Nous sommes actuellement le 02 Mai 2024 13:07

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 74 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5
Auteur Message
 Sujet du message :
Message Publié : 10 Juil 2006 20:33 
Citer :
A Amiens par exemple, seront constatées les mauvaises émanations de la salle des morts, placée au mileu de celle des femmes...

J'avais une idée de l'ampleur de la misère humaine, et de la pauvreté des moyens que recelaient hôpitaux et hospices de cette époque...Mais je n'imaginais quand même pas une telle énormité 8O

Merci infiniment, La nuit, la neige, pour ces extraits du "Tableau de Paris" de Mercier, absolument édifiants...


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 10 Juil 2006 21:25 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 16 Mai 2006 13:04
Message(s) : 214
Effectivement chère Dollia. :?
Et puisque nous parlions tantôt des accouchements, je me permets de citer deux autres écrits, témoignages des échecs et succès de la...césarienne.

Mes loisirs. Le libraire Hardy :

"Une fille âgée de 24 ans, de la plus petite stature, puisqu'elle n'avait que 41 pouces de hauteur, contrefaite de tout son corps (...) laquelle avait eu le malheur de se livrer par faiblesse à un homme marié du même quartier, des oeuvres duquel elle était devenue enceinte, après avoir porté comme les autres femmes pendant neuf mois, accouche enfin par l'opération césarienne (la manière dont elle était conformée ne laissant à l'art chirurgical d'autre moyen à employer pour sa délivrance), et met au monde une fille de 21 pouces (...).
Cette opération est faite très habilement par le sieur Cosme, chirurgien-accoucheur (...) en présence des accoucheurs les plus célèbres et de plusieurs autres chirurgiens au nombre de quarante.
Elle est soignée jour et nuit par quatre chirurgiens qui se relayaient et ne la quittaient point et qui fournissaient même aux frais du traîtement, regardant comme une espèce de triomphe pour leur art, s'ils pouvaient la retirer de cette couche; mais elle meurt au septième jour (...) et après avoir édifié les personnes qui s'étaient trouvées auprès d'elle par sa résignation et sa patience dans ses souffrances qu'elle avait eu la force et la constance d'offrir à Dieu en expiation de ses péchés.


Mémoires du duc de Luynes :

L'autre opération extraordinaire, c'est l'opération césarienne; que l'on fit il y a quelques temps, à Paris, à la femme d'un ouvrier qui est contrefaite et qui étant prête d'accoucher et n'ayant nulle espérance que l'enfant pût venir à bien, demanda d'elle-même qu'on lui fît l'opération; on tira l'enfant, qui se porte bien ainsi que la mère; ce n'est pas une chose nouvelle que cette opération, mais il est rare que la mère et l'enfant n'en meurent pas.

_________________
Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...Avec délices!


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 10 Juil 2006 21:41 
Extrêmement intéressant, cher La nuit, la neige !

En ce qui concerne la césarienne, l'absence totale d'asepsie était sans doute la cause prépondérante des nombreux décès et échecs...Fallait-il que l'organisme des survivants soit résistant... 8O


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 10 Juil 2006 23:33 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 09 Mai 2006 18:17
Message(s) : 387
Localisation : Metz
dollia a écrit :
J'avais une idée de l'ampleur de la misère humaine, et de la pauvreté des moyens que recelaient hôpitaux et hospices de cette époque...Mais je n'imaginais quand même pas une telle énormité 8O

Les propos de Mercier, presque hugoliens, sont effectivement édifiants.

J'émettrai une petite nuance : le système hospitalier de l'Ancien Régime est celui de l'ère pré-pasteurienne et le "personnel soignant" ("comme on dit d'nos jours") faisait a priori ce qu'il pouvait avec ce dont il disposait. A ce propos, hormis certains témoignages "éclairés" comme ceux d'un Mercier ou d'un Diderot, en existe-t-il d'autres dus à celles ou ceux, médecins ou religieuses, qui fréquentaient quotidiennement les hôpitaux ?

Chez Mercier, il est difficile de déterminer dans quelles proportions se mélangent bon sens, humanité et, ce que j'aurais presque envie d'appeler "prescience". Je me méfie personnellement de l'idée de "prescience" car, la plupart du temps, appliquée a posteriori. Les "miasmes", "contagion" ou "corruption" de l' "air" sont des concepts classiques approximatifs que reprend ici notre auteur et qui "pressentent" celui de contagion microbienne ou virale. Le terme "expérience" me paraît plus adapté que "prescience".

Ceci étant, l'humanité et le bon sens de Mercier suffisent à forcer le respect ! Ainsi, je note avec intérêt que même l'état psychologique des malades retient son attention : "on couchera le malade à côté d'un moribond et d'un cadavre; on lui mettra le spectacle de la mort sous les yeux, lorsque les angoisses de la terreur pénétreront déjà son âme épouvantée!..." Plus de deux siècles après, certains médecins pourraient relire ces lignes avec profit ! (Au passage, il n'est pas impossible que ce que vous écrivez, Dollia, puisse, dans deux siècles, être repris in extenso par ceux qui s'intéresseront au système hospitalier de la fin du XXe siècle et du début du XXIe !)

PJ


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 0:01 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 09 Mai 2006 18:17
Message(s) : 387
Localisation : Metz
Zut ! J'ai oublié de vous en parler dans mon message précédent...

Il existe une Histoire de la pensée médicale en Occident dirigée par Mirko D. GRMEK et publiée au Seuil en trois tomes. Le deuxième concerne plus particulièrement ce fil :

Image

Ces ouvrages sont, hélas, assez chers (une bonne quarantaine d'euros le tome) et, sauf erreur de ma part, ils ne bénéficient pas, pour le moment, d'une réédition plus économique.

PJ


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 9:09 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 16 Mai 2006 13:04
Message(s) : 214
PJ57 a écrit :
Au passage, il n'est pas impossible que ce que vous écrivez, Dollia, puisse, dans deux siècles, être repris in extenso par ceux qui s'intéresseront au système hospitalier de la fin du XXe siècle et du début du XXIe!
.

Oui, c'est aussi ce que je me suis dit. :lol:
D'autant que la France est encore bien en retard sur le traitement de la douleur par exemple. Mais c'est un autre débat.

De nombreux autres textes de Mercier traitent des conditions d'hygiène, et plus généralement des conditions de vie assez déplorables.
Leur lecture est édifiante, et nous sommes tentés effectivement de les comparer aux nôtres.
Néanmoins, même de nos jours, dans d'autres pays que la France, l'accès aux soins (et quels soins?!) ne s'est pas forcément amélioré.
Inutile d'attendre deux siècles pour en faire ce terrible constat. :(

Merci PJ57 pour votre proposition de lecture.

_________________
Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...Avec délices!


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 12:36 
Citer :
Le terme "expérience" me paraît plus adapté que "prescience".

Oui, PJ57, je le trouve également plus approprié, en ce qui concerne les observations et le sentiment profondément humanistes de Mercier. J'oserais qualifier les descriptions de l'auteur, de réalistes...

Il me semble que sa mise en exergue du "problème hospitalier parisien" avait pour but, la prise de conscience de l'Etat, de l'urgence de remédier à cet état de fait..., entre autres épineux problèmes sociaux...

Les ouvrages suggérés me tentent beaucoup...Merci infiniment PJ57 :D


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 13:19 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 16 Mai 2006 13:04
Message(s) : 214
Pour continuer dans la petite bibliographie, j'ai feuilleté pendant ma pause déjeuner ( (:8:) ) ce livre.
Un peu compliqué pour moi (effets du ventre creux sur le cerveau?), il semble être néanmoins bien intéressant :

Image
Quatrième de couverture
Elixirs, potions ou régimes alimentaires, l'art de prolonger la vie plonge ses racines dans la tradition. L'entretien de soi est de tous les temps, même si l'hygiène contemporaine en a révolutionné les principes. Ce sont les formes de cette vigilance qu'explore ce livre, sa présence dans les actes les plus anodins, son interférence avec la science et les croyances, ses liens avec l'image du corps, la résistance aux épidémies, la défense des cités et la très lente mise en place d'initiatives publiques. Cette histoire souligne combien la frontière entre le sain et le malsain se déplace avec le temps. Les seuils de ce qui est physiquement toléré, l'apparition du maladif ou du dangereux changent avec la civilisation. Science et technique conduisent au paradoxe de surmonter les menaces anciennes tout en dévoilant des menaces nouvelles. Le projet d'entretien du corps a lui-même changé : hier on " gardait " la santé, aujourd'hui on l'améliore ou on l'" approfondit ".


En recherchant cet ouvrage sur Amazon pour l'insérer à mon message, il conseille de compléter sa lecture avec cet autre :

Image
SDM
L'auteur réalise dans cet ouvrage la synthèse de ses premières recherches sur les médecins, et de dix années de travaux sur la culture populaire de la France de l'Ancien Régime. Il s'agit bien sûr d'un chapitre de l'histoire de la médecine, mais c'est en tant que faisant partie d'un ensemble plus vaste, de l'attitude des Français aux 17e et 18e siècles face à la maladie. Se lit avec beaucoup d'intérêt.

_________________
Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...Avec délices!


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 14:30 
Citer :
Le projet d'entretien du corps a lui-même changé : hier on " gardait " la santé, aujourd'hui on l'améliore ou on l'" approfondit ".

Cette phrase me séduit. Elle révèle la notion de "précarité" ou "fragilité" de la santé, dans l'opinion de la société de jadis, et la conception du "culte du corps", au sein de la société actuelle... :wink:

Bien engageants également, ces deux ouvrages...


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 11 Juil 2006 15:29 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 09 Mai 2006 18:17
Message(s) : 387
Localisation : Metz
Je n'ai pas lu le Vigarello. En revanche, j'ai lu le Lebrun, il y a déjà quelques années, certes, mais je l'avais beaucoup apprécié.

PJ


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 13 Juil 2006 13:14 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 16 Mai 2006 13:04
Message(s) : 214
Grossesse
Les femmes dans les familles soutiennent celles qui attendent un enfant. Une certaine culture médicale est transmise par des livrets diffusés dans les villes et les campagnes par les curés. Le travail de la femme enceinte ne cesse pas. Les fausses couches à la suite d'accidents sont en conséquence assez fréquentes.


Avortements et infanticides
Les autorités mènent une lutte impitoyable contre les avortements et les infanticides. La peine de mort est par exemple appliquée par les édits de 1556 et 1586. L'Eglise refuse l'absolution. La conséquence est la multiplication des abandons d'enfants. Des procédés de contrôle des naissances sont utilisés comme le coïtus interruptus ou la capote d'assistance. Les funestes secrets se répandent à la fin du XVIIIe siècle. Les délais entre les naissances augmentent logiquement.


Accouchement
L'accouchement est attendu avec beaucoup de fatalisme ; il se fait dans une douleur aceptée : "tout pousse à vivre la délivrance comme une passion". les décès en couches se révèlent très nombreux,

Une sage-femme des Lumières, Madame de Coudray parle de l'accouchement :
"En attendant le moment de délivrer la femme, on doit la consoler le plus affectueusement possible : son état douloureux y engage ; mais il faut le faire avec une air de gaieté qui ne lui inspire aucune crainte de danger. Il faut éviter tous les chuchotements à l'oreille, qui ne pourraient que l'inquiéter et lui faire craindre des suites fâcheuses. On doit lui parler de Dieu et l'engager à le remercier de l'avoir mise hors de péril. Si elle recourt à des reliques, il faut lui représenter qu'elles seront tout aussi efficace sur le lit voisin qui si on les posait sur elle-même, ce qui pourrait la gêner..."

Les femmes accouchent chez elles. Les naissances hospitalières sont très rares et ne concernent que les plus pauvres. Les hommes sont exclus de la cérémonie. Les médecins progressistes veulent éloigner l’animation qui règne autour de la femme. “L’accouchement se fait longtemps en position assise, au lit, en tenue de jour.”
Au siècle des lumières, la position allongée se répand.
Le rôle principal est donné à une matrone de 50 ans au moins, appelée sage-femme qui intervient gratuitement. L’accoucheuse de village est prise en charge par le clergé paroissial qui veille à surveiller ses moeurs. Ensuite sages-femmes et accoucheuses bénéficient d’une formation. Les hommes sont alors acceptés. Madame de Coudray parcourt la France avec son mannequin au XVIIIe siècle. L’infection puerpérale et la mortalité périnatale resteront cependant invaincues.

Deux Savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches. Ce bruit, le sexe de l’enfant que la reine avait eu le temps de connaître par un signe convenu, dit-on avec la princesse de Lamballe, ou une faute de l’accoucheur, supprimèrent à l'instant les suites naturelles de l'ccouchement. Le sang se porta à la tête, la bouche se tourna, l'accoucheur cria : ”De l’air, de l’eau chaude, il faut une saignée au pied ! ”. Extraits des mémoires de Madame Campan, Naissance de Marie-Thérèse de France en 1778

Au moindre tracas qui survient, on le suspend à un clou comme un parquet de hardes ; et tandis que, sans se presser, la nourrice vaque à ses affaires, le malheureux reste ainsi crucifié. Tous ceux qu’on a trouvés dans cette position avait le visage violet ; la poitrine fortement comprimée ne laissant pas circuler le sang, il remontait à la tête ; et l’on croyait le patient fort tranquille parce qu’il n’avait pas la force de crier...” J.J. Rousseau, L’Emile

D’après tant de cruels traitements, les Suppliants ne sont-ils pas en droit de vous demander, Nosseigneurs, de les délivrer pour toujours de ces sempiternelles matrones, grossières, laides à faire évanouir, ineptes, inacapables de nous donner aucun secours, gauches à outrance, qui la plupart ont des mains aussi larges que des battoirs, et pour le moins aussi épaisses que des épaules de mouton ; la peau noire comme celle d’un nègre, et aussi rude que celle de chagrin, ou pour le moins comme l’écorce d’un vieux chêne, plus propres, sans contredit, à écorcher ce qu’elles touchent, et à mettre des entraves à notre passage dans un voyage si périlleux, qu’à nous faciliter la route simple et naturelle.”
Requête en plaine.
.” Pamphlet de Jean François Icart, accoucheur à Castres.

Mortalité infantile
La mortalité infantile touche 30 % des bébés.
Malformations, accidents de grossesse, traumatismes des accouchements, ongles mal lavés des matrones, pansements non stériles, coups de froid pendant les baptêmes, coliques, diahrées, fièvres, typhoïdes, dysenteries, entéroclites sont les principales causes des mortalités avant une année... Les bébés allaités sont en partie protégés. Les accidents sont fréquents : coup de chaleur, étouffement dans le lit familial, entéroclites. La mise en nourrice est une méthode fréquente dans les villes. C’est une pratique qui permet la poursuite des activités des couples, une nouvelle grossesse mais des enfants ainsi placés dans les campagnes ne reviennent pas. Ainsi un enfant sur quatre meurt avant d'atteindre l'âge de un an et le nombre de naissance est tout juste suffisant pour assurer le remplacement des générations (aujourd'hui un enfant sur cent). Jusqu'à 15 ans un autre quart ne survit pas, notamment au sevrage.

La mort relativisée
La force du sentiment religieux permet de relativiser le décès prématuré d'un enfant mais le baptême doit donc se dérouler rapidement. Les sanctuaires à répit permettent de baptiser les enfants morts pendant les quelques instants où on le croît renaître.

Août 1657, Langres : "Lesquels ont déclaré que la dite Miou accoucha hier environ le midy d'un fils mort-né, lequel ayant apporté en ce lieu et exposé devant l'image de la Sainte Vierge en l'église de ce lieu environ les sept heures de l'après midi. Lequel enfant n'avait aucun mouvement et environ une demie-heure après qu'il fut devant ladite image, ils sentirent l'un après l'autre mouvements et battements sur le coeur et en la tempe dudit enfant avec chaleur et virent les bras d'icelui changer de couleur ; ce qu'ils ont affirmé par serment..."

Le tout trouvé sur ce site :wink: : http://www.histgeo.com/

_________________
Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...Avec délices!


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 12 Mai 2009 18:05 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 07 Mai 2009 23:50
Message(s) : 1
Bonjour,

je me permet de rectifier une erreur citée plus haut : Germain Pichault de La Martinière (1697-1783) n'était pas médecin mais chirurgien... et conseiller d'État français au service des rois Louis XV puis Louis XVI.

"Né dans les Deux-Sèvres dans une famille de chirurgiens, Germain Pichault suit les traces familiales. Il arrive à Paris à l'âge de 23 ans où il est agrégé au collège de Saint-Cosme en 1728, obtenant une place de chirurgien du roi servant par quartier. Ayant par ailleurs reçu le titre de maître en chirurgie, La Martinière est pourtant attaché aux armées royales à sa demande, tout d'abord comme aide-major. Il fait ainsi la campagne d'Italie du maréchal Villars en 1733, puis participe l'année suivante au siège de Philippsburg lors de la campagne du Rhin de la guerre de Succession de Pologne.

En 1740, Germain Pichault se marie avec Marie-Anne Nepicie. La même année, la guerre de Succession d'Autriche éclate, qui durera jusqu'en 1748. En 1741, promu au grade de chirurgien-major, il se distingue par son ardeur et l'efficacité de ses soins lors du siège de Prague puis de la retraite de 1742, lors de la campagne de Bohême du Maréchal de Belle-Isle. A son retour, il est nommé et chirurgien-chef des Gardes-Françaises et c'est à ce poste qu'il suit Louis XV dans la campagne de Flandres et se rend grandement utile pendant le siège de Fribourg, puis, pendant une seconde campagne en 1746, lors des sièges de Mons et Namur ou encore durant la Bataille de Rocourt. C'est en 1747, à Bruxelles, à l'issue de cette campagne que Louis XV nomme Pichault de La Martinière premier chirurgien, à la succession de François de la Peyronie, décédé en avril. Les hostilités cessent avec le Traité d'Aix-la-Chapelle

Germain Pichault de La Martinière devient le chirurgien personnel du roi Louis XV qui l'honore de sa plus intime amitié jusqu'à sa mort, fonction qu'il conservera auprès de son successeur. Sa nomination à cette nouvelle charge est assortie de la jouissance d'une étonnante prérogative : « tous maîtres, chirurgiens, barbiers, perruquiers et autres, qui exercent quelque partie de la chirurgie et de la barberie dans le royaume, lui payeront 21 sols et 3 deniers pour une fois seulement ».

Il poursuit l'entreprise réformatrice de Lapeyronie qui, avec l'appui du vieux chirurgien de Louis XIV, Georges Mareschal, avait initié la création d'une Académie royale de chirurgie dès 1731. La Martinière n'aura de cesse à sa suite d'œuvrer à l'émancipation de la chirurgie et d'arracher l'indépendance de celle-ci vis à vis de la Faculté de médecine de Paris, en en faisant une discipline autonome, tâchant de réduire au silence les querelles inter-disciplinaires. En effet, depuis 1716, une âpre fronde des chirurgiens, qui n'étaient pas autorisés à traiter les maladies sans présence des médecins, les opposait à ces derniers, représentés par la Faculté.

Les statuts de l'Académie de chirurgie seront promulgués en 1748 et La Martinière en prendra la direction pendant près de trente-sept années. Ainsi, soucieux d’améliorer la formation des chirurgiens et des médecins, il obtient du roi l'édification d'un bâtiment assez spacieux pour contenir l'Académie, le Collège et la Bibliothèque de chirurgie, en remplacement du trop exigu amphithéâtre d'anatomie de Saint-Cosme, dans le fief originel de la communauté des chirurgiens de Paris. La construction de l'ouvrage sera confiée à Jacques Gondouin en 1769 et achevé en 1774. La Martinière fait par ailleurs établir des écoles de chirurgie dans les principales villes de province et fonde à Paris l'École pratique de chirurgie où les élèves peuvent s'exercer à disséquer et à répéter les opérations sur des cadavre.

En 1757, il obtient, avec François Desport, chirurgien en chef de l'armée de Westphalie, que les chirurgiens militaires soient dotés d'un uniforme particulier reconnaissable par tous pour les protéger tant des soldats ennemis qu'alliés.

En 1771, le souverain nomme son premier chirurgien conseiller d'État. Louis XVIII rapporte dans ses Mémoires que Louis XV « était comme un enfant docile en présence du chirurgien investi de toute sa confiance » et décrit de quelle manière « il n'y avait pas à transiger avec sa volonté », parlant de sa « franchise brutale ». En avril 1774, La Martinière fait conduire le roi, malade, du Trianon à Versailles, contre l'avis du médecin de Madame Du Barry, qui affirmait que la maladie du roi « ne serait rien ».

En fait, le souverain est atteint des premiers symptômes la petite vérole qui l'emportera. Peu après, La Martinière est le seul des médecins du roi qui ose diagnostiquer ouvertement la présence de la maladie et dire « qu'il regardait le roi comme perdu », avis auquel finiront par se ranger les autres médecins. Cet épisode et ses enjeux sont racontés, romancés, par Alexandre Dumas dans l'épilogue de son roman Joseph Balsamo.

Il conserve sa charge de premier chirurgien auprès de Louis XVI, qui l'apprécie autant que son prédécesseur. Consacrant l'essentiel de son temps à l'organisation et la modernisation de la chirurgie et de la médecine françaises, Pichault de La Martinière ne laissera pas de travaux scientifiques, à l'exception d'un petit Mémoire sur le traitement des plaies d'armes à feu, ni d'ouvrages, hormis des "Mémoires présentés au Roi par le sieur Pichaut de la Martinière son premier Chirurgien". Il se fera par ailleurs le protecteur de l'anatomiste Pierre-Joseph Desault

Germain Pichault de La Martinière meurt le 17 octobre 1783 dans sa résidence de campagne de Bièvres, où il est inhumé simplement, laissant de quoi fonder deux chaires de professeurs appointés à l'école pratique et 10 lits dans l'hôpital pour maladies chirurgicales peu communes qu'il avait créé à l'école de chirurgie."


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 30 Jan 2010 8:40 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 03 Juil 2009 6:29
Message(s) : 13
Juste un message pour ajouter à la liste des médecins de Louis XV un nom qui semble avoir été oublié: celui du premier médecin de ce roi, Senac, connu comme l'un des précurseurs de la cardiologie.
Voici un lien internet intéressant: http://www.medarus.org/Medecins/Medecin ... senac.html


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 30 Jan 2010 8:57 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2008 14:42
Message(s) : 2320
Il me semble que beaucoup de réponses qui ont été faites amalgament le XVIIIe et le XVIIe. Les lumières ont touché la pratique de la médecine, même si ce n'est qu'à travers certains précurseurs. Au XVIIIe (en vrac) on commence à pratiquer la vaccination, on commence à voir l'accouchement passer de la matrone au médecin etc...Je me souviens d'un magnifique téléfilm intitulé "Le médecin des lumières" et qui était fait à partir de l'authentique journal d'un des premiers médecins de campagne au XVIIIe. On le voyait se battre pour l'hygiène, pour l'aide aux accouchements.
Il intervenait aussi mais là sans succès pour la défense d'une pauvre femme condamnée à mort pour meurtre par empoisonnement alors qu'elle avait dit sous la coup de la colère à la maîtresse de son mari "je te tuerai". La maîtresse étant morte peu après, la légitime avait été aussitôt arrêtée et condamnée ayant avoué sous la torture. Entre temps plusieurs personnes au village étaient mortes à la suite des mêmes symptômes. Le médecin avait pratiqué des autopsies sur la prétendue victime du meurtre et sur les autres. Mais il n'avait pas pu convaincre le juge de revenir sur sa décision car elle n'était que la première victime d'une épidémie.

_________________
Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 74 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 42 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB