Voilà ce que dit, en gros, Raymond Bourgerie (Magenta et Solférino : Napoléon III et le rêve italien) à propos de l'annexion de la Savoie et du comté de Nice :
Le processus d'annexion fut grandement facilité par le tout nouveau ministre des affaires étrangères français, Thouvenel, homme habile et brillant, qui manoeuvrera de façon à revenir sur l'abandon de la Savoie et de Nice contre l'acquiescement de l'Empire des Français pour les annexions de l'Italie centrale par le royaume de Piémont (Romagne, Modène, Parme et Toscane).
En effet, comme l'avait déjà signalé Fabrice, des protestations se sont faites entendre en Europe à l'annonce de cet évènement: l'Angleterre, mais aussi la Prusse, la Belgique et la Suisse, cette dernière essayant même d'obtenir une sorte de "pourboire" territorial (le Chablais et le Faucigny) et allant jusqu'à déclarer que sa neutralité et son indépendance étaient compromises par cette annexion.
Pour mettre un terme à cette querelle européenne, Napoléon III et Victor-Emmanuel feront sanctionner leurs annexions respectives "par le suffrage universel, procédé révolutionnaire pour l'époque, mais seul capable d'apporter stabilité et paix entre les peuples".
Au passage, le chancelier Bismark ne s'avisera pas de demander leur avis aux Alsaciens et aux Mosellans de Lorraine en 1871...
Les Savoyards, qui se sentent depuis longtemps français, se sont toujours considérés comme étant sous le joug de l'Etat sarde, même pendant la campagne contre l'Autriche.
Le 2 août 1859, les députés formulèrent une pétition pour obtenir leur libération. Leurs noms évoquent des familles connues de nos jours:
Costa de beauregard (député de Chambéry);
B. Mollard (député de la Motte);
De Martinet (député d'Aix);
Grange (député d'Aiguebelle);
Carquet (député de Bourg-Saint-maurice);
Ginet (député de Romilly);
Mongellaz (député de Bonneville);
De la Fléchère (député de Taninges);
Girod de Montfalcon (député de Duingt);
Chaperon (député de Pont de Beauvoisin);
Lachenal (député d'Ugine);
Disons enfin que par le traité de Turin (24 mars 1860), le gouvernement sarde reconnaissait la souveraineté française sur sur "une magnifique province et un territoire ensorcelant, patrie du maréchal Masséna. Cette réunification achève l'oeuvre des rois de France depuis un siècle"...
Cependant, à l'époque, le retour à la France des "derniers joyaux de sa couronne" ont laissé indifférents les hommes politiques.Trop préoccupés qu'ils étaient de prendre la défense des états pontificaux.
Cordialement.