Effectivement, les parlements de province enregistraient aussi les édits royaux, du moins sous Louis XIII et avant, mais je ne suis pas certain que cela fut toujours le cas par la suite.
Je pense comme vous, Jerôme, que le respect de la population envers les parlementaires s'est atténué au fil des ans, ce qui explique les actions des révolutionnaires sans opposition significative.
Les rois Louis XII et Henri IV étaient assez favorables aux parlements. Ils y voyaient des alliés, qui pouvaient les aider.
Au début des guerres de religion, de nombreux parlementaires ne soutenaient pas Henri IV, mais ils ont changé de position après la mort d'Henri III et après la conversion d'Henri IV. Les relations furent parfois un peu difficiles par la suite, comme lorsqu'il fallut enregistrer l'Edit de Nantes, mais dans l'ensemble les parlementaires et Henri IV s'entendirent assez bien. L'une des raisons est certainement que la noblesse de robe (les parlementaires anoblis grâce à leur fonction) était récente. C'était des fils de médecins, de riches commerçants, qui avaient fait des études de droit. Henri IV avait besoin d'eux pour faire bloc contre certains anciens nobles, qui étaient tentés de profiter de la faible légitimité d'Henri IV due à son lien familiale éloigné avec l'ancien roi, et due à ses options religieuses. Le très habile ministre des finances, Sully, instaura la taxe, dite de la Paulette, qui obligeait les parlementaires à payer un droit annuel. Cela aurait pu être défavorablement perçu, mais en contrepartie, Sully garantissait la transmission héréditaire des offices des parlementaires. A long terme, cette transmission fut néfaste à la popularité des parlementaires qui devinrent peu à peu une sorte de caste indienne.
Sous la régence de Marie de Médicis, il faudrait distinguer deux périodes, avant la monté de Concini pendant laquelle les parlementaires étaient plutôt d'accord avec la reine, et après pendant laquelle les parlementaires deviennent de plus en plus mécontents.
Louis XIII, avec ses problèmes d'élocution et son caractère impulsif, n'aimait pas beaucoup les parlementaires. De plus Richelieu non plus ne les aimait pas parce que les parlementaires étaient majoritairement opposés aux dépenses militaires, et ne comprenaient pas le soutien aux protestants allemands et suédois durant la guerre de Trente ans. Richelieu augmenta fortement le nombre des présidiaux. Ce sont des juridictions locales, qui prennent le travail des parlementaires pour les affaires peu importantes, mais nombreuses. A long terme, ce fut néfaste aussi pour les parlementaires, puisque le peuple a constaté que la justice était rendu de plus en plus souvent par les juges des présidiaux et de moins en moins souvent par les parlementaires qui devenaient inutiles.
Un événement assez marquant fut la Révolution anglaise, puisque c'était le parlement anglais qui se révoltait contre le roi. A partir de là, Louis XIII, Mazarin, et Louis XIV, firent tout ce qu'ils purent pour rogner les pouvoirs des parlementaires. La formule contestée, mais symbolique, "l'Etat c'est moi", ne concerne pas seulement le désir de ne pas avoir un Premier Ministre puissant, mais aussi de ne pas avoir de parlementaires puissants.
|