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Message Publié : 20 Jan 2009 23:47 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Il y a quelques semaines, un débat a eu lieu dans cette rubrique sur la façon dont Cortés voyait les Indiens et le pays qu'il découvrait. Pour certains, il n'était qu'un aventurier assoiffé d'or. Pour d'autres (dont je faisais partie), il n'était pas que cela et avait un intérêt réel pour tout ce qu'il découvrait.

Ce débat m'a donc poussé à relire les Lettres que Cortés avait envoyées à Charles Quint, lettres qui constituent les seuls écrits que l'on a du conquistador. J'en ai tiré quelques extraits (il est impossible de tout recopier) et fait une petite compilation, centrée sur ce que Cortés écrit des contrées, villes et habitants qu'il découvre. J'ai agrémenté ces extraits de quelques commentaires. Après lecture de ces lettres officielles (donc par nature peu enclines à exprimer les sentiments de l'homme), force est de constater que ceux qui ne voient en Cortés qu'un aventurier intéressé par les richesses ratent tout un pan de sa personnalité.



Dans sa courte Première Lettre, il dit à propos des premières tribus indiennes qu’il rencontre sur la côte (et qui ne représentent rien à côté de la splendeur des villes qu’il rencontrera par la suite) :
« Les temples et mosquées [sic] où ils tiennent ces idoles sont, petits et grands, admirablement sculptés et il y a des villages où les idoles sont enjolivées de plumes et d’étoffes brodées avec le goût le plus délicat. (…) Vos Majestés jugeront si elles doivent remédier à d’aussi grands maux (les sacrifices humains) et si nous n’agirions pas pour la plus grande gloire de Dieu en instruisant ces malheureux dans notre sainte religion catholique et en changeant la dévotion, foi et espérance qu’ils ont en leurs idoles, en celles de la puissance de Dieu ; car il est certain que s’ils servaient Dieu avec le même zèle, la même foi et la même ferveur, ils feraient des miracles. »
Bref, aucune volonté de détruire mais de changer les croyances religieuses et surtout d’arrêter les sacrifices humains, chose que l’on retrouvera tout au long de sa relation.


Dans la Deuxième Lettre, Cortés commence par parler de ces mêmes Indiens de la région de Veracruz, qui recherchent la protection espagnole contre Moctezuma :
« Les habitants y resteront les loyaux et fidèles serviteurs de Votre Majesté comme ils l’ont été et le sont encore aujourd’hui. (…) Ils m’ont dit qu’ils désiraient être mes amis (…) de mon côté, je les ai toujours traités avec la plus grande bienveillance. »

Dans les provinces de Cempoal, Sienchimalen et Ceyconacan, il reçoit à chaque ville et village un accueil cordial des habitants auxquels il ne manque pas de rendre hommage.

A Iztacmastitan :
« Sur une colline très élevée se trouvent les palais du cacique avec une forteresse comme nous en avons peu en Espagne, avec ses mûrs, ses créneaux et ses fossés. »

Arrivant près de Tlaxcala, des guerriers l’attaquent :
« (…) dans ces charges, nous leur fîmes un certain mal, leur tuant une cinquantaine d’hommes, sans perdre un seul des miens, encore que ces Indiens combattissent avec grand courage, mais comme nous étions à cheval, nous chargions au galop (…) »
Aussitôt la bataille terminée, des envoyés parlementent et expliquent à Cortés que les caciques n’étaient pas au courant de l’attaque et qu’ils s’en excusaient, disant :
« Qu’ils voulaient être nos amis, que nous pouvions avancer sans crainte et que nous serions très bien reçus. Je les remerciai, me déclarai leur ami et leur dis que j’irais de l’avant comme ils m’y engageaient. »

Bien sûr, nous ne sommes pas dans un roman de chevalerie : le calcul politique de Cortés est évident. Ceci dit, nous sommes loin d’une conquête uniquement violente par un aventurier avide d’or et méprisant les Indiens. Ce passage n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres ; on sent toujours dans ces lettres une légèreté, un certain respect mutuel, un certain fair play.

Le jour suivant, Cortés est à nouveau attaqué par surprise par des guerriers qu’il qualifie quand même de « si courageux ». Ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs de se vanter d’en tuer beaucoup (en exagérant les chiffres) ni de dévaster certains villages tlaxcalèques.

Durant cette campagne, lorsque ses hommes sont défaillants, il leur rappelle « que nous étions en voie de gagner [au roi d’Espagne] les plus grands royaumes et seigneuries qu’il y eût dans le monde ».

Quand finalement la paix se fait avec Tlaxcala et qu’après avoir fait son ronchon, môssieur accepte enfin de séjourner dans la ville, il n’a pas de mots assez beaux pour la décrire :
« Cette ville est si grande et si belle que je n’en dirai pas la moitié de ce que j’en pourrai dire, et le peu que j’en dirai est presque incroyable, car elle est plus grande que Grenade ; elle est mieux fortifiée ; ses maisons, ses édifices et les gens qui les habitent sont plus nombreux que ceux de Grenade au temps ou nous en fîmes la conquête, et mieux approvisionnée de toutes les choses de la terre, pain, oiseaux, gibier, poissons des rivières, légumes et autres vivres dont ils font usage et mangent excellents. Il y a dans cette ville un grand marché où se pressent plus de trente mille acheteurs et vendeurs, sans compter une foule d’autres petits marchés disséminés dans la place. Il y a dans ce marché toute espèce de marchandises en vivres, étoffes et vêtements que les gens peuvent désirer ; on y voit des joyaux d’or, d’argent, de pierres précieuses et des ouvrages de plume d’un fini merveilleux, qu’on ne saurait égaler dans les marchés les plus célèbres du monde ; on y rencontre des poteries de toutes les formes et peut-être meilleures qu’en Espagne ; ils vendent du bois et du charbon, des herbes comestibles et médicinales ; il y a des maisons de barbiers où l’on vous coupe les cheveux et lave la tête ; il y a des bains. Enfin, un ordre parfait règne dans cette ville dont les gens paraissent sages et policés (…) »

Sans en faire un Lévi-Strauss avant l’heure, il est indéniable que Cortés est intéressé voire fasciné par ce qu’il voit et que ce n’est pas, en l’occurrence, par souci d’or et de richesses.

Une anecdote sur un voleur permet de voir comment se passait la justice et également le respect des prérogatives des seigneurs de Tlaxcala par Cortés :
« (…) les seigneurs remirent le voleur entre mes mains ainsi que l’or volé, en me disant que je le fisse châtier. Je les remerciai de leur diligence ; mais je répondis qu’étant leur hôte je ne saurais empiéter sur leurs droits en châtiant un de leurs sujets et qu’ils voulussent bien le punir selon leur coutume ».

Cholula est « une ville aussi belle qu’aucune d’Espagne » même si « beaucoup de pauvres gens s’en vont par les rues et les marchés, implorant les riches, comme cela se passe en Espagne (…)»

Sur le chemin de Tenochtitlan, Cortés atteint « une ville toute petite mais la plus belle que nous ayons jamais vue. La distribution en était parfaite ; ses maisons et ses temples étaient magnifiques et elle était entièrement bâtie sur l’eau. Dans cette charmante ville d’environ deux mille habitants, nous fûmes admirablement reçus et traités ».

Un peu plus loin, il est émerveillé par les châteaux d’Iztapalapa : « Le cacique a des palais qui, quoique inachevés, sont aussi beaux que les plus beaux que nous ayons en Espagne : je dis bien des plus beaux, des plus ornementés et des mieux organisés, aussi bien pour le corps de bâtisse, la charpente, les planchers et la perfection des services dans l’intérieur ; sauf les ornementations en relief et autres riches détails, d’usage courant en Espagne et dont ils ne se servent pas ici. » Puis il s’extasie devant les jardins : « pleins de grands arbres et de belles fleurs avec de grands bassins d’eau douce aux bords cimentés et munis d’escaliers qui descendent au fond des bassins. Il y a un immense jardin potager près du palais au-dessus duquel s’élève un belvédère orné de galeries et de salles magnifiques ; dans ce potager se développe un immense réservoir d’eau douce de forme carrée avec ses murailles admirablement construites, et tout autour une promenade pavée de brique, assez large pour quatre promeneurs de front (…). De l’autre côté (…) s’étend un champ de canne à sucre et, au-delà, de charmants bosquets et des parterres de fleurs parfumées. Dans le réservoir, il y a beaucoup de poissons et beaucoup d’oiseaux (…) en si grand nombre que parfois ils couvrent l’entière surface du bassin. »

Tout cela n’est rien en comparaison de Tenochtitlan. La rencontre entre Moctezuma et Cortés est retranscrite dans un style assez simple et émouvant. Lorsque, par la suite, le conquistador décide d’emprisonner l’Empereur aztèque, il s’en excuse presque : « (…) après avoir passé six jours dans cette grande ville de Tenochtitlan, ayant observé beaucoup de choses et fort peu cependant relativement au grand nombre qu’on peut y voir, il me parut nécessaire au service royal et à notre sûreté que le seigneur Moctezuma fût en mon pouvoir et non en liberté, de crainte qu’il ne changeât d’avis au sujet de la résolution qu’il m’avait manifestée de service Votre Majesté, d’autant que nous autres Espagnols étant fiers et inquiets, nous pouvions le blesser, en retour de quoi il aurait pu nous faire bien du mal vu sa grande puissance. (…) Je résolus donc de m’emparer de sa personne et de la transporter dans le palais fortifié que j’habitais. [Je lui disais] qu’il serait bon qu’il vînt au palais, que je le priais instamment de ne point s’offenser de cette mesure, qu’il jouirait près de moi de toute sa liberté ; (…) qu’il choisirait une salle du palais quelle qu’elle fût et que je serais tout à ses ordres (…), que chacun de nous serait à son service. (…) Quand à mes compagnons et moi, nous faisions tous nos efforts pour lui être agréable »

Ce passage est intéressant car il montre toute l’ambiguïté des relations entre Moctezuma et Cortés. Il y a un réel respect entre les deux hommes (et, dans le cas qui nous occupe, un respect du rang de Moctezuma par Cortés qui le considère comme un grand seigneur) ; en même temps, chacun poursuit ses objectifs. Cortés est envoyé par ‘’le plus grand souverain de la terre’’, il vient d’une civilisation en plein essor, sûre de son droit et de sa supériorité. Mais il a le respect de la hiérarchie sociale et doit faire avec un grand roi qu’il respecte. C’est un jeu du chat et de la souris. Cela ne l’empêche d’ailleurs pas d’oser lui mettre les fers aux pieds après l’affaire de Qualpopoca même s’il les lui enlève très vite. Ensuite :
« Je fis si bien tout ce que je pus pour plaire au Prince et il en éprouva un tel contentement que bien des fois, lui ayant offert la liberté, le priant de retourner dans son palais, il me répondait toujours qu’il était fort bien avec moi, qu’il ne voulait pas s’en aller parce que près de moi, il ne lui manquait rien des choses qu’il désirait »

Un passage très intéressant concerne le moment où Cortés, après avoir demandé à Moctezuma si ce dernier pouvait lui dire d’où les Aztèques tiraient l’or et après que l’Empereur lui ait proposé d’envoyer des Espagnols avec les Indiens qui le rapportaient, raconte l’expédition de ses envoyés espagnols. Chez un aventurier assoiffé d’or, on pourrait s’attendre à une description en long, en large et en travers de la géographie des mines. Et bien non ! Il en parle succinctement puis part très vite dans une description des champs et des villes de la région :
« [Ils] allèrent en une province appelée Cuzula (…) ; là on leur montra trois rivières et de chacune d’elles ils nous rapportèrent des échantillons d’or très fin que les Indiens retirent de la façon la plus primitive (le lavage probablement). En chemin, mes Espagnols me dirent avoir traversé trois provinces très bien cultivées, toutes pleines de villes, de villages et de maisons de campagne avec de si beaux et si grands édifices qu’on n’en pourrait trouver de plus beaux en Espagne. Ils me citèrent tout spécialement un camp retranché avec forteresse, qui leur parut plus fort et mieux construit que le château de Burgos. Les habitants de l’une de ces provinces, appelés Tamazulapa, sont mieux vêtus que ceux de toute autre province et leur semblèrent très civilisés. »

Il faut avouer que ce passage est très révélateur. Bien sûr, le conquistador est intéressé par l’or (sinon, il n’aurait pas demandé à Moctezuma où se trouvaient ses mines !). Mais il faut bien constater, d’après ses lettres, qu’il est tout aussi intéressé par d’autres aspects du pays qu’il découvre et va conquérir. Voir en Cortés seulement un pilleur de richesses, c’est ne pas voir tout un pan de sa personnalité.

Je passe sur toutes les descriptions géographiques, très nombreuses dans le récit.

Après un discours assez tragique de Moctezuma aux caciques : « Je puis certifier à Votre Majesté qu’il n’y eut pas un Espagnol présent qui ne fut ému de cette douleur ». Evidemment, le fait que Moctezuma demandait à tous d’obéir au souverain espagnol considéré comme la réincarnation de Quetzalcóatl et, à défaut, à son capitaine, aidait à cette émotion mais tout de même…

Commentaire intéressant à propos du premier tribut destiné à Charles Quint. Cortés tente d’abord une approximation de la valeur des objets puis : « (…) objets et bijoux qui, en dehors de leur valeur intrinsèque, sont si beaux et merveilleux que, vu leur nouveauté et leur étrangeté, ils n’ont pas de prix, et qu’il n’y a pas un prince au monde qui ne possède rien d’aussi riche et d’aussi magnifique. Que Votre Altesse n’aille point croire que je lui dise là rien de fabuleux ; car je puis certifier que toutes les créatures vivantes qui peuplent la terre et les eaux dont Moctezuma put avoir connaissance, il les fit reproduire en or, argent, pierreries et plumes avec une telle perfection qu’elles paraissent naturelles. [Quant au surplus d’argent] je livrais aux artistes indiens pour en faire des plats petits et grands, des tasses et des cuillères qu’ils fabriquèrent avec une perfection qu’on ne saurait dire. Moctezuma me fit en outre présent de pièces d’étoffes de sa garde-robe d’une telle finesse, que tissées de coton sans mélange de soie, il ne pourrait s’en tisser d’aussi belles au monde, ni de couleurs si vives et si diverses. Il y avait entre autres des vêtements d’hommes et de femmes absolument merveilleux ; je citerai des couvertures de lit, qui composées de soie ne pourraient les égaler.» Cortés continue en décrivant minutieusement et avec admiration les sarbacanes ciselées offertes par Moctezuma.

Vient enfin la description de la grande Tenochtitlan et « ses merveilles », description où l’on sent un Cortés totalement bluffé :
« Pour rendre compte à Votre Royale Excellence de la grandeur des choses extraordinaires et superbes de cette grande ville de Tenochtitlan, et de la magnificence du service de Moctezuma son souverain, des rites et cérémonies de cette nation, de l’ordre qui règne dans le gouvernement de cette capitale, il faudrait un temps infini et plusieurs écrivains habiles. Pour moi, je ne saurais dire la centième partie des choses que j’aurais à dire (…) et bien que mal dites, elles paraîtront encore si extraordinaires qu’on ne voudra pas les croire, puisque nous, qui les avons vues de nos yeux, notre raison se refuse à les comprendre. »

Je renonce à retranscrire ce qu’en dit Cortés car il y en a littéralement des pages et des pages : trois pages rien que pour les marchés et les choses extraordinaires qu’on y vend, deux pages sur les temples, notamment le principal « dont nulle langue humaine ne pourrait dire la grandeur et la beauté » (ce qui n’empêche d’ailleurs pas Cortés de profaner ses idoles sacrificielles) ; il y a des descriptions sur les canaux, les rues, les habitants (« les gens déploient tout autant de politesse et d’aménité qu’en Espagne ») les palais, les maisons des riches, sans même parler des palais de Moctezuma (« En Espagne, il n’existe rien de comparable ») et de sa collection d’animaux… Les mots ‘’perfection’’,’’merveilleux’’, ‘’admirable’’ reviennent très souvent dans la bouche du conquistador en ce qui concerne Tenochtitlan. J’encourage vivement ceux qui ne voient en Cortés qu’un aventurier assoiffé d’or à lire ces pages.

Il y a également deux pages intéressantes sur le protocole royal (les repas de Moctezuma, ses vêtements, le lever…)

Lorsqu’après avoir vaincu l’expédition espagnole de Narvaez (le fameux Cabeza de Vaca) il apprend que les Aztèques se sont révoltés contre la garnison espagnole de Tenochtitlan, « nous perdrions la plus grande et la plus noble cité de ce monde nouvellement découvert ». Quand il explique ensuite la première bataille de Mexico, c’est sans ressentiment particulier envers les révoltés, dont il reconnaît bien volontiers le ‘’courage’’, la ‘’vaillance’’ et la ‘’bravoure’’. « Un jour, les chefs indiens me demandèrent de me présenter (…) nous discutâmes longuement, moi, les priant de cesser leurs attaques injustes ; leur disant qu’ils se rappelassent les services que je leur avais rendus (…) Je leur expliquai qu’ils ne pouvaient croire que je leur demandasse la paix par crainte mais bien par pitié du mal que je leur avais fait et des plus grands maux que je pourrais leur faire encore et du regret que j’aurais à détruire une ville aussi belle que la leur. » La bataille reprend en même temps que de nouvelles négociations (« Nous discutâmes longtemps encore, chacun de nous plaidant sa cause »), puis de nouvelles batailles où il ne cache rien des victoires indiennes ni de la fuite tragique de sa troupe même si, lors de la dernière bataille pour accéder à la terre ferme, il se vante d’avoir mené sa troupe « sans perdre ni un Espagnol ni un Indien [Il avait en effet plusieurs centaines d’alliés tlaxcaltèques avec lui. On connaît des conquérants qui n’auraient même pas mentionné les troupes indigènes dans ce cas-là ; lui, se vante de ne pas avoir perdu un seul Indien lors de cette étape]». A Tacuba : « Dans cette effroyable déroute, nous perdîmes 150 Espagnols, 45 chevaux et plus de 2000 alliés indiens ; on nous tua également le fils et les filles de Moctezuma et tous les seigneurs que j’emmenai prisonniers »
Par contre, il tait hypocritement les causes de cette révolte, à savoir le massacre des nobles aztèques par Alvarado. De même, la froide brièveté avec laquelle il narre la mort de Moctezuma, tué d’un jet de pierre, peut paraître assez choquante quand on sait les rapports que les deux hommes entretenaient.

Enfin vient la délivrance d’entrer à Tlaxcala : « (…) je reçus la visite de Magiscatzin, de Xicoténcatl, de tous les seigneurs de la République (…) tous me dirent combien ils avaient été touchés de mes malheurs et s’efforcèrent de m’en consoler. (…) Je devais, ajoutaient-ils, m’estimer heureux d’être vivant et ils juraient de m’appuyer jusqu’à la mort pour me venger des affronts que j’avais subis. Car outre qu’ils avaient juré allégeance à Votre Majesté, ils avaient aussi à venger des enfants et des frères tués à mes côtés par les Mexicains, sans compter les injures qu’ils en avaient reçus dans tous les temps ; je pouvais donc compter qu’ils seraient mes alliés fidèles jusqu’à la mort. (…) Je les remerciai, j’acceptai leur offre généreuse et leur offris quelques pauvres bijoux de ceux que nous avions sauvés, ce dont ils me furent reconnaissants ; puis je m’en allais avec eux à Tlaxcala où nous fumes très bien reçus. »

Devant les récriminations de ses hommes qui veulent se réfugier à Veracruz, le coup de génie de Cortés consiste à refuser toute retraite : « Pour moi, je crus que montrer une telle pusillanimité, surtout aux yeux de nos amis [les Tlaxcaltèques], serait perdre notre prestige et peut-être nous les aliéner ; puis, je savais que la fortune aime les audacieux. Enfin, nous étions chrétiens et confiants en la bonté miséricordieuse de Notre Seigneur (…) » Tout Cortés est là : habile diplomate qui sait se faire aimer des Indiens mais aussi les manipuler ; aventurier audacieux ; fervent croyant.

Je passe sur les innombrables tractations, négociations secrètes, alliances qui marquent la plus grande partie du récit cortésien.
A Guaçachula, il aide ses alliés indiens à bouter hors de leur ville les envoyés aztèques dont il dit quand même : « Les capitaines et leurs Indiens, quoique en petit nombre, luttaient avec tant de bravoure, que les assaillants ne pouvaient forcer les portes. »
A Izzucan : « Je leur promettais, s’ils juraient obéissance à Votre Majesté, d’oublier leur rébellion et que je les traiterai en amis. (…) Je les engageai donc à se rassurer, leur disant de revenir à leurs maisons et d’y ramener leurs femmes et leurs enfants (…) que je leur pardonnerais le passé mais que sinon, je serais obligé de marcher contre eux et de leur faire beaucoup de mal, ce dont je serais désolé. (…) Ils firent comme je leur demandais : en deux jours, la ville d’Izzucan fut repeuplée ; tous les habitants vinrent jurer obéissance à Votre Altesse et, la ville pacifiée, ils devinrent nos amis et nos alliés avec les Indiens de Guaçachula. »
Si l’on veut un exemple de la manière dont Cortés a subjugué ce qui allait devenir le Mexique, on l’a ici : loin d’une conquête uniquement brutale (même s’il ne faut pas cacher certains épisodes très violents), c’est principalement par une diplomatie minutieuse et en profitant de l’extraordinaire complexité et division du monde indien que le conquistador est arrivé à ses fins.

Ici (à Izzucan) comme toujours, Cortés ne manque pas de décrire la ville et ses environs (notamment le système d’irrigation artificiel de la vallée qui fait son admiration).

Il finit sa deuxième lettre par des demandes de renfort, notamment pour aider ses alliés indiens : « (…) je me trouve au milieu de difficultés extrêmes pour prêter secours aux Indiens nos amis, qui viennent de toutes parts nous implorer contre les Mexicains, leurs ennemis et les nôtres, qui leur font la guerre pour les punir de leur alliance avec nous ; en vérité, je ne puis les secourir tous comme je le désirerais mais, comme je l’ai dit, il plaira à Notre Seigneur suppléer à notre faiblesse en envoyant des secours (…) »
Ce passage doit faire sursauter ceux qui voient en la conquête du Mexique un événement binaire du type Espagnols vs Indiens.


Dans sa Troisième Lettre, Cortés relate la reconquête de Tenochtitlan. Chose intéressante, il parle d’entrée de la variole qui fait des ravages parmi la population indienne :
« (…) je m’en fus passer la nuit à Cholula [ville qui avait été le lieu du fameux guet-apens au début de son aventure] où l’on m’avait prié de venir ; car la variole, qui a enlevé beaucoup de monde en ce pays comme dans les îles, avait emporté grand nombre de seigneurs de la ville et les habitants désiraient que leurs successeurs fussent élus d’après mes avis. A mon arrivée, ils me reçurent le mieux du monde et leurs élections faites à leur satisfaction (…) Je partis à Tlaxcala (…) où ma venue fut célébrée, tant par les Espagnols que par les habitants de la ville. Le jour suivant, tous les seigneurs de la province et de la ville vinrent me trouver pour m’annoncer que Magiscatzin, le chef suprême de la république, était mort de la petite vérole, sachant bien qu’ayant été mon meilleur ami, cette nouvelle me causerait une grande douleur

Avant de partir reconquérir Mexico, Cortés tient un discours à ses hommes :
« (…) je leur déclarais (…) qu’ils savaient aussi bien que moi que les Indiens [de Mexico], après s’être déclarés sujets de Votre Majesté s’étaient pendant quelques temps comportés comme tels, recevant de nous et nous rendant tour à tour maints services ; mais qu’ils n’ignoraient pas comment, sans aucun motif [ici, Cortés est pris en flagrant délit d’hypocrisie : le massacre des nobles de Tenochtitlan par Alvarado, lorsque Cortés était parti combattre les Espagnols débarqués d’Hispaniola, est passé sous silence] les naturels de Culua, les habitants de Tenochtitlan s’étaient révoltés (…), nous avaient tué beaucoup de monde (…). N’avions-nous pas à combattre contre nations barbares pour la propagation de la Foi, pour le service de Votre Majesté, pour la sécurité de nos existences ? D’autre part, n’avions-nous pas pour nous aider des milliers d’amis fidèles ? [c’est-à-dire les alliés indiens] et n’étaient-ce point là de puissants motifs pour exalter notre courage ? »

Quand il aperçoit la province ennemie :
« Ce nous fut un grand plaisir d’admirer ces belles contrées, plaisir mêlé de tristesse au souvenir de nos désastres. » On dirait presque que Cortés fait du tourisme !

A Texcoco, alliée de Tenochtitlan, les habitants ont fui, qui avaient massacré des Espagnols et alliés lors de la retraite de la Noche Triste. Pas rancunier, Cortés écrit :
« Mon intention, du reste, était toujours de leur accorder la paix quand ils viendraient me la demander »

D’ailleurs, il fait la même proposition aux envoyés de Mexico. Il est intéressant de constater que beaucoup de villes du pourtour de la lagune de Tenochtitlan ont envoyé des émissaires à Cortés pour s’excuser de leur attitude lors de la Noche Triste et que celui-ci leur a pardonné à toutes pour s’en (re)faire des alliés (sans doute l’une des clés de sa victoire sur Tenochtitlan qui n’aurait pas été aussi évidente s’il avait eu à combattre Texcoco, Otumba etc…).

A Iztapalapa, les escarmouches commencent. Les Espagnols et leurs alliés sont vainqueurs même si les combattants ennemis « avaient fort courageusement combattu »

Avant l’assaut, Tenochtitlan et Cortés rivalisent de promesses et de menaces pour s’allier les villes et villages (si l’on en croit les Lettres, Cortés était plutôt promesses, Tenochtitlan plutôt menaces, ce qui semble indiquer que la majorité des populations indiennes vivant dans la plaine entourant Mexico et théoriquement alliées aux Mexicas était en faveur de Cortés). Devant les menaces, beaucoup de caciques viennent trouver Cortés pour lui demander de les protéger. Dans le cas de Chalco, le conquistador a dû refuser pour la première fois, par manque d’hommes :
« Je puis assurer Votre Majesté (…) qu’en dehors de nos travaux quotidiens, ma plus grande préoccupation était de ne pouvoir secourir tous nos alliés les Indiens qui, pour s’être déclarés nos amis, se trouvaient livrés à la vindicte des Mexicains. (…) à mon grand regret, je ne pus faire dans le cas des gens de Chalco ce qu’ils me demandèrent. »

Pendant les mois avant l’assaut de la ville, de nombreuses batailles ou escarmouches ont lieu. L’une d’elles, qui se termine de manière amusante, a lieu sur une colline escarpée peuplée de guerriers aztèques. Après un combat farouche, ceux-ci:
« considérant la partie perdue, nous firent signe qu’ils se rendaient et mirent bas les armes. Comme j’ai toujours pour principe de faire comprendre à ces gens que je ne leur veux aucun mal, quelque coupables qu’ils soient, que je préfère les attirer au service de Votre Majesté (ce qu’ils comprennent très bien, étant fort intelligents), je fis cesser le combat. Ils vinrent à moi et je les reçus fort bien. Bref, quand ils virent comment je me conduisais avec eux, ils le firent savoir à ceux de l’autre colline [que Cortés n’avait pu prendre] qui, quoique victorieux, résolurent de se déclarer sujets de Votre Majesté et vinrent me demander pardon du passé »

A Huastepec, Cortés admire l’endroit :
« Cette campagne est la plus grande, la plus belle, la plus charmante que nous ayons jamais vue. Elle a deux lieues de tour, un joli ruisseau l’arrose et, de-ci de-là, à intervalles rapprochés, s’élèvent des pavillons entourés de jardins d’une fraîcheur délicieuse ; ici croissent tous les arbres à fruits de la contrée et plus loin poussent toutes les plantes et fleurs odoriférantes. Il ne se peut rien voir de plus beau et digne d’admiration que cette campagne. Nous nous y reposâmes tout un jour, comblés de soins par les naturels. »

A Xochimilco, Cortés apprécie en connaisseur la qualité des guerriers ennemis et leur stratégie. Le combat est longtemps indécis et le conquérant a failli y passer (il a été sauvé par un Indien de Tlaxcala).

Enfin, le siège commence par un combat à Tacuba :
« Quoiqu’il fût tard, les Tlaxcaltèques poussèrent une pointe à l’entrée des chaussées de Mexico et pendant deux heures se battirent galamment avec les Mexicains »
A plusieurs reprises Cortés parle du ‘’cérémonial’’ de ces joutes entre Indiens où il voit le même esprit de chevalerie qu’en Europe médiévale.

Chose intéressante (et qui revient souvent dans le récit, pas seulement lors du siège de Tenochtitlan), Cortés insiste souvent sur le fait que sans la supériorité technique (arquebuses, arbalètes, brigantins, pièces d’artillerie…), sans les chevaux et sans l’aide de Dieu, il n’aurait pas gagné les batailles qu’il a gagnées du fait du nombre et du courage de ses adversaires. Un exemple parmi d’autres, lors de l’entrée dans Tenochtitlan, après que les Espagnols et leurs alliés eussent occupé la cour des idoles grâce aux batteries :
« Mais les Mexicains, voyant que nous n’avions pas de cavalerie, revinrent sur nous, reprirent les pyramides, nous chassèrent de la cour et nous jetèrent dans une situation des plus dangereuses ; notre retraite ressemblait à une fuite, quoique nous fissions face un instant sous les portiques de la cour. Mais nous fûmes assaillis avec une telle vigueur qu’on nous rejeta de la place dans la rue et que ma pièce d’artillerie fut démontée. Ne pouvant résister aux assauts furieux des Mexicains, nous nous retirions en désordre sous le coup du plus grand désastre quand il plut à Dieu de nous envoyer trois cavaliers qui arrivèrent, chargeant au milieu de la place ; en les apercevant, l’ennemi crut qu’il en arrivait d’autres et s’enfuit (…) [Finalement, Cortés décide de revenir au camp de base] Comme la nuit approchait, je fis sonner la retraite mais nous fûmes alors chargés par une telle multitude que sans la cavalerie, nous eussions couru les plus grands dangers (…) Quand aux nombreux alliés nos amis, ils se battirent le plus courageusement du monde et se retirèrent sans aucune perte. ».
Nulle gloriole ici, nulle prétention ni arrogance. Le conquérant reconnaît la valeur de ses adversaires et l’énorme coup de bol dont il a bénéficié lorsque les défenseurs ont cru que d’autres cavaliers arrivaient. Plus loin, il reconnaîtra que les Mexicains n’avaient de crainte que des cavaliers.

Trois jours plus tard, lorsqu’il reprend l’assaut et réussit une percée qui le mène à une position très avantageuse ; il se lamente que les Mexicains ne lui demandent pas la paix :
« Voyant que ces malheureux se refusaient à toute transaction et qu’ils montraient une telle résolution de nous chasser ou de mourir, j’en conclus (…) qu’ils nous obligeaient à les détruire sans merci. Cette dernière pensée m’affligeait affreusement et je me demandais comment je pourrais leur infliger une crainte assez grande pour qu’ils vinssent à résipiscence et comprissent tout le mal que je pouvais leur faire en brûlant et détruisant leurs temples et leurs palais. Et pour qu’ils en fussent fortement impressionnés, je fis mettre, ce jour-là, le feu aux grands palais de la place, à ceux-là même où nous étions logés autrefois avant qu’on nous chassât de la ville. Les autres, qui étaient voisins, étaient un peu moins grands mais plus élégants et plus jolis ; c’était là que Moctezuma avait réuni toute les variétés d’oiseaux qu’il collectionnait. Ce fut à mon grand regret que je les détruisis et cela faisait encore beaucoup plus de peine aux Mexicains et aux habitants du bord de la lagune, car pas un ne pensait que nous pussions jamais arriver jusque là. »

Son admiration pour les combattants de Tenochtitlan et leur abnégation est bien réelle, que l’on sent à travers tout son récit de l’assaut. « Nous ne pouvions nous empêcher de les admirer ». « Ce jour-là, comme la veille, je m’attendais à les voir implorer la paix que, victorieux ou vaincu, je désirais par dessus-tout. Mais jamais ils n’eurent un moment de défaillance. (…) j’eus l’âme désolée de voir chez les habitants de cette ville une telle résolution de mourir. »
Ces lignes sont assez émouvantes, assez rares également dans les relations des grands conquérants de l’histoire.

Après plusieurs jours de victoires, l’armée fait pression sur Cortés pour qu’il ordonne l’assaut général. D’abord réticent, celui-ci finit par accepter mais, devant la résistance acharnée des Mexicains, son armée est, d’après ses propres termes, mise en déroute. Encore une fois, il est assez plaisant de constater l’absence de toute gloriole dans le récit de Cortés, étonnamment sincère, humble et neutre, surtout quand on le compare aux récits d’autres conquérants.

Après cette défaite, certaines villes alentour commencent à faire sécession et à rejoindre Tenochtitlan. Les habitants de Cuernavaca, restés alliés de Cortés, viennent se plaindre qu’ils sont attaqués par leurs voisins passés dans le camp de Mexico et demandent l’aide espagnole :
« Quoique nos malheurs fussent tout récents et que nous eussions plus besoin de secours que nous n’étions capables d’en donner, ces gens me le demandaient avec de telles instances que je ne pus leur refuser. J’y trouvai la plus grande opposition chez les miens, qui prétendaient que c’était me suicider que me priver de la plus petite force. Néanmoins, je fis accompagner ces Indiens par quatre-vingt soldats et dix chevaux. »
Il enverra également des secours aux Otomies peu après.

Malgré le coup d’éclat d’un capitaine tlaxcaltèque, Chichimecatl (« jugeant, d’après leur déroute, que les Espagnols ne combattaient pas comme d’habitude, résolut de pénétrer sans eux dans la ville »), dont Cortés narre l’audacieuse attaque, malgré le siège complet dont est l’objet Tenochtitlan, Cortés ne sait plus à quel saint se vouer :
« (…) grâces à Dieu, nous n’avions plus un seul Indien, par toute la terre à la ronde, qui ne fut un allié ; et voyant comment les Mexicains se montraient rebelles à toute négociation et persévéraient dans cette indomptable résolution de mourir, je ne savais plus quelle mesure prendre avec eux pour nous éviter les dangers du siège et pour sauver d’une destruction complète cette ville de Mexico qui était l’une des plus belles du monde. Et cela ne nous servait de rien de leur dire que, par terre ou par mer, nous ne cesserions de les attaquer ; que nous avions défait et soumis les Indiens de Temascalcingo et ceux de Malinalco [derniers alliés de Tenochtitlan] ; que, par conséquent, ils n’avaient plus à attendre de secours de personne ; qu’ils n’avaient plus ni maïs, ni viande, ni fruits ; qu’ils manquaient de toute espèce d’aliments ; plus nous leur répétions ces choses et moins ils montraient de faiblesse, et dans nos rencontres et dans nos combats nous les trouvions plus courageux que jamais. »

Cortés décide alors d’avancer en détruisant maison après maison, de boucher systématiquement les canaux et de tout aplanir, seule façon de prendre la ville :
« Je convoquai donc à ce sujet tous les caciques des nations amies, je leur fis part de ce que j’avais résolu et les priai de réunir le plus de manœuvres qu’ils pourraient et de me les envoyer munis de leur coas, instrument qui répond à la houe de nos agriculteurs ; ils me répondirent qu’ils le feraient avec le plus grand plaisir ; que c’était une mesure excellente, la meilleure pour ruiner la ville, ce que tous désiraient plus que toute chose au monde. »

L’embuscade que Cortés tend quelques jours plus tard marque le début de la fin pour les Mexicains (« Cette victoire que Dieu nous donna fut bien une des principales causes de la reddition de la ville, car elle jeta le découragement parmi ses défenseurs »). A cette occasion, l’Espagnol ne semble pas choqué outre-mesure par le cannibalisme de ses alliés :
« Cette nuit-là, nos amis firent bombance, car ils enlevèrent par morceaux tous ceux que nous avions tué pour s’en régaler à loisir. »

L’étau se ressert jour après jour, les Espagnols et leurs alliés investissant la ville chaque jour un peu plus :
« Ce jour-là, des deux côtés de la grande rue, on n’entendait que le bruit de l’incendie et de l’écroulement des maisons, ce qui me faisait peine à voir ; mais nous y étions forcés par les circonstances. »

Lorsque la plus grande partie de la ville est occupée et que tout espoir de victoire pour les Mexicains est perdu, Cortés a des mots que je trouve émouvants, très doux pour ces adversaires acharnés qu’il admire.

Lorsqu’ils arrivent sur la place :
« Nous nous promenâmes un moment sur la place, admirant les portiques dont les plateformes étaient couvertes de Mexicains (…). Je montais sur la pyramide qui touche au marché (…). Je regardais du haut de cette pyramide tout ce que nous avions conquis de cette ville, dont nous occupions maintenant la plus grande partie, et songeant à tout ce que nos ennemis devaient souffrir, n’ayant plus pour demeures que de petites maisons bâties sur l’eau, ne se nourrissant plus que de racines et d’écorces d’arbres, je résolus de leur accorder une trêve d’un jour, me demandant comment je pourrais sauver la vie de cette multitude. J’éprouvais certainement la plus grande douleur de leur imposer de telles souffrances ; je leur offrais la paix chaque jour ; ils repoussaient toutes mes ouvertures, disant qu’ils ne se rendraient jamais et qu’ils avaient juré de mourir en combattant ; que nous n’aurions rien de leurs trésors qu’ils enfouiraient là où nous ne saurions les trouver, et moi, pour ne pas leur rendre mal pour mal, je pensais à les laisser en paix. »

« Un autre jour (…) il y avait trois ou quatre jours que nous ne nous battions plus, nous trouvâmes les rues où nous passions pleines de femmes, d’enfants et de malheureux qui se mourraient de faim ; ils étaient si maigres, si décharnés, si lamentables, que c’était le spectacle le plus triste du monde, je recommandai qu’on ne leur fit aucun mal. (…) ce jour-là, je leur fis encore offrir la paix. »

Et ce passage que je trouve très émouvant :

« Le lendemain, à notre retour dans la ville, je défendis que l’on combattit et que l’on fit le moindre mal aux ennemis ; ceux-ci, en présence de cette multitude soulevée contre eux, multitude composée de leurs anciens sujets lâchement ralliés à des étrangers pour les massacrer, sujets témoins de leur affreuse misère et se réjouissant de les voir entourés des cadavres de leurs concitoyens, nous suppliaient de les achever et de les tuer pour échapper plutôt à un tel supplice ; ils m’appelaient à grands cris, disant qu’ils voulaient me parler. Comme tous les Espagnols désiraient la paix et la fin de cette guerre cruelle, ils se réjouirent infiniment, espérant que c’était bien la paix que demandaient les ennemis. Ce fut donc avec plaisir qu’ils me vinrent chercher pour me conduire à une barricade où se trouvaient quelques seigneurs voulant me parler. (…) je savais bien que la résistance venait de trois ou quatre grands personnages de la ville, mais que le peuple désirait qu’on en terminât. Arrivé à la barricade, ils me dirent que me tenant pour le fils du soleil, pourquoi à l’exemple du soleil qui en un jour et une nuit faisait le tour du monde, je n’achevais pas rapidement de les tuer tous et de les enlever à de telles souffrances ! Tous demandaient à mourir, pour s’en aller au ciel auprès de leur Dieu Huitzilopochtli, qui les attendait dans le séjour des bienheureux. Je leur répondis tout ce que je pus pour les engager à se rendre, rien n’y faisait. Et jamais cependant, vainqueurs ne firent de telles avances de paix à leurs ennemis vaincus.».

Pas un jour ne passe sans que Cortés ne fasse des ouvertures :

« Réduits à cette affreuse extrémité comme il est facile de comprendre, je plaignais ces malheureux et je cherchais un moyen de les détourner de leur résolution de mourir. J’en causais avec un de leur chef, notre prisonnier. (…) ce seigneur mexicain était blessé ; je lui demandais s’il voulait retourner à la ville ; il me dit que oui. (…) Nous avions causé longuement, ce seigneur et moi, des choses qu’il fallait dire, et il m’avait promis de les répéter. [Il fut conduit] devant Guatimozin, le jeune empereur, à qui il voulait exposer mes propositions de paix, mais à peine eut-il ouvert la bouche que son maître le fit tuer et sacrifier. Pour toute réponse, je vis venir à moi les Mexicains poussant de grands cris, jurant qu’ils voulaient mourir et nous couvrant de dards et de flèches.
Le jour suivant (…) arrivés en vue de l’ennemi, nous refusâmes de nous battre et nous nous promenâmes par la ville, nous attendant à chaque minute les voir venir à nous ; pour les y encourager, je courus au petit galop jusqu’à une de leur barricade bien fortifiée, j’appelai les chefs qui la commandaient, que je connaissais et leur demandai pourquoi, se sachant perdus (…) pourquoi leur maître Guatimozin ne voulait pas venir me parler, il savait bien que je ne lui ferais aucun mal et que tous seraient les bienvenus à me parler de paix. Je leur tins d’autres discours qui firent couler leurs larmes (…) [Lorsque Guatimozin semble accepter l’idée] J’ordonnai que pour ce jour-là, on préparât une estrade (…) pour recevoir le grand seigneur, et que l’on préparât également des vivres.
»

Mais Guatimozin ne vient pas. Il envoie dans un premier cinq hauts dignitaires (« Je les reçus le plus gracieusement du monde, et leur fis servir à boire et à manger, ce dont les malheureux avaient le plus extrême besoin ») mais sans aucun débouché sur la paix. Le lendemain, l’offensive reprend contre des Mexicains démunis. Les alliés indiens de Cortés s’en donnent à cœur joie, pour le plus grand malheur du conquistador :
« Nos alliés, armés d’épées et de boucliers, nous accompagnaient et le massacre que l’on fit de ces pauvres Mexicains, tant à terre que dans la lagune, fut épouvantable ; on en tua et on en prit plus de quarante mille. Les cris, les pleurs et les sanglots des femmes et des enfants nous déchiraient le cœur et nous avions toutes les peines du monde à modérer la fureur de nos Indiens (…) Nous étions tout à fait impuissants à les retenir car nous n’étions que neuf cents Espagnols perdus au milieu de cent cinquante mille Indiens [même si Cortés exagère tout au long des lettres le nombre d’Indiens alliés, il est clair qu’ils sont plusieurs dizaines de milliers au bas mot], et ni prières, ni menaces ne les empêchaient de voler ou de massacrer quoique nous y missions toute notre âme. »

Le lendemain, alors que l’empereur a refusé une nouvelle offre de paix, les survivants errent à travers la ville :
« (…) la douleur de ces malheureux était infinie. Comme une multitude d’habitants venaient à nous, je postai des Espagnols dans les rues où ils passaient afin que nos alliés ne s’acharnassent point sur les tristes débris de cette grande population. Je recommandai bien aux capitaines de nos Indiens qu’ils veillassent à ce que leurs gens ne tuassent plus personne. Vaine recommandation ; ce jour-là, ils en tuèrent encore et sacrifièrent plus de quinze mille. »

La résistance fanatique et désespérée des Mexicains fait penser à Massada ou à Numance :
« Les principaux gens de guerre de la ville cherchaient encore à faire bonne contenance. Ils se cachaient dans l’eau pour nous cacher leur maigreur et leur misère. »

Enfin, Guatimozin est capturé :
« Comme je le fis asseoir et lui montrai la plus grande bienveillance, il vint à moi et me dit qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour se défendre lui et les siens, et mettant la main sur mon poignard : « tue-moi » dit-il. Je le consolai, lui disant qu’il n’avait rien à craindre. Grâce à Dieu, l’empereur étant prisonnier, la guerre fut terminée ce jour, 13 août 1521. »
Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il fera mettre Guatimozin à la torture quelques jours plus tard pour lui faire dire où étaient ses trésors.

Après la prise de Tenochtitlan, seules quelques provinces restent rebelles. Cortés envoie un bataillon à Guatuxco mais la guerre n’a pas lieu. Cortés décide d’y établir une colonie :
« J’envoyai les nominations d’alcades, regidores et autres officiers, en leur rappelant ce qu’ils devaient au service de Votre Majesté et avec quelle mansuétude ils devaient traiter les Indiens. »

Quant à Tenochtitlan :
« En voyant détruite cette ville de Mexico, si grande, si belle et si célèbre dans ce nouveau monde, il nous parut bien de la repeupler. (…) Depuis quatre ou cinq mois qu’on s’occupe des constructions de la ville de Mexico, elle prend fort belle tournure. Je puis assurer Votre Majesté que chaque jour elle devient plus magnifique et que, si dans le passé, elle fut la reine de ces provinces, elle le sera de même dans l’avenir. »

Beaucoup d’envoyés viennent le trouver de la part de leur roi ou de leur prince, et il les reçoit « avec affabilité », « avec la plus grande bienveillance » etc… En fait de pacification, c’est surtout une intense activité diplomatique qui assure la domination espagnole.

Don Fernando, un frère d’un roi de Texcoco, qui avait été placé très jeune sous la protection de Cortés et même converti au christianisme, meurt peu après :
« ce dont nous éprouvâmes tous la plus grande douleur, car il était un fidèle serviteur de Votre Majesté et notre meilleur ami. D’après l’avis et l’assentiment des principaux habitants de la ville, nous lui donnâmes pour successeur l’un de ses plus jeunes frères, que nous baptisâmes sous le nom de Don Carlos. Il suivra, autant que nous pouvons en juger, les traces de son frère car il se plaît beaucoup en notre société. »
Ce passage est intéressant car il montre que l’intégration ou la tentative d’intégration a très vite lieu. Des personnages de la haute société indienne se mélangent très vite aux Espagnols, se convertissent pour certains d’entre eux, les mariages interraciaux sont encouragés par Cortés…

Enfin, à la fin de sa Troisième Lettre, Cortés commence à développer une idée qu’il reprendra plus en détail par la suite, à savoir l’organisation du territoire et la place des Indiens :
« Dans une de mes lettres, je disais à Votre Majesté que les habitants de ce pays me paraissent beaucoup plus intelligents que ceux des îles, et que pour cette raison, il me paraissait injuste de les astreindre aux mêmes travaux que ceux des îles ; et cependant, sans ce travail, les conquérants et les colons ne pourraient vivre. Et pour ne pas assujettir ainsi les Indiens sans que les Espagnols eussent à en souffrir, j’ai pensé que Votre Majesté pourrait appliquer au secours de ces Indiens une partie des rentes qui appartiennent à Votre Altesse, et que ces ressources leur fussent distribuées de la manière la plus équitable. »



Je passe rapidement sur la Quatrième Lettre où Cortés organise la conquête, aide ses alliés indiens et châtie ses ennemis indiens. Il tente également de reconstruire Mexico grâce aux « merveilleux architectes » que sont les Indiens et de lui redonner son charme naturel, employant à cet effet les Indiens qui sont « grands amis des jardins ». Finalement, Mexico renaît, avec ses quartiers indien et espagnol, ses marchés… Chose amusante, Cortés regrette que son premier envoi d’objets rares ou précieux ait été intercepté par des corsaires français [il s’agit en fait du corsaire Jean Fleury, commandité par Jean Ango en 1523].

Moins anecdotique et très intéressant, Cortés demande à Charles Quint d’envoyer des religieux honnêtes :
« (…) combien importe la conversion des Indiens qui ne se pourra commencer que de cette façon. (…) parce que les Indiens avaient, en leur temps, des personnes religieuses chargées de leurs rites et cérémonies, et ces religieux étaient si recueillis, si honnêtes, si chastes, que la moindre faiblesse chez eux était punie de mort. Si donc les Indiens les choses de l’église et le service de Dieu au pouvoir des chanoines et autres dignitaires et qu’ils vissent ces ministres de Dieu se livrer à tous les vices et à toutes les profanations dans lesquels ils se vautrent aujourd’hui dans vos royaumes, ce serait rabaisser notre foi, en faire un objet de moquerie, et le dommage serait si grand que toute prédication deviendrait inutile

Au détour d’un paragraphe, nous trouvons cette phrase ô combien intéressante et qui résume assez fidèlement la pensée de Cortés :
« J’ai toujours fait mon possible pour peupler cette terre de la Nouvelle-Espagne, cherchant à ce que Espagnols et Indiens s’y multiplient, que notre Sainte Foi s’y implante »

Très intéressant également, ce regard lucide sur la catastrophe qu’a été la colonisation espagnole des Antilles et la nécessité de ne pas répéter la même erreur au Mexique :
« Les Espagnols qui se sont fixés dans le pays n’ont pas été satisfaits de quelques-unes d’entre elles [les ordonnances de Cortés] parce tous ou presque tous avaient l’intention d’user de leurs propriétés comme en usèrent les colons des îles, c’est-à-dire de les épuiser et de les abandonner. Ce serait, il me semble, une grande faute de ne point profiter de l’expérience de ceux qui nous ont précédé, pour remédier au présent et préparer l’avenir, en ne tombant plus dans les mêmes erreurs qui nous ont fait perdre les îles ; la Nouvelle-Espagne étant, comme je l’ai écrit plusieurs fois à Votre Majesté, une grande et noble contrée où Dieu Notre Seigneur réunira des millions de fidèles et Votre Majesté d’importants revenus. »
Tout y est. Comme le dit Bénassar, Cortés a une réelle vision politique pour la Nouvelle-Espagne, une vision où la foi joue un grand rôle, un projet dont l’Espagne doit bénéficier mais qui ne se fait pas nécessairement contre les Indiens. Selon certains historiens, comme le Mexicain Carlos Pereyra, cette volonté de ne pas répéter les tragiques erreurs de la colonisation des îles était une véritable obsession chez Cortés. Pour lui, la Nouvelle-Espagne était, devait être un monde nouveau, une société originale où Espagnols et Indiens cohabiteraient. Au profit des premiers cités certes, mais cohabitation tout de même.



Voilà, c’était une petite compilation de certains des écrits de Cortés; il y en a beaucoup d’autres que je n’ai pas retranscrits, qui décrivent d’autres villes et leur commerce, des paysages, des champs et les cultures qui y ont cours, qui parlent des habitants… Je ne mentionne pas non plus la Cinquième Lettre, qui est la relation de son expédition désastreuse au Honduras et qui ne nous concerne pas vraiment ici, même s’il y décrit avec intérêt les contrées et villages qu’il traverse.

Nulle part, absolument nulle part dans ses lettres, Cortés ne montre une quelconque haine contre les Indiens (ce serait même plutôt le contraire), ni une volonté exterminatrice. Bien sûr, ce n’est pas un ange : son but est de soumettre ces terres à l’autorité de son roi et de son Dieu. Il est très clair là-dessus et son impérialisme est indéniable. Il profite des circonstances, des formidables divisions du monde indien et fait montre d’un réel machiavélisme. C’est un conquérant, donc forcément brutal. Il est intéressé par les richesses, c’est indéniable. Mais au-delà de tout cela, on sent presque à chaque page un réel intérêt pour le pays qu’il conquiert, pour ses coutumes, pour ses habitants, pour ses paysages. Faire de Cortés un aventurier seulement avide d’or, c’est se tromper assez lourdement je pense. Cortés ne vivait pas dans notre XXIème débutant où chaque pensée est étudiée, saucissonnée, décortiquée, opposée à telle autre pensée. En ce temps-là, être matérialiste et spirituel en même temps n’était pas contradictoire. Je crois que c’est Vergé-Francheschi qui disait cela dans une émission de radio : les explorateurs et conquistadores étaient tout à la fois ; ils avaient le goût de l’aventure, de l’or, de la nouveauté, de l’action, de Dieu, du service du roi, des paysages et habitants qu’ils découvraient. Est-ce que Cortés était avide de richesses ou avait-il un intérêt pour ce Mexique qu’il conquérait ? Est-ce qu’il conquérait pour son Dieu ou pour lui-même ? Mais les deux à la fois!


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Message Publié : 21 Jan 2009 1:18 
Bien instructif et tout-à-fait passionnant.

Voilà de quoi reconsidérer Cortes...
C'est presqu'une "réhabilitation".

Le personnage se révèle certes conquérant, mais également intelligent, subtil et ô combien sensible.
Son admiration pour ce peuple est évidente.

Merci pour ces extraits, commentaires et développements pertinents, Enki-Ea.


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Message Publié : 21 Jan 2009 8:37 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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C'est moi qui devrait vous remercier d'avoir eu la patience de venir à bout de ce message, Philosophia :wink:

J'invite vraiment ceux qui le peuvent ou qui le souhaitent à lire les Lettres de Cortés. Pour ceux qui lisent l'espagnol (mais le problème est que le texte est transcrit en espagnol ancien, ce qui est assez chiant pour tout dire), voici un bon lien:
http://www.artehistoria.jcyl.es/cronica ... /10086.htm

Sinon, les Lettres sont disponibles en français sur Gallica, dans la traduction de Désiré Charnay de 1896.

On y découvre un Cortés, conquérant certes (il ne s'agit pas non plus de l'idéaliser), mais aussi, comme vous le dites très bien, sensible et intelligent, admiratif devant le monde qu'il est involontairement et indirectement en train de détruire.


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Message Publié : 21 Jan 2009 11:27 
Nulle patience, Enki-Ea, mais de l'intérêt.
Les liens me seront profitables, merci infiniment.


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Message Publié : 21 Jan 2009 12:03 
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Fustel de Coulanges
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Très intéressant, voilà qui me rafraichit la mémoire, mes souvenirs de lecture de Cortès n'étaient pas très frais.

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 22 Jan 2009 12:57 
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Hérodote
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Cortes est un homme fascinant. C'est une personne trés religieuse mais en même temps quelqu'un de violent. Il est possible que certains passages des lettres sont exagérés, car elles servent de justification à sa conquête auprès de Charles quint.

On ressent cette exitation doublée d'une fascination pour le nouveau monde dans ses lettres. Mais je ne pense pas qu'il faut sous-estimé sa soif d'or.

La première ville qu'il rencontre au moment de débarquer est dans le Yucatan et il la compare avec le Caire ( ce qui n'est pas rien ! désolé je ne me rappel pas du nom de la ville !). Cependant son interet pour cette ville va bien vite disparaitre : sa mission première reste l'or. Les forets du Yucatan vont trés vite le pousser dans le continent.


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Message Publié : 22 Jan 2009 15:13 
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Hérodote
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Inscription : 13 Jan 2009 0:33
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Localisation : Nancy/Metz
Cortes débarque en premier sur COZUMEL et compare la ville qu'il y trouve au Caire.

voilaaaaa, merci à ma mémoire :)


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Message Publié : 22 Jan 2009 17:20 
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Cortès est un audatieux ambitieux parvenu. Il a désobéi à son supérieur pour débarquer au Mexique. Il pensait s'y tailler un royaume pour se placer dans la noblesse espagnole. L'or est donc secondaire et ne reste qu'un moyen de se faire apprécier par la royauté espagnole.

Avec ses descriptions à la fois sincères et emphatiques, il souhaite dépeindre la grandeur de l'empire qu'il conquiert, toujours pour se faire valoir auprès de la couronne d'Espagne. Il déplore la perte par épidémie de ses soldats mexicains et de ses "sujets" amérindiens.


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Message Publié : 22 Jan 2009 17:30 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
Si Cortès par son audace et sa désobéissance, a apporté des territoires immenses à la couronne espagnole, et que Charles Quint a bien été obligé de le récompenser sur le moment, il ne faut pas oublier que le personnage, qui s'attendait à être en Espagne une sorte de héros immortel, a fini sa vie dans une semi-disgrâce.

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 25 Jan 2009 4:34 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
Message(s) : 2722
Localisation : 中国
tela54000 a écrit :
La première ville qu'il rencontre au moment de débarquer est dans le Yucatan et il la compare avec le Caire ( ce qui n'est pas rien ! désolé je ne me rappel pas du nom de la ville !). Cependant son interet pour cette ville va bien vite disparaitre : sa mission première reste l'or. Les forets du Yucatan vont trés vite le pousser dans le continent.
Vous êtes sûr? Je n'ai pas le souvenir d"une comparaison avec Le Caire. La première fois qu'il débarque sur la cote mexicaine, il découvre un village vide. Dans quelle lettre est-ce?


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