Cher Thomas Duke,
je ne suis pas si fanatique de Napoléon III que je condamne excessivement tous les opposants à son régime. Cependant je juge durement Hugo à qui je reproche d'avoir toujours changé au bon moment de côté. En outre les Châtiments ne font qu'aggraver son cas: rien de plus méprisant. Il emploie toute son énergie et sa haine à attaquer Napoléon III dans ce livre et dans nombre d’autres pamphlets. Il prend la personnalité de Napoléon Ier, qu’il vénère, pour montrer que Napoléon III est un incapable, indigne neveu de son oncle, un monstre sanguinaire, un crétin (excusez-moi pour le terme, mais c'est l'idée d'Hugo).
Est-ce que cela ne change pas votre opinion sur Victor Hugo en homme politique. D'accord, on peut être opposant à un régime, mais Hugo exagère:
Voici un extrait des « Châtiments » :
Citer :
Quand l'eunuque régnait à côté du césar,
Quand Tibère, et Caïus, et Néron, sous leur char
Foulaient Rome, plus morte, hélas! que Babylone,
Le poète saisit ces bourreaux sur leur trône;
La muse entre deux vers, tout vivants, les scia.
Toi, faux prince, cousin du blême hortensia,
Hidalgo par ta femme, amiral par ta mère,
Tu règnes par Décembre et tu vis sur Brumaire,
Mais la muse t'a pris; et maintenant, c'est bien,
Tu tressailles aux mains du sombre historien.
Pourtant, quoique tremblant sous la verge lyrique,
Tu dis dans ton orgueil : - je vais être historique. -
Non, coquin! le charnier des rois t'est interdit;
Non, tu n'entreras point dans l'histoire, bandit!
Haillon humain, hibou déplumé, bête morte,
Tu resteras dehors et cloué sur la porte.
Livre X, Jersey 1853
Joli n'est-ce pas? Je n'arrive pas à comprendre cet homme: c'est un grand poète, oui, mais en tant qu'homme...
Fialin