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Message Publié : 27 Fév 2012 10:26 
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Georges Duby
Georges Duby
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Tout celà est vrai mais était inévitable dans ce type de révolution, dans une riche colonie au 18è siècle. Inévitable que le mouvement vienne de patriciens, nos Révolutions n'échapperont pas non plus à ce reproche au point que certains les qualifient toujours de "révolutions bourgeoises" et les renient, spécialement 1789 mais aussi 1870. Il y a même une thèse de 1789 révolution de la noblesse.
Aucun évènement ne résiste à une analyse socio-économique.

Mais surtout, ce qui emporte la conviction c'est, au delà d'une telle analyse, le caractère révolutionnaire en politique pour l'époque de la déclaration des droits dont la lecture est impressionnante:
" La Déclaration unanime des treize États unis d'Amérique réunis en Congrès le 4 juillet 1776 à Philadelphie :
« Lorsque dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l'ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l'opinion de l'humanité oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.
Nous tenons ces vérités comme allant d'elles-mêmes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l'expérience de tous les temps a montré, en effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu'à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés. Mais lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd'hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L'histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l'histoire d'une série d'injustices et d'usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces États. Pour le prouver, soumettons les faits au monde impartial : Il a refusé sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public. Il a défendu à ses gouverneurs de consentir à des lois d'une importance immédiate et urgente, à moins que leur mise en vigueur ne fût suspendue jusqu'à l'obtention de sa sanction, et des lois ainsi suspendues, il a absolument négligé d'y donner attention.
Il a refusé de sanctionner d'autres lois pour l'organisation de grands districts, à moins que le peuple de ces districts n'abandonnât le droit d'être représenté dans la législature, droit inestimable pour un peuple, qui n'est redoutable qu'aux tyrans.
Il a convoqué des Assemblées législatives dans des lieux inusités, incommodes et éloignés des dépôts de leurs registres publics, dans la seule vue d'obtenir d'elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures. À diverses reprises, il a dissous des Chambres de représentants parce qu'elles s'opposaient avec une mâle fermeté à ses empiètements sur les droits du peuple. Après ces dissolutions, il a refusé pendant longtemps de faire élire d'autres Chambres de représentants, et le pouvoir législatif, qui n'est pas susceptible d'anéantissement, est ainsi retourné au peuple tout entier pour être exercé par lui, l'État restant, dans l'intervalle, exposé à tous les dangers d'invasions du dehors et de convulsions au-dedans.
Il a cherché à mettre obstacle à l'accroissement de la population de ces États. Dans ce but, il a mis empêchement à l'exécution des lois pour la naturalisation des étrangers ; il a refusé d'en rendre d'autres pour encourager leur émigration dans ces contrées, et il a élevé les conditions pour les nouvelles acquisitions de terres. Il a entravé l'administration de la justice en refusant sa sanction à des lois pour l'établissement de pouvoirs judiciaires. Il a rendu les juges dépendants de sa seule volonté, pour la durée de leurs offices et pour le taux et le paiement de leurs appointements.
Il a créé une multitude d'emplois et envoyé dans ce pays des essaims de nouveaux employés pour vexer notre peuple et dévorer sa substance. Il a entretenu parmi nous, en temps de paix, des armées permanentes sans le consentement de nos législatures. Il a affecté de rendre le pouvoir militaire indépendant de l'autorité civile et même supérieur à elle. Il s'est coalisé avec d'autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à nos Constitutions et non reconnue par nos lois, en donnant sa sanction à des actes de prétendue législation ayant pour objet : de mettre en quartier parmi nous de gros corps de troupes armées ; de les protéger par une procédure illusoire contre le châtiment des meurtres qu'ils auraient commis sur la personne des habitants de ces provinces ; de détruire notre commerce avec toutes les parties du monde ; de nous imposer des taxes sans notre consentement ; de nous priver dans plusieurs cas du bénéfice de la procédure par jurés ; de nous transporter au-delà des mers pour être jugés à raison de prétendus délits ; d'abolir dans une province voisine le système libéral des lois anglaises, d'y établir un gouvernement arbitraire et de reculer ses limites, afin de faire à la fois de cette province un exemple et un instrument propre à introduire le même gouvernement absolu dans ces Colonies ; de retirer nos chartes, d'abolir nos lois les plus précieuses et d'altérer dans leur essence les formes de nos gouvernements ; de suspendre nos propres législatures et de se déclarer lui-même investi du pouvoir de faire des lois obligatoires pour nous dans tous les cas quelconques.
Il a abdiqué le gouvernement de notre pays, en nous déclarant hors de sa protection et en nous faisant la guerre. Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens. En ce moment même, il transporte de grandes armées de mercenaires étrangers pour accomplir l'œuvre de mort, de désolation et de tyrannie qui a été commencée avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver des exemples dans les siècles les plus barbares, et qui sont tout à fait indignes du chef d'une nation civilisée. Il a excité parmi nous l'insurrection domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la guerre est de tout massacrer, sans distinction d'âge, de sexe ni de condition. Dans tout le cours de ces oppressions, nous avons demandé justice dans les termes les plus humbles ; nos pétitions répétées n'ont reçu pour réponse que des injustices répétées. Un prince dont le caractère est ainsi marqué par les actions qui peuvent signaler un tyran est impropre à gouverner un peuple libre.
Nous n'avons pas non plus manqué d'égards envers nos frères de la Grande-Bretagne. Nous les avons de temps en temps avertis des tentatives faites par leur législature pour étendre sur nous une injuste juridiction. Nous leur avons rappelé les circonstances de notre émigration et de notre établissement dans ces contrées. Nous avons fait appel à leur justice et à leur magnanimité naturelle, et nous les avons conjurés, au nom des liens d'une commune origine, de désavouer ces usurpations qui devaient inévitablement interrompre notre liaison et nos bons rapports. Eux aussi ont été sourds à la voix de la raison et de la consanguinité. Nous devons donc nous rendre à la nécessité qui commande notre séparation et les regarder, de même que le reste de l'humanité, comme des ennemis dans la guerre et des amis dans la paix. En conséquence, nous, les représentants des États-Unis d'Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l'univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l'autorité du bon peuple de ces Colonies, que ces Colonies unies sont et ont le droit d'être des États libres et indépendants ; qu'elles sont dégagées de toute obéissance envers la Couronne de la Grande-Bretagne ; que tout lien politique entre elles et l'État de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous ; que, comme les États libres et indépendants, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, de réglementer le commerce et de faire tous autres actes ou choses que les États indépendants ont droit de faire ; et pleins d'une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l'honneur. » Traduction de Thomas Jefferson.

Quel texte superbe et très détaillé sur les griefs à l'égard des anglais, comportant des principes généraux qui marqueront l'élite de l'europe et l'élite française en particulier.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 27 Fév 2012 10:50 
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Jean Mabillon
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Oui, il y a des éléments de langage démocratique forts dans la Déclaration d'Indépendance, c'est incontestable, mais de même que les révolutionnaires français se sont empressés de fouler aux pieds les principes de liberté qu'ils avaient glorieusement proclamés, de même les élites révolutionnaires américaines ont tout fait initialement pour que le principe d'égalité reste une valeur abstraite, formelle, non applicable suite à l'absence des conditions matérielles qui permettraient son application.
Ceci par peur des "unwashed masses" (des masses mal lavées), peur qui a été une des motivations séminales des Pères fondateurs dans l'écriture de la Constitution et l'instauration des gardes fous du type "checks and balances".
S'étant libérés du joug d'un monarque, ils ne voulaient pas retomber sous le joug d'un tyran. Et la tyrannie leur semblait intrinsèquement liée au "mob rule", les masses à leurs yeux étant trop facilement trompées et séduites par des leaders despotiques. D'où l'élection indirecte du président par un collège à l'origine coopté par une élite socio-économique, l'élection directe leur semblant constituer un risque de plébiscite.

Mais surtout, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est l'absence dans les assemblées constituantes et législatives américaines de cette période, de classes sociales telles que la moyenne et petite bourgeoisie, qui par contre étaient bien représentées dans les assemblées révolutionnaires françaises. Il n'y a pas de Marat, il n'y a pas d'hébertistes dans les assemblées qui président à la naissance de la République américaine.
En gros, on peut considérer que la révolution américaine, et la culture politique américaine, sont axées sur le principe de liberté, et que la Révolution française, et la culture française, elles, donnent priorité à l'égalité


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Message Publié : 28 Fév 2012 0:34 
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En effet la déclaration d'indépendance met en avant des éléments qui baignent dans la philosophie des Lumières, mais il faut tout de même relever certains éléments : Jefferson, dans sa première version, avait ajouté des principes libéraux relatifs à l'esclavage, qui ont ensuite disparu afin de préserver une union "nationale" dans le contexte de la guerre. De même, dans cette déclaration on retrouve la question indienne, à travers l'allusion aux "sauvages sans pitié". En réalité, l‘histoire de la révolution américaine est fortement marquée par l‘exclusion, celle des femmes, et plus encore des populations afro-américaines et amérindiennes qui sont les grands exclus du récit américain, et que l‘historiographie récente tente de réintroduire depuis quelques décennies (je pense en France à Elise Marienstras), et il y a dans la société américaine à cette époque une centralité de la race, qui restera d'ailleurs présente dans la fondation de la nation américaine au cours des XIXe et XXe siècles.

Ensuite, il faut faire attention aux termes, qui doivent être replacés dans leur contexte. Lorsqu'il est question de droits à "la vie, la liberté et la recherche du bonheur", de quoi parle-t-on ? Bonheur européen et bonheur américain ne sont pas nécessairement semblables au XVIIIe siècle (de même qu'aujourd'hui). Pour Bernard Cottret, la clé du bonheur en Amérique est la croissance, qu'elle soit "géographique ou économique, voire démographique et familiale", aussi peut-on se risquer à l'hypothèse d'une conception toute libérale du bonheur (Locke dans son Essai sur l'entendement humain est assez clair à ce sujet). De même pour l'idée de "liberté", quelle liberté ? Pour revenir au sujet de départ, ce que l'on appelle "Révolution américaine" découle en effet (à l'origine en tout cas) d'une volonté de préserver un acquis : le tyran anglais est un tyran car il nie le droit coutumier anglais issu de la Glorieuse Révolution, selon laquelle il ne peut y avoir de taxation sans représentation, d'où les révoltes types tea party dans les années 1770, où, reprenant les principes lockéens sur la représentation, la possibilité d'insurrection etc., les colonies se voient en droit de lutter contre le roi discrédité. Ainsi pour quelle(s) liberté(s) se bat-on en 1776 ? Politique, économique, etc. ?

Trancher clairement la question "Y a-t-il eu une révolution américaine ?" est assez difficile, car il est difficile de définir même ce qu'est une Révolution. A l'époque, on utilise le terme pour définir les "révolutions" orientales, qui placent un tyran à la place d'un tyran (cela revient à la définition copernicienne de la révolution). Je dirais que c'est une Révolution dans le sens ou il y a eu un changement brutal dans l'ordre politique (on oppose souvent la révolution américaine politique, et la révolution français politique ET sociale), mais tout dépend d'éléments de définitions, et quant à savoir si ce changement était voulu, c'est une autre histoire.


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Message Publié : 28 Fév 2012 10:23 
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Jean Mabillon
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Ensuite, il faut faire attention aux termes, qui doivent être replacés dans leur contexte. Lorsqu'il est question de droits à "la vie, la liberté et la recherche du bonheur", de quoi parle-t-on ? Bonheur européen et bonheur américain ne sont pas nécessairement semblables au XVIIIe siècle (de même qu'aujourd'hui). Pour Bernard Cottret, la clé du bonheur en Amérique est la croissance, qu'elle soit "géographique ou économique, voire démographique et familiale", aussi peut-on se risquer à l'hypothèse d'une conception toute libérale du bonheur (Locke dans son Essai sur l'entendement humain est assez clair à ce sujet).


La signification du mot "bonheur" se prête à des interprétations différentes non seulement selon les cultures, mais selon les classes sociales, le sexe, l'âge, les tempéraments individuels etc. C'est donc un fourre-tout, et finalement, dans ce contexte particulier, une ces expressions typiques des discours révolutionnaires, exaltantes car évoquant la vision d'un avenir meilleur, mais si vagues et si vides de sens précis qu'elles ne peuvent correspondre à rien de concret économiquement ou politiquement.
Recherche du bonheur, lendemains qui chantent, on est dans le registre de la promesse politique, qui par définition doit rester dans l'imprécision.
Mais oui, on peut dire que la définition du bonheur aux EU est libérale, axée sur l'individualisme et le développement individuel, largement conçu dans sa dimension économique (l'individualisme socio-culturel n'est pas nécessairement bien perçu, il y justement une forte pression sociale à se conformer à cette norme sociale d'individualisme économique :mrgreen:
D'accord aussi pour souligner l'influence des thèses de Locke sur la Révolution américaine.


Citer :
Pour revenir au sujet de départ, ce que l'on appelle "Révolution américaine" découle en effet (à l'origine en tout cas) d'une volonté de préserver un acquis : le tyran anglais est un tyran car il nie le droit coutumier anglais issu de la Glorieuse Révolution, selon laquelle il ne peut y avoir de taxation sans représentation, d'où les révoltes types tea party dans les années 1770, où, reprenant les principes lockéens sur la représentation, la possibilité d'insurrection etc., les colonies se voient en droit de lutter contre le roi discrédité. Ainsi pour quelle(s) liberté(s) se bat-on en 1776 ? Politique, économique, etc. ?


A l'origine de la Révolution américaine, il y a une révolte fiscale. D'après les sources auxquelles j'ai eu accès, la taxation a laquelle ont été soumises les colonies n'était pas aussi injuste qu'elles l'ont prétendu: les colons, dans leur recherche de terres nouvelles à annexer et l'extension de leurs activités commerciales, se heurtaient fréquemment à des tribus indiennes, d'où des affrontements et des massacres de colons.
Pour les protéger, le gouvernement anglais dut envoyer toujours plus de troupes, qui coutaient cher. Certes, il y avait aussi le fait que le Trésor anglais avait été fortement taxé par ses guerres européennes, guerres avec la France en particulier, mais le coût de la protection des colons était réel.
Et l'absence de représentation des colonies n'était pas totale: chaque colonie avait un parlement qui gérait les affaires de la colonie avec le gouverneur, nommé par la métropole. Bien sûr, ces parlements ne décidaient pas des impôts et tarifs, et c'était là le point de contention.
Et donc, lorsque la métropole commença à poser des exigences fiscales après avoir laissé les colonies pendant longtemps dans un "benign neglect", qui équivalait à les laisser largement gérer leurs affaires toutes seules sans grandes exigences financières, les colons l'ont mal pris.
Mais, en comptant sur la protection militaire de la métropole tout en refusant de la payer de leur poche (un des articles, le troisième, du Bill of Rights stipule que le gouvernement ne peut cantonner des soldats chez les citoyens), on peut dire qu'ils se comportaient un peu comme des adolescents qui acceptent l'argent de poche donné par leurs parents mais refusent de mettre la table quand ils le leur demandent.
Il y a une certaine exagération dans les reproches faits au roi dans la Déclaration d'indépendance, et c'était aussi un peu spécieux de revendiquer les mêmes droits coutumiers dont bénéficiaient les sujets du roi d'Angleterre, alors que les impôts payés par les colons étaient, même après qu'ils aient été augmentés, encore très inférieurs à ce qu'ils étaient en Angleterre.


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Message Publié : 28 Fév 2012 12:57 
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Hérodote
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A l'origine de la Révolution américaine, il y a une révolte fiscale. D'après les sources auxquelles j'ai eu accès, la taxation a laquelle ont été soumises les colonies n'était pas aussi injuste qu'elles l'ont prétendu: les colons, dans leur recherche de terres nouvelles à annexer et l'extension de leurs activités commerciales, se heurtaient fréquemment à des tribus indiennes, d'où des affrontements et des massacres de colons.
Pour les protéger, le gouvernement anglais dut envoyer toujours plus de troupes, qui coutaient cher. Certes, il y avait aussi le fait que le Trésor anglais avait été fortement taxé par ses guerres européennes, guerres avec la France en particulier, mais le coût de la protection des colons était réel.


Cela rejoint l'idée de croissance à la base du bonheur américain (et par la suite toute les développements qu'il a pu y avoir sur la frontière), il est vrai que pendant tout le XVIIIe, la métropole est le seul frein à l'expansion des colons à l'ouest. Elle veut limiter leur développement pour garder le contrôle, et protège ainsi les indiens (mais c'est sans doute pas cela qui compte). Il est alors compréhensible que les indiens, au moment de la guerre, se rallient plutôt du côté anglais, plus à même de préserver leurs acquis (d'où les "sauvages" de la déclaration d'indépendance) !

Mais penser que la limitation des colons par la métropole a été à l'origine de la taxation (car envoi de troupes, lourd budget etc.), c'est oublier je pense le gros trou dans les finances qu'à représenté la guerre de 7 ans. C'est cette guerre, qui a creusé les déficits (un mot d'actualité) en Angleterre (comme en France) et entrainé à mon sens un serrage de vis fiscal, qui a pu faire que les colons américains se soient d'un coup sentis lésés en tant que sujets, devenus exploités, et payant les factures de conflits qui leurs paraissaient bien lointains. Sans doute existait-il déjà un sentiment de relative indépendance, de fait, mais si les colons avaient eu leur représentation à Westminster, cela ce serait-il passé comme ça ?


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Message Publié : 28 Fév 2012 14:06 
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Jean Mabillon
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Pour les protéger, le gouvernement anglais dut envoyer toujours plus de troupes, qui coutaient cher. Certes, il y avait aussi le fait que le Trésor anglais avait été fortement taxé par ses guerres européennes, guerres avec la France en particulier, mais le coût de la protection des colons était réel.


Je reposte ci-dessus un extrait de ce que j'ai posté ci-dessus; le trou fait dans le trésor britannique par la guerre de 7 ans est connu.
Mais il y a bel et bien eu augmentation importante des effectifs des troupes britanniques envoyés aux colonies américaines et des dépenses faites pour les colonies par la métropole: 200 000 Livres par an environ, dans les années 1760. Dont les Britanniques estimaient que les colonies devraient prendre 78 000 à leur charge.
Et cette augmentation des dépenses notamment militaires était due essentiellement à l'extension territoriale des colons vers l'Ouest, sur des terres indiennes, extension que la métropole a essayé de limiter en passant la Royal Proclamation de 1763 limitant strictement les settlements à l'Ouest des Appalaches. Ce dont les colons n'ont tenu aucun compte, d'où escarmouches multipliées avec les Indiens.
Dans le contexte d'un Trésor à sec, ces dépenses étaient jugées particulièrement lourdes à assumer, et la mauvaise grâce des colons à y participer peu appréciée du côté britannique.
En fait, les colons auraient été disposés à y participer si on leur avait donné ce fameux droit de représentation sur les décisions fiscales. Mais la métropole ne souhaitait pas le leur reconnaître, partant du principe que cela mettait en cause son autorité sur les colonies.

On voit toujours la Révolution américaine du côté américain; il existait aussi des griefs du côté anglais, et ils n'étaient pas sans justification.


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