Bonsoir
L'erreur de l'Empereur fut de ne pas entrer en guerre avec l'Autriche quand celle-ci combattait la Prusse en 1866 .
En 1870, voilà la position des souverains européens face à la France :
_ François-Joseph : l'Empereur d'Autriche veut bien oublier que Louis-Napoléon lui a enlevé la Lombardie en 1859 en favorisant l'unité Italienne et abandonné son frère Maximilien au Mexique en 1865, mais il doit composer avec l'opinion neutraliste de ses sujets Hongrois et, surtout, avec la menace de représailles des Russes ( secrètement alliés à la Prusse) . Circonstance aggravante : la précipitation de la France en 1870 ne laisse pas François-Joseph le temps de préparer son peuple à l'idée d'une guerre, la troisième en 11 ans . Dans ces conditions, hésitant à franchir le pas, il subordonne son intervention à un premier succès Français en Allemagne du Sud ( celui-ci ne sera jamais enregistré), et à la condition que Louis-Napoléon y soit accueilli en libérateur . Vous verrez par la suite que ce monarque fut le seul qui n'eut pas de comportement anti-Français malgré sa défaite de 1859 contre la France .
_ Alexandre deux de Russie s'est brouillé sur la question Polonaise avec Louis-Napoléon, lequel tolère à Paris l'existence d'un parti Polonais ( quel erreur !
) animé par Walewski ( le fils naturel de Napoléon premier), d'un comité central pour la cause Polonaise et la publication de romans dénonçant les atrocités russes . Cette brouille s'envenime encore lors de la visite du Tsar à l'exposition universelle de Paris en 1867 . Le Russe prend très mal l'invective de l'avocat Floquet qui lance sur son passage un " vive la Pologne monsieur " ( monstrueux!
) . Puis au retour de la revue de Lonchamps, il essuie un coup de feu tiré par un patriote Polonais et échappe de peu à la mort . Le soir même, il veut repartir . L'Impératrice réussit à l'en dissuader mais le Tsar en garde rancune . En 1870, il promet à Bismarck de prendre l'Autriche à revers si elle fait cause commune avec la France .
_ Léopol deux, le roi des Belges, déteste Louis-Napoléon (et ben!) qui a spolié sa mère, une princesse d'Orléans, et rendu folle sa soeur Charlotte, la malheureuse impératrice du Mexique . En relevant, le 20 juillet 1870, que l'ambassadeur de France lui a secrètement demandé au moment de Sadowa ( 1866 défaite de l'Autriche devant la Prusse) d'annexer la Belgique et le Luxembourg, et en prenant soin de faire publier la nouvelle dans le " Times ", Otton Von Bismarck réussit à soulever contre la France à la fois, l'opinion Belge et l'opinion Britannique ( quel renard ce Bismarck
) . Léopold deux mobilise 80 000 hommes le long de la frontière Française et écrit à la Reine Vitoria, sa nièce par alliance " l'Empereur Napoléon est un conspirateur... il est grand coupable . L'Europe devrait profiter de l'occasion pour dicter à la France ses conditions ." Ainsi, avec cette question Belge, Louis-Napoléon a-t-il perdu le soutien de sa plus fidèle alliée, l'Angleterre .
_ La Reine Vitoria a de meilleures relations avec Louis-Napoléon depuis sa visite en 1855 et la guerre de Crimée . Mais, avec l'arrivée de Gladstone au pouvoir et le mariage de la princesse Vicky ( fille de Vitoria) avec le prince héritier de Prusse, l'Empereur a perdu ses appuis au gouvernement et à la cour ( encore un coup d'Otto Von Bismarck, très certainement!) . L'habilité de Bismarck a dévoiler les projets Belges de Louis-Napoléon va retourner l'opinion contre la France . Le lendemain de la déclaration de guerre par la France, " l'illustrated News " écrit : " l'Empire libéral fait la guerre pour une question d'étiquette " . Le Times renchérit : " C'est le plus grand crime qu'une nation ait commis depuis la chute de Napoléon " . Et Vitoria note " le comportement vantard et prétentieux des Français rendaient la guerre inévitable " ( il est vrai qu'elle peut se permettre ce genre de réflexions, vu que sous son règne, plusieurs phases de l'histoire de l'Angleterre furent falsifiée) .
_ Le Roi Victor-Emmanuel deux doit la Lombardie à Louis-Napoléon, mais la Vénétie à Bismarck ( encore lui!) . Mais la France, en maintenant à Rome une division pour protéger le pouvoir temporel du Pape, empêche le roi Italien d'en faire sa capitale . Soucieux de ménager l'opinion des catholiques, dont certains ne craignent pas de dire " plutôt les Prussiens à Paris que les Italiens à Rome "; Napoléon refuse de "perdre son honneur sur le Tibre " . L'Italie, elle, optera pour la neutralité .
_ Le roi du Danemark, Christian neuf, désireux de récupérer les duchés de Schleswing et du Holstein arraché par la Prusse en 1864 après la défaite du Danemark devant celle-ci, envisage bien un moment de débarquer près de Kiel . Mais la mauvaise volonté de notre ministre de la Marine, l'amiral Rignault de Genouilly, retarda l'opération et lorsque les Danois apprirent nos défaites en Alsace, ils jugèrent bon de s'excuser .
De toute façon, l'armée Française victorieuse des Russes en Crimée et de l'Autriche en Lombardie se devait de s'imposer toute seule . Pour cela il aurai fallu que notre armée soit modernisée ( effectifs + artillerie), mais la loi de 1866 ( qui visait à moderniser l'armée Française) sera jetée aux pâquerettes ( pour les raisons politiques et anti-Louis Napoléon). Tout cela fera triompher une Prusse qui avait été logiquement battu en 1794 et en 1806 par ces mêmes Français .
a+