Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 23:44

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 75 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 04 Juil 2012 13:57 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
1) Première question: pourquoi y a t'il eu peu de révoltes d'esclaves dans le Sud des EU?
Les révoltes d'esclaves étaient la hantise, la peur qui obsédait tous les planteurs. Mais cette peur ne correspond pas, vu la rareté de ces révoltes, à un risque réel majeur pour les blancs sudistes.
Un bref rappel de l'histoire de ces révoltes dans ces régions:

- en 1739, le 9 septembre, le "Sunday Uprising", qui comme son nom l'indique eut lieu un dimanche, jour que redoutaient les blancs, car ils étaient à l'office, et les noirs sans surveillance.
Près de Charleston (Caroline du Sud), dans la paroisse de Saint Paul, sur les rives de la Stono River, un groupe d'esclaves mené par un esclave nommé Jemmy fit irruption dans un magasin général, décapitant les deux hommes qui le surveillaient , et ils s'enfuirent en emportant fusils et poudre.
Ce groupe d'une cinquantaine d'insurgés fit route vers le Sud, se dirigeant vers St Augustine, en Floride, à 200 miles de la SC, destination habituelle des esclaves en fuite, pillant et maraudant sur leur passage, brûlant des maisons et tuant d'autres blancs (en tout 22/25).
Ils furent finalement interceptés par le lieutenant gouverneur de la colonie, William Bull, à la tête de la milice de l'état. Il y eut une fusillade, certains esclaves purent s'enfuir, les autres furent tués ou capturés. Finalement, les fuyards furent aussi rattrapés peu après, et ils furent tous exécutés et leurs têtes exposées sur des pieux le long de Stono River Road.

Peu après cette révolte, en 1740, un nouveau code noir, plus strict, "Act for the Better Ordering and Governing of Negroes" fut passé. Il stipulait qu'aucun esclave de pouvait sortir des limites de sa plantation sans un "pass", signé par son maître. Si un esclave était localisé par une patrouille, et après 3 sommations, refusait de s'arrêter pour produire ce document, la patrouille tirait sur lui.
Ce nouveau code noir spécifiait aussi quels vêtements devaient porter les esclaves (en tissus special nommé "negro cloth") et interdisait la détention d'armes par les esclaves, sauf en cas de chasse dument autorisée par le maître (auparavant, bizarrement, ce n'était pas le cas).

Durant la guerre d'Indépendance, des esclaves ( "black loyalists") s'enfuirent des plantations et rejoignirent les troupes britanniques: on leur avait promis l'émancipation s'ils se ralliaient aux Anglais. Ils furent utilisés par ceux ci comme cuisiniers, ordonnances, artisans etc.

- en 1815, il y eut des rumeurs d'une possible révolte des noirs alliés aux indiens, qui ne se concrétisèrent pas.
- en juin 1822, une autre conspiration a lieu , de nouveau en SC, fomentée par un esclave affranchi, nommé Denmark Vesey, arrivant sans doute originellement de Saint-Domingue. Vesey , esclave "de maison" sur la plantation Vesey, a la chance de gagner à une lotterie la somme de 1 500$ qui lui permet de se racheter. Il devient charpentier et, très religieux voire un brin illuminé, fonde l'African Methodist Church à Charleston , où il officie et tient des discours enflammés qui inquiètent les blancs. Son église est donc fermée; Denmark Vesey est furieux et, inspiré par l'exemple de Toussaint Louverture, décide que, le jour du Bastille Day, le 14 juillet 1822, une insurrection dont il prendra la tête sera lancée par les esclaves de la ville, qui d'abord exécuteront leurs propriétaires, puis libéreront temporairement Charleston, et enfin se saisiront de bateaux et s'enfuiront à Haiti. Des dizaines d'esclaves sont contactés/mis au courant,mais deux esclaves opposés à Vesey révèlent la conspiration aux blancs.
Des dizaines d'arrestations ont lieu, un procès s'ensuit, 131 esclaves sont déférés en justice, 67 sont condamnés, 35 pendus, dont Denmark. Là aussi, il peut y avoir eu une part de paranoia de la part des blancs, et pas grand chose de plus que des discours enflammés; les historiens en débattent.
- en 1832 a lieu la plus célèbre des révoltes d'esclaves, celle de Nat Turner, en Virginie cette fois. Nat, un esclave de la plantation Turner, avait appris à lire et écrire. Il était aussi très religieux, recevant des visions célestes et des messages de Dieu, lui aussi officiant et prêchant dans une église baptiste (il était nommé "le prophète " par les autres esclaves). Ayant reçu une vision où le Saint Esprit lui apparut et lui enjoignit de "combattre le Serpent", Nat en conclut qu'il avait une mission, et que celle ci était de mener une révolte contre les blancs. Des signes dans le ciel l'avertiraient si le moment était venu. Une première éclipse solaire annulaire ayant eu lieu en 31, Nat en déduisit que les temps étaient proches; une deuxième éclipse en 32 lui signifia qu'il fallait passer à l'action: ce qui fut fait le 21 juillet: un petit groupe d'esclaves se déplaça de plantation en plantation, libérant les esclaves (finalement au nombre de 70) et tuant les blancs.
Nat donna la consigne d'épargner les blancs pauvres, parce que, selon lui, leur situation n'était pas très différente de celles des esclaves. 60 blancs furent tués, mais l'insurrection fut stoppée au bout de 2 jours. Turner, en fuite, fut arrêté le 30 octobre seulement, et pendu. En tout, 18 des insurgés furent pendus, 12 vendus.
A noter que Vesey et Turner auraient été tous les deux issus de la tribu des Coromantees, de l'actuel Ghana, qui avaient une réputation d'insubordination.
- en 1848, il y a eu l'affaire de Back River (c'est un affluent de la Cooper River en SC). Sur la plantation des Akinfield, un esclave nommé Agrippa (les esclaves n'avaient pas de nom de famille, juste des prénoms ou des surnoms), envoyé par son maître faire une course en bateau à Charleston, profita de sa "liberté" pour rencontrer d'autres esclaves sur les plantations traversées par la rivière (il y avait très peu de routes, et les rivières étaient donc les principales voies de communication).
Il s'arrêta sur une autre plantation, la plantation Vanderdussen, et discuta avec des esclaves qui se plaignaient de leur maître, qui avait la réputation d'être violent.
Avec deux d'entre eux, Pompei et Billy, Agrippa aurait décidé de "refaire Stono" (dixit témoignage recueuilli pour le procès), et prennent contact avec des esclaves d'autres plantations, dont un nommé Joe. Des réunions qui attirent pas mal d'esclaves ont lieu, les blancs commencent à s'inquiéter, une grange est brûlée. Un certain nombre de meneurs sont arrêtés, un procès a lieu mais ils nient et prétendent qu'il ne s'agissait que de fêtes, que le but était de danser et de s'amuser. Quelques uns sont exécutés, mais il parait probable de nouveau que la soi-disant conspiration n'est pas allée très loin et qu'il y avait une grande part de rumeurs et de fantasmes.

Donc, finalement, 2 révoltes d'esclaves aux EU seulement. Et quelques conspirations, sans doute plus ou moins exagérées par la rumeur.
A première vue--et à première vue seulement--cela semble surprenant: en Caroline du Sud, la population était à certaines époques, très majoritairement noire: 75% dans Saint John Parish vers 1820. La famille Ball, une des 3 ou 4 plus puissantes familles de planteurs et de trafiquants d'esclaves du Sud, a eu un total (sur un peu moins de 2 siècles) de 4 000 esclaves, répartis sur une douzaine de plantations.
Le cas d'un des membres de la famille Ball est cité: vers 1820/1830, étant resté célibataire, il vivait donc, seul blanc avec son "overseer" (intendant) , sur une plantation isolée à une centaine de kms de Charleston, entouré de presque 200 esclaves noirs.
Il y a plusieurs explications à ce petit nombre de révoltes. Avant de les évoquer, (dans l'état actuel de mes connaissances), quelles sont vos explications?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Juil 2012 15:43 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
D'après des lectures éparses, j'ai cru comprendre que les esclaves de première génération nés en Afrique étaient plus enclins à se révolter que ceux nés en esclavage. Le risque de révolte était élevés lorsque les esclaves étaient issus des mêmes tribus ou des mêmes groupes ethniques. Or il me semble qu'à partir du XIXème siècle les esclaves aux États-Unis appartenaient en majorité à la deuxième catégorie.
Par ailleurs au Brésil et aux Caraïbes, on assiste à la constitution dans des zones difficiles d’accès, de communautés d'esclaves fuyards dits marrons. Certaines de ces communautés prenant une telle ampleur qu'elles forment des sortes de république et résistent victorieusement face aux attaques des autorités. Est-ce qu'il y a un équivalent aux États-Unis ?
Un autre argument, mais sans conviction, la vie d’esclave était peut-être plus rude dans les Caraïbes et au Brésil qu'aux États-Unis.

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Juil 2012 15:52 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 18 Mai 2007 13:23
Message(s) : 156
Localisation : Rhône-Alpes
D'ailleurs le faible nombre d'esclave qui cherchait à s'échapper était utilisé comme argument par les esclavagistes pour défendre l'esclavage. :'(

_________________
La meilleure partie de l'humanité ne périra pas; elle migrera d'étoile en étoile au fur et à mesure que celles ci s'éteignent. Ainsi, la vie ne connaitra pas de fin. Le perfectionnement de l'humanité sera permanent.

Konstantin TSIOLKOVSKI
Rêves de la Terre et du Ciel


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Juil 2012 18:58 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Par ailleurs au Brésil et aux Caraïbes, on assiste à la constitution dans des zones difficiles d’accès, de communautés d'esclaves fuyards dits marrons. Certaines de ces communautés prenant une telle ampleur qu'elles forment des sortes de république et résistent victorieusement face aux attaques des autorités. Est-ce qu'il y a un équivalent aux États-Unis


En effet, cela a existé aux EU; les esclaves marrons de Caroline du Sud se réfugiaient dans les jungles de Floride, vers Saint Augustine. Il y avait dans cette zone un village permanent d'esclaves marrons, nommé Fort Mose, créé par les Espagnols pour affaiblir les planteurs anglais durant l'ère coloniale. Quand les Espagnols ont du céder la place aux Anglais, les habitants de ce village seraient partis à Cuba mais les esclaves ont continué à s'enfuir vers la Floride.
Il y avait certainement d'autres destinations pour les esclaves marrons d'autres parties du Sud plus au Nord, comme la Virginie, mais je m'intéresse plus spécialement aux esclaves de Caroline du Sud, car cet état était vraiment le coeur du système planteur, et bien sûr le coeur de la Confédération.
La concentration de noirs y était plus forte que dans tout autre état (en 1860, population totale 90 000, dont 55 000 noirs et 35 000 blancs, avec des concentrations encore beaucoup plus élevées dans certaines régions), les conditions moyennes de l'esclavage y étaient plus dures que partout ailleurs, et cet état avait le plus fort taux d'esclaves en fuite (environ double des états comme la Virginie ou la Caroline du Nord).
A la première évasion, l'esclave était fouetté. A la seconde, il était marqué au fer rouge, à la 3ème, on lui coupait l'oreille gauche, à la 4ème, pour les hommes, c'était la castration (ce "détail" est peu connu), pour les femmes, l'oreille droite. Il existait des chasseurs d'esclaves en fuite rémunérés, comme les chasseurs de primes. Les "slaves patrols", assurées par roulement par les planteurs locaux, contrôlaient les mouvements et les activités des esclaves localement.
En cas de révolte contre les blancs, c'était la mort.
La répression était extrêmement brutale, c'est donc une première explication du petit nombre des révoltes d'esclaves. Dans les conspirations évoquées plus haut, certains des esclaves mis à mort l'ont été non pas parce qu'ils avaient tué des blancs, non pas parce qu'ils avaient été convaincus de conspirer contre les blancs, mais parce qu'ils étaient soupçonnés de l'avoir fait, sur la base de rumeurs et de témoignages plus ou moins douteux.

Et en effet, les esclaves récemment importés d'Afrique avaient la réputation d'être plus insubordonnés. Certaines ethnies, comme les Coromantees et les Angolais, avaient cette même réputation.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Juil 2012 20:38 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
Comme vous l'avez rappelé, cet article pris sur Encyclopaedia Britannica conforte l'idée que la peur et la brutalité de la répression seraient la principale cause de l'apathie des esclaves en Amérique du Nord face à leur sort (désolé pour cette référence en anglais).
"Slave rebellions in North America were also noticeably few and involved only a handful of participants: the New York revolt of 1712, the Stono rebellion of South Carolina (1739), the Gabriel plot in Richmond, Virginia (1800), the Denmark Vesey conspiracy in Charleston, South Carolina (1822), and Nat Turner's uprising in Jerusalem, Virginia (1831), are the best known. Southern slave uprisings were so few and so small because of the absolute certainty that they would be brutally repressed. The Turner rebellion is usually given as the reason for the marked increase in the severity of the slave regime after 1831."

Un autre article sur Digital History http://www.digitalhistory.uh.edu donne d'autres pistes :
Un rapport blancs/esclaves plus important aux États-Unis qu'aux caraïbes et qu'au Brésil (jusqu'à 1 pour 10 en Jamaïque).
Argument déjà soulevé : Un pourcentage moins élevé d'esclaves nés en Afrique.
La taille des plantations et donc le nombre d'esclaves par plantation est relativement moindre que dans les Caraïbes ou qu'au Brésil.
Le dernier argument est intéressant : Les esclaves vivant en communautés et en familles, donc cet environnement social jouait le rôle d'inhibiteur de la violence.

"Violent rebellion was rarer and smaller in scale in the American South than in Brazil or the Caribbean, reflecting the relatively small proportion of blacks in the southern population, the low proportion of recent migrants from Africa, and the relatively small size of southern plantations. Compared to the Caribbean, prospects for successful sustained rebellions in the American South were bleak. In Jamaica, slaves outnumbered whites by ten or eleven to one; in the South, a much larger white population was committed to suppressing rebellion. In general, Africans were more likely than slaves born in the New World to participate in outright revolts. Not only did many Africans have combat experience prior to enslavement, but they also had fewer family and community ties that might inhibit violent insurrection."

Enfin, est-ce qu'il n'y aurait pas une piste à chercher du coté du sentiment religieux des esclaves et donc de l'acceptation de leur destin ? Qui assurait leur encadrement religieux ? Si ce sont des blancs, peut être que ceux-ci leur enseignaient que l'obéissance à leurs maîtres était dans l'ordre divin des choses ?

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Juil 2012 21:33 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Enfin, est-ce qu'il n'y aurait pas une piste à chercher du coté du sentiment religieux des esclaves et donc de l'acceptation de leur destin ? Qui assurait leur encadrement religieux ? Si ce sont des blancs, peut être que ceux-ci leur enseignaient que l'obéissance à leurs maîtres était dans l'ordre divin des choses ?


A ma connaissance, après une période initiale où l'évangélisation des esclaves n'était pas jugée souhaitable ou nécessaire, les propriétaires se sont rendus compte que la christianisation pouvait être un facteur de docilité.
De même que la famille, c'est pourquoi ils ont adopté une attitude paternaliste centrée sur le principe qu'il fallait autant que possible éviter de séparer les familles d'esclaves, sauf cas d'urgence tels décès suivi de partage des biens ou impératif financier. Cependant , nombre d'esclaves ne vivaient pas non plus de façon permanente avec leur compagne et leurs enfants. Souvent existait ce qu'on nommait un mariage "abroad" (à l'étranger), c'est à dire que l'esclave masculin était assigné à une plantation à dix ou vingt kilomètres de celle de sa femme: la vie de famille était limitée au dimanche, elle n'empiétait ainsi pas sur les heures de travail.
Cependant, pour ce qui est de la religion, assez rapidement, des noirs émancipés, des mulâtres mieux instruits ont voulu créer des églises où le culte était conduit par des noirs. Avec des conséquences pas forcément favorables aux planteurs:comme on l'a vu ci-dessus, Denmark Vesey et Nat Turner étaient profondément religieux et ont trouvé dans leur religion la motivation de leur révolte. Le modèle de Vesey par exemple, dans sa tentative de révolte, était Moise qui a libéré le peuple juif du joug des Egyptiens en le conduisant hors d'Egypte.

Une autre des raisons de ce petit nombre de révoltes est l'absolu manque de moyens et d'appuis des esclaves: ils ne savaient ni lire ni écrire (il était interdit de leur apprendre), ils parlaient une version simplifiée de l'anglais, le gullah, ils ne connaissaient de l'Amérique que leur plantation, dont ils ne sortaient jamais s'ils étaient des "field slaves" (seuls les esclaves de maison accompagnaient leurs maîtres en voyage ), ils ne pouvaient compter sur personne en cas de fuite, n'avaient pas d'argent. Ils étaient facilement identifiables comme esclaves (et non comme affranchis), par leurs vêtements mêmes, ne pouvaient se déplacer hors de la plantation qu'avec un "pass" et devaient donc éviter les lieux habités et se déplacer de nuit dans leur fuite.
Les évasions d'esclaves n'ont augmenté que lorsque le mouvement abolitionniste s'est développé dans le Nord; une des activités de ces abolitionnistes, dont le leader était Robert Garrison, a été d'organiser des réseaux de soutien aux esclaves fugitifs à travers les EU: les esclaves étaient accueillis dans des maisons sûres, et étaient acheminés d'une maison sûre à l'autre, vers le Nord du pays. Ces réseaux d'accueil et de transfert des fugitifs vers le Nord étaient appelés le "Underground Railroad" .
C'est de cette façon que le célèbre esclave Frederick Douglass s'est échappé:

http://en.wikipedia.org/wiki/Frederick_Douglass


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 11:26 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Un autre "pic" de fuite d'esclaves s'est bien sûr produit à partir du moment où le général Frémont, (d'origine française comme son nom l'indique) a promis dès 1861 l'émancipation aux esclaves fugitifs du Missouri qui rejoindraient l'armée de l'Union.

Il fut d'abord retoqué, puis limogé pour ça par Lincoln, qui craignait que cette décision n'aliène le soutien à l'Union des "états frontières", comme le Missouri, le Kentucky, etc qui avaient d'importantes concentrations d'esclaves et d'importantes minorités en faveur de la Confédération.
Lincoln ayant compris l'atout double que représentait pour l'Union les esclaves fuyant leurs maîtres du Sud, il se rallia à cette position.
Ce détail met en évidence que les esclaves étaient réduits à une situation de complète impuissance par leurs propriétaires, à un niveau d' incapacité si total qu'ils étaient socialement aussi faibles et dépendants que des enfants.
Vesey par exemple a pu se racheter parce qu'il a gagné 1500 $ à une loterie. Les maîtres pouvaient donner un peu d'argent aux esclaves en échange de menus services, de produits (volailles, fruits, légumes élevés/cultivés dans leur jardin, venaison) qu'ils leur achetaient, ou même, s'ils étaient artisans, pouvaient les louer à d'autres blancs en leur laissant une partie de leur gains. Mais ils ne leur laissaient pas gagner assez d'argent pour pouvoir se racheter.
Sauf individus héroiques ou fous, les esclaves étaient conscients du fait que leurs chances de réussir à s'enfuir sans être repris étaient très faibles s'ils ne bénéficiaient pas d'un soutien extérieur solide et d'un point de chute sûr--que seuls des blancs pouvaient leur offrir: réseaux abolitionnistes ou armée de l'Union.
En fait, ils ne pouvaient échapper à leurs maîtres blancs qu'avec l'aide d'autres blancs.
Bien entendu, il y avait aussi des ex-esclaves enfuis/émancipés dans ces réseaux abolitionnistes.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 12:37 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
Vous abordez la guerre de sécession dans votre dernier post.
Pendant la guerre, l'extrême résignation des esclaves me paraît encore plus évidente. La plupart des sudistes en âge de se battre ayant rejoint l'armée confédérée, il y avait encore moins de blancs pour assurer la surveillance des esclaves à l’arrière du front. Avec le début des hostilités, l'une des grandes peurs des sudistes était une révolte généralisée des esclaves et donc l'ouverture d'un front intérieur : cette révolte n'eut pourtant jamais lieu.

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 13:16 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Avec le début des hostilités, l'une des grandes peurs des sudistes était une révolte généralisée des esclaves et donc l'ouverture d'un front intérieur : cette révolte n'eut pourtant jamais lieu.


C'est juste, mais du point de vue des esclaves, ce n'était pas une stratégie intelligente. Pourquoi se battre seuls et sans armes à l'arrière contre leurs maîtres sudistes, alors qu'ils pouvaient le faire, avec moins de risques, des armes et beaucoup plus d'efficacité, sur le front aux côtés de l'armée de l'Union?
Pourquoi se venger de leurs maîtres--ce qu'il en restait à l'arrière--en les massacrant "illégalement" alors qu'ils pouvaient le faire légalement?
Et en plus, les Nordistes leur offraient l'émancipation pour ça.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 14:19 
Hors-ligne
Georges Duby
Georges Duby
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
Tonnerre a écrit :
Citer :
Avec le début des hostilités, l'une des grandes peurs des sudistes était une révolte généralisée des esclaves et donc l'ouverture d'un front intérieur : cette révolte n'eut pourtant jamais lieu.

C'est juste, mais du point de vue des esclaves, ce n'était pas une stratégie intelligente. Pourquoi se battre seuls et sans armes à l'arrière contre leurs maîtres sudistes, alors qu'ils pouvaient le faire, avec moins de risques, des armes et beaucoup plus d'efficacité, sur le front aux côtés de l'armée de l'Union?
Pourquoi se venger de leurs maîtres--ce qu'il en restait à l'arrière--en les massacrant "illégalement" alors qu'ils pouvaient le faire légalement?
Et en plus, les Nordistes leur offraient l'émancipation pour ça.
Je suis surpris que le sentiment de révolte des esclaves envers les confédérés soit ainsi évoqué, alors qu'on sait que de nombreux esclaves du sud se sont au contraire engagés dans la lutte contre le Nord. Contrairement au Nord.
Ils le faisaient car le Sud était leur pays malgré tout et peut-être avaient ils entendu dire que les nordistes certes abrogeaient l'esclavage mais parce qu'ils le jugeaient trop cher compte tenu des frais généraux en comparaison de la solution du salariat qui évite d'avoir à subvenir aux besoins des noirs âgés, malades, des femmes et des enfants. Car c'est bien pour cette raison que le Nord industriel est devenu abolitionniste par intérêt compte tenu de ses énormes besoins de main d'oeuvre.
Je ne suis pas certain d'ailleurs que Marx n'ait pas trouvé "l'exploitation capitaliste" des entrepreneurs du Nord par le salariat pire que l'esclavage dans le Sud.
Je ne suis pas sur que la haine du maitre était aussi répandue qu'on peut le croire, spécialement dans les petites entreprises.
N'est-ce pas plutôt dans le Nord anti-esclavagiste que régnait paradoxalement la haine la plus répandue des blancs par les esclaves ou anciens esclaves ?
Etonnant certes et à contre-courant des idées reçues et des clichés mais il est fréquent à notre époque qu'on démonte les mythes du type de l'esclave martyrisé et révolté en s'apercevant que s'il y avait des noirs dans une armée pendant la guerre de Sécession, ce fut dans les armées du sud !

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 14:33 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Je suis surpris que le sentiment de révolte des esclaves envers les confédérés soit ainsi évoqué, alors qu'on sait que de nombreux esclaves du sud se sont au contraire engagés dans la lutte contre le Nord.


L'armée sudiste n'admettait pas d'esclaves ni de noirs émancipés dans ses rangs; elle ne les utilisait que dans des taches serviles; c'est d'ailleurs une erreur majeure qu'elle a faite, de se priver ainsi pour des raisons raciales de ces importants effectifs, et le Nord en a profité, en offrant aux esclaves la "promotion" militaire que le Sud leur refusait .
Non pas d'ailleurs que l'utilisation au combat d'esclaves noirs n'ait pas suscité des réserves dans les rangs nordistes: la plupart des abolitionnistes étaient racistes selon nos critères actuels.
J'ai déjà fait allusion à cette règle du Sud, de refus de combattre aux côtés de leurs esclaves ou ex-esclaves noirs, dans divers fils sur la guerre de Sécession.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 15:07 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
Alain.g a écrit :
... alors qu'on sait que de nombreux esclaves du sud se sont au contraire engagés dans la lutte contre le Nord. Contrairement au Nord.

Jamais les confédérés n'ont fait confiance à leurs esclaves en les armant. Il a fallu attendre mars 1865, soit presque la fin de conflit, pour que le congrès des États Confédérés ne vote l'enrôlement des esclaves noirs dans l'armée sudiste. Acte désespéré pour retourner la situation en faveur du Sud.
Selon cet article de la Encyclopedia Virginia http://www.encyclopediavirginia.org/Slavery_During_the_Civil_War, les volontaires dont vous parlez ne le sont pas vraiment et ont en fait été loués par leurs maîtres à l'armée sudiste ou même enrôlés de force, non pas pour combattre mais pour travailler dans les hôpitaux militaires ou dans la construction des fortifications entre autres.
D’après ce que j'ai pu en lire, 180000 noirs ont combattu dans les rangs de l'armée fédérale : En contre-partie, combien de noirs y avaient-ils dans l'armée confédérée ? Je citerai Pr.John Stauffer (Harvard) spécialiste de la question : "black Confederate soldiers likely represented less than 1 percent of Southern black men of military age during that period, and less than 1 percent of Confederate soldiers.". Moins de 1% ! Je pense que cela relativise largement votre point de vue quant aux nombreux esclaves ayant combattu pour le sud.

Alain.g a écrit :
... peut-être avaient ils entendu dire que les nordistes certes abrogeaient l'esclavage mais parce qu'ils le jugeaient trop cher compte tenu des frais généraux en comparaison de la solution du salariat qui évite d'avoir à subvenir aux besoins des noirs âgés, malades, des femmes et des enfants. Car c'est bien pour cette raison que le Nord industriel est devenu abolitionniste par intérêt compte tenu de ses énormes besoins de main d'oeuvre.

Vous n'êtes pas sans savoir que l'écrasante majorité des esclaves (grâce à leurs maîtres) ne savaient ni lire ni écrire et n'avaient par conséquent, aucune sorte de conscience politique pour pouvoir faire l'analyse que vous venez de donner et donc de comparer leur situation avec les bienfaits du salariat proposé par le Nord.

Alain.g a écrit :
N'est-ce pas plutôt dans le Nord anti-esclavagiste que régnait paradoxalement la haine la plus répandue des blancs par les esclaves ou anciens esclaves ?

Vos sources ?

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 16:42 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Merci, Jugurtha, en effet, la mesure de la 25ème heure du Sud n'a eu qu'un impact insignifiant.
Et j'avais mentionné plus haut que suite à la première révolte noire, celle de Stono, au XVIIIème siècle, un nouveau Code noir avait interdit aux noirs de porter des armes.

Citer :
. peut-être avaient ils entendu dire que les nordistes certes abrogeaient l'esclavage mais parce qu'ils le jugeaient trop cher compte tenu des frais généraux en comparaison de la solution du salariat qui évite d'avoir à subvenir aux besoins des noirs âgés, malades, des femmes et des enfants. Car c'est bien pour cette raison que le Nord industriel est devenu abolitionniste par intérêt compte tenu de ses énormes besoins de main d'oeuvre.


Non, pas seulement, il y avait aussi des considérations morales, liées en partie aux principes religieux: les Anabaptistes ont TOUJOURS refusé d'avoir des esclaves, les Quakers ont été à la pointe du combat abolitionniste pour des raisons avant tout religieuses--ainsi que d'autres dénominations religieuses.
De plus, le planteur qui nourrit et prend soin de ses esclaves jusqu'à la mort est une image d'Epinal de la propagande pro-esclavagiste du Sud: ça pouvait être vrai pour certains maîtres paternalistes, mais le paternalisme a beaucoup diminué avec l'adoption de la culture extensive du coton sur de vastes plantations type latifundia, dont le maître était typiquement absent: vivant en ville, à Charleston, et se contentant de toucher ses revenus.
En fait, le propriétaire d'esclaves évitait aussi d'avoir à prendre soin de noirs âgés et malades: il y avait en Caroline du Sud, à Charleston par exemple, une proportion anormalement forte de noirs âgés affranchis: quand l'esclave était trop vieux pour travailler, ou se reproduire, nombre de maîtres les "libéraient" , de façon à ne plus avoir à les nourrir.

Citer :
Vous n'êtes pas sans savoir que l'écrasante majorité des esclaves (grâce à leurs maîtres) ne savaient ni lire ni écrire et n'avaient par conséquent, aucune sorte de conscience politique pour pouvoir faire l'analyse que vous venez de donner et donc de comparer leur situation avec les bienfaits du salariat proposé par le Nord.


Certes, mais ne savoir ni lire ni écrire ne signifie pas qu'on est totalement incapable de voir son intérêt, de distinguer ce qui vous sera profitable de ce qui risque de vous nuire.
Les esclaves étaient parfaitement capables de ces calculs d'intérêt: ils ne s'enfuyaient guère, et ils ne se révoltaient presque pas, parce que leurs chances de réussir dans ces entreprises SANS AIDE EXTERIEURE étaient très faibles, alors que leurs chances de se faire arrêter et punir cruellement, voire abattu par une "slave patrol", elles, étaient fortes.
De même pour le fait de s'enfuir pour rejoindre l'armée de l'Union: la nouvelle s'est répandue rapidement de plantation à plantation que l'Union émanciperait les esclaves du Sud qui s'enfuiraient pour rejoindre ses rangs, qu'elle leur offrait protection contre leurs maîtres, la nourriture, des couvertures, et des vêtements (plus ou moins).Et , pour ceux qui avaient des comptes à régler avec les planteurs, le droit, et même le devoir, de tirer sur eux.
Le choix était tentant.
Ce n'est pas parce que la majorité des noirs ne savaient ni lire ni écrire--parce que leur apprendre était interdit par les divers Codes noirs qui se sont succédé-- qu'ils étaient incapables de toute réflexion et de toute initiative. Certains "overseers"--cela serait intéressant de savoir la proportion--qui géraient de vastes plantations où travaillaient plusieurs centaines d'esclaves et qui devaient tout mener parfois en l'absence prolongée des maîtres, étaient métis, ou même noirs.
Sur les grandes plantations,il y avait des artisans compétents, charpentiers, menuisiers, maçons, tailleurs, etc. Les esclaves de maison recevaient une certaine formation nécessaire à leur service. Sur certaines plantations, c'étaient des femmes noires qui faisaient fonction de docteurs, car elles connaissaient l'usage traditionnel des simples, et des blancs leur faisaient assez confiance pour se laisser soigner par elles. Et les esclaves venus de différentes plantations se rencontraient le dimanche à l'église, discutaient les nouvelles entre eux, discutaient de leurs maîtres, sur lesquels ils savaient tout.
Et savez-vous que ce sont les noirs de tribus d'Afrique de l'Ouest (Angola , Sierra Leone) qui pratiquaient de longue date la culture du riz en rizière "immergée" qui ont enseigné certaines techniques d'irrigation aux planteurs de riz de Caroline du Sud, technique de "tidal rice farming" et"long water" en particulier, qui permettait aux planteurs d'économiser un temps de main d'oeuvre considérable passé à enlever les mauvaises herbes? Les hommes de ces tribus étaient d'ailleurs particulièrement demandés et payés plus cher par lesdits planteurs à cause de leur connaissance approfondie de la culture du riz (qui a précédé celle du coton et par laquelle elle a été en partie supplantée).
Malgré les contraintes de leur condition, il y avait une agentivité (débrouillardise si vous préférez un terme familier) des esclaves en ce qui concerne l'amélioration de leur condition: ils cultivaient des lopins de terre, plus ou moins importants, élevaient du bétail qu'ils revendaient au maître voire celui ci leur sous-traitait une partie de ses terres en métayage, pratiquaient des métiers pointus (il y avait à Charleston,à un moment port important, un nombre important de noirs charpentiers de marine).


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 17:43 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
En effet, en vous lisant je trouve mon jugement assez expéditif. Je comprends que le fait de ne savoir ni lire ni écrire n'empêche pas les esclaves de vouloir se libérer mais au final, l’abolitionnisme fut avant tout une affaire de blancs, les esclaves noirs n'en étant que l'objet. Il y a évidemment des exceptions, des personnalités comme Frederick Douglass, des esclaves qui osent s'enfuir malgré les risques, d'autres qui rejoignent les armées nordistes. Mais il me semble qu'il n'y a pas eu parmi les esclaves du sud des États-Unis une prise de conscience généralisée de leur situation et des moyens à mettre en œuvre pour leur émancipation, prise de conscience qui aurait pu conduire à l'apparition d'un mouvement de libération à grande échelle parmi eux.

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Juil 2012 18:09 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
l’abolitionnisme fut avant tout une affaire de blancs, les esclaves noirs n'en étant que l'objet.

EN gros, d'accord avec ça. Ne sous estimez pas néanmoins la contribution apportée par les noirs affranchis ou fuyards à ces réseaux d'évasion abolitionnistes (Underground Railroad) . Certes, ils n'avaient pas ce que pouvaient seuls apporter les blancs: argent,pouvoir, protection contre les maîtres. Mais ils détenaient des informations précieuses pour organiser ces évasions.

Citer :
Mais il me semble qu'il n'y a pas eu parmi les esclaves du sud des États-Unis une prise de conscience généralisée de leur situation et des moyens à mettre en œuvre pour leur émancipation, prise de conscience qui aurait pu conduire à l'apparition d'un mouvement de libération à grande échelle parmi eux.


Non, mais vous en connaissez beaucoup, des grands mouvements de révolte d'esclaves, blancs ou noirs? A part Spartacus ? :mrgreen:
Les grands mouvements de révolte n'apparaissent pas dans les groupes qui sont le plus complètement asservis, plutôt dans ceux qui le sont "à moitié".
C'est le cas pour la classe ouvrière du XIXème siècle, où les meneurs et théoriciens se recrutaient dans l'aristocratie ouvrière, relativement favorisée économiquement et culturellement.
Et les esclaves noirs qui ont pris la fuite et ont rejoint l'Union ne sont pas des exceptions, ils ont été nombreux: sur un total de 2,2 millions d'hommes dans l'Armée de l'Union vers la fin de la guerre, 210 000 étaient noirs, dont plus de la moitié étaient des esclaves en fuite.
Rien de comparable en échelle aux soi-disant soldats noirs de la Confédération, sur lesquels il n'existe ni registres ni dossiers militaires, et dont le nombre n'a pas dépassé quelques centaines au plus:

http://civilwargazette.wordpress.com/20 ... nfederacy/


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 75 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 29 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB