Alain.g a écrit :
1848 est une révolution fascinante, elle répète la première révolution, sa passion, mais avec en plus l'apparition de la classe ouvrière, l'irruption du social.
H. Guillemin écrira : "1848 est une première résurrection de la République". C'est une réédition réussie de 1830. En plus des espérances libérales et patriotiques, le social a trouvé sa place. On ne souhaite pas simplement corriger la machine politique mais le fonctionnement de la société humaine. Si le malaise prolétaire est incontournable, le malaise rural plus diffus, plus lointain, plus diversifié ne sera pas laissé sur le chemin et le paria social est peut être encore plus le paysan que l'ouvrier. Il est représenté par des romantiques dans la veine de George Sand, Balzac se sent plus citadin.
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On retrouve l'opposition entre une majorité qui fait la révolution et une minorité montagnarde qui comme en 1793 écarte la légalité et tente d'imposer sa loi, en vain.
Avril verra à Rouen des effusions de sang. La Montagne de 1848 semble quelque peu différente de celle de 1793. Hugo y prend place. Les titres des journaux sont explicites : "La Réforme", "La Démocratie pacifique", "Le Populaire", "La République", "L'Evènement" où Hugo écrit, "Le Peuple" Proudhon y insère ses articles. Aux côtés d'Hugo et de Schoelcher émergent de nouveaux dirigeants. La Montagne compte moins de notables que le parti de l'ordre mais elle est encore loin d'avoir substitué en son sein l'élu de type militant (ouvrier, cultivateur, instituteur) à l'élu de type notable tel que pharmacien, notaire, avocat ou même rentier.
Au "Parti de l'ordre", on trouve Ledru, Marrast, Blanc.
Les journées de juin étonnent : "Les contemporains, très habitués aux insurrections politiques, ne s'imaginaient pas des gens du peuple se soulevant sans chefs bourgeois, sans but précis. Les hommes cultivés n'avaient même pas sur les sentiments des ouvriers les notions superficielles que la littérature donne : des hommes du peuple se battant pour leur compte ne semblait ne pouvoir avoir d'autre but que piller ou tuer" (Ch. Seignobos). Aussi vient le temps des malentendus. La grande obsession du Parti de l'ordre semble être celle du sang.
"Cette Montagne était aussi celle de Schoelcher essayant de faire abolir la peine de mort. La hantise la plus forte était moins celle de la terreur que celle de la "jacquerie". Sous ce terme le bourgeois conservateur redoutait la violence populaire "spontanée" parce-qu'il attribuait à la "populace" (aisément confondue avec le peuple) des instincts facilement sanguinaires. Rien ne le montre mieux que l'intérêt inquiet du moment : l'abattoir... Le peuple perdrait l'habitude des spectacles de sang. Ce souci de moraliser la foule se trouve autant chez un Cabet qu'un Gramont... On entra dans la phobie du rouge et innombrables furent les PV dressés pour des drapeaux, cravates, coiffures, bouquets de fleurs..."
Un autre malentendu : la religion.