Bonsoir, Je voudrais encore réagir sur la question de la réhabilitation de l’empereur Napoléon III. Est-il encore nécessaire de se la poser en 2010, cette réhabilitation n’est-elle pas effective depuis quelques années ? La question a été publiquement posée en 1995 lors du colloque « Pourquoi réhabiliter le Second Empire » présidé par Jean Tulard, organisé au Palais des Congrès de Paris (donc pas en catimini) avec le concours de la Fondation Napoléon. On ne demandait plus s’il fallait réhabiliter le Second Empire, mais on expliquait pourquoi il fallait le faire. Douze intervenants se sont succédés à la tribune, et pas des moindres. Sans les citer tous, je nommerai Jean Tulard bien sûr, Maurice Agulhon, Francis Choisel, Thierry Lentz, Alain Plessis, William Smith, Claude Vigoureux. Aucun sujet n’a été éludé et ont été évoqués, objectivement, entre autres le coup d’Etat du 2 décembre, l’empire autoritaire, Sedan… Les actes du colloque ont été publiés, rapidement épuisé, l’ouvrage est introuvable. Les années qui ont suivi ont vu l’édition d’une quantité de livres, tant sur l’empereur et l’impératrice que sur le régime et sur les principales figures de l’époque : Haussmann, princesse Mathilde, Maupas, Mérimée, Morny, Persigny… Les mémoires d’Haussmann et ceux de Vieil-Castel ont été réédités, comme les Lettres de Prosper Mérimée à la comtesse de Montijo et les souvenirs de la princesse de Metternich, plusieurs livres sur le Coup d’Etat, sujet qui n’est plus tabou, récemment une biographie sur Plonplon.., j’abrège la liste des publications. Nous avons parlé plus haut de la place Napoléon III à Paris et de la messe aux Invalides à laquelle a assisté le gouvernement, le soutien de Philippe Séguin… De nombreuses villes, qui doivent leur existence ou leur splendeur à Napoléon III, le revendiquent haut et fort désormais : Boulogne, qui remet chaque année le prix Napoléon III à un auteur, Compiègne, qui offre le prix Mérimée, Deauville, création de Morny, qui a organisé cette année le colloque du Cent-cinquantenaire de sa création, Marseille, qui il y a quelques années a reçu avec faste les Amis de Napoléon III, avec déjeuner offert par la Ville au Pharo avec la présence du maire Jean-Claude Gaudin, Nice, qui célèbre en ce moment son rattachement à la France, avec le soutien du conseil général des Alpes maritimes et l’impulsion forte du ministre-maire Christian Estrosi qui participe régulièrement aux activités commémoratives du Second Empire et a présidé l’an dernier une délégation partie déposer une gerbe sur le tombeau de l’empereur à Farnborough, Plombières, toute petite ville des Vosges qui a superbement réussi le cent-cinquantenaire de l’Entrevue de Plombières, étaient présent Christian Poncelet, président du Sénat, 2ème personnage de l’Etat, le préfet des Vosges, le consul d’Italie, le maire de Santena (ville de Cavour), en Savoie Thorens-Glière qui célèbre l’annexion, Aix-les-Bains qui organise un colloque en septembre, Vichy, qui organise depuis plusieurs années une fête intitulée « Vichy fête Napoléon III » son maire est un ancien ministre. Là encore je ne peux citer toutes les villes mais on ne peut plus dire que les personnalités publiques font toujours la sourde oreille. Bicentenaire de la naissance de Louis-Napoléon oblige, j’en arrive au dernier colloque de mai 2008 organisé au collège de France (Sorbonne) par la Fondation Napoléon, sous la direction de Pierre Milza cette fois : « Napoléon III, l’homme, le politique. » Une trentaine d’intervenants, et toujours du beau monde, je ne cite pas. Les actes ont été publiés par les Editions Napoléon III, à posséder absolument. J’y ai assisté durant les deux journées et ai eu la chance d’arriver en même temps qu’Alain Decaux avec qui j’ai partagé la première matinée et ai pu bavarder un peu, son livre "Coup d’Etat à l’Elysée" était sous presse. Au risque d’être long je citerai encore le colloque du Congrès de Paris (1856) organisé en 2009 et évoquerai simplement la presse nationale qui ces dernières années y est allée de son écot très majoritairement positif pour parler de l’empereur : Les Echos, Le Monde, Figaro, l’Express, Marianne… Qui aurait dit cela il y a 10 ans ? Est-il encore besoin de parler de réhabilitation ? Le sujet n’est pas épuisé, si je ne lasse pas, je donnerai peut-être plus tard mon avis sur « la surévaluation en matière économique » qui était en fait la question de départ.
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