pour le royaume de France, et c'est ce qu'un Michel de Marillac ou surtout un Jean Domat essaieront de mettre en place au XVIIe.

Juridiquement, la société se définit comme une société d'ordres. Charles Loyseau en est le "théoricien" pour le XVIIe siècle par exemple, voyez aussi son "traité des ordres et simples dignités". Il distingue même un 4e ordre dans cet ouvrage, en gros les membres les plus éminent de l'administration de l'Etat, en gros, le groupe au service de la monarchie pour faire court. Les historiens disent aussi que nous avons une société d'ordres (en droit) mais aussi une société de corps, de type holistique.

Pourquoi cette société était fondée ainsi, en ordres? Le clergé était le premier ordre en ce qu'il permettait de mener les fidèles au salut, objectif unique de la vie terrestre pour un chrétien. La noblesse ensuite, en ce qu'à la base elle était censé défendre le royaume et combattre auprès du roi: à la base le noble est le proche du roi, et possède un honneur incommensurable. La condition nobiliaire se transmettait uniquement par le sang. (jusqu'à ce que la monarchie ait choisi de faire aussi des nobles). Le tiers, c'était le reste, ceux qui travaillaient (à la base). Ainsi, l'organisme pouvait fonctionner, chacun ayant sa fonction.

Mais dans les faits vous avez raison de le souligner, les "premiers", les clercs sont loins d'être toujours (et c'est peu de le dire) au sommet de la société si on prend d'autres critères que les critères juridiques, à savoir des critères économiques notamment. Exemple à la fin du XVIIIe siècle et même avant, le riche négociant nantais et roturier est bien souvent plus riche que bien des prélats, c'est-a-dire que bien des membres éminents du clergé, premier ordre juridique du royaume! On pourrait bien sûr multiplier les exemples.

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Message Publié : 15 Mai 2008 21:36 
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Fustel de Coulanges
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Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux pas mieux parler des noblesses, des clergés, des tiers... Parce que comme signalé, quel rapport entre le noble fauché et parfois réduit au brigandage et les grands princes du Royaume? Quel rapport entre le petit curé janséniste dans sa campagne et les Evêques ou les Cardinaux? Quel rapport entre le riche marchand et le vagabond?

Ces appartenances d'ordre juridiques ont certes une prégnance importante sur la société mais à ne pas exagérer tout de même, surtout pour le XVIIIe; les différences persistent mais s'atténuent.

La Révolution française est-elle franchement le passage d'une société de classes à une société de citoyens, ou simplement l'entérinement juridique de ce qui était déjà très largement un état de fait, à savoir que la richesse dictait le rang social plus que l'appartenance à la noblesse ou non?

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 16 Mai 2008 7:01 
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Plutarque
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fab9815 a écrit :
Vous vous trompez. Voyez les historiens, voyez Roland Mousnier, la société se définit selon ces critères d'ordres ou états. Voyez l'ouvrage de Michel Vergé-Franceschi: il montre notamment que dans les faits, la hiérarchie des honneurs au XVIIe siècle ne suit plus forcément la hiérarchie des ordres, mais le cadre juridique (fondé sur le droit coutumier) est celui de la division tripartite. Parce que même s'il n'y a pas de lois écrites qui fondent ces ordres (et c'est normal vu que la monarchie n'a pas de constitution écrite, pas de droit écrit spécifique, elle s'appuie sur l'ancien droit romain (écrit) et des coutumes imposées au fil du temps) il y a bien distinction entre le noble, le roturier et le clerc, vous ne pouvez le nier!

letiers: Permettez moi de persister dans l'erreur au risque de me damner lol . Vous évoquez une tradition juridique et vous avez raison vous la fondez sur la " coutume" mais si vous relisez attentivement l'introduction des Tois ordres ou l'imaginaire du féodalisme de Duby texte classique auquel vous faites implicitement rférence vous y trouverez ceci : " Nulle tradition, nulle autorité, nulle coutume n'impose la tripartition.." ( le champ de l'enquête..). Relisz également le prologue du livre de Loyseau. La discipline commente ironiquement Duby " fait la force des armées, la force de l'Etat et la solidité du monde". Et bien sûr elle requiert l'inégalité : " les souverains seigneurs commandent à ceulx de leur Estats, adressant leur commandement aux grands,les grands aux médiocres, les médiocres aux petits". Pour Loyseau la trifonctionnalité ne s'appuie sur rien d'autre que la nécessité. Cette trifonctionnalité est en réalité une lecture de l'Univers, les degrés sont une perfection par l'effort. L'idée est ancienne et vous auriez pû appeler Adlbéron de Laon ou encore Gérard évêque de Cambrai au secours de votre thèse qui, je leconfesse, à pour elle mille ans d'usage quand Loyseau écrit. On retrouvera cette trifonctionnalité chez Dumézil, elle satisfait les linguistes, l'image du triangle étant étroitement liée aux structures d'un langage. Il s'agit donc bien d'une fonctionnalité symbolique et comme tout ensemble symbolique il permet d'analyser les forces qui gouvernent le monde. Il est rare qu'elle soit clairement formulée ; dans notre société elle l'est. Elle l'est dans la France du Nord, dans les autres parties de ce qui deviendra le royaume, elle ne s'impose pas. Mais, même dans la France du nord Duby écrit bien qu'une telle vision trifonctionnelle de la société n'est pas antérieure au mitan du XIe siècle. Lisez aussi Marc Bloch ( in la société féodale)" une théorie alors très répandue représentait la communauté humaine comme divisée en trois ordres..." Le Goff situe cette " vision" aux alentours du XI e s et la désigne comme très nouvelle. Avec une honnêteté Duby qui décidément ne voit qu'une construction idéologiqe commode à ce triangle cite les auteurs qui pensent, eux, qu'au XIe s on assista à une actualisation de la théorie ( Dubuisson l'Irlande et la théorie médiévale des trois ordres in revue d'histoire des religions 1975 p 60). Duby explicite qu'il enten se livrer à un travail de démystification

C'est surtout en fait au niveau des laïcs que la distinction se joue. Le noble, par coutume, ne paie pas la taille personnelle, à la différence du roturier. Le noble ne doit pas déroger auquel cas il tombe dans le tiers état.
De même, dans les discours des grands juristes français, le royaume est perçu comme un organisme dans lequel le roi est la tête (ou le coeur), la noblesse et le clergé les membres principaux et le tiers sont les parties les moins "nobles". Seule l'existence de ces trois états permettaient le fonctionnement de l'organisme. Et puis que faites vous de la réunion des états ou ordres généraux ? Lorsque le roi les convoque, il les convoque par ordres.

letiers : je ne donnerai pas dans la facilité de dire que le roi convoque les Etats assez peu..ce ne serait pas pertinent mais puis-je vous signaler votre erreur due à une mauvaise lecture des convocations ; brièvement : en 1560 s'ouvrent les Etats généraux d'Orléans. La convocation se fait - en effet- par ordres mais c'est la première fois! les Etats de Tours de 1483 tous ordres confondus, réunis en sections et ne connaissant d'autres divisions que celle des provinces du royaume. Les Etats de 1577 connaissent quatre ordres ( ce qui fut le cas fréquemment lors des assemblées de notables - notamment à Rouen en 1596) l'ordre de ceux maniant les procès; ils étaient d'ailleurs les plus nombreux regroupant dans un "ordre" les représentants des parlements et des cours souveraines ( on y trouve Montaigne). Les derniers Etats ( 1614) s'ils ne montrent guère d'intérêt offrent deux singularités : le clergé va proposer l rédaction d'articles généraux sans distinction d'ordre

Ce n'est pas parce que des lois écrites n'existent pas sur les ordres qu'ils n'existent pas. C'est la coutume qui les a fondé. Notamment à partir de la distinction faite par l'évêque de Laon au Moyen Age entre oratores, bellatores et laboratores. Cette distinction sera continuellement reprise et transmise, même si elle ne s'appuie pas sur des lois écrites je le répète, mais sur la coutume. Il n'y a pas de recueil de droit écrit général pour le royaume de France, et c'est ce qu'un Michel de Marillac ou surtout un Jean Domat essaieront de mettre en place au XVIIe.

Juridiquement, la société se définit comme une société d'ordres. Charles Loyseau en est le "théoricien" pour le XVIIe siècle par exemple, voyez aussi son "traité des ordres et simples dignités". Il distingue même un 4e ordre dans cet ouvrage, en gros les membres les plus éminent de l'administration de l'Etat, en gros, le groupe au service de la monarchie pour faire court. Les historiens disent aussi que nous avons une société d'ordres (en droit) mais aussi une société de corps, de type holistique.

Pourquoi cette société était fondée ainsi, en ordres? Le clergé était le premier ordre en ce qu'il permettait de mener les fidèles au salut, objectif unique de la vie terrestre pour un chrétien. La noblesse ensuite, en ce qu'à la base elle était censé défendre le royaume et combattre auprès du roi: à la base le noble est le proche du roi, et possède un honneur incommensurable. La condition nobiliaire se transmettait uniquement par le sang. (jusqu'à ce que la monarchie ait choisi de faire aussi des nobles). Le tiers, c'était le reste, ceux qui travaillaient (à la base). Ainsi, l'organisme pouvait fonctionner, chacun ayant sa fonction.

Mais dans les faits vous avez raison de le souligner, les "premiers", les clercs sont loins d'être toujours (et c'est peu de le dire) au sommet de la société si on prend d'autres critères que les critères juridiques, à savoir des critères économiques notamment. Exemple à la fin du XVIIIe siècle et même avant, le riche négociant nantais et roturier est bien souvent plus riche que bien des prélats, c'est-a-dire que bien des membres éminents du clergé, premier ordre juridique du royaume! On pourrait bien sûr multiplier les exemples.


Je tiens pour la lecture de Duby qui est rejointe par l'historiographie actuelle ( notamment Sharon Kettering : Patrons Brokers and clients in 17th s)

pardonnez moi d'être "entré dans votre texte j'espere que c'est lisible

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l'Etat n'a pas à représenter l'intérêt général mais à faire de l'intérêt général un objet de croyance.

Gilles Deleuze


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Message Publié : 16 Mai 2008 7:29 
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Hérodote
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Inscription : 21 Avr 2008 11:31
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Voilà, ce que je voulais dire, c'est que cette théorie est dans les usages, c'est de la coutume née d'une longue tradition. C'est l'harmonie des trois ordres, l'image de l'organisme à différentes fonctions. On s'entend donc au final. Merci pour le reste des données c'est enrichissant! je n'ai pas lu Duby!

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