Je pensais vous orienter vers Wikipedia, mais leur article est assez succinct. Une synthèse n'est pas facile à faire car il y a beaucoup de situations différentes selon les époques, les lieux (puisqu'il y avait un parlement par grande région), et les hommes. Je connais plus particulièrement le parlement de Bretagne (grâce au livre de Henri Carré) et deux parlementaires, Nicolas de Peiresc et Guillaume Du Vair qui vécurent à l'époque de Henri IV et de Louis XIII.
1. Rôle
A) Enquête et Jugement
* Procès civils : problèmes des mariages, successions, tutelles, dettes, contestations en matières commerciales.
* Procès criminels : crimes contre le pouvoir royal, insurrections, pillages, fausse monnaie, sorcellerie, meurtres, coups et blessures, duels, viols, vols, faux témoignages, vagabondage.
B) Vérification, enregistrement et publication
* Lettres du roi présentant un caractère général, traité de paix, anoblissement, érection de terres, naturalité, légitimation, nominations aux bénéfices ecclésiastiques, appel du ban et de l'arrière-ban
C) Contrôle
Surveillance des dépenses (paiements des fonctionnaires, des chantiers) et des recettes (impôts) pour toute la province, surveillance des universités et des collèges, surveillance des églises, monastères, et couvents.
D) Autres
Remonstrances, demande particulières (par exemple, pour que la loi salique soit appliquée, pour qu'on chasse les pirates anglais de la méditerranée, etc.), discours d'ouverture de la session du parlement, accueil des visiteurs importants, présence aux cérémonies.
Les rôles ont variés au cours du temps. Saint Louis et Louis 12 ont encouragé les parlements, peut-être pour retirer du pouvoir au seigneurs. Mais, au contraire, Louis 13, Richelieu et Mazarin ont diminuer les compétences des parlements, ne voulant pas qu'ils constituent un contre-pouvoir comme en Angleterre.
2. Composition
Pierre Davity écrit en 1627 :
Citer :
Quant à la Cour de Parlement de Paris, dont les Princes du Sang naissent Conseillers, il falloit selon le nombre ancien qu'il y eust cent hommes, à sçauoir les douze Pairs de France, les terres desquels sont du ressort de ladite Cour, puis huict Maistres des Requestes de l'Hostel du Roy, puis quatre-vingts Conseillers, y compris les quatre Presidents, à sçauoir quarante Clercs, & quarante Laiz, entre lesquels sont l'Archeuesque de Paris, & l'Abbé de sainct Denys, puis les deux Aduocats du Roy, & le Procureur general. Mais ce nombre est maintenant augmenté de beaucoup, la grande quantité des affaires estant cause de la pluralité des Iuges. Les moindres offices de la Cour sont les quatre Notaires & Secretaires, le Greffier ciuil, & le Greffier criminel, le Greffier des Presentations, & les Huissiers. Tout ce corps est diuisé en six Chambres, dont la premier est la grande Chambre, que l'on nomme autrement la Chambre doree, la Tournelle, qui est celle où se plaident les matieres criminelles : la grande Chambre des Enquestes : la petite Chambre des Enquestes : la Chambre nouuelle, & la Chambre du Domaine. Vous voyez encor dans l'enclos du Palais les Requestes de l'Hostel du Roy, la Chancellerie, les Requestes du Palais, le Bailliage du Palais les Requestes de l'Hostel du Roy, la Chambre des Maistres des Eaux & Forests, à laquelle ressortent trois cents Officiers de trois cents sieges des Eaux & Forests de ce Royaume : la Connestablie, & Mareschaussee de la France à la table de Marbre, la Chambre des Comptes, celle du Thresor, la Chambre des Monnoyes, la Cour des Aides, des Esleus, le siege de l'Admirauté à la table de Marbre, & la grande Paneterie de France.
Les parlements de provinces sont plus réduits. Ils emploient entre vingt et cent personnes. En Bretagne (comme à Paris et sans doute aussi ailleurs), la moitié des conseillers est laïc et l'autre moitié est clerc (ayant eut une formation religieuse sans nécessairement occupé un office religieux). De plus en Bretagne, la moitié des conseillers est "originaire" (de Bretagne) et l'autre moitié est "non-originaire" (comme par exemple le père de René Descartes).
Le noyau est constitué des "conseillers" siégeant dans la grande chambre. Ils ont passé un examen d'admission et ils ont acheté leur charge. Il ne peut y avoir qu'un seul conseiller au parlement en même temps par famille. La règle semble avoir été appliquée strictement parce que je n'ai trouvé aucune exception. Il arrive souvent qu'un office de conseiller se transmette du père au fils ou de l'oncle au neveu. Les successions sur trois, quatre ou cinq générations ne sont pas rares. Les mariages entre les familles de conseillers sont fréquents (voir les généalogies dans Michel Popoff,
Prosopographie des gens du parlement de Paris, Paris, 2003). Certains conseillers n'étaient pas très riches, par exemple ceux venant du Massif central. Ils étaient quasiment tous très cultivés. Beaucoup ont écrit des livres. Ils constituent une élite, mais qui est assez bien vu de la population car ils sont plutôt modérés et honnêtes dans l'ensemble.