Bonjour à tous,
Le présent sujet s'adresse principalement aux Québécois et Canadiens francophones souhaitant mieux connaitre leur Histoire, mais bien entendu à toutes les autres nationalités qui aimeraient enrichir leur connaissance de la Nouvelle-France, ou simplement venir en discuter.
Lorsque j'étais à l'École Secondaire (équivalent du Lycée), j'aimais beaucoup l'Histoire, mais étais toujours découragé de voir comme les manuels scolaires n'allaient pas en profondeur comme je l'aimais, ou encore comme ils véhiculaient certaines idées erronnées, des tendances patriotico-religio-nationalistes plutôt qu'une vision d'ensemble, globale et objective. Bien sûr, au Québec et ailleurs (mais surtout ici) pendant longtemps les historiens ont été des hommes d'Église, et ce que contenaient nos livres était rempli d'iconographie religieuse à endoctrinement.
Découragé par tout cela, j'ai fait mes propres recherches dans les bibliothèques pour trouver de bons livres d'Histoire dignes de confiance.
Ce sujet a donc pour but de rectifier le tir, dans des termes (j'espère) simples et concis, concernant certaines idées préconcues et fausses véhiculées pendant longtemps dans les manuels d'Histoire du Québec.
Le sujet dont je vais traiter concerne l'une des figures les plus connues de l'histoire de la Nouvelle-France, même celui qui a parcouru en surface cette Histoire en a au moins entendu parler. Il s'agit de l'Intendant Jean Talon.
Pour la majeure partie de mes sources quant à ce sujet, j'utilise l'ouvrage «Mythes et Réalités dans l'histoire du Québec», en format poche, par l'Historien Québécois Marcel Trudel.
Talon a eu beaucoup de chance en historiographie. Des trois hommes qui ont tenu un rôle capital pendant les années 1665-1672, il était celui qui, plus que les autres, risquait de demeurer en retrait: Prouville de Tracy représentait le Vice-Roy de la Nouvelle-France avec des pouvoirs de «Presque-Roi»; Rémy de Courelle, second en dignité, occupait la fonction de Gouverneur-Général.Talon ne venait qu'au troisième rang.
Comme on le sait lorsqu'on étudie l'Histoire, la célébrité de chacun dépend en bonne part de la correspondance qu'on laisse aux historiens. De Prouville de Tracy, on a plus que de rares écrits sur son rôle prééminent. Presque toute la correspondance de Courcelle est perdue. Seule subsiste l'abondante correspondance officielle de Talon. Surces années 1665-1672, il est donc le seul des trois à témoigner, accompagné de temps à autres par des personnes telles l'ursuline Mère de l'Incarnation, ou l'annaliste de l'Hôtel-Dieu de Québec, qui lui doivent tous deux bien des faveurs. Et Talon témoigne avec profusion: Il fait valoir dans le menu détails ce qu'il a accompli et(cela a aussi servi à sa gloire), ce qu'il voulait accomplir. Si bien qu'on finit par ne plus voir que lui en scène. Il peut même reprocher à Courcelle de n'avoir rien fait: Celui-ci n'est plus là pour se défendre, bien qu'on sache par ailleurs qu'en certaines occasions il a eu une activité supérieure à celle de Talon.Nous n'entendons et n'écoutons qu'une seule voix: Celle de l'Intendant.
Autre chance de Talon, l'apparition au début du XXè siècle d'une vague d'admiration qui va soudainement le placer très haut dans notre histoire et qui lui vaudra d'avoir son nom coiffé à tant de lieux, rues, et d'institutions.
Pourtant au XIXè siècle, l'historiographie s'est montrée plutôt sobre à l'égard de Talon. Garneau, Ferland et, en général, les historiens de cette époque ont porté sur lui des jugements tempérés; Garneau, par exemple, attribuait à Rémy de Courcelle des qualités «moins brillantes» mais «plus solides».
Puis, tout à coup, voici en 1904 par Thomas Chapais, une biographie de 500 pages constamment élogieuse qui met en place une vision romantique de Talon; ce qu'on attendait guère de l'autère Chapais.
Je vous épargne ensuite les nombreux autres historiens et autres qui se sont donné un concours d'encensoir pour voir qui diviniserait le mieux Talon. (J'exagère, mais juste un peu)
Qui était le vrai Talon? On n'a pas assez remarqué qu'avant sa nomination de 1665, Talon a déjà 39 ans(au XVIIè siècle, c'est déjà avoir une carrière derrière soi) et n'avait encore rien accompli qui lui valut renommée: Les remerciements que lui adresse le cardinal-ministre Mazarin ne sont pas de nature, à cause de leur banalité officielle, à consacrer un mérite exceptionnel. Pour Talon, d'ailleurs,il s'agissait, à son arrivée de 1665, d'un emploi temporaire: On ne l'envoie au Canada que pour deux ans, ce qui est bien court pour un administrateur qui ne connait pas le pays qu'il a à administrer et n'a été jusque là qu'Intendant militaire, sans autorité sur le civil et dans une province (le Hainaut) d'un type si différent: Il sera ici intendant de Justice, de police(c'est à dire pour le civil) et des finances, trois domaines auxqueles ne l'ont guère préparé ses fonctions antérieures. Deux ans: Le temps d'arriver, de s'initier au Canada et de rentrer en France.

Maintenant il faudra m'excuser, je continuerai le sujet dans des posts ultérieurs, mon ordinateur fait des siennes et je n'arrive plus à voir ce que j'écris depuis plusieurs lignes que je tape.

En espérant que cette «mise en bouche» vous aura intéressé., et j'ai vu en apercu que toutes les interlignes et lignes que j'ai sauté n'apparaissent pas dans le post. Je tenterai de rectifier cela lorsque je serai sur un odrinateur plus fonctionnel.