Jean-Marc Labat a écrit :
Je serais curieux de voir la répartition des voix ville/campagne. A part Cavaignac, les autres doivent être d'illustres inconnus.
Il y a plusieurs cartes (reprises d'ailleurs dans de nombreux manuels) des résultats, notamment dans l'ouvrage d'André-Jean Tudesq évoqué par Ybocaj ou bien dans l'
Atlas électoral de la France de F. Salmon.
Pour revenir sur la place de la légende napoléonienne dans le succès de Louis-Napoléon Bonaparte, j'ajouterais quelques remarques qui vont également dans le sens de l'importance de la renommé du nom de Bonaparte, notamment car elle a été puissamment réactualisée dès le lendemain de la Révolution de février :
- Les élections d'avril 1848 ont largement contribué à diffuser la mémoire de l'empire : de nombreux candidats rappellent leur participation aux guerres impériales dans leurs professions de foi.
- En avril sont d'ailleurs élus deux Bonaparte : Napoléon Bonaparte, le fils de Jérôme et Pierre Bonaparte le fils de Lucien.
- A Paris, un comité bonapartiste (la future Société du Dix-décembre) relativement important s'est mis en place grâce à l'action du général Piat.
- Surtout, en juin Louis-Napoléon est élu aux élections partielles, mais son élection sera invalidée. En septembre, de nouvelles élections partielles le font élire dans 5 département.
Il y avait donc plusieurs facteurs susceptibles de redonner une certaine actualité à la légende napoléonienne à laquelle vient se superposer la stratégie politique de LNB qui sentant le vent tourné revient en France dès la chute de Louis-Philippe en février.
Mais je verrais un autre élément qui a joué un rôle essentiel dans l'élection de LNB : le soutien de la droite. Les représentants du peuples orléanistes et légitimistes dès le mois de mars/avril 1848 avaient pris l'habitude de se rassembler à l'Académie de médecine de la Rue de Poitiers et formaient une sorte de rassemblement politique informel qui était encore loin d'un parti politique tel qu'on l'entend aujourd'hui, mais qui se dote néanmoins de moyens d'actions politiques très efficaces tout au long de la Seconde République. On y retrouve notamment des hommes comme Thiers, Molé, Berryer, Barrot qui disposent d'un important réseau dans les campagnes grâce à l'Église et aux notables… Et la rue de Poitiers va faire le choix de soutenir Louis-Napoléon plutôt que Cavaignac. Le parti pris des notables et des gens d'Église pour la candidature de LNB a dû beaucoup jouer dans un contexte où la presse (plutôt acquise à Cavaignac à priori) était encore peu lue dans les campagnes.
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@ Grippeminaud : auriez-vous la référence du livre de Eric Anceau dont vous tirez de la chanson svp ?