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 Sujet du message : La dictature de Cavaignac ?
Message Publié : 07 Oct 2003 18:35 
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Polybe
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Sur le site de l'académie Française :

http://www.academie-francaise.fr/immort ... demiciens/

la biographie consacrée à Jules Dufaure (1798-1881) indique qu'il fut, je cite, " Ministre de l'Intérieur du 13 octobre au 20 décembre 1848, sous la dictature du général Cavaignac, et du 2 juin au 31 octobre 1849 sous la Présidence de L.-N. Bonaparte " [ Sic ].

Peut-on employer sans mettre de guillemets le terme de "DICTATURE" pour qualifier l'intermède Cavaignac ?
Les vérités historiques, constitutionnelles, institutionnelles ou factuelles
me laissent circonspect sur cette notion de DICTATURE et je vous propose
d'en débattre...

Je trouve que c'est une excellente idée d'avoir ouvert cet espace sur la "Seconde République" qui demeure une période courte et largement méconnue de notre Histoire Nationale mais dont l'apport et la richesse sont bien souvent largement sous estimés...


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Message Publié : 08 Oct 2003 12:17 
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Eginhard
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Cavaignac avait un énorme pouvoir sur l'armée et beaucoup de partisans dans l'Assemblée législative...en faisant rentrer l'ordre par la force, il avait acquis un pouvoir formidable et il sera d'ailleurs celui à recevoir le plus de votes après Louis-Napoléon fin 1848.
Bien à vous,

Fialin


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Message Publié : 08 Oct 2003 16:10 
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Certes, mais selon moi, il est tout de même plutôt difficile de parler de dictature au sujet du gouvernement Cavaignac, ne serais-ce que parce qu'il n'entrave pas la légalité.

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 10 Oct 2003 12:06 
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Eginhard
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Cependant où était la légalité en 1848?
En outre, je suis très peu informé sur les actes et les circonstances de la repression menée par Cavaignac...je serais intéressé de savoir plus sur celui que je ne connais qu'en opposant de Louis-Napoléon.
Merci et bien à vous,

Fialin


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Message Publié : 11 Oct 2003 0:32 
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Tite-Live
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Pour ce qui est la légalité à cette période, la situation est assez particulière, en ce sens que la France n'est pas régie par une constitution, cette dernière étant alors élaborée et discutée par la commission de constitution de l'Assemblée. Nous avons donc des pouvoirs publics (à savoir une Assemblée nationale constituante et un gouvernement provisoire) dont les attributions ne reposent sur aucun texte à réelle force juridique et légale, car non-ratifié par la Nation ou ses représentants. Tout au plus devait-il y avoir certains textes organisant le gouvernement provisoire, mais ne pouvant nullement résulter d'un consensus national censé donner sa force à une constitution. Donc d'un point de vue légal, on se trouvait dans une situation de vide juridique, pour ne pas dire de non-droit (cette dernière expression étant un peu trop forte). Une assemblée non constitutionnelle (et pour cause) délègue donc la plénitude du pouvoir exécutif à un homme, en vue de restaurer et maintenir l'ordre. Déja en situation "constitutionnellement normale", de telles délégations par la représentation nationale prêtent toujours à controverse (exemple: les décrets-lois de la IIIè République finissante), la question étant "l'Assemblée peut-elle déléguer un pouvoir lui ayant été remis par le peuple et qu'elle doit exercer en son nom?". Dans le cas Cavaignac, on a donc deux problèmes qui se grèvent: celui de la légitimité de la délégation d'un tel pouvoir (de nature quasi-dictatoriale), et celle de l'organe déléguant (l'Assemblée donc). Mais au niveau de la légitimité, l'Assemblée avait cependant un "attout" de poids: l'"onction" du suffrage universel. Ainsi était-elle habilitée à parler au nom du peuple, ce qui conférait une rélle autorité à son action. Cette légitimité pouvait ainsi contrecarrer le fait qu'elle ne pouvait pas s'appuyer sur un texte constitutionnel. En effet, la loi votée par l'Assemblée pouvait s'assimiler à "l'expression de la volonté générale". Une fois ainsi contourné le problème de la légalité stricto-censu, reste celui de la légitimité de ces pouvoirs exceptionnels. En plus de discuter de la régularité d'une telle délégation de pouvoir, la finalité en est plus que problématique. Les pleins pouvoirs, soit, mais dans quelle optique? Là, il est difficile de ne pas y voir (me semble t-il...) une logique d'affrontement de groupes sociaux. Les beaux espoirs d'une république fraternelles se sont évanouis, et c'est une majorité nettement conservatrice qui a été élues à l'Assemblée. Dès lors, les manifestants et révolutionnaires parisiens pouvaient apparaitre comme dangereux vis à vis d'un ordre social auxquels justement ils entendaient s'opposer. Et la désignation d'un "homme à poigne" pour y remédier pouvait sembler être la solution adéquate. Alors certes, la légalité du procédé pouvait se discuter, mais au nom de la sauvegarde de "l'ordre public", on estime souvent que l'on peut déroger aux circonstances habituelles. Que d'horreurs n'ont-elles pas déja été commises sous ce prétexte, bien pratique il faut le reconnaitre pour règler leur compte à ses ennemis, le cynisme rejoignant ainsi souvent les notions de légalité et de légitimité...


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 Sujet du message : "Dictature" et Dictature
Message Publié : 11 Oct 2003 12:34 
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Polybe
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Localisation : virtuellement : Allassac (19) Manoir des Tours / Paris (75) 20 rue dauphine et 22 rue de l'arbre sec
Durant l'intermede CAVAIGNAC il est un fait que la répression a été sévère et nombre de libertés suspendues... mais il est vrai aussi que
CAVAIGNAC n'est pas "arrivé aux responsabilités" par la force [ style coup d'état ] et qu'il ne s'y est pas maintenu unilatéralement... La meilleure preuve consiste en le fait qu'il a "joué le jeu" des élections présidentielles et qu'il en a accepté le résultat !

_________________
« UT DILIGARIS A TUIS, TUOS AMA »
« Aime les tiens, tu seras aimé d'eux »
Gui du Faure de PYBRAC 100ème quatr .


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Message Publié : 11 Oct 2003 13:11 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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peut être un dictateur au sens romain!

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"La France n'est plus qu'un simple simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition." Jean de Viguerie


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Message Publié : 11 Oct 2003 19:23 
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Localisation : Augustobona Tricassium (Troyes)
C'est vrai qu'on peut comparer la "dictature" de Cavaignac à son homologue romaine. Dans les deux cas, il s'agit de confier des pouvoirs exceptionnels à un homme dans un but considéré comme étant de "salut public". A la différence cependant (avec 2000 ans d'écart, il est assez logique qu'il y en ait) que la dictature romaine était une magistrature régulière, prévue par la constitution (coutumière) romaine, avec des règles assez précises l'encadrant: durée maximale de 6 mois (ce qui sera violé par Sylla, puis César) et obligation de prendre un adjoint nommé "maître de cavalerie". Dans le cas de Cavaignac, la délégation de pouvoir n'a eu pour limite chronologique que le moment où ce général a estimé que la situation était "rétablie". Dans une certaine mesure, cela peut se comparer au fameux article 16 de la Constitution actuelle, qui permet au Président de la République de s'emparer des pleins pouvoirs s'il estime que les circonstances l'exigent et qui ne les dépose que lorsqu'il estime que la "normalité" est rétablie (un seul emploi à ce jour: De Gaulle en 1961 suite au putsch des généraux à Alger).
La déposition de ses pouvoirs par Cavaignac montre que cet homme ne se sentait pas l'âme d'un dictateur (au sens courant), pour preuve son respect du "système" politique établi par la Constitution qui se manifestera en se présentant à l'élection présidentielle et en acceptant sans contestation sa défaite. De là à justifier tout ce qui a pu être commis durant l'exercice de ses pouvoirs exceptionnels, c'est une autre histoire...


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