Bonsoir,
Voilà, je reviens donc d’un grand et beau voyage grace au ticket fournit gracieusement par Tumi.
Ancientscripts est un site exceptionnel et son auteur, Lauwrence LO, nous livre un travail de premier ordre sur tout ce qui a trait aux écritures antiques. Il va sans dire que j’y ai appris beaucoup et que la rédaction de ce post en sera inspirée dans une large mesure. Le risque n’était pas mince de se perdre sous ce flot d’informations, aussi avais-je décidé dès le début de me focaliser sur la cible très précise de ce topic : La genèse de l’écriture en méso-amérique.
N’ayant pas non plus la naïveté de croire automatiquement ce que je lis sur le Net., je me suis donné la peine de vérifier les sources de LO (appréciez le trait d’esprit !). Et puisqu’il n’est, ni archéologue, ni linguiste, il nous explique se référer aux travaux de spécialistes, nous présente leurs travaux et fournit souvent les liens propres à nous permettre certains approfondissements ou vérifications.
Si l’on s’en tient à la chronologie de Duverger qui determine l’horizon unificateur Omèque comme l’Epoque 1 et, qu’il circonscrit dans le temps de -1500 à -500 av. notre ère, cela couvrirait à première vue, et selon les témoignages archéologiques dont nous disposons actuellement, l’apparition du « langage des signes » (C. Magni) et l’évolution progressive conduisant à la naissance de plusieurs systèmes d’écritures. Ces systèmes apparaitront sinon simultanément, du moins dans un laps de temps très court (un ou deux siècles tout au plus) et dans un espace géographique couvrant l’ithsme de Tehuantepec et de ses environs immédiats. Je désigne là, les écritures épi-olmèque, zapotèque et maya.
Le « langage des signe » de caterina Magni qui est défini sur ancientscripts comme un système hautement complex et conventionnel de symboles, paraît donc reconnu scientifiquement par une part appréciable de chercheurs.
Ce fait ne gomme d’ailleurs pas la vieille discorde qui oppose deux visions de l’Omécologie. La plus ancienne voudrait que la culture olmèque apparaisse dans la zone du golfe, comprenant les grands centres cérémoniels tels Très Zapotès, San Lorenzo, La Venta, et que par une conquête des régions voisines, un « état » se bâtit et s’impose à un ensemble de peuples que l’on pourrait dire « colonisés ». Cette école, encore dominante de nos jours, qualifie un espace fondateur pour la civilisation olmèque par le sigle ZMO (Zone métropolitaine olmèque) et lui oppose les régions périphériques dites « hors ZMO ».
La deuxième école, sous l’impulsion de C. Niederberger, caractérise ce qui est Olmèque par un style et par l’organisation d’une civilisation pan-méso-américaine. Caterina Magni se revendique assez catégoriquement de cette vision. S’appuyant sur des datations au carbone 14 qui attestent la présence ancienne de la culture olmèque dans des régions comme, les vallées de México, d’Oaxaca, du Chiapas etc…, la description d’un ensemble multi-ethnique et d’une organisation clanique devient prédominante.
Quoiqu’il en soit, la majorité des archéologues s’accorde à reconnaître que la symbolique du « langage des signes » était commune à l’ensemble de l’espace olmèque et aurait permis aux initiés de différentes régions d’interpréter la signification de ceux-ci. Un échange d’informations était d’ors et déjà possible alors que la domination cuturelle olmèque n’en était qu’à ses débuts. A partir du moment où ces symboles conventionnels véhiculaient des significations spécifiques, il devenait possible avec le temps que l’on aboutisse, par juxtaposition d’idées à une complexification du message et pour finir, à une écriture. Ce qui précède relève de mon opinion personnelle et je me dois de convenir que C. Magni voit les choses tout différemment. En effet, dans son livre « Les Olmèques, des origines au mythe », page 132, elle nous explique clairement pourquoi il ne faut pas confondre le « langage des signes » avec un système archaïque qui aurait préfigurer l’apparition de l’écriture. Je reviendrais ultérieurement sur son argumentation. La stèle de Cascajal, que j’évoque dans le post 1, semble n’être aussi qu’un des nombreux supports de « Langages des signes » que l’on ait retrouvé hors contexte archéologique puisque de nombreux objets de cette nature hantent les collections privées. Le caractère exceptionnel de la stèle tient surtout au nombre important de signes y figurant.
Dans toutes les premières écritures de la méso-amérique, on retrouve un système de numération fondé sur des chiffres représentés par des points (valeur de l’unité) et des barres (valeur cinq unités). Cet arithmétique fondamentale semble principalement liée à l’établissement d’un calendrier et, du comput du temps de façon générale. Il semble donc que ces deux inventions précèdent celle de l’écriture. Mais, pour ce dernier point, le matériel archéologique dont nous disposons est rare et l’appartenance culturelle des pièces s’y rapportant, est fréquement très discutée. Bien que ce point de vue soit vivement débattu dans la communauté scientifique, une large part des archéologues considère quand même que les témoignages sur une création olmèque d’un calendrier, dès le milieu de la période 1 (chronologie de Duverger), sont assez probants. En tout cas, les chiffres, selon le système barre/point, apparaissent couramment dans les « documents » relatifs à cette période.
Il nous est rapporté par Lawrence LO que l’ensemble des écritures méso-américaines peut se dissocier en deux groupes principaux qui sont, le groupe du Sud-Est et, le groupe d’Oaxaca.
Le groupe du Sud-Est réunirait l’Epi-olmèque et le Maya. Ces deux sytèmes partageant beaucoup de caractéristiques communes comme, une gamme complète de signes représentant l’ensemble des sons de leurs langues (logophonétique), des unités liguistiques telles des verbes et des noms, une organisation de la phrase, certains glyples quasiment identiques et l’utilisation du compte long. On pourrait penser que l’épi-olmèque soit à l’origine de l’écrit Maya mais là encore sans aucunes preuves indiscutables. Au gré des découvertes, la possibilité que l’inverse soit vrai est d’ailleurs concevable…, il faudait pour cela que l’on retrouve des traces de l’écriture maya de deux ou trois siècles plus anciennes que celles dont nous disposons actuellement.
Le groupe d’Oaxaca découlerait tout entier de l’écriture zapotèque (apparut vers – 500 av. J-C) qui aurait donné naissance directement ou par l’intermédiaire du Nuine (pardon pour l'orthographe!), à de nombreuses écritures ultérieures comme celles des Mixtèques, des Toltèques et des Aztèques.
A ce point de mes explications, il est intéressant de revenir sur la thèse de C. Magni qui dissocie nettement le « Langage des signes » de l’écriture épi-olmèque et qui ne crois pas du tout que le premier soit la préfiguration archaïque de la seconde. Elle nous expose que le « langage des signes » est déjà une forme d’écriture complexe, signifiante principalement dans l’univers religieux, et, plus accéssoirement dans les symboles du pouvoir et les emblèmes identificateurs des représentations de personnages qui l’exercent. Les signes seraient déjà une expression traduite de l’oralité. Si le système des signes participe du même principe que l’écriture (qui lui sera postérieure de six ou sept siècles), nous tenons là deux points de départ bien distincts, d’une part des représentations pictographiques et idéographiques qu’utiliseront par exemple les Mixtèques et les Aztèques et, d’autre part l’écriture intégrant totalement le logophonétisme des Mayas…
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