Je cite une des possibilités d'explication de la non utilisation de la roue dans des charettes par la non domestication d'animaux de trait et l'usage de porteurs qui une fois débarassés de leur charge auraient servi d'alimentation aux autres porteurs du "convoi".
Que le cannibalisme fut ancré dans les moeurs ou fut seulement rituel et occasionnel entre plus à mon sens dans un débat idéologique fortement chargé d'émotion que je ne voulais surtout pas lancer. Je conçois très bien que les theses cités ne puissent pas plaire mais elles meritent d'être connues.
A ce propos autres lieux, autres témoignages et theses sur l'anthropophagie chez certains peuples autochtones des Ameriques. Notez qu'il ne me dérange pas du tout d'être par exemple le descendant entre autre d'un gaulois qui aurait entreposé devant sa maison les têtes de ses ennemis vaincus ou pratiqué des sacrifices humains en hommage aux dieux de la guerre et bien sur la civilisation celte ne se résume pas à cela.
"La torture et le cannibalisme chez les peuples autochtones de culture iroquoienne[1] : mythe ou réalité?
http://www.hist.umontreal.ca/u/le_sabli ... oquois.htm
Par Guillaume Teasdale
Dans cet article, il est question d’un sujet à propos duquel plusieurs historiens, sociologues et anthropologues sont réticents à aborder. Peu de publications portent spécifiquement sur cette problématique. Une des principales raisons est que l’on ne souhaite pas, dans la mesure où le cannibalisme était bel et bien pratiqué par ces peuples autochtones, perpétuer une mauvaise image des Amérindiens d’aujourd’hui. Néanmoins, il apparaît essentiel de pouvoir parler du cannibalisme comme n’importe quel sujet. Il est également pertinent de souligner que le thème du présent article relève des sciences sociales et c’est pour cette raison que nous croyons qu’il est judicieux de faire la lumière sur cette question. Alors le cannibalisme faisait-il réellement partie du mode de vie des peuples autochtones de culture iroquoienne?
Contrairement à ce qui a longtemps été pensé, le cannibalisme a réellement été pratiqué chez les peuples de culture iroquoienne. En effet, durant plusieurs décennies on a nié cette pratique anthropophage et des spécialistes ont même affirmé que toute cette problématique ne relevait que d’une « supercherie intellectuelle ». Or, comme le mentionne Roland Viau dans son livre Enfants du néant et mangeurs d’âmes, trop de récits de missionnaires datant du XVIIe siècle ont des similitudes à ce sujet pour que l’on ne se contente que de nier les faits[2]. De plus, avec les fouilles archéologiques des dernières années, nous sommes en mesure de confirmer leurs récits. Alors selon toute vraisemblance, le cannibalisme aurait été pratiqué par ces peuples amérindiens durant les périodes préhistorique et historique. En ce qui a trait aux récits, il semble peu probable, comme j’ai ouï dire, qu’ils aient été rédigés par des jésuites confortablement installés dans des cabanes à Québec pour mousser l’imaginaire. Nous réitérons pour les sceptiques que les sources attestant des pratiques cannibales se multiplient depuis quelques années[3]. Maintenant, nous pouvons nous interroger quant à savoir dans quelles circonstances, pourquoi et comment le cannibalisme était exercé.
Il semblerait, selon Thomas S. Abler, que le cannibalisme, du moins sur le territoire actuel de l’Ontario, se serait déroulé principalement du XIVe au XVIIIe siècle. Cependant, l’apogée du cannibalisme se situe au milieu du XVIe siècle[4]. Le cannibalisme était exercé, dans la majorité des cas, en temps de guerre, sur les captifs ennemis ramenés vivants d’un combat. Lorsque des guerriers revenaient au village avec des prisonniers, on répartissait généralement ces derniers parmi des familles qui avaient perdu un des leurs dans un conflit antérieur. Une fois la distribution des captifs exécutée, ceux-ci voyaient leur sort décidé par la matrone de la maison. Il est à noter que les femmes et les enfants étaient communément épargnés de ce genre de supplice[5]. Du côté des ravisseurs, la situation était tout autre car autant les enfants et les femmes que les hommes participaient à la torture.
Tout d’abord, lorsque l’on amenait un prisonnier au village et qu’il était entendu qu’on allait le torturer, ce dernier était en premier lieu monté sur une plate-forme. C’est sur celle-ci que le supplice débutait. Avant de réellement commencer le rituel, on arrachait les ongles du prisonnier et on lui écrasait ou coupait les doigts. Par la suite, la technique la plus répandue pour martyriser un captif était celle du feu, c’est-à-dire qu’on brûlait l’individu à l’aide de pierres chauffées préalablement. Après les premiers contacts avec les Blancs, il semble que des objets en métal tels que la hache aient pu servir dans ces cérémonies. La règle à suivre était de ne brûler d’abord que les jambes pour ne pas affaiblir trop rapidement le condamné, car la torture devait durer plusieurs heures, voire plusieurs jours[6]. Le soir venu, on amenait le prisonnier dans la maison du chef du village pour continuer les mêmes actes une partie de la nuit. La torture pouvait se poursuivre ainsi plusieurs jours durant, mais il était essentiel que le captif ne meure pas en l’absence du soleil, car ce dernier devait être témoin du sacrifice. Lorsqu’on avait fait souffrir le prisonnier au point que ce dernier donnait signe de rendre l’âme, il fallait que l’exécution ait lieu sur la plate-forme. On y attachait l’individu à un poteau où on lui infligeait les derniers supplices tels que lui brûler les parties génitales et «on lui enlevait toute la peau de la tête avec la chevelure et on y introduisait des cendres chaudes ou de la gomme de pin fondue[7]». Quand le moment de l’abattre était venu, on lui coupait généralement la tête. Dans ce genre de cérémonie, un captif devait haranguer ses bourreaux pour montrer son courage et il ne devait en aucun cas se lamenter. Si tel était le cas, il était perçu comme un lâche et on le tuait rapidement. Toutefois, cette situation était rare car les guerriers amérindiens, de quelque tribu qu’ils soient, grandissaient avec l’idée que des ennemis pouvaient fort bien les capturer. Donc, ils acceptaient cette éventualité. Par ailleurs, Bruce G. Trigger ajoute que les habitants d’un village où l’on torturait un prisonnier étaient contraints par les chefs de s’abstenir de relations sexuelles pendant toute la durée de l’événement[8].
Après la décapitation, il était très important de manger le corps immédiatement, particulièrement s’il s’agissait d’un ennemi qui avait fait preuve d’un grand courage. On découpait le corps en morceaux pour les faire cuire. La tête, le tronc, les bras, les jambes et les pieds étaient bouillis dans une grande marmite alors que le cœur et le foie étaient quant à eux rôtis. Chaque membre avait une signification particulière. Par exemple, on donnait la tête au guerrier le plus courageux. Le sang était bu par les hommes, jeunes et moins jeunes, afin d’obtenir du courage et pour ainsi espérer être capable de prévoir les faits et gestes de l’ennemi dans l’avenir. Nous devons spécifier que la dégustation du corps ne se faisait pas unanimement avec plaisir.
Les motivations des autochtones de culture iroqoienne à pratiquer le cannibalisme n’étaient de toute évidence pas l’habitude alimentaire. Plusieurs théories ont été avancées ces dernières années par des spécialistes. Une première défend l’idée que le cannibalisme avait pour but d’inciter le dieu de la guerre à mieux veiller sur les guerriers durant les prochains conflits. Une autre est reliée aux cultigènes, c’est-à-dire que le cannibalisme représentait un culte de fertilité agraire. Il semblerait que ce rituel était également associé à une cérémonie en souvenir des membres de la famille tués à la guerre. Quoi qu’il en soit, la plupart des hypothèses relient le cannibalisme à un rite religieux, mais nous tenons à répéter que l’aspect alimentaire n’était aucunement à la base de cette pratique.
En guise de conclusion, le cannibalisme figure parmi les objets qui ne font que trop peu l’objet de publications. Nous avons voulu, par cet article, répondre à certaines interrogations se rattachant à la culture iroquoienne d’autrefois. De plus, en illustrant les faits sans censure, nous souhaitons nous détacher d’un courant trop « politically correct » tel que la série télévisée Canada, une histoire populaire.
Références :
Abler, Thomas, S. « Iroquois cannibalism: fact not fiction ». Ethnohistory. Vol. 27, no 4 (automne 1980), p. 309-316.
Tooker, Elisabeth. Ethnographie des Hurons, 1615-1649. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 1997.
Trigger, Bruce G. Les enfants d’Aatentsic. L’histoire du peuple huron. Montréal, Libre Expression, 1991.
Viau, Roland. Enfants du néant et mangeurs d’âmes. Montréal, Boréal, 2000
[1] Cherokees, Ériés, Hurons, Iroquoiens, Iroquois, Neutres, Pétuns, Susquehannocks, Wenros.
[2] Roland Viau, Enfants du néant et mangeurs d’âmes, Montréal, Boréal, 2000, p. 180.
[3] « Certainly with respect to the Iroquoian-speaking peoples of North America, the case for cannibalism in early historic times is so strong that it cannot be doubted » et « Allegations of Iroquois cannibalism are not limited to French documents […] », Thomas S. Aber, « Iroquois cannibalism: fact not fiction », Ethnohistory, Vol. 27, no 4 (automne 1980), p. 309 et 314.
[4] Ibid., p. 311.
[5] Bien qu’il y est des exceptions, telles que le cas des Neutres et des Iroquois. Viau, op. cit., p. 181.
[6] Elisabeth Tooker a mentionné à ce sujet que dans certains cas le supplice se serait étiré jusqu’à six jours. Elisabeth Tooker, Ethnographie des Hurons, 1615-1649, Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 1997, p.33.
[7] Viau, op. cit., p.176.
[8] Trigger, Bruce G. Les enfants d’Aatentsic. L’histoire du peuple huron. Montréal, Libre Expression, 1991, p. 55."