Châtillon a écrit :
Dès le XVIe siècle, il y a un nombre incalculable d'imprimés qui rappellent que le roi est soumis à l'autorité du peuple.
Très juste. A partir du XVIè siècle, monte en puissance en France un vaste mouvement de limitation de la monarchie, à la recherche d'un régime de monarchie partagée. Richelieu et Louis XIV interrompent ce mouvement, en partie seulement, d'ailleurs.
Il s'agit bien plus que des lois fondamentales du royaume, auxquelles les rois portaient parfois atteinte au demeurant et sans problème le plus souvent, le roi étant lié sans l'être institutionnellement.
Dès le XVIè siècle, Jean Bodin auteur, important sur le plan de la doctrine, d'un traité De la République, estime obligatoire la convocation des Etats en certaines matières. Augustin Thierry en était persuadé, le consentement des Etats s'imposait au roi.
Il existe toute une littérature sur les prérogatives des Parlements en matière législative (enregistrement et remontrances). Le testament de Louis XIV sera cassé.
Au XVIIè siècle, par ailleurs, prend naissance ce que Paul Hazard a appelé la crise de la conscience européenne, qui remet en question la monarchie absolue et introduit la notion de libertés inaliénables. Apparait ainsi le libéralisme au sens de l'existence d'une zone de libertés dans le domaine privé, des libertés pour l'individu. Ces libertés individuelles, en dehors et en plus des libertés politiques, que la démocratie antique ignorait. Tout l'édifice de l'Etat en sera bouleversé comme la civilisation occidentale.
Lors de cette Crise, de nouvelles idées se diffusent, l'absolutisme royal est désormais contesté dans son principe.
Paul Hazard écrit: " A peu près toutes les attitudes mentales dont l'ensemble aboutira à la Révolution française ont été prises avant la fin du règne de Louis XIV. Le pacte social, la délégation du pouvoir, le droit de révolte des sujets contre le prince, vielle histoire vers 1760."