Fusionné de "Archives" (avril 2002)Citer :
Reignault Philippe
J'aurais deux questions à soumettre au forum :
1. Tout d'abord, quelqu'un a-t-il fait le voyage a Chislehurst ou Farnborough? Cette personne pourrait-elle décrire ses impressions et la façon dont se déroule la visite de ces sites ?
2. Un débat (ou même une simple discussion) a-t-il existé à une époque sur l'éventualité du rapratiement des cendres des membres de la famille impériale en France ? Ce débat serait-il envisageable aujourd'hui, à moins qu'il ne le soit déjà par quelque passionné ou historien de l'époque ?
webmaster
Pour répondre à vos questions, je vous dirais que je n'ai, pour l'instant fait que la visite virtuelle de l'abbaye de Farnborough (cf page de liens du site) ; sinon je crois savoir que la crypte est uniquement accessible le samedi ou sur rendez-vous (je tâcherai d'en savoir plus).
En ce qui concerne le retour des cendres de la Famille impériale, des projets sont discutés, et des gens comme Philippe Séguin leur apporte leur soutien. Toutefois la difficulté semble résider dans le fait que la famille impériale actuelle désirerait un retour "officiel" et pas un retour "privé" comme celui de Louis-Philippe ; d'autre part, j'ai cru entendre que les moines de Farnborough ne voient pas tout cela d'un très bon oeil.
Bref, on en parle (comme du retour de Chales X), mais rien ne se fait...ce n'est peut-être pas politiquement correct ?
Paul François
Concernant le retour des cendres, le projet fut soumis à François Miterrand par le maire d'Ajaccio (alors Charles Ornano,"maire bonapartiste") dans les années 90.
On connaît le rapport ambigu du président avec Napoléon III qu'il considérait comme le modèle de De Gaule pour édifier cette Ve République qu'il avait tant combattue pour se plier pleinement à son moule et se comporter même en monarque bâtisseur...
enfin cela dit, il accepta le projet, mais pas question de cérémonie nationale, et tout aux frais de la commune.
La chapelle impériale bâtit par Napoléon III est un monument suffisamment fastueux pour y accueillir l'Empereur qui aurait alors reposé auprès de Charles et Laetitia (Mater Regis) et des altesses impériales qui peuvent de nouveau reposer là ou tout a commencé, depuis la levée de la loi d' exile : Ajaccio.
Le projet fut abandonné faute de moyens et surtout d' une réhabilitation nationale, il vaut mieux attendre.
Dans le contexte actuel de la Corse, et cela me fait mal au coeur de devoir le dire il vaut même mieux Paris plutôt qu' Ajaccio.
Reignault Philippe
Il est vrai que si le retour des cendres, ou un simple débat à son sujet, suscite une large vague de rapatriement des dépouilles des souverains proscrits, Napoléon III et les siens se retrouveraient a nouveau "noyés" dans un ensemble, ce qui nuirait je pense à la mise en valeur actuelle des qualités et des spécificités du Second Empire. Et la pression médiatique du "politiquement correct", c'est vrai, comme pour le reste, ne facilite pas les choses.
Alors, peut-etre faut-il attendre une époque où le travail de réhabilitation aura encore plus avancé avec certainement un petit(?) plus lié à des circonstances plus favorables mais actuellement imprévisibles!
Ceci dit, la volonté d'une cérémonie officielle de la part de la famille impériale se comprend aisément, cela montre son sens de l'histoire, de même que les réticences des moines de Farnborough, qui assument visiblement avec fidelite et ferveur la mission confiée par l'Impératrice.
Le baptème du Prince Impérial a, d'après Napoléon III, valu un sacre. Peut-etre que la réhabilitation historique liée à la mission émouvante et ininterrompue des moines de Farnborough vaudront-elles un retour des cendres en grande pompe ?
webmaster
Bien sûr le retour des cendres de la famille impériale ne doit pas se faire avec celui de la famille royale ; ce serait prendre le risque d'un amalgame fâcheux.
Je pense comme vous qu'il est peut-être encore trop tôt pour envisager ce retour dans le cadre d'une cérémonie officielle, mais j'irai plus moins en me demandant si un retour officiel est envisageable. En effet, le travail de réhabilitation actuel concernant Napoléon III et le second Empire ne touche qu'un public de passionnés d'Histoire et certainement pas le grand public ; de plus je n'imagine pas les politiques prendre l'initiative d'une telle action en faveur d'un homme qui reste connu pour avoir abattu la République.
Napoléon III, et même Charles X, n'ont pas la chance, comme Clovis, d'avoir été parmi les fondateurs de la nation française et de gagner ainsi les faveurs de la République. Je crois qu'ils sont trop marqués politiquement pour susciter autour d'eux un consensus national, permettant seul leur retour officiel dans leur pays.
Mais peut-être faudrait-il demander leur avis aux hommes politiques ? Nous pouvons toujours espérer avoir des surprises.
Reignault Philippe
Oui, la réhabilitation de l'empire n'en est finalement qu'à ses débuts. Et je suis entièrement de votre avis, nos repères et nos clivages politiques sont encore trop marqués de l'empreinte du 19ème sciècle (ne le redeviendraient-ils pas hélas de plus en plus, d'ailleurs, depuis qu'un certain Mur est tombé ?) pour qu'une polémique stérile ne vienne s'imposer. Ramené à l'échelle d'une vie, le "séjour" à Ham fut bien long. Alors, l'exil à Farnborough ramené à l'echelle de l'après-vie....
Pourquoi faites vous le parallèle entre Napoléon III et Charles X ?
Je ne suis pas du tout connaisseur de ce Roi, mais d'après le peu que je sais, il ne s'est pas particulièrement distingué par ses idees pionnières et son règne ne fut pas marqué par des progrès marquants.
J'ai encore une question :
J'ai appris récemment grâce à votre site qu'Eugénie, vers la fin de sa vie, est entré en contact avec Clémenceau pour lui remettre des documents prouvant que l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne après Sedan n'avait qu'un caractère stratégique et militaire.
Sait-on en quoi exactement cette démarche a-t-elle facilité le retour de la région dans l'hexagone après l'armistice malgré les réticences américaines de l'époque ?
Que sait-on de la façon dont Clémenceau a accueilli la démarche de celle qui était certainement encore considérée -sinon comme une pestifére- comme une des grandes responsables de cette annexion ?
webmaster
Le parallèle que j'ai pu faire entre Napoléon III et Charles X ne portait pas sur leurs idées, leurs conceptions de la politique et de la société, mais bien sur le fait que tous deux, pour des raisons différentes, ont une postérité historique négative et que de ce fait, leur retour en grande pompe en France est difficilement envisageable.
Il va de soi que Charles X ne brillait pas par sa clairvoyance et son ouverture politique et qu'il ne peut en aucun cas être comparé à Napoléon III qui avait un tout autre projet politique pour la France que celui de favoriser une partie de la société française au détriment des autres.
Quant à votre seconde remarque, je vous dirai que, dans un premier temps, Clemenceau a accueilli les avances de l'Impératrice avec agacement, mais pas avec la hargne qu'on aurait pu attendre d'un ancien ennemi irréconciliable de l'Empire. Eugénie était alors preque entrée dans l'Histoire et Clemenceau était sans doute trop intelligent et pratiquait la politique depuis trop longtemps pour ne pas savoir que l'Empire n'était pas seul responsable de l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
Il est vrai que Wilson particulièrement hésitait à permettre le retour de cette région à la France sans au moins un référendum préalable, mais il semble établi que le fait d'avoir mis sur la table la lettre de Guillaume Ier à Eugénie a permis à Clemenceau d'obtenir ce retour sans condition.
Cependant, j'imagine mal comment les Américains auraient pu imposer un référendum à la nation qui avait payé le plus lourd tribut en hommes de tous les pays alliés, surtout à propos d'une revendication que tout le monde ou presque considérait comme légitime.
Reignault Philippe
Merci pour toutes vos précisions.
Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un drôle de sentiment face à cette anecdocte liée à l'ultime intervention politique d'Eugénie.
Sans doute a-t-elle saisi cette oportunité de se rendre utile a son pays une dernière fois, bien qu'étant complètement et définitivement éloignée des affaires, avec l'espoir de diminuer un tant soit peu la lourde charge qui pesait contre l'Empire en général et elle en particulier. Sans nier aucunement leur responsabilité respective dans cette affaire, cela constitue quand même un petit rayon de lumière dans la nuit du drame de la chute de l'Empire et de l'amputation du territoire qui en a resulté.
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J'ai visité l' 'Eglise St. Mary pendant le voyage annuel de "Les Amis de Napoléon III" (16-20 octobre 2002).
Avant tout, je voudrai préciser que St. Mary n'est pas fermé: bien au contraire, c'est une église catholique ouverte au culte et l'actuel curé Briggs (qui est en train de imprimer une histoire de sa paroisse) connait force détail sur la Famille Impériale et sur les funerailles de Napoleon III et de son fils.