Ybocaj a écrit :
Bonjour,
Le « pas un bouton de guêtre » du maréchal Leboeuf est probablement une phrase apocryphe que le maréchal n’aurait jamais prononcée, bien que de nombreux auteurs la citent dans leurs écrits. Aucun d’entre eux n’en cite cependant la source d’origine. Les propos furent rapportés par la presse du temps mais on n’en trouve aucune trace dans les archives officielles. Après la guerre, dans les livres ça faisait sensationnel, ça faisait vendre (et toujours) et ça a aidé les républicains à construire leur légende noire après la déchéance de l’empire. Ministre de la Guerre, le maréchal était effectivement d’une confiance abusive et l’histoire montre qu’il était, comme la plupart des maréchaux et généraux du Second Empire, complètement dépassé par les événements et inconscient de la réalité. A son niveau de responsabilité, c’est totalement inadmissible et inexcusable. Pour les propos du ministre, je fais plutôt confiance à Ludovic Halévy (Carnets, II – 1869-1870, Paris, Calmann Lévy, 1935) contemporain qui cite ces propos tenus par Leboeuf dans les couloirs du Corps législatif : « Je vous donne ma parole d’honneur que nous sommes prêts, que les Prussiens ne le sont pas, que nous aurons dans quinze jours sept cent mille hommes sur le Rhin… »
Quant à la malheureuse tirade d’Emile Ollivier, elle est toujours sortie de son contexte et citée de manière incomplète. Voilà ce qu’a dit le chef du ministère à la tribune du Corps législatif le 15 juillet 1870 dans l’après-midi : « De ce jour, je le sais, commence pour les ministres, mes collègues et pour moi, une grande responsabilité. Nous l’acceptons d’un cœur léger… Le ministre fut alors assailli par les clameurs des bancs de gauche. Il reprit : - Oui, d’un cœur léger, et n’équivoquez pas sur cette parole, et ne croyez pas que je veux dire avec joie, je vous ai dit moi-même mon chagrin d’être condamné à la guerre, je veux dire d’un cœur que le remord n’alourdit pas, d’un cœur confiant, parce que la guerre que nous ferons, nous la subirons..."
Le sens de cette tirade n'est pas tout à fait le même que celui qui lui est habituellement donné.
En effet le sens n'est pas le même, mais il re retire rien à la légèreté des responsables politiques et militaires. L'armée française avait largement montré en Italie 10 ans plus tôt qu'elle n'etait pas au niveau. Les chefs militaires étaient d'une incompétence rare (on n'en a retrouvé l'exemple qu'en 1940) et ne connaissaient en réalité que les guerres coloniales. L'abandon de la loi des 5 ans, sous la pression de la gauche, l'absence totale de formation, la plan totalement absurde de mobilisation, tout était prêt pour une défaite.
Ce qui est hallucinant dans la déclaration d'Ollivier, même ré éclairée de cette façon, c'est le "nous la subirons". Comment peut-on subir une guerre que l'on a soit même déclarée, sans manoeuvres diplomatiques préalables, sans s'être cherché d'alliés, alors que rien ne nous menaçait, et surtout sans avoir la moindre idée de que l'on ferait d'une éventuelle victoire.