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C'est de toute façon difficile de définir comme sédentaires (un critère européen) des gens qui n'arrêtent pas de bouger suivant les saisons mais dans un vaste territoire constant, aux limites non écrites et qu'ils considèrent comme la terre de leurs ancêtres. Les Utes, par exemple, étaient des chasseurs et (souvent) des guerriers mais, sur la durée, ils peuvent être considérés comme sédentaires.
Sur le temps long, des tribus ont changé de "terre des ancêtres" (une représentation des cultures indiennes mais pas un concept historique) et se sont installés dans des régions à des milliers de km de leur point de départ.
J'ai donné comme exemple les Séminoles, parce que j'ai été amené à m'intéresser spécialement à cette tribu, vu leur degré important de métissage avec les esclaves noirs.
Mais d'autres tribus (il faudrait que je recherche) ont carrément traversé presque toute l'Amérique actuelle du Sud au Nord.
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On ne voyait pas chez les Indiens ce nomadisme qui existe encore souterrainement en Tunisie, avec des populations migrant du Sud vers le Nord, récoltant au passage le fruit de leurs semailles de l'année précédente, puis redescendant en sens inverse pour effectuer de nouvelles semailles et rejoindre le sud.
Si, et j'en ai parlé ailleurs à propos de la récolte des pignes de pin, un des grands rôles dans l'alimentation de nombre de tribus indiennes.
En plus des tribus qui étaient amenées à se déplacer sur de très grandes distances pour suivre les bisons, les activités de cueillette (de plantes/fruits/noix qui murissaient à différentes époques selon le climat et la saison) amenaient aussi les indiens à se déplacer sur de très grandes distances, ceci de façon systématique et régulière, pour maximiser leurs récoltes et pouvoir accumuler des réserves.
Mais je ne crois pas que ce type de nomadisme, s'il existe bien chez les Amérindiens du Nord, ait été effectué en lien avec des activités agricoles.
Le stéréotype est que seuls les chasseurs parcouraient de grandes distances pour chasser; en fait, pour faire la cueuillette de certaines plantes, des groupes pouvaient quitter le village permanent de la tribu pour 8 à 10 semaines.
iL faut aussi éviter de parler de territoires indiens comme si c'était le territoire avec frontières d'un état européen, ou au sens du bien appartenant à un propriétaire européen.
Voici ce qu'écrit William Brandon sur la notion de propriété chez les Amérindiens du Nord:
"la différence essentielle entre les mondes européens et les indiens pourrait bien avoir résidé dans l'attitude envers la propriété. Le mode de vie européen (avec des exceptions notables) était basé sur la compétition individuelle pour l'acquisition de propriétés...
L'attitude indienne fondamentale (avec des exceptions notables) penchait vers la coopération et l'usage commun des propriétés et le partage, et non la compétition pour acquérir une propriété privatisée. "
Le pillage étant lié à cette non-existence de la propriété privée au sens européen: le pillage est une forme de partage un peu forcé
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