Il semble que certains aient prévu la guerre avec la Prusse, un homme assez célèbre ayant expliqué que France et Prusse étaient comme deux locomotives roulant l'une vers l'autres.
Savez-vous quels sont ceux dans les années 1860 qui ont prévu la guerre franco-prusienne ?

_________________
"Les gosses n'apprennent plus rien à l'école; en histoire-géo par exemple, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Bientôt, un gamin nous dira par déduction que l'an 1111 correspond à l'invasion des Huns....."

Compte rendu de réunion d'une communauté d'agglomération

Je ne pense pas que l'on ai "prévu" cette guerre : Bismarck l'a préparée, car après Sadowa, la France restait le seul obstacle à l'unité allemande.

Le fait est qu'en 1870, la guerre fut une surprise générale en France, m^me si la diplomatie française était de plus en plus exaspérée par les initiatives prussiennes (soutien à la Russie contre l'insurrection polonaise notamment).

_________________
Le passé change parce que nous changeons

Bismarck, probablement.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

L'empereur s'en doute sans doute (eheh), après 1866. Pour preuve la réforme militaire initiée en 1868 par Niel.
Mais dans les faits - et je recommande la lecture de l'excellent Roth sur le sujet de la course à la guerre - même Bismarck, juste avant de retoquer la dépêche d'Ems, n'était pas convaincu que son piège fonctionnerait.

Il l'estimait indispensable à son grand projet, l'unité allemande, et donc il la souhaitait. La savoir certaine serait attribuer trop de clairvoyance à quelqu'un qui fut pourtant l'un des hommes d'Etat à l'intelligence la plus fulgurante du siècle.

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"

La savoir certaine, oui, car il avait besoin de cette guerre. La prévoir à cette occasion, non, car effectivement, il ignorait si le piège serait efficace. Mais il y aurait eu d'autres prétextes. Mais il fallait impérativement que ce soit le France qui déclare la guerre, car sans celà, les pactes d'alliance ne fonctionnaient pas.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Bonjour,
Notre attaché militaire de l'ambassade de Berlin (savoir le colonel Stoffel) envoyait rapports sur rapports concernant la menace imminente d'une guerre avec la Prusse. D'après les écrits de Bernard Giovanangeli, Eric Labayle, Jean-François Lecaillon et du saint-cyrien Henri Ortholan dans l'excellent ouvrage intitulé "1870 : "Les soldats et leurs batailles", Stoffel décrivait tous les dangers d'un conflit avec la Prusse dans des dépêches prophétiques qu'il envoya à Paris de 1866 à 1870. L'Empereur lui-même n'ignorait pas non plus la militarisation à outrance de la Prusse à partir de Sadowa (1866). Le général Bourbaki en dresse d'ailleurs le constat alarmant dans un rapport remis au ministère de la Guerre quelques temps plus tard. Et puis il y avait aussi le gouverneur militaire de Strasbourg qui avait de tels pressentiments si j'ai bon souvenir (il me semble bien que ce gouverneur était le général Ducrot, lequel se décarcassait [ ] à envoyer aussi des lettres dans ce sens au Maréchal Randon, puis à son remplaçant le Maréchal Niel, à partir de 1865) .
Mais tous ces avertissements resteront lettre morte, tout simplement parce que le gouvernement et l'opinion n'imagineront pas autrement que vainqueurs les soldats qui s'illustrèrent en Crimée, en Lombardie et ou Mexique, et ce quel que soit l'adversaire qui leur soit opposé.
Chacun aurait dû pourtant savoir qu'en matière militaire, la présomption est presque toujours fatale...

Cordialement.

Cordialement.

_________________
"Vous êtes de la merde dans un bas de soie" (Napoléon à Talleyrand).

Bonsoir,

Plusieurs historiens et auteurs ont souligné que NAPOLEON III s'était laissé entraîner dans la guerre par BISMARCK et s'est engagé dans un conflit non véritablement préparé par l'armée française. L'erreur politique ou stratégique est antérieure de quelques années : NAPOLEON III devait soutenir l'AUTRICHE lors de la guerre de 1866 avec la PRUSSE quitte à entrer dans un conflit armée au lieu de continuer de s'empétrer dans la guerre du MEXIQUE en soutenant la canditature de l'archiduc MAXIMILIEN : la diplomatie française et européenne pouvaient penser et envisager que ce conflit devenait de plus en plus difficile compte tenu de la fin de la guerre de Sécession en avril 1865 qui amenait une possible intervention diplomatique des ETATS-UNIS. De ce fait le temps jouait contre NAPOLEON III qui aurait du mettre fin à ce conflit. Il devenait souhaitable voire nécessaire de rapatrier les troupes françaises surtout sepuis le moment que le différend austro-prussien s'orientait vers un conflit armée. Je pense que le gouvernement impérial devait soutenir à fond l'AUTRICHE pour empêcher la victoire de la PRUSSE. Il évitait ainsi de se retrouver seule face à une armée prussienne devenue plus forte. Cet épisode me rappelle aussi l'attitude de la FRANCE et de la GRANDE BRETAGNE en 1938 face à HITLER lors des accords de MUNICH : c'est dès cette date qui fallait soutenir à fond l'Etat démocratique qu'était la TCHECOSLOVAQUIE (même si la GRANDE BRETAGNE n'avait pas suivi la FRANCE comme en 1870) car à cette époque le gouvernement nazi était sans doute moins fort qu'en septembre 1939 où nous sommes intervenus pour soutenir un Maréchal et le gouvernement polonais qui n'était pas une démocratie.

_________________
"Mais la patrie perd plus que nous deux en perdant un officier distingué autant par ses talents que par son rare courage"-BONAPARTE-1796

Un personnage important manquait à Napoléon III, son demi-frère le Duc de Morny décédé en 1865.

L'écrivain Ernst Moritz Arndt, dès la période napoléonienne, avait en quelque sorte "prévu" la guerre franco-prussienne: « L’unité se fait par réaction contre la conquête : les Maures ont fait celle de l’Espagne, les Anglais celle de la France, les Français feront la nôtre ».

Mais en France, qui aurait pu prévoir ça? L'Empereur avait été plébiscité quelques mois avant sa chute...

_________________
On peut s'agiter en tous vents et cependant être paresseux. C'est que fixer avec constance son attention est un travail pénible, tandis que virevolter est, au fond, un passe-temps délicieux. Alexis PHILONENKO.

Il faudrait tout de même souligner que le seul prétexte de cette guerre déclarée par la France était la succession de la couronne espagnole après le renversement de la reine Isabelle II. Les Espagnols avaient demandé au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen s'il serait intéressé. Les Français se sont tout de suite violemment opposés à cette idée et toute la question des aller et retour de l'ambassadeur Benedetti auprès de Guillaume 1er, qui n'avait strictement aucune envie de guerroyer, a tourné autour de cette question. Et le prince Léopold et Guillaume 1er renoncèrent mais en France ce fut le duc de Gramont qui fit tant et si bien que la presse, les politiciens et toute la population parisienne réclama la guerre. C'est cependant vrai que cette guerre arrangeait Bismarck en vue de l'unité allemande. Mais il est tout aussi vrai qu'il n'y eut en fait aucun motif de guerre.
Références:
Georges Roux La guerre de 1870
Henri Guillemin Cette curieuse guerre de 1870