Alfred Teckel a écrit :
A l'origine non, la colonisation, surtout la première (XVe-XVIIIe s.) a essentiellement des buts économiques et stratégiques, qu'elle n'atteint pas toujours en effet. Le prestige, on s'en fiche un peu à l'époque, ce que n'arrivent pas à piger ceux qui pleurent sur la perte du Canada français pour ainsi dire abandonné contre quelques îles des Antilles bien moins étendues!
Même l'aventure de la colonisation du Canada n'avait pas que des motivations économiques et stratégiques. Montréal a pendant une période été plus peuplée par des religieuses que par des commerçants et agriculteurs.
Affirmer que le prestige n'entre pas en ligne de compte dans la colonisation tout simplement parce que certaines richesses étaient exploitées sur place n'est pas convaincant. Sont-ce précisément les hévéas qui ont attiré les Français en Indochine? Les épices et le tissu qui ont amené l'Angleterre en Inde? Ou la frénésie d'une course à l'expansionnisme? Ou une multiplicité de facteurs?
Si l'Angleterre n'a pas bâti toutes ses colonies uniquement pour acquérir du prestige, elle a cependant tiré du prestige de ses colonies.
Plusieurs historiens (ou économistes) croient que les colonies n'étaient pas globalement rentables. Jacques Marseille, je crois, défend ce point. Dès lors, pourquoi coloniser, surtout à la fin du XIXe siècle? Il peut y avoir une volonté de développement économique, mais y avait-il vraiment des objectifs précis dans la colonisation de toutes les régions? Ou plusieurs d'entres elles ont été soumises à une métropole pour des raisons diverses, auxquelles figurent l'orgueil d'une nation?
tonnerre a écrit :
Pour l'Italie et l'Erythrée, comme l'Italie est entrée tard dans la course aux colonies du fait de son unification tardive, Mussolini veut qu'elle se se crée elle aussi une empire colonial--ceci pour des raisons économiques et démographiques, comme il le précise dans de multiples discours.
Les discours de Mussolini sont en effet une source fiable à prendre au pied de la lettre. Bravo, vous avez vraiment réussi à me mettre k.o.
Citer :
Une simple recherche wiki vous éviterait de donner dans l'histoire créative...
Je vais y penser à l'avenir, plutôt que de citer des historiens.
Et là-dessus je vais aller plus loin que vous: le mieux c'est toujours de se coller aux premières interprétations - préférablement celles du XIXe siècle - et de ne jamais rien remettre en question.
Stavroguine a écrit :
Puis Haïti n'est pas une colonie, au mieux elle fait partie d'un aire d'influence.
Les États-Unis n'ont pas de colonies, ils n'ont que des aires d'influence. Et pourtant, sa réputation néocolonialiste (le premier exemple de ça, c'est peut-être la doctrine Monroe) n'est pas à faire.
Le pays s'est déjà impliqué directement en Colombie pour lutter ouvertement contre la drogue. Pour des raisons purement politiques, il a renversé Allende, forcé Arbenz à l'exil, financé les Contras au Nicaragua. Il faut être vraiment niaiseux pour ne pas reconnaître qu'il y a un
paradigme par ici. Dès lors qu'on a reconnu ça, il est possible, en observant les différentes interventions états-uniennes à Haïti (occupations, soutiens à des dictateurs, renversement et réinstallation de chefs d'État au pouvoir, exercices de déstabilisation, imposition de règles commerciales désavantageuses) de penser que ce pays a également souffert du même impérialisme américain.
Et ce n'est même pas anti-américain de le prétendre. Ni
gaucho, ou nostalgique d'une rhétorique de guerre froide.
Comme le Canada est impliqué dans les mêmes coups que les USA à Haïti (aussi bien dans la déstabilisation que dans l'aide - le Canada a promis 135 millions de dollars cette semaine), il nous est permis de dire que Haïti a également été victime de l'impérialisme canadien.