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Message Publié : 14 Déc 2006 3:45 
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Polybe
Polybe
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Inscription : 02 Mai 2006 20:13
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Voilà, c'était le sujet de la dissertation que je viens de finir, en espérant que cela vous éclairera. Si au passage vous pouviez me dire ce que vous pensez de ce que j'ai fait, de toute façon à l'heure ou vous me lisez, c'est rendu :D .


L’histoire de l’Amérique ne débute pas en 1492 lors de sa « découverte » par les Espagnols ni même par la suite, lors de sa colonisation. Lors des millénaires précédant, de nombreuses populations ont essaimé ce vaste continent, des populations desquelles ont émergé plusieurs civilisations notamment en méso -Amérique et dans les Andes. Parmi ces dernières, trois d’entre elles connurent un rayonnement culturel et politique certain : Les Mayas, les Aztèques et les Incas. Si les connaissances actuelles concernant ces peuples ne sont pas exhaustives, elles ont le mérite d’être les plus étendues. Ces trois grandes civilisations conquirent de vastes territoires autour du haut plateau Mexicain, du Yucatan et à travers presque toutes les Andes et y exercèrent une influence politique et culturelle considérable en s’appuyant sur des systèmes politiques et administratifs très développés.
L’un des trait commun majeur de ces trois peuples, est le système féodal sur lequel reposait leur société. Cependant, cette féodalité commune s’appuyait sur des organisations politiques et administratives plus ou moins différentes d’un peuple à l’autre. On peut donc se demander en quoi les organisations politiques et administratives des Mayas des Aztèques et des Incas sont elles relativement distinctes les unes des autres ?
En effet, si une « certaine » autonomie locale existe pour chacune de ces civilisations, il existe des degrés de gouvernance bien marqués entre chacune d’elles.


Cette « certaine » autonomie locale commune reste néanmoins très variable dans son ampleur selon les peuples. Ainsi, si dans le cas des Mayas elle consiste en une véritable autonomie presque complète, il ne s’agit pour les Aztèques et surtout pour les Incas que d’une délégation partielle des pouvoirs et de l’administration.
Politiquement le territoire Maya comprenait un nombre important d’Etats -villes souvent comparées au système de la Grèce antique de Sparte et d’Athènes. Certaines cités exerçaient une domination sur des villes de bien moindre importance et surtout sur des villages, mais globalement, ces Cités – Etats étaient indépendantes politiquement les unes des autres, bien que nécessairement dépendantes commercialement. Certaines cités se sont unies pour former des fédérations, mais chacune d'entre elles conserva son autonomie par rapport aux autres cités. La gestion locale était donc bien plus importante qu’ailleurs. Chaque Etat était gouverné par un Halach uinic ( le vrai homme ) qui dirigeait la politique intérieure ainsi qu’extérieure et qui percevait l’impôt. Il avait comme autre fonction primordiale, celle de faire passer l’examen aux candidats pour le poste de batab, qui était la fonction tenue par le chef local d’un village. Il représentait le Halach uinic mais ne percevait pas d’impôts personnels, il était cependant entretenu par ses administrés et était chargé de la juridiction du village et du commandement de ses troupes. Ces dirigeants locaux formait l’aristocratie. Leur pouvoir était encore partagé par deux ou trois autres conseillers car sans leur assentiment, il leur était impossible de diriger. Les fonctionnaires les moins importants étaient les tupiles chargés de faire respecter la loi. Les centres villes étaient essentiellement politico – religieux, les maisons étaient souvent mêlées aux champs ce qui apportait donc un aspect rurale très important dans l’exercice et l’application du pouvoir, et ces villes, en dehors des échanges commerciaux n’avaient guère d’influence sur les autres villes. Le caractère autonomiste des mayas était donc très marqué.
A l’inverse, chez les Aztèques cet aspect autonomiste tend à s’estomper. L’organisation politique en ses débuts était démocratique. Elle s’appuyait sur un système de familles réparties en clan patrilinéaires ou calpulli. Ces clans jouissaient eux aussi d’une certaine autonomie : ils possédaient leur propre divinité, un temple, des terres et politiquement, une administration élue. Le fonctionnaire le plus important qu’ils élisaient était le calpullec. C’était un trésorier chargé de maintenir un équilibre économique. Ces clans avait même un pouvoir au plus haut de l’état puisqu’ils envoyait un délégué au conseil suprême de Tenochtitlàn. Les membres de ce conseil étaient appelés Tlatoani ( « parleurs ») . Or ces conseillers avaient des fonctions politiques et juridiques. Ils répartissaient les terres entre les clans par exemple ou désignaient celle qui devaient être cultivées en commun pour couvrir les dépenses du culte, de l’Etat ou des guerres. Ils élisaient aussi les quatre officiers commandant les forces militaires parmi lesquels étaient choisis le chef suprême, Tlacatecuhtli. Ce conseil avait même le pouvoir, en théorie, de révoquer ce chef. Le pouvoir local avait donc non seulement une importance locale, mais avait aussi une influence jusqu’au sommet de l’Etat. Cependant il semble qu’au fil des années, le système politique ce soit transformé en monarchie héréditaire et que l’importance des clans ce soit continuellement réduite au profit d’une noblesse elle aussi héréditaire et d’un pouvoir bien plus centralisé. Enfin chez les Incas, cet aspect autonomiste est bien présent mais il s’agit avant tout d’une délégation très partielle des pouvoirs d’un Empire centralisé. Certes un système de clan, les Ayullu existe aussi chez les Incas, mais la justice est rendu par un juge suprême curaca qui veillait aussi à la gestion de ces clans et au commandement en temps de guerre. Les Ayullu Incas n’avaient donc pas l’influence des calpulli Aztèques. Les autorités locales distribuent aussi les travaux manuels affectés à la population, cependant le peu de pouvoirs délégués aux localités sont toujours dirigés par des autorités intimement liées au pouvoir centrale. Ainsi si l’Empire était divisé en quatre zone administrative, Suyu, chacun d’eux était dirigé par un capac issu des parents immédiats de l’Inca. Une autonomie locale existait donc, mais elle était très limitée et étroitement lié au pouvoir impériale centralisateur.


Ces différences en matière d’autonomie locale sont révélatrices d’un certain type d’Etat et de gouvernance. Les Mayas et les Aztèques ne connurent aucune réelle unification politique forte alors que les Incas furent réunis sous l’égide d’un Empire au pouvoir absolutiste.
En effet, le caractère très autonomiste de la gestion politique des Mayas ne permit aucunement la formation d’une entité politique unifiée, même partiellement. Le territoire Maya comprend trois zones : Sud avec la côte pacifique et les hautes terres du Guatemala, Centre avec les régions du Chiapas et du Petén et qui s’étend jusqu’au golfe du Honduras, et enfin nord avec la péninsule du Yucatan. Jamais ces trois zones ne furent unifiées ou ne connurent d’union conséquentes en leur sein. Même l’unité linguistique ne fut réalisée. La gestion du pouvoir restreinte à la Cité – Etat se caractérise certes par un pouvoir monarchique héréditaire mais pas absolutiste. L’ Halach uinic était secondé par un conseil d’ Etat composé des principaux chefs, des prêtres et de certains conseillers spéciaux. En ce qui concerne les Aztèques, ils parvinrent certes à soumettre à leur joug leurs voisins, mais l’unification politique qui en découla ne fut que partielle. En témoigne la facilité pour les conquistadors Espagnols de s’allier aux divers peuples jusqu’alors soumis aux Aztèques. Il s’agissait d’avantage de la fédération contrainte de divers peuples reposant sur un système de tributs que d’une véritable union politique. Le pouvoir, du moins au début, n’était pas non plus exercé de façon absolutiste. Ainsi le pouvoir était partagé entre deux grands chefs, le Tlacatecuhtli chargé de la politique extérieur et de l’armée et le Cihuacoalt, ou serpent femelle, chargé de la politique intérieure. Il était en théorie révocable par le conseil, et le premier était élu par le conseil. Il existait cependant un système éducatif très strict chargé de la formation professionnelle et civique. Deux écoles se partageait le devoir éducatif, le Calmecac réservé aux nobles voulant devenir religieux et le telpochcalli ou l’on enseignait l’histoire, la religion et le maniement des armes aux enfants du peuple. Ceci démontre un soucis d’unité. De plus, au fil du temps, le pouvoir du souverain se renforça et devint d’avantage absolutiste, la transmission du pouvoir devint héréditaire et non plus élective, et la noblesse devint elle aussi héréditaire et non plus issue du mérite des meilleurs. L’accès au pouvoir et son exercice ne dépendait donc beaucoup moins des clans et donc des localités. L’union politique des territoires Aztèques restait donc largement à parfaire, mais l’instauration d’un pouvoir absolu semblait déjà amplement amorcé.
Cependant en comparaison, le régime politique Incas semblait bien plus avancé en matière d’unité politique et d’exercice du pouvoir absolutiste. Plusieurs éléments en témoignent : L’inca suprême était le souverain au sommet de la hiérarchie. Il était en quelque sorte souverain de droit divin puisqu’il était le descendant direct d’Inti, le dieu Soleil. Il nommait lui-même son propre successeur. Les hauts fonctionnaires de l’empire étaient des membres de la famille de l’Inca et plus généralement, tous les fonctionnaires étaient nobles. Ces derniers se distinguaient par le port de gros bâtons dans les oreilles, ce pourquoi on les nomma orejones. La société Incas se caractérise par une sociabilisation extrême dans laquelle s’efface l’individu au profit de la communauté. Chaque classe d’âge était assignée à certaines taches toutes réparties par les autorités. Des recensements étaient effectués au moyen de quipous ( des cordelettes nouées de façon à entretenir des comptes ) afin de rééquilibre la répartition des tâches au sein des groupes de travail. Ces données étaient retransmises par l’administration jusqu’à la capitale. Les populations cultivaient des terres qu’on leur attribuait de façon équitable et devait reverser une partie de leurs produits aux dépôts de l’Etat. Les indiens ne pouvaient circuler en dehors de leur circonscription sans autorisation spéciale. La société est donc très contrôlée. Ce contrôle s’exerce notamment au moyen d’un impressionnant réseau routier. Quatre routes relient la capitale aux chefs lieux des suyu et aux limites de l’Empire. Des messagers étaient chargés de transmettre les ordres ou les informations à la capitale ou depuis le capitale. Des tambos ou auberges jalonnent ces routes et permettent de ravitailler les armées en marche ou les messagers. Pour renforcer l’adhésion à l’Empire, les enfants des chefs locaux soumis suivent une éducation à la capitale et le Quechua, langue des incas, est langue officielle. Les autres dieux des populations soumises sont tolérés mais le Dieu Soleil est consacré comme supérieur. Enfin, dans le cas ou certaines populations restaient difficilement intégrables, les Incas pratiquaient le mitmaes qui consistait en un transfert de population massif vers des zones éloignées et inconnues de ces populations qui étaient désormais, confrontées à un milieu hostile, condamnées à l’intégration à l’Empire. Le contrôle de la population était donc très intense, et permit une unification politique et l’exercice d’un pouvoir absolu très important.


L’organisation politique et administrative de ces trois grandes civilisations était donc variée. Elle se caractérisait par l’établissement de modèles de gouvernements différents allant du système politique très hétérogène de Cités – Etats des mayas jusqu’au système d’avantage homogène d’un empire Incas centralisé au pouvoir absolu, en passant par une « fédération » Aztèque encore en pleine mutation politique lors de la conquête.

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La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, nombre de gens vous semblent beaux avant de vous apparaitre cons.


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Message Publié : 14 Déc 2006 20:15 
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Polybe
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Inscription : 02 Mai 2006 20:13
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Bon apparament tout le monde s'en fiche et personne n'a d'avis à donner :(

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Message Publié : 14 Déc 2006 21:21 
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Polybe
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Inscription : 21 Mai 2006 9:39
Message(s) : 103
Localisation : Wettolsheim
Il suffit d'être patient et il y a forcément des gens que ça intéressera ! :lol:
j'ai trouvé cela très intéressant, mais je ne serais surement pas un bon juge de ce travail, n'étant pas prof !
En tout cas je le relirais encore en essayant de rassembler mes idées afin de revenir sur le fil.


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Message Publié : 15 Déc 2006 9:05 
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Inscription : 09 Mai 2006 18:17
Message(s) : 387
Localisation : Metz
Bonjour Sangre,

Je rejoins ce qu'a écrit Stef...

C'est tout à fait aimable de votre part de nous avoir proposé votre exposé. Veillez néanmoins à ne pas poster de messages d'impatience ou de dépit même pas 24 heures après la mise en ligne du sujet. Cela pourrait être pris comme une manière de forcer la main et inciterait plutôt à ne pas répondre.:wink:

Par ailleurs, votre question sollicite une appréciation sur un travail qui sera soumis à l'évaluation d'un vos professeurs. Aux yeux de certains lecteurs de ce forum, ce genre d'exercice peut être quelque peu délicat, voire risqué...

Ceci étant précisé indépendamment des informations et de la réflexion que vous apportez dans votre texte.

PJ


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