Grossesse
Les femmes dans les familles soutiennent celles qui attendent un enfant. Une certaine culture médicale est transmise par des livrets diffusés dans les villes et les campagnes par les curés. Le travail de la femme enceinte ne cesse pas. Les fausses couches à la suite d'accidents sont en conséquence assez fréquentes.
Avortements et infanticides
Les autorités mènent une lutte impitoyable contre les avortements et les infanticides. La peine de mort est par exemple appliquée par les édits de 1556 et 1586. L'Eglise refuse l'absolution. La conséquence est la multiplication des abandons d'enfants. Des procédés de contrôle des naissances sont utilisés comme le coïtus interruptus ou la capote d'assistance. Les funestes secrets se répandent à la fin du XVIIIe siècle. Les délais entre les naissances augmentent logiquement.
Accouchement
L'accouchement est attendu avec beaucoup de fatalisme ; il se fait dans une douleur aceptée : "tout pousse à vivre la délivrance comme une passion". les décès en couches se révèlent très nombreux,
Une sage-femme des Lumières, Madame de Coudray parle de l'accouchement :
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En attendant le moment de délivrer la femme, on doit la consoler le plus affectueusement possible : son état douloureux y engage ; mais il faut le faire avec une air de gaieté qui ne lui inspire aucune crainte de danger. Il faut éviter tous les chuchotements à l'oreille, qui ne pourraient que l'inquiéter et lui faire craindre des suites fâcheuses. On doit lui parler de Dieu et l'engager à le remercier de l'avoir mise hors de péril. Si elle recourt à des reliques, il faut lui représenter qu'elles seront tout aussi efficace sur le lit voisin qui si on les posait sur elle-même, ce qui pourrait la gêner..."
Les femmes accouchent chez elles. Les naissances hospitalières sont très rares et ne concernent que les plus pauvres. Les hommes sont exclus de la cérémonie. Les médecins progressistes veulent éloigner l’animation qui règne autour de la femme. “L’accouchement se fait longtemps en position assise, au lit, en tenue de jour.”
Au siècle des lumières, la position allongée se répand.
Le rôle principal est donné à une matrone de 50 ans au moins, appelée sage-femme qui intervient gratuitement. L’accoucheuse de village est prise en charge par le clergé paroissial qui veille à surveiller ses moeurs. Ensuite sages-femmes et accoucheuses bénéficient d’une formation. Les hommes sont alors acceptés. Madame de Coudray parcourt la France avec son mannequin au XVIIIe siècle. L’infection puerpérale et la mortalité périnatale resteront cependant invaincues.
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Deux Savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches. Ce bruit, le sexe de l’enfant que la reine avait eu le temps de connaître par un signe convenu, dit-on avec la princesse de Lamballe, ou une faute de l’accoucheur, supprimèrent à l'instant les suites naturelles de l'ccouchement. Le sang se porta à la tête, la bouche se tourna, l'accoucheur cria : ”De l’air, de l’eau chaude, il faut une saignée au pied ! ”. Extraits des mémoires de Madame Campan, Naissance de Marie-Thérèse de France en 1778
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Au moindre tracas qui survient, on le suspend à un clou comme un parquet de hardes ; et tandis que, sans se presser, la nourrice vaque à ses affaires, le malheureux reste ainsi crucifié. Tous ceux qu’on a trouvés dans cette position avait le visage violet ; la poitrine fortement comprimée ne laissant pas circuler le sang, il remontait à la tête ; et l’on croyait le patient fort tranquille parce qu’il n’avait pas la force de crier...” J.J. Rousseau, L’Emile
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D’après tant de cruels traitements, les Suppliants ne sont-ils pas en droit de vous demander, Nosseigneurs, de les délivrer pour toujours de ces sempiternelles matrones, grossières, laides à faire évanouir, ineptes, inacapables de nous donner aucun secours, gauches à outrance, qui la plupart ont des mains aussi larges que des battoirs, et pour le moins aussi épaisses que des épaules de mouton ; la peau noire comme celle d’un nègre, et aussi rude que celle de chagrin, ou pour le moins comme l’écorce d’un vieux chêne, plus propres, sans contredit, à écorcher ce qu’elles touchent, et à mettre des entraves à notre passage dans un voyage si périlleux, qu’à nous faciliter la route simple et naturelle.”
Requête en plaine..” Pamphlet de Jean François Icart, accoucheur à Castres.
Mortalité infantile
La mortalité infantile touche 30 % des bébés.
Malformations, accidents de grossesse, traumatismes des accouchements, ongles mal lavés des matrones, pansements non stériles, coups de froid pendant les baptêmes, coliques, diahrées, fièvres, typhoïdes, dysenteries, entéroclites sont les principales causes des mortalités avant une année... Les bébés allaités sont en partie protégés. Les accidents sont fréquents : coup de chaleur, étouffement dans le lit familial, entéroclites. La mise en nourrice est une méthode fréquente dans les villes. C’est une pratique qui permet la poursuite des activités des couples, une nouvelle grossesse mais des enfants ainsi placés dans les campagnes ne reviennent pas. Ainsi un enfant sur quatre meurt avant d'atteindre l'âge de un an et le nombre de naissance est tout juste suffisant pour assurer le remplacement des générations (aujourd'hui un enfant sur cent). Jusqu'à 15 ans un autre quart ne survit pas, notamment au sevrage.
La mort relativisée
La force du sentiment religieux permet de relativiser le décès prématuré d'un enfant mais le baptême doit donc se dérouler rapidement. Les sanctuaires à répit permettent de baptiser les enfants morts pendant les quelques instants où on le croît renaître.
Août 1657, Langres : "Lesquels ont déclaré que la dite Miou accoucha hier environ le midy d'un fils mort-né, lequel ayant apporté en ce lieu et exposé devant l'image de la Sainte Vierge en l'église de ce lieu environ les sept heures de l'après midi. Lequel enfant n'avait aucun mouvement et environ une demie-heure après qu'il fut devant ladite image, ils sentirent l'un après l'autre mouvements et battements sur le coeur et en la tempe dudit enfant avec chaleur et virent les bras d'icelui changer de couleur ; ce qu'ils ont affirmé par serment..."
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