Pouzet a écrit :
En effet les chinois n'avaient qu'à longer les côtes de Sibérie pour atteindre l'Amérique (l'Alaska).
Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ?
Mystère...
Ce n'est pas un mystère. Si les scandinaves l'ont fait, c'est simplement par hasard et au gré des circonstances. Il n'est venu à l'idée d'aucun des peuples européens d'aller en Amérique en jouant à saute-île. C'est pourtant plus facile que la voie directe.
Au fait, est-ce réellement plus facile ? Lors de certaines périodes, les tempêtes sont nombreuses. Les iles offrent parfois des capacités de ravitaillement limitées et quand les banquises recouvrent la mer, il faut avoir un mode de vie spécifiquement adapté pour survivre.
On sait pourquoi les scandinaves ont périclité alors que les ancêtres des eskimos actuels ont prospéré : les seconds avaient un mode de vie plus adapté aux conditions climatiques. Survivre dans le Grand Nord asiatique demande la même adaptation, ce qui explique que ce sont des populations venant de l'Asie qui colonisèrent le Groenland.
L'exemple portugais est aussi très éclairant. A une certaine période les portugais pensent qu'il est possible de contourner l'Afrique pour aller en Asie. Ils mettront combien de dizaines d'années pour réaliser cela ? Et eux savaient qu'il y avait une terre avec des marchandises commercialement intéressantes. D'ailleurs, le moteur initial des Grandes Découvertes, c'est le commerce. Revenir avec une caravelle chargée d'épices et de soieries est assez rentable pour accepter qu'environ un tiers des navires n'arrivent pas à faire le voyage et disparaissent en mer.
Il faut se remettre dans le contexte de l'époque, c'est comme cela qu'on fait de l'histoire. Les explorateurs du passé se lancent rarement dans l'inconnu. Ils pratiquent souvent le saut de puce. S'arrêtant "sagement" aux limites des capacités de leurs moyens. Ceux qui ont dépassé ces limites ont rarement eu la chance de revenir raconter ce qu'ils ont découvert. Or, la découverte de l'Amérique par les chinois suppose 2 voies possible.
La voie nordique en passant par le détroit de Béring. Ce qui suppose d'aller à la rencontre de populations "sauvages" qui n'ont pas ou peu de marchandises à échanger parce qu'elles vivent déjà aux limites des possibilités. C'est une voie "ingrate" parce qu'elle ne permet pas de penser qu'on va s'enrichir.
La voie directe. Or, là, il n'y a que quelques iles séparés par des milliers de kilomètres d'océan. Si on ne sait pas les trouver, comme les océaniens surent le faire, on peut facilement passer à coté et devoir faire plus d'une dizaine de milliers de kilomètres sans aucune source de ravitaillement en dehors de ce qu'il y a bord. Il me semble que c'est au-delà des limites des techniques dont les chinois ont a disposition.
Il faut aussi retenir que la plupart des expéditions de Zheng He sont des expéditions "diplomatiques". On va dans des zones où l'on sait qu'il y a des populations et du commerce à faire. On demande une reconnaissance et que les populations locales se déclarent soumises à l'empereur Ming. Et on procède à des échanges de cadeaux. Des produits manufacturés chinois contre des produits locaux qu'on va ramener à la cours. Il ne s'agit pas d'expéditions de découvertes lancées au hasard pour découvrir de nouvelles terres.