Cuchlainn a écrit :
Y a-t-il à cette époque des innovations agronomiques mises en oeuvre sur le terrain, capables d'améliorer les rendements de façon assez nette pour que le niveau de vie du paysan en soit modifié, au moins dans certaines régions ?
Il n'y a pas eu, en France, de révolution agronomique au XVIIIè siècle, comme en a connu l'Angleterre à la même époque. Révolution qui s'est basée sur les praries artificielles, qui permettent un bétail plus important, donc des terres plus fumées, donc de meilleurs rendements (ce qui laisse plus de place pour les prairies, donc plus de bétail, etc etc)
La France reste dans le "cercle vicieux de la jachère". Cependant, le XVIIIè siècle est dans l'ensemble un siècle de progrès. Après le terrible XVIIè siècle et ses famines, la production et les rendements connaissent quelques très légers progrès qui suffisent à l'accroissement de la population paysanne (et à une véritable surpopulation, surtout dans les montagnes, au début du XIXè siècle).
Les innovations sont surtout le fait d'agromanes ou physiocrates, c'est-à-dire des grands propriétaires terriens anglophiles qui imitent le voisin d'outre-Manche. Ces innovations restent donc assez ponctuelles, et ne permettent pas de grands progrès de l'agriculture française en général.
Pour ce qui est du bocage, je ne sais pas à quelle époque exactement il s'est mis en place. L'habitat dispersé dans l'Ouest a ses origines au Moyen-Age, mais il est certain que le mouvement d'enclosure s'accélère à la fin du XVIIIè siècle, entre autres grâce à la Révolution. Jusque là, la clôture des champs étaient limitée parce qu'il fallait assurer aux plus pauvres le droit de glanage sur les terres. Or qui dit Liberté dit liberté de se dégager des contraintes collectives. Je crois que c'est la Convention qui a déclaré "la faculté absolue de clôre". Au XIXè siècle, le mouvement des enclosures s'amplifiera tandis que les contraintes collectives cèderont petit à petit.