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Message Publié : 13 Juin 2007 17:17 
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Eginhard
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De nouveaux articles paraitront prochainement sur les archiduchesses Marie-Anne (1738-1789) et Marie-Elisabeth (1743-1808).

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Dominique Poulin


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Message Publié : 14 Juin 2007 8:57 
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Grégoire de Tours
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Est-il exacte que Marie-Anne (1738-1789) avait une maladie mentale ?


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Message Publié : 14 Juin 2007 14:25 
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Votre question tombe à pic, puisque justement il va etre question de l'ainée des archiduchesses, Marie-Anne (1738-1789) lors de mes prochaines interventions.
Mais en ce qui concerne, la "thèse" de maladie mentale dont aurait été affectée la princesse, je n'ai trouvé qu'un ou deux renseignements très imprécis et douteux sur le Net. C'est pourquoi, et pour ce propos, faute de sources plus fiables, j'ai préféré ne point en parler ou presque... Toutefois, j'ai remarqué que l'évolution personnelle de Marie-Anne laisse supposer ces soit-disants troubles mentaux comme une pure légende, car rien ne le prouve et beaucoup d'éléments laissent penser qu'au contraire l'archiduchesse était une femme très sensée et qui savait très bien ce qu'elle voulait faire et ne pas faire.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 14 Juin 2007 15:18 
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Eginhard
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LA PREMIERE DES ARCHIDUCHESSES D'AUTRICHE : MARIE-ANNE (1738-1789)

Les renseignements recueillis provenant de la documentation française sur cette archiduchesse d'Autriche, soeur ainée de Marie-Antoinette, sont infimes. Il existe des informations à Vienne notamment avec les publications allemandes du chevalier Arneth, le Journal du Grand Maitre de la Cour, le prince Kevenhuller, enfin plusieurs biographies allemandes de l'impératrice Marie-Thérèse. Malheureusement, ces sources n'ont pas été traduites et n'ont pas permis leur consultation. Nous ne présenterons par conséquent dans cet article qu'une part très réduite de la vie de la soeur ainée de la reine de France.
Sa figure à peine dévoilée ne nous permet pas d'analyser meme globalement sa place ni son influence au sein de la famille impériale sous les règnes de Marie-Thérèse et de Joseph II. Toutefois cette princesse, née au coeur du Siècle des Lumières, ne nous est pas inconnue.

Dans l'ordre des seize enfants de l'empereur François Ier et de l'impératrice Marie-Thérèse, l'archiduchesse occupait le numéro deux. En 1737, était née le premier enfant du couple impérial,une fille, Marie-Elisabeth, mais le nourrisson mourut trois ans plus tard.
Leur second enfant, Marie-Anne, naquit le 6 octobre 1738. Dès sa venue au monde, l'enfant ne parut pas viable, mais en dépit de ses infirmités et de sa santé précaire, elle survécut aux maladies infantiles. Dès lors, elle fut considérée comme la première des archiduchesses d'Autriche à la Cour de Vienne.
Cette princesse révéla très tot des signes physiologiques alarmants, mais les sources demeurent contradictoires quant à l'état exact de sa chétive santé. Il est question pèle-mèle de plusieurs déficiences organiques, sans que l'on connaisse exactement la nature des maux de Marie-Anne, y compris dans leur évolution. On recense une malformation qui lui raidissait un bras, une dyspnée, source de problèmes respiratoires, ou encore d'une colonne vertébrale en mauvais état. Par conséquent, il est actuellement difficlie d'établir un bilan de santé fiable. Il mériterait une confrontation avec des documents surs et authentiques. D'autres renseignements aléatoires citent une éventelle disgrace établissant un éventuel nanisme, voire de dérèglements mentaux... ! Ce dernier point parait très douteux et on comprendra pourquoi à la lecture de cet article. Toutefois, les termes les plus employés à son égard, la désignent comme une princesse invalide et handicapée. Sa mère parle de "sa terrible conformation" dans une de ses lettres à Marie-Antoinette et l'archiduchesse fut sujette à de graves problèmes digestifs.

L'impératrice n'appelait pas ses enfants par leurs strict prénom de bapteme. Marie-Anne fut communément dénommée "Marianne" dans la correspondance de Marie-Thérèse. Ses autres soeurs reçurent aussi de simples diminutifs. Marie-Christine sous celui de "La Marie" ou encore "Mimi", tout comme Marie-Elisabeth, par celui de "La Elisabeth", enfin de Marie-Antoinette sous l'abréviation de "L'Antoine".
La plupart des princesses impériales semblent avoir reçues à la base une éducation similaire. Leur environnement était placé sous le haut controle de la gouvernante, l'aya. Marie-Thérèse exigeait un compte-rendu quotidien de tous les faits et gestes de ses enfants. Néanmoins, elle se montra un peu plus libérale pour ses filles. Ce sont les garçons qui furent soumis à un emploi du temps strict et à des obligations de résultats dans le cadre de leurs études. Pour ce qui concernait les archiduchesses, l'impératrice n'avait pas d'autres ambitions que de leur donner une excellente éducation de princesse afin de consolider les opportunités d'unions avec des souverains ou des princes. Cet objectif reposait sur l'assise de sa politique européenne.
De ce point de vue et en raison des handicaps de Marie-Anne, il ne parait pas que la souveraine ait nourrie beaucoup d'illusions, mais aucune source ne permet d'affirmer définitivement que sa fille ainée était condamnée au célibat dès son enfance.

Les arts représentaient la clé de voute de la formation des archiduchesses. La musique, le chant, la danse, le théatre de comédie, la peinture, les travaux manuels occupaient une part non négligeable de leur quotidien. Marie-Anne n'y fit pas exception et c'est ainsi qu'en 1745 à l'age de sept ans, elle est l'étoile d'une comédie donnée en présence de ses parents et de la Cour impériale.
L'apprentissage et les devoirs de représentation constituaient des devoirs pour toutes les princesses. Dix ans plus tard, Marie-Anne est choisie comme marraine par procuration au bapteme de sa petite soeur Marie-Antoinette, en compagnie de l'archiduc Joseph. L'un et l'autre représentaient le roi et la reine de Portugal.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 14 Juin 2007 15:56 
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Eginhard
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A cet égard, si la jeune archiduchesse apparaissait comme une moindre figure avec ses soeurs Marie-Christine et Marie-Elisabeth, plus séduisantes et en bonne santé, elle donna toute satisfaction sur le plan intellectuel.
Fort intelligente et dotée d'un remarquable esprit d'analyse, elle révéla de brillantes aptitudes et dépassa allégrement le cadre de son programme d'études. Sans doute vouée au calme et aurepas, Marie-Anne manifesta très jeune des capacités de compréhension et d'éveil étonnantes, se piquant de curiosité dans de multiples domaines. L'archiduchesse se passionna pour les sciences exactes et les sciences naturelles : chimie, physique, botanique, minéralogie. Elle se constitua des collections importantes d'insectes et de minéraux, se spécialisant par ailleurs pour la numismatique. D'autres loisirs de prédilection développés à un haut niveau de compétence lui sont attribués. Elle a laissé le souvenir d'une princesse douée pour le dessin et la gravure sur cuivre, des gouts qu'elle partageait avec sa soeur Marie-Christine. Ses dons furent tels qu'elle fut nommée menbre des Académies des arts de Vienne et de Florence.

Sur le plan des relations de famille, les informations rares et lacunaires n'autorisent guèrent un examen critique.
Objectivement, nous ne savons rien sur les liens etre l'impératrice et sa fille ainée. Tout ce que l'on peut avancer réside dans le favoritisme de Marie-Thérèse envers Marie-Christine, une situation qu'aurait difficilement supporter Marie-Anne au point d'aggraver sa santé déja si fragile. En revanche, Marie-Anne apparait avoir été très attachée à son père, l'empereur François Ier. Leurs gouts pour les sciences, les arts et les collections avaient encouragé leur commune entente. Une relation étroite semble les avoir unis, mais on ignore sur quelles bases elle se développa vraiment. Le handicap de l'archiduchesse y fut-il pour quelque chose ? Ses qualités intellectuelles et sa vive curiosité d'esprit furent-elles encouragées ou firent-elles la fierté de son père ? Toujours est-il qu'elle se montra très affectée de son décès subit le 18 aout 1765. La disparition de l'empereur se focalisa dans des circonstances particulieres qui ne furent pas étrangères au destin de Marie-Anne. Nous y reviendrons au cours de cette étude.

A la mort de son père bien-aimé, l'ainée des princesses impériales avait près de vingt-sept ans. Sa position lui conférait en apparence un rang central dans la hierarchie des enfants impériaux, essentiellement vis-à-vis de ses soeurs.
Cependant, compt-tenu de ses infirmités, comment s'affirma-t-elle face à ses cadettes ? Vers qui allait ses préférences ou ses réserves ? Comment subit-elle ou surmonta-elle ses déficiences physiques ? Enfin dès l'enfance, lui aménagea-t-on un cadre et un emploi de temps spécifique ? Toutes les recherches demeurent pratiquement muettes sur ces questions et restent à découvrir.
En 1765, l'éventualité d'un mariage pour Marie-Anne représentait lettre morte, mais il en allait autrement pour les autres archiduchesses. Elles étaient alors six dans l'expectative vagement inquiète de l'époux que leur mère leur destinerait. A l'exception de Josèphe et de Marie-Elisabeth, la première décédée de la petite vérole et de la deuxième défigurée de la meme maladie, les quatre princesses disponibles furent promptement mariées entre 1766 et 1770.
Demeurée un peu seule, isolée, Marie-Anne allait-elle plier le destin ? :?:

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Dominique Poulin


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Message Publié : 14 Juin 2007 17:13 
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Hérodote
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Bonjour
J'ai lu dans "Joseph II un Habsbourg Révolutionnaire", que l'archiduchesse Marie Christine avait suscité une grande passion de la part de la princesse Isabelle de Parme première épouse de Joseph II. Cette princesse se serait consummée d'amour.... Le livre étant ancien 1952 je crois, y a-t-il d'autres sources qui confirment ou infirment cette passion?
A bientôt pour vous lire.... :wink:

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GINA


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Message Publié : 14 Juin 2007 17:29 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 07 Jan 2005 17:22
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Merci beaucoup Dominique Poulin, j'avais lu cette information dans l'ouvrage d'Hortense Dufour "Marie-Antoinette la mal aimée"

Ginamartine a écrit :
Bonjour
J'ai lu dans "Joseph II un Habsbourg Révolutionnaire", que l'archiduchesse Marie Christine avait suscité une grande passion de la part de la princesse Isabelle de Parme première épouse de Joseph II. Cette princesse se serait consummée d'amour.... Le livre étant ancien 1952 je crois, y a-t-il d'autres sources qui confirment ou infirment cette passion?
A bientôt pour vous lire.... :wink:


En effet, j'ai pu lire dans "Isabelle de Bourbon-Parme, la princesse et la mort" de Ernest Senger que celle-ci avait eu une relation très spéciale tendant vers l'homosexualité avec Marie-Christine. L'archiduchesse a conservée les lettres d'Isabelle jusqu'à sa mort date à laquelle son epoux les a détruite. Voici un article sur la question : http://www.histoire-et-secrets.com/arti ... g=fr&pg=23


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Message Publié : 15 Juin 2007 17:11 
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Eginhard
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1) Mais que dit au juste Hortense Dufour à propos de Marie-Anne et de ses soit-disants troubles mentaux ? Cela me semble bizarre...

2) Et l'ouvrage de Ernest Sanger mérite-t-il d'etre lu ? Est-il vraiment intéressant ? J'ai pensé l'acheter à plusieurs reprises, pour abandonner l'idée par la suite.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 15 Juin 2007 21:58 
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Grégoire de Tours
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Je vais consulter l'ouvrage d'Hortense Dufour. Quand à la biographie d'Isabelle de Bourbon-Parme, je vous la conseille...elle est très émouvante et très bien faite. On en apprend sur les relations entre la France et l'Espagne, sur les divers mariages envisagés entre les deux cours, les relations au sein de la famille royale espagnole, les rapports entre Isabelle et sa mère Madame Infante.....c'est un délice ! :wink:


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Message Publié : 16 Juin 2007 14:16 
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Pour revenir à Marie-Anne, le Museum de Paris possède un ouvrage lui ayant appartenu :
http://img365.imageshack.us/my.php?imag ... ttemn1.jpg


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Message Publié : 16 Juin 2007 16:29 
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Eginhard
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Merci Hélène, sauf que dans la note intégrée à cet ouvrage, il est indiqué que Marie-Anne est morte en 1798, alors qu'elle est réellement décédée en 1789.
C'est sa soeur Marie-Christine qui est morte en 1798.

Par ailleurs, je sais enfin qui est M. d'Ezenberg, car il en sera prochainement question lors du décès de Marie-Anne. C'était le Grand Maitre de sa Cour. Les archiduchesses Marie-Elisabeth et Marie-Christine en avaient un également.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 17 Juin 2007 17:08 
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L'été de 1765 aurait dû demeurer une période de joie pour la famille impériale, il n'en fut rien. Après les noces quelques années plus tot de l'héritier Joseph avec Isabelle de Parme, Marie-Thérèse avait obtenu la main de l'infante d'Espagne, Marie-Louise de Bourbon pour son second fils Léopold. Le mariage se déroula à Innsbruck le 5 aout, mais les réjouissances furent brutalement interrompues par la mort subite de l'empereur François 1er le 13 aout suivant. Outre le choc éprouvé parmi les Habsbourgs, le décès du père marqua profondèment l'archiduchesse Marie-Anne. De plus, le voyage de Vienne à Innsbruck ne constitua pas un détail fortuit pour elle. Dans le parcours des étapes, figurait la petite ville de Klagenfurt. Marie-Anne y émis le désir de visiter le monastère des Elisabethinen. Cette rencontre avec les moniales devait laisser une profonde empreinte dans la vie de l'archiduchesse. Beaucoup plus tard, la princesse devait remplir cette petite ville de Carinthie de son rayonnement intellectuel et de ses contributions phylantropiques.

Quoique qu'il en soit, l'impératrice fixa définitivement le sort de sa fille aînée l'année suivante. Marie-Thérèse lui octroya la charge d'abbesse du chapitre des dames nobles de Prague. A vingt-huit ans il devenait probablement urgent de régler sa situation de princese inmariable. Fondée en 1754, cette institution avait pour mission d'accueillir les filles de la noblesse de Bohème dépourvue de fortune. L'abbaye avait spécifié à la souveraine "une de ses filles et qui ne soit pas enfant". Marie-Anne convenait donc à ce désir. Cette nomination fut complétée par la donation de deux millions de guldens prélevés sur l'héritage de l'empereur François, ainsi qu'un revenu de vingt mille florins.

A ce moment décisif de la vie de Marie-Anne, interrompons nous un instant... Quelle était son apparence ? Ses infirmités lui donnaient-elle une image de femme disgraciée par la nature ? Plusieurs portraits sont parvenus jusqu'à nous de sa petite enfance jusqu'à son age mûr. La prudence nous oblige à rester modéré, mais il semblerait que les peintres l'ont un peu flattée. Elle fut certes une femme fragile, mais Marie-Anne n'était pas dépourvue d'attraits pour autant.
Nous avons authentifié trois artistes ayant fixé ses traits : Van Meytens, Liotard et Ducreux. Malgré un nez trop long et un ovale anguleux, les yeux en amande ne manquent pas d'expression. L'été d'invalidité et les symptomes qui en découlaient ne paraissent pas l'avoir transformée en matrone alourdie par l'embonpoint. Au contraire, la minceur et peut-etre la maigreur semblent avoir été une de ses particularités physiques. Par ailleurs, dès sa jeunesse, l'archiduchesse affectionnait les mantilles, mais cette coiffure n'avantageait pas ses traits accusés par la maladie.

Placée au centre d'une charge écclésiastique importante, Marie-Anne ne mena pas pour autant une existence cloitrée. Le règlement de l'abbaye ne prescrivait pas pour sa maitresse l'ordonnance des voeux et le port de l'habit religieux. De plus, la fille de l'impératrice bénéficiait de la possibilité de renoncer à sa charge le jour venu si tel était son désir.
C'est pourquoi, guidée par son tempérament indépendant, elle usa de beaucoup de liberté, continuant de cotoyer assidument l'entourage immédiat de sa mère et de la Cour de Vienne, séjournant de temps à autre auprès de son abbaye de Prague.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 22 Juin 2007 14:32 
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Eginhard
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Le tournant des années mille-sept-cent-soixante-dix demeure une énigme. Les sources françaises nous renvoient très peu de choses, à l'exception de la correspondance de l'impératrice Marie-Thérèse avec Marie-Antoinette, ou il est parfois question de Marie-Anne.
Les deux soeurs entretenaient elles aussi une correspondance à part, car Marie-Antoinette renseigne sa mère à plusieurs reprises des missives de Marie-Anne. Toutefois, nous n'avons connaissance d'aucune lettre des deux archiduchesses. Elles ont sans doute été détruites ou perdues depuis longtemps, à moins que les lettres de Marie-Antoinette à sa soeur ainée soient encore conservées dans des collections privées ou publiques en Autriche, en Allemagne, ou ailleurs... Ce n'est pas impossible. Pour ce qui traite spécifiquement de la correspondance simultanée entre Marie-Thérèse et Marie-Antoinette, quelques détails intéressants concernent la princesse malade.
Car Marie-Anne l'est très souvent, causant de vives angoisses au sein de son entourage. Son peu de santé reste le problème numéro un de sa vie. Il en restera ainsi tout le long de son existence.
Le 1er novembre 1770, Marie-Thérèse confie à la dauphine de France :

"La Marie-Anne est entierement remise de sa fièvre et s'en porte mieux que ci-devant. Elle va à toutes les chasses et promenades, hors dans le théâtre."
Ce ne sera qu'une rémission... Trois ans plus tard, Marie-Antoinette déclare :
"J'ai été pénétrée de l'amitié de ma soeur Marie-Anne, qui malgré sa maladie, m'a écrit par ce courrier. Heureusement, cette vilaine maladie ne parait pas de nature à revenir."
Quelques jours plus tard, l'impératrice dissuade la dauphine de cet optimisme prématuré :
" La Marianne va mieux, mais à bien de la peine à se refaire. Le temps est si beau comme au mois de mai, j'espère que cela lui fera du bien que tous les remèdes."

Les années passent, la benjamine des archiduchesses devient reine de France tandis que l'ainée se débat toujours dans les affres de ses maux... Le 14 mai 1780, Marie-Antoinette écrit à Marie-Thérèse :
" La santé de Marianne m'inquiète. Il me semble qu'elle a beaucoup plus souffert cette année que les autres."
Fait du hasard, la dernière lettre de l'impératrice datée du 3 novembre 1780 renferme des nouvelles de Marie-Anne. Pourtant, Marie-Thérèse, elle aussi très malade, ne peut s'empecher avec commisération de se pencher sur le calvaire incurable de sa fille :
"Je suis inquiète pour la Marianne, qui est tourmentée par une dureté à l'estomac causée par sa terrible conformation, ce qui lui fait rendre tout ce qu'elle mange, sans effort, mais à la longue, cela ne saurait se soutenir. Elle a pris un rhume, ce qui l'incommode beaucoup. Au premier accident à l'estomac, il n'y à rien à faire, causant d'une cause pareille. Je la vois souffrir avec peine, et son courage que vous lui connaissez commence presque à l'abandonner."

Marie-Thérèse d'Autriche expiera le 29 novembre 1780. Elle était morte dans les bras de Joseph II, elle n'avait pas voulu que ses filles la voient mourir dans ses ultimes moments.
Sortant de sa torpeur, la reine de France écrivit à Joseph II le 10 décembre, en lui demandant de prendre soin de ses soeurs restées en Autriche, les archiduchesses Marie-Anne et Marie-Elisabeth :
"Il ne me reste plus qu'à vous recommander mes soeurs. Elle ont plus perdu que moi. Elles seraient bien malheureuses."

Pour Marie-Anne, comme pour tous les Habsbourgs, une page de sa vie se tournait. A quarante-trois ans, eternellement souffrante, mais non résignée, elle allait faire fi des difficultés, imposer ses volontés à Vienne, et éclairer au grand jour la véritable nature de ses qualités de maitresse-femme.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 23 Juin 2007 16:41 
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La mort de Marie-Thérèse modifia radicalement la vie de sa fille. Très vite, Joseph II lui fit entendre que sa présence à la Cour n'était plus désirée en lui conseillant de regagner son abbaye de Prague. C'était un ordre, Marie-Anne connaisait assez son frère pour mésestimer sa décision.
Beaucoup d'historiens ont accusé l'empereur de mysoginie. C'est peut-etre excessif à travers le contexte de l'époque, mais il est indubitablement vrai que Joseph II ne possédait aucun tact avec les femmes. Il était souvent bourru et arrogant à leur égard, voire méprisant. L'omniprésence et le charisme de sa mère cristallisa chez lui une peur inconsciente de la gent féminine. Sa première femme, Isabelle de Parme, bien que sincèrement aimée, souffrit de sa froideur et de son incapapacité à exprimer ses sentiments. Quant à sa deuxième épouse, Josépha de Bavière, il l'ignora impérialement...

L'avènement de Joseph II n'affecta pas uniquement Marie-Anne. Sa soeur, Marie-Elisabeth, demeurée elle aussi célibataire, fut priée de rejoindre son abbaye d'Innsbruck, tout comme d'autres dames de la Cour qui s'empressèrent de déserter les palais impériaux.
En théorie, la raison aurait dû conduire la soeur ainée de l'empereur à s'installer dans son couvent des dames nobles de Prague. Or, Marie-Anne exprima un tout autre sentiment. La petite cité de Klagenfurt l'attirait irrisistiblement. Elle avait visité la ville et son couvent quinze ans plus tôt lors du voyage qui avait conduit la Cour à Innsbruck pour les noces de l'archiduc Léopold. Klagenfurt resta gravé dans sa mémoire, et on peut s'interroger, mais sans affirmation, si l'archiduchesse n'avait pas déja exprimé son souhaît à sa mère quelques années plus tôt, à moins qu'elle ne l'eut fait sur son lit de mort. Ce n'est cependant qu'une hypothèse.

Toujours est-il que dès 1782, Marie-Anne fit de Klagenfurt son lieu de résidence quasi-permanent, et pour longtemps. Ses habitants louèrent sa bonté, ses charités, ses largesses, surtout pour les pauvres. Elle ne supplanta pas l'abbesse dans ses fonctions, Xavéria Gasser, mais s'en fit au contraire une amie dévouée. C'est au sein du monastère de Xavéria Gasser, que l'archiduchesse occupa un appartement.
La présence assidue d'une archiduchesse à Klagenfurt marqua profondément la ville, Marie-Anne contribuant grâce à sa fortune au développement de la cité. Des mesures découlent directement de son influence, comme la reconstruction de l'hopital ou des mesures "sociales" envers les indigents. La princesse encouragea également et parfois en puisant dans sa cassette, des actions culturelles et phylantropiques. Toujours avide de nouvelles connaissances, elle encouragea un programme de fouilles archéologiques.

Pourtant, réputée ouverte aux idées nouvelles et d'esprit libéral, prôche des milieux intellectuels et scientifiques, les initiatives de Marie-Anne achoppèrent devant le centralisme de la monarchie bicéphale. Joseph II, malgré ses ambitions pour ses peuples, était très jaloux de son autorité. Les philosophes, les hommes de science et de progrès avaient alors commencé à sex regrouper au sein de loges maçonniques et la soeur de l'empereur avait montré des signes d'acquiescement à leurs créations. L'un des dirigeants les plus en vue des loges Viennoises, Ignace de Born, comptait parmi les protégés de l'archiduchesse. Outre-Rhin, Ignace de Born représentait une sommité dans le monde des savants grace à ses travaux de géologie et de minéralogie, deux disciplines que Marie-Anne affectionnait particulierement.
Mais le développement croissant de la maçonnerie ne devait pas tarder à inquieter le pouvoir impérial et au bout de quelques années de sévères mesures coercitives aliènèrent les loges notamment avec des ordres de fusion afain de limiter leur influence et leur surveillance fut renforcée. A la fin du règne de Joseph II, les loges étaient entrée dans un relatif déclin, malgré le soutien de Marie-Anne.

A Klagenfurt, l'archiduchesse-abbesse vivait de plus en plus retirée. Avec l'âge, se santé précaire se détériora rapidement et la chaise roulante limita ses déplacements. L'ainée des princesses impériales mourut le 19 novembre 1789 à cinquante-et-un ans. En France, Marie-Antoinette mandait à Mercy-Argenteau "de remercier M. d'Ezenberg de l'exactitude avec laquelle il lui a écrit et donné des nouvelles jusqu'à la fin de sa malheureuse soeur."
Deux siècles plus tard, et bien malgré elle, le souvenir de la bienfaitrice de Klagenfurt reparut sous les feux de l'actualité moderne.En témoignage de reconnaissance, Marie-Anne avait légué à son couvent tous ses objets personnels demeurés sur place dans son appartement. Parmi eux, un chapelet précieux orné de médaillons contenait les cheuveux de tous les enfants de la feue impératrice. Mr Philippe Delorme, à la recherche de la résolution de l'énigme Louis XVII, obtint afin de faire aboutir ses investigations, de procéder au prélèvement ADN des cheveux des archiduchesse Jeanne-Gabrielle et Marie-Josèphe. Leur correspondance avec les restes du petit roi prouva la filiation formelle avec les soeurs de Marie-Anne et de Marie-Antoinette, et pour le moins l'élimination de la thèse Naundorff.
Au-delà de la mort, c'est l'ultime réminiscence de l'abbesse de Prague, puis de la recluse de Klagenfurt, et pour l'ensemble de ces travaux présentés sur ce forum, l'état de nos connaissances en France.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 27 Juin 2007 11:56 
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Grégoire de Tours
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Hortense Dufour qualifie Marie-Anne d'invalide. Quant à Simone Bertière, elle écrit à propos de l'archiduchesse "Marianne, handicapée dès la naissance et devenue une invalide chronique n'était pas mariable"...pas de traces de troubles mentaux.


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