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Message Publié : 03 Juil 2006 7:50 
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Jules Michelet
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Inscription : 15 Mai 2005 12:40
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Casimir a écrit :
Là on rentre dans le stupide débat idéologique qui n'a rien à voir avec le cannibalisme. "Nos ancêtres" ou la civilisation occidentale ont aussi fait leurs "horreurs"

D'ailleurs certaines découvertes laisseraient penser que les celtes aient également eû recours au cannibalisme rituel... comme probablement de nombreux autres peuples indo-européens...

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Message Publié : 25 Sep 2007 18:01 
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Inscription : 24 Sep 2007 16:04
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A propos d'anthropophagie précolombienne, il ne faut pas négliger le témoignage de Hans Staden paru en 1557 en Allemagne :

"Véritable histoire et description d'un pays habité par des hommes sauvages, nus, féroces et anthropophages situé dans le Nouveau Monde nommé Amérique, inconnu dans le pays de Hesse, avant et depuis la naissance de Jésus-Christ, jusqu'à l'année dernière. Hans Staden de Homberg en Hesse, l'a connu par sa propre expérience et le fait connaître actuellement par le moyen de l'impression. Marbourg, chez André Kolben. 1557. A l'enseigne de la feuille de trèfle. »

C'est par ces mots que commence la traduction de l'édition française de la relation des aventures vécues au Brésil par Hans Staden, mercenaire hessois captif des indiens Tupi-Guarani.

Ce livre qui connut un vif succès lors de sa parution en 1557 fut traduit en plusieurs langues et donna lieu à soixante-dix éditions.Il faut dire que les faits relatés ici possédaient tous les ingrédients capables de susciter l'intérêt des lecteurs : naufrages, piraterie, exotisme, tribus sauvages et rituels anthropophages.
Pour l'homme du XVIè siècle, contemporain des guerres de religion et de leur cortège de massacres, la vision d'une humanité proche de l'état de nature et accomplissant sans vergogne un des derniers interdits moraux réprouvé par le christianisme, à savoir le cannibalisme, représentait quelque chose de profondément choquant, une forme de barbarie terrifiante, enfouie au plus profond des âmes.
De plus, l'homme européen, chrétien ( catholique ou protestant) se découvrait dans la relation de Hans Staden non comme un héros civilisateur, porteur des espérances rédemptrices du christianisme, mais au contraire comme un vaincu, un prisonnier que l'on projette de dévorer à plus ou moins brève échéance.On est loin ici des relations de conquêtes de Pizarre et Cortès; pas de grandes cités remplies d'or et de magnificences mais de simples huttes bâties au sein de l'impénétrable forêt équatoriale.

Le récit de Staden commence par son embarquement en Hollande à destination du Portugal et de là vers le Brésil. Il participe au conflit opposant portugais et indiens et est assiégé dans le fort d'Iguarazu. La paix ayant été conclue avec les indiens, Staden repart vers le Portugal, affronte sans succès un navire français, puis un vaisseau pirate au large des Açores.
Après s'être reposé quelques temps à Lisbonne, Staden se rend en Espagne où il embarque à Séville en direction du Rio de la Plata.
Après six mois de navigations hasardeuses à la recherche de leur destination, le vaisseau fait naufrage et les rescapés sont recueillis par les colons portugais de l'île de San Vicente. Ces colons se sont alliés au peuple indien Tupininquin et ont comme ennemis les Taguayara ( Tupinamba) qui ne cessent de leur faire la guerre.
C'est lors d'une expédition de chasse que Staden sera capturé par les Tupinambas. Il sera détenu par les indiens pendant neuf mois, partageant leur mode de vie et craignant à tout instant de finir dévoré par ses ravisseurs. Il assistera au cours de sa détention à l'éxécution puis à la consommation rituelle d'êtres humains, attendant à son tour de servir de menu aux indiens. Il sera finalement racheté par le capitaine d'un vaisseau français qui le ramènera en Europe.

La deuxième partie du récit, « Relation véridique et précise des moeurs et coutumes des Tuppinambas » est une observation minutieuse du mode de vie des indiens. Staden, anthropologue avant l'heure décrit tous les aspects de la vie quotidienne de ses ravisseurs, leurs moeurs et coutumes, leurs techniques de chasse et de pêche, la faune et la flore qui les entoure, etc...
Staden consacre évidemment la plus grande part de son étude au rituel anthropophagique qu'il décrit avec minutie et de manière clinique sans y apposer son jugement d'européen pétri de christianisme.
Staden ne justifie pas l'anthropophagie, il la décrit comme un rite inhérent à la culture des indiens Tupi-Guarani, un fait culturel qui, malgré son côté atroce ne dépasse en rien les abominations commises à la même époque en Europe lors des guerres de religion.
Et c'est fort à propos que Jean-Paul Duviols dans son introduction au récit de Staden cite Michel de Montaigne: « Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort; à déchirer par tourments et géhennes un corps plein de sentiment, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux ( comme nous l'avons non seulement lu mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et qui pis est sous prétexte de piété et de religion) que de rôtir et manger après qu'il est trépassé. »

En cela le récit de Staden, bien avant le siècle des Lumières et le mythe du Bon Sauvage, est un miroir où l'homme dit « civilisé » peut contempler par contraste les vices, les perversions et les antres de ténèbres qui l'habitent.

(La présente édition est augmentée des gravures de l'édition originale)
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Message Publié : 26 Sep 2007 0:08 
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Tite-Live
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Inscription : 09 Mai 2006 18:17
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Localisation : Metz
Je précise que l'édition citée (en image et de manière un peu floue :wink: ) par Toyotomi Hideyoshi est une édition poche publiée en 2005 par les éditions Métailié. (Je signale au passage qu'une précédente édition - toujours en en format poche - avait paru en 1990 aux éditions du Seuil, coll. "Points Essais".)

Je me permets au passage une remarque de pure forme... Je trouve bien évidemment pratique le fait que soit présentée la couverture d'un livre cité. Néanmoins, il me semble tout aussi pratique, sinon plus, que la référence bibliographique en toutes lettres soit également citée, dans sa forme succincte : « Auteur, Titre, Éditeur ». Si l'on conseille un ouvrage, autant faire en sorte que les lecteurs intéressés le retrouvent aisément (que ce soit en librairie ou en bibliothèque).

Edit : J'avais supposé un peu vite que Toyotomi Hideyoshi avait pu se rendre coupable de plagiat (cf. ce site). Après une explication de sa part, il se trouve que j'avais tort. Je lui présente mes plus plates excuses. :oops: Le sujet est bien évidemment déverrouillé.


PJ


Dernière édition par PJ57 le 01 Oct 2007 4:49, édité 1 fois.

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Message Publié : 26 Sep 2007 13:37 
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Hérodote
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Inscription : 24 Sep 2007 16:04
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Localisation : Bretagne
Merci PJ57 d'avoir rétabli la vérité et de m'avoir ainsi lavé de tout soupçon de plagiat :wink:

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Message Publié : 27 Sep 2007 13:16 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 17 Août 2007 22:09
Message(s) : 594
Sisedon a l'air de se braquer contre l'idée que l'on se ferait de ces civilisations mais ce n'est pas cette pratique qui les caractèrise le plus, elle n'est que l'élément d'un tout très riche par ailleurs.

Lorsque l'on évoque un peuple, on le fait par les découvertes les plus marquantes à nos yeux. Si les croisés avaient gravé de toutes parts des fresques relatant les actes de cannibalisme pendant leur épopée, on en ferait -entre autres- d'affreux ogres.

Dans l'Histoire mondiale, les récits d'hommes en mangeant d'autres sont extrêmement nombreux, toutes civilisations confondues. Ce qui diffère est le nombre de témoignages, de preuves et de représentations y faisant référence.


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