Bonjour,
J'en ai fini du livre de Fernand Schwarz, "Les traditions de l'Amérique ancienne.
Présenté comme un ouvrage de synthèse accessible à tous, je pense pour ma part qu'un certain stade d'érudition ne sera pas complètement inutile pour pénétrer pleinement les arcanes du discours.
Comme souvent, plusieurs niveaux de lecture sont possibles, conduisant à une compréhension plus ou moins approfondie du propos. J'espère ne pas m'être arrêté au plan le plus superficiel mais je me dois de convenir que certains principes semblent m'échapper.
Au carrefour de nombreuses disciplines, philosophie, ethnologie, histoire de l'art, des civilisations, archéologie, anthropologie, j'en passe et des meilleures, l'auteur nous propose une lecture des mythes et symboles de l'univers précolombien.
On comprendra aisément le rapport avec mon interrogation sur ce qui peut relier les cultures Olmèques et Chavins.
Dans ce post, je me permets d’exposer des idées personnelles qui bien qu’inspirées en parties par le livre du Pr Shwarz n’en ont pas forcément la rigueur scientifique.
Je n'évoquerais ici que deux idées fortes tirées immédiatement de ma lecture.
1) L'importance capitale du chamanisme et son rôle fondateur dans les religions des hautes cultures amérindiennes.
2) La permanence du parallèle dans les trames évolutives de la mésoamérique et de l'aire andine.
Il est vrai que le deuxième point m'entraîne rapidement très loin de mon sujet, aussi me vais-je me contenter, dans ce post, de ne développer que le premier.
A l'origine les chasseurs-cueilleurs nomades arpentent le continent en petits groupes familiaux, en tribus. Le rapport à la nature est total et la lutte pour la survie détermine une relation particulière avec les grands prédateurs que sont le jaguar, le serpent et l'aigle (Le condor dans les Andes, qui par ailleurs est un charognard mais non dépourvu d’une certaine prestance, vous en conviendrez).
Le chamane, détenteur de la puissance magique, intercesseur auprès des morts, des esprits et des forces naturelles, intègre dans ses rituels, les animaux emblématiques de la prédation.
Le jaguar en particulier, représente le danger animal suprême pour les hommes de ce temps.
Lors des débuts de l'agriculture, la sédentarisation modifie radicalement le mode de vie sans toutefois éliminer la chasse qui reste pourvoyeuse d'une partie de l'alimentation.
Localement, notamment sur les côtes du nord-Pérou, la pêche peut prédominer.
*Agriculture et céramique sont des réalisations conduisant à une nouvelle organisation sociale. Les cultivateurs se doivent d'être attentifs au cycle des saisons. Ils observent le ciel et ordonnent le temps selon un "calendrier". L'origine Olmèque du comput du temps en mésoamérique ne fait plus guère de doute.
L'axe du monde est verticale et va de l'infra-monde, du monde sous terrain, de la grotte, à la terre où l'on marche, où l'on vit, où l'on vénère, au ciel où le soleil, la lune les planètes et les étoiles manifestent dans leurs cycles, la puissance des dieux.
Cet ordonnancement du monde correspond aussi à celui de la croissance végétale. La graine enfouie dans le sol y fait croître ses racines, perce le sol et s’élance vers le ciel en quête de lumière.
Les premiers centres cérémoniels vont être bâtis selon les principes qui régissent les croyances des ces peuples. L’orientation selon les points cardinaux des axes et constructions monumentales est à ce titre significative.
*Vous aurez noté que j’énonce là des généralités qui pourraient s’appliquer, je crois, aux transitions chasseurs-ceuilleurs - agriculteurs, nomades - sédentaires, village – cité ( Mésopotamie, Egypte, Inde,Chine etc…).
De même que le chasseur s’est transformé en agriculteur, le chamane se mute en grand prêtre et la caste sacerdotale va régir l’existence de ces populations à travers des cultes où le sacré et le profane sont pratiquement indissociables.Héritage du chamanisme, les prises de produits psychotropes facilitent, dans les rites, les contacts avec les esprits. On retrouve, chez les Olmèques et les Chavins, des représentations de personnages présentant des écoulements nasales caractéristiques d’états physiologiques provoqués par certaines drogues.
Des cérémonies identiques se pratiquent encore de nos jours dans quelques tribus amazoniennes.
Au gré des effets hallucinogènes, l’esprit investit les âmes animales, dont souvent, celle du jaguar. Sa force, sa puissance, peuvent être possédées par ce biais.
Il parait donc normal que le jaguar puis l’homme-jaguar deviennent les figures mythiques à l’origine des nouvelles religions sans que pour autant les cultures adoptant ces divinités
aient obligatoirement un lien quelconque entre elles. Elles se seraient simplement construites sur le même "substrat" primitif et en auraient hérité la mythologie. Ainsi, les croyances de ces civilisations vont s’articuler autours de la "trinité" jaguar-serpent-oiseau (aigle ou condor), le premier issu de la grotte, gardien de la nuit et des origines, le second rampant sur la terre et le troisième incarnant le soleil.
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