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Message Publié : 05 Mars 2012 11:57 
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Jean Froissart
Jean Froissart

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Je crois savoir que, lorsque les américains déclarent ces ascendances, ils commettent massivement une erreur bien commune:
ils pensent à leur ascendance patrilinéaire.
Il se voient par exemple irlandais, en pensant à leur père, grand-père paternel... La société américaine étant la plus mobile du monde, s'ils couchaient sur le papier leurs 32 quadrisaïeux ils verraient qu'il n'avaient peut-être que 25% seulement de leurs ancêtres irlandais.
M'enfin, en la matière, la réalité biologique compte moins que la représentation que l'on s'en fait.


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Message Publié : 05 Mars 2012 19:46 
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Jean Froissart
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C'est pas faux mais ce que tu dis est valable pour le monde entier.

Je me souviens personnellement d'un ami qui m'avait chargée de faire ses recherches familiales, affirmant haut et fort être un "pur Solognot". En définitive, il ne l'était qu'à moitié, et encore, je n'ai pas assez creusé le côté maternel pour en être tout à fait certaine. Comme quoi on peut aussi méconnaître la lignée paternelle...

Même les Américains commettent l'erreur de ne penser qu'à leur ascendance patrilinéaire, le panel des patronymes américains montrent toutefois l'importance des noms d'origine germanique parmi les autres. Ce qui démontre que l'émigration allemande a dû être plus massive, même si les descendants sont "mélangés". Et encore, pas mal de noms ont été transmis avec des modifications notables. N'oublions pas aussi que nombre de Juifs d'Europe de l'Est ont fui vers les USA avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale, emportant avec eux également des patronymes aux consonances (et aux racines) allemandes. Je pense d'ailleurs qu'il est facile de trouver des exemples parmi de nombreuses personnalités américaines !


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Message Publié : 05 Mars 2012 20:26 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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Je crois savoir que, lorsque les américains déclarent ces ascendances, ils commettent massivement une erreur bien commune:
ils pensent à leur ascendance patrilinéaire.


Ce n'est pas ainsi dans mon expérience personnelle .
Certains peuvent le faire, mais quand des amis ou ma famille américaine racontent ce qu'ils savent de leurs origines, ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.
En fait, si l'ascendance paternelle est plus prestigieuse ou intéressante, donc qu'on a pu remonter plus avant dans le passé, elle sera privilégiée.
Si c'est l'ascendance maternelle qui est plus prestigieuse, c'est elle qui sera mise en avant. Et c'est bien normal.
Ca dépend aussi si c'est un homme ou une femme: les hommes pourront privilégier leur ascendance paternelle, les femmes leur ascendance maternelle.
Une amie à des ancêtres paternels mineurs irlandais en Pennsylvanie pour lesquels elle n'a pu remonter qu'au XIXème siècle et des ancêtres maternels issus de la noblesse anglaise fixés en Virginie par lesquels elle a pu remonter à divers rois d'Angleterre et même à un ou deux rois de France, jusqu'au au Moyen-Age; le choix de la lignée qu'elle met plus en avant est évident: il y a beaucoup plus d'infos sur l'une que sur l'autre, et c'est plus socialement "valorisant".
Citons aussi par exemple Barack Obama, qui se réclame de ses ascendances paternelles africaines (kenyanes) et de ses ancêtres maternels américains, donc européens (et français), sur lesquels on sait évidemment beaucoup plus de choses.
D'ailleurs, si vous jetez un oeil aux listes de Franco-Américains et de Germano-Américains célèbres ci dessus, établies d'après les déclarations des personnes intéréssées, vous verrez que les ascendances maternelles sont bien prises en compte.


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Message Publié : 06 Mars 2012 18:56 
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Jean Froissart
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Autre exemple, d'ailleurs : Madonna, de son vrai nom Louise Madonna Ciccone.

Ascendances paternelles italiennes, donc. Mais... pour l'avoir aperçue il y a quelques années dans une vague émission de variets en France, elle a aussi des ascendances françaises (un nom banal : Fortin !), en Normandie. Je me rappelle d'ailleurs qu'elle avait plus ou moins raillé l'animatrice pour avoir si bien rempli ses petites fiches !

Je crois qu'il ne faut pas non plus prendre les Américains pour des idiots. Ils méconnaissent massivement l'Europe peut-être mais à mon avis, ils sont bien plus conscients de leurs origines que la plupart d'entre nous que la question n'effleure même pas.


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Message Publié : 06 Mars 2012 20:36 
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Jean Mabillon
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Ils méconnaissent massivement l'Europe


Là aussi, il faut éviter les généralisations et les clichés; certains Américains voyagent peu à l'étranger, d'autres voyagent beaucoup, et connaissent bien l'Europe; les milieux américains bourgeois cultivés connaissent très bien l'Europe.Je rappelle ce que j'ai déjà dit ci-dessus: le Français est la 3ème langue étrangère la plus parlée aux US.
John Kerry, candidat démocrate malheureux contre Bush en 2004, parlait très bien le Français (il a des cousins français, en particulier l'écologiste Brice Lalonde); si les pères fondateurs ne parlaient pas ou mal le français, certains de leurs successeurs le parlaient couramment: John Quincy Adams, qui avait été à l'école en France, James Monroe, qui avait été diplomate en France.
Plus près de nous, les deux Roosevelt, Theodore, qui parlait le Français si couramment que ses interlocuteurs français trouvaient qu'il parlait trop vite, FDR qui avait été élevé par une gouvernante de Suisse romande (francophone) nommée Jeanne Sandoz.
Je ne vois par contre (à ma connaissance) aucun président français qui ait parlé anglais--j'entends parlé couramment.


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Message Publié : 07 Mars 2012 7:54 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

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à mon avis, ils sont bien plus conscients de leurs origines que la plupart d'entre nous que la question n'effleure même pas.


La situation n'est pas comparable. Un Américain, hormis évidemment les "natives", sait qu'il a des origines ailleurs que là où il est, dans un "autre monde", lointain dans l'espace et le temps, l'Ancien Monde. Où donc ? La question se pose automatiquement, dans ces conditions. Alors que pour un Français dit "de souche", sachant très bien qu'il a de grandes chances de descendre de paysans du coin et d'autres paysans d'un coin situé un peu plus loin, la question est un peu moins piquante, on va dire.
Et malgré cela, la généalogie connaît un boom énorme, surtout avec les outils qu'Internet met à disposition. Même si peu font l'effort d'aller très loin, parce que c'est compliqué, et que ça donne des réponses plus complexes que "je viens de Là, je descends d'Untel", énormément de Français ont envie de grattouiller un peu leurs racines.


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Message Publié : 07 Mars 2012 9:32 
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Jean Mabillon
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Et malgré cela, la généalogie connaît un boom énorme


C'est vrai aussi pour les EU, où la recherche des racines est devenue une industrie; pour commencer ses recherches dans ce pays, il y a d'abord la considérable banque de données généalogiques des mormons dans l'Utah, qui ont centralisé une masse de données européennes.
Pendant longtemps, ils avaient beaucoup plus de données généalogiques sur le monde anglo-saxon que sur les autres pays d'Europe, mais ce n'est plus le cas.
Ceux dont les racines ne sont pas, ou pas exclusivement européennes , c'est à dire parfois de pays sans traces écrites, comme les Africains-Américains, font aussi beaucoup appel aux tests ADN pour savoir de quelle région du monde--de quelle zone de l'Afrique-- venaient leurs ancêtres.
Les Américains originaires d'Europe aussi d'ailleurs, et ces tests révèlent souvent des ascendances dont les demandeurs ne se doutaient pas: les traditions orales familiales ne correspondent pas toujours avec les données génétiques.
Certaines de ces officines de tracage généalogique attirent le chaland, un peu de la même façon que les armoriaux de complaisance au XIXème siècle en France, en apportant à leurs clients les "preuves" de filiation avec des ancêtres prestigieux.


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Message Publié : 07 Mars 2012 13:48 
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Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Tonnerre a écrit :
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Ils méconnaissent massivement l'Europe


Là aussi, il faut éviter les généralisations et les clichés; certains Américains voyagent peu à l'étranger, d'autres voyagent beaucoup, et connaissent bien l'Europe; les milieux américains bourgeois cultivés connaissent très bien l'Europe.Je rappelle ce que j'ai déjà dit ci-dessus: le Français est la 3ème langue étrangère la plus parlée aux US.
John Kerry, candidat démocrate malheureux contre Bush en 2004, parlait très bien le Français (il a des cousins français, en particulier l'écologiste Brice Lalonde); si les pères fondateurs ne parlaient pas ou mal le français, certains de leurs successeurs le parlaient couramment: John Quincy Adams, qui avait été à l'école en France, James Monroe, qui avait été diplomate en France.
Plus près de nous, les deux Roosevelt, Theodore, qui parlait le Français si couramment que ses interlocuteurs français trouvaient qu'il parlait trop vite, FDR qui avait été élevé par une gouvernante de Suisse romande (francophone) nommée Jeanne Sandoz.
Je ne vois par contre (à ma connaissance) aucun président français qui ait parlé anglais--j'entends parlé couramment.


D'où mon "peut-être"... ;) Je n'aime justement pas les généralisations.

Quant aux données en ligne sur le Net, elles sont effectivement bien pratiques pour chercher "à distance". Ce dont ne sont pas conscients les néophytes cependant, c'est qu'elles ne font pas tout et que quelques clics sur un clavier ne remplaceront jamais une recherche de fond. Mais bon, c'est un autre débat.

Quant à nos présidents (et nos politiques en général), ils ne relèvent certes pas le niveau de la France en matière de langues étrangères. Tout le monde se souvient de l'éclat de Chirac en anglais à Jérusalem (mais au moins, c'était drôle). Et on a entendu Hollande, il y a quelques temps, s'exprimer en allemand lors d'une visite à Berlin, c'était vraiment pitoyable.

Quant à la question des origines... Qui peut affirmer que ses ancêtres sont automatiquement tous liés aux lieux où l'on vit ? La mémoire familiale s'évapore très vite et, justement, pour qui fait quelques recherches, la réalité est souvent étonnante.


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Message Publié : 14 Mars 2012 11:08 
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Grégoire de Tours
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Tonnerre a écrit :
La Constitution américaine est directement inspirée du droit britannique, de la Magna Carta(1215 pour la première version), de l'Habeas Corpus, de la Petition of Right, d'un système parlementaire avec une Chambre haute et basse et des libertés individuelles du Bill of Rights (1689) qui porte le même nom en GB et aux EU.
http://en.wikipedia.org/wiki/Magna_Carta
Et on l'a mentionné par ailleurs: lorsque les colons se sont révoltés contre la métropole, c'est parce qu'ils réclamaient les mêmes droits que les sujets britanniques, dont ils s'estimaient injustement privés.
Et à quelles spécificités américaines faites vous allusion?
L'Amérique est la fille de l'Europe, plus exactement de la GB, qui a fourni le noyau culturel central autour duquel s'est structuré le développement du pays ; le projet démocratique américain est certes nouveau, mais à part ça, je ne vois rien de radicalement inédit à la naissance de cette nation.


Sans vouloir prétendre être un spécialiste des USA, je dirais une des spécificités les plus connues concerne la justice. On l'a vu avec l'actualité récente où un accusé ne semble pas être traité de la même manière en Europe. Cela saute aux yeux et on y voit une différence de perception fondamentale entre l'Europe et les USA. A moins d'une vision personnelle des choses, dites moi si je me trompe.


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Message Publié : 14 Mars 2012 13:15 
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Grégoire de Tours
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Geopolis a écrit :
Gevaudan a écrit :
Oui mais que reste-t'il de l'humanisme européen à travers l'Amérique d'aujourd'hui: pas grand chose.

Pour commencer, un engagement humanitaire précoce et développé.


Oui mais qui dit humanitaire dit collectivité. Or il semblerait que c'est plutôt l'esprit d'individualisme qui prédomine chez les américains contrairement aux européens plus tournés vers le monde mais peut-être je me trompe.

Tonnerre a écrit :
Les immigrants ont plutôt atterri dans l'Est américain :mrgreen:
Et non, la motivation des premiers colons, ni même des plus tardifs, n'était pas de construire un monde de paix, c'était de pouvoir pratiquer leur religion librement (et de mieux gagner leur vie,voire de devenir riche) , ce n'est pas la même chose.
Dès que ces colons très religieux ont échappé aux persécutions, de l'église anglicane surtout, ils se sont empressés d'imposer leur religion sur les autres colons américains à proximité, ce qui n'est pas exactement une conduite pacifique.
Réfuter un à un les clichés populaires sur l'Amérique n'est pas l'objet de ce fil; merci de bien vouloir revenir à une discussion plus historique.


Ce qui expliquerait pourquoi l'Amérique a été fondé sur des bases religieuses avant tout plutôt que matérielles.


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Message Publié : 14 Mars 2012 13:29 
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Grégoire de Tours
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Atlante a écrit :
Entre 1820 et 1937, plus de 53,7 millions d'immigrés arrivent aux US, dont 12 340 000 d'Europe Centrale (Allemagne, Autriche, Pologne) et 13 070 000 d'Europe du Nord Ouest (Anglais, Irlandais, Français et Scandinaves). En 1855, Castel Garden, l'un des théâtres les plus prestigieux de New York, se transforme en bureau de l'immigration. Le foyer est aménagé pour les visites médicales. Les migrants mettent environ six heures à s'inscrire et à passer cette visite obligatoire. Si tout est en ordre, ils franchissent alors la passerelle en bois qui mène à Manhattan où, chaque jour, s'empresse une foule innombrable. En 1900, 7000 émigrants arrivent chaque jour à Ellis Island. La population américaine augmente à cette époque de dix millions en dix ans. A partir de 1904, le moteur à vapeur permet de réduire la durée des voyages à moins d'un mois, alors qu'auparavant les navires à voiles amenaient les immigrants au terme d'une traversée inconfortable, dans des entreponts surpeuplés, humides et insalubres.


Dans les années 1860, beaucoup de scandinaves et de baltes ont migré aux USA. Idem pour les irlandais comme c'est précisé.
Concernant l'Europe Centrale, ou plutôt l'ex-URSS, j'ai lu dans un livre sur l'immigration dont je n'ai plus que 4/5ème des migrants étaient juifs, le reste étant russes ou ukrainiens. Idem chez les juifs de Hongrie qui portaient des noms à consonance allemande ou bien chez les juifs polonais. Beaucoup se sont plus ou moins assimilés au fameux Melting Pot américain.


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Message Publié : 14 Mars 2012 15:05 
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Gevaudan a écrit :
Ce qui expliquerait pourquoi l'Amérique a été fondé sur des bases religieuses avant tout plutôt que matérielles.


C'est ce que l'on croit maintenant. C'est ce que répètent pas mal d'américains. Du coup, c'est aussi le crédo de la plupart de leurs opposants européens. Mais, c'est faux !


Citer :
Le Point.fr - Publié le 12/03/2012 à 18:28 - Modifié le 13/03/2012 à 09:45
Le politologue rappelle dans "Faits & Mythes", le nouveau hors-série du "Point", que les Pères fondateurs étaient des laïcs, pour la plupart athées.


http://www.lepoint.fr/monde/denis-lacorne-l-etat-americain-est-fondamentalement-laique-12-03-2012-1440522_24.php

Citer :
Le Point hors-série : "In God we trust", telle est la devise américaine. Peut-on parler d'une démocratie religieuse ?

Denis Lacorne : Cette devise a été conçue par un directeur de la Monnaie américaine en pleine guerre de Sécession. Ce n'était pas la devise des Pères fondateurs. La Constitution fédérale, rédigée en 1787 et ratifiée en 1788, est laïque en ce sens qu'elle ne mentionne ni Dieu, ni la Bible, ni de quelconques origines chrétiennes. Elle interdit même tout serment d'allégeance de nature religieuse pour l'obtention d'un emploi ou la nomination à un poste électif, et elle exige du président un serment laïc de défense de la Constitution. C'est à partir de cette expérience politique que se développe un premier récit fondateur, marqué par la philosophie des Lumières. Pour les Pères fondateurs, la seule source d'autorité légitime résidait dans le peuple souverain, seul capable de donner son consentement pour une nouvelle Constitution. L'État fédéral est fondamentalement laïque.


Citer :
Le mythe des Pilgrim Fathers témoigne pourtant de l'importance de la religion, et notamment du protestantisme dans la fondation de l'État américain...

Je ne parlerai pas de mythe, mais plutôt de cet autre récit fondateur qui succède et remplace celui des Lumières. Les historiens de la Nouvelle-Angleterre, au début du XIXe siècle, décident de donner une grande place aux pèlerins qui colonisèrent le Massachusetts. C'est là, d'après George Bancroft, le grand historien de la révolution américaine, que commença la démocratie américaine, fortement marquée par les idées puritaines des passagers du Mayflower. [...] Les petites républiques puritaines de la Nouvelle-Angleterre étaient des théocraties. Or c'est bien ce récit que revendiquent aujourd'hui la plupart des candidats républicains aux primaires présidentielles.


Donc, si on résume : la Fédération américaine nait laïque, mais en instituant une complète liberté de culte (puisque chacun est libre de croire en ce qu'il veut et d'exercer le culte de son choix, mais dans la sphère privée). Au début du XIXème siècle divers intérêts décident de substituer au premier récit fondateur : celui des Lumières, le récit des Pilgrim Fathers. Cela fonctionne si bien, que presque personne ne se rappelle la réalité du premier récit fondateur. Et on se retrouve avec un pays dont toutes les fondations sont athées ou laïques, mais dans lequel il serait inconvenant pour pas mal de personnages publics de reconnaitre publiquement qu'ils ont la même foi que les Pères Fondateurs, La même foi qu'un Jefferson ! Par exemple.

Mais, les historiens sont bien forcés de reconnaitre que ce pays a été fondé sur des bases laïques, si ce n'est athées.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 14 Mars 2012 15:26 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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Oui mais qui dit humanitaire dit collectivité. Or il semblerait que c'est plutôt l'esprit d'individualisme qui prédomine chez les américains contrairement aux européens plus tournés vers le monde


Qui dit humanitaire ne dit pas forcément collectivité: est-ce que les régimes communistes soviétique ou cambodgien traitaient leurs travailleurs plus humainement que les capitalistes américains?
Ce n'est plus le cas maintenant à l'ère du capitalisme néo-libéral globalisé,mais les ouvriers travaillant chez Ford il y a 60 ans avaient des salaires comparativement élevés qui leur permettaient d'acheter les voitures qu'ils produisaient, et ils bénéficiaient d'avantages sociaux appréciables. Le paternalisme patronal peut avoir du bon.
L'individualisme américain est essentiellement économique: dans l'idéologie fondatrice américaine, le contenu de cet individualisme est que c'est la responsabilité et la dignité de tout adulte en bonne santé d'assurer lui-même sa subsistance matérielle par son travail, et de ne pas compter sur l'assistance de l'Etat pour vivre. Cela s'appelle "self-reliance" (le fait de ne compter que sur soi-même et de ne pas être dépendant), et c'est considéré comme une des qualités qui définissent l'Américanité et qui expliquent le succès économique américain.
C'est un trait culturel constant: dépendre de l'aide de l'Etat est vu par la classe moyenne comme un peu déshonorant, c'est bon pour les minorités ou les mères célibataires pauvres.
Mais il y a en contrepoint de cet individualisme le poids du sens civique et du patriotisme, plus intense qu'en Europe, et celui de la religion, nettement plus fervente et pratiquée qu'en Europe (dans l'Amérique profonde, tout le monde est membre d'une église comme on est membre d'un club, le meilleur moyen pour quelqu'un qui s'installe dans une ville américaine inconnue de s'intégrer dans sa nouvelle communauté est de joindre une église).
Ce qui fait que la vie associative, les oeuvres caritatives et humanitaires, justement souvent organisées par les églises, sont beaucoup plus nombreuses qu'en France: on considère que la charité et l'entr'aide sont un devoir chrétien d'une part, et que d'autre part l'entr'aide doit venir des compatriotes et corelégionnaires, pas de l'Etat.
Cette place prépondérante accordée à l'initiative privée et à l'implication des églises dans la vie de leur communauté, c'est assez proche de ce qui devait exister en Europe au XIXème siècle, mais qui a presque disparu, suite au recul des religions en tant qu'instances de régulation sociale et à l'émergence de l'Etat providence.
Et on revient à ce qui a été dit plus haut: dans maints domaines, ce sont les Européens qui se sont éloignés de leurs racines et de leurs traditions, et les Américains qui , souvent, les ont conservées.


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Message Publié : 10 Avr 2012 7:56 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Bonjour,

Ce petit article consacré au Titanic et, par extension, à l'émigration massive européenne vers l'Amérique :
[url]
http://www.rfgenealogie.com/s-informer/ ... c-sombrait[/url]


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Message Publié : 10 Avr 2012 8:38 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

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Message(s) : 5364
Citer :
C'est un trait culturel constant: dépendre de l'aide de l'Etat est vu par la classe moyenne comme un peu déshonorant, c'est bon pour les minorités ou les mères célibataires pauvres.
Mais il y a en contrepoint de cet individualisme le poids du sens civique et du patriotisme, plus intense qu'en Europe, et celui de la religion, nettement plus fervente et pratiquée qu'en Europe (dans l'Amérique profonde, tout le monde est membre d'une église comme on est membre d'un club, le meilleur moyen pour quelqu'un qui s'installe dans une ville américaine inconnue de s'intégrer dans sa nouvelle communauté est de joindre une église).
Ce qui fait que la vie associative, les oeuvres caritatives et humanitaires, justement souvent organisées par les églises, sont beaucoup plus nombreuses qu'en France: on considère que la charité et l'entr'aide sont un devoir chrétien d'une part, et que d'autre part l'entr'aide doit venir des compatriotes et corelégionnaires, pas de l'Etat.


Ce qui est d'ailleurs complètement incohérent. Pourquoi serait-il plus déshonorant de recevoir l'aide de l'Etat que l'aide d'une Eglise ou d'une association ? A partir du moment où l'on pose la pauvreté comme une infamie (la juste punition qui frappe le paresseux, l'incapable), celui qui n'est plus capable de se subvenir à lui-même n'est digne d'aucune aide : bien au contraire, son devoir social est de disparaître sans déranger personne.


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