Bonjour,
L'infériorité numérique des colons Français Canadiens étaient de un contre dix vis-à-vis des colons Britanniques. Cependant, un colon Américain ne faisait pas forcément un bon soldat. En effet, n'étant pas formés à combattre à l'indienne, les colons Américains s'avérèrent d'assez mauvais soldats pour les combats en Amérique, mis à part les fameux rangers Américains qui, eux, étaient entraînés à faire la guerre à l'indienne, mais ces derniers étaient peu nombreux. Entraîné pour la guerre à l'Européenne également, le soldat régulier Britannique n'était pas plus efficace pour la guerre à l'indienne, "la guerre d'Amérique". Par contre, nos colons Français Canadiens, eux, étaient parfaitement entraînés pour la guerre à l'indienne. Pendant plus d'un siècle, les armées Anglo-Américaines tentèrent d'envahir le Canada Français. Cependant, ils furent constamment écrasés par les colons Français et leurs alliés Indiens. Maîtrisant l'art de combattre dans les immenses forêts, privilégiant l'effet de surprise et le combat adroit au corps à corps, les colons Français et leurs alliés Indiens remportaient constamment l'avantage sur des colonnes Anglo-Américains peu souples et pas du tout entraînées pour le combat en forêt, ce que l'on appelait le combat à l'indienne. Un exemple de ces combats eu lieu en 1755 où le général Beaujeu remporta un succès sur les troupes Anglo-américaines du général Anglais Bradockk.
Ce qui va tout bouleverser, c'est l'arrivée de Montcalm. Formé à l'Européenne, Montcalm va commettre l'erreur de vouloir faire une guerre à l'Européenne, comme sur les champs de bataille d'Europe. Montcalm va s'ingénier à refuser le combat en forêt, privilégier les combats en rase campagne et à se limiter à une petite zone de combat, proche de Québec et de Montréal, ce qui va supprimer l'effet de surprise habituellement établi par les Français et les Indiens. L'erreur ne va pas se faire voir au départ. En 1758, à Ticonderoga, les Français réguliers et les Français Canadiens réussirent l'exploit de vaincre en rase campagne une armée Anglo-Américaine pourtant très supérieure en nombre, il faut cependant reconnaître que les Français s'étaient bien retranchés. Après cette déroute Anglaise, les colons Américains ne seront plus employés dans l’armée Anglaise, ce qui va égaliser pour un temps les effectifs vis-à-vis des Français. En 1759, les Français sont battus par les Britanniques aux plaines d'Abraham, quoique la bataille fut surtout perdue du fait des maladresses tactiques incroyables de Montcalm, ce dernier fut tué d'une balle d'un Canadien Français et non pas tué au combat comme l'affirme le mythe. Québec est perdu suite non pas à la défaite mais parce que les bourgeois de la ville ne veulent plus dépenser un sou pour cette guerre qui leur coûte bien trop cher. Erreur impardonnable. Si Québec ne s'était pas rendu, les renforts de l'excellent général Français Lévis auraient pris à revers les Britanniques. En fait, la défaite subies aux plaines n'était pas due à la supériorité numérique des Britanniques, mais aux erreurs de Montcalm. Les deux armées étaient à égalité numérique, mais un tel échec aurait pu être évité si Montcalm avait continué la guerre à l'indienne si peu gracieuse, mais si efficace!
La suite pour les Français est autant héroïque que cruelle. Après la mort de Montcalm, Lévis prit le commandement ce qui restait de l'armée Française. Lévis aurait pu en revenir à la guerre à l'indienne, cependant cela était dorénavant inutile puisque les Britanniques avaient regroupé leurs forces à Québec, il n'était donc plus question de penser à revenir aux anciennes méthodes, il fallait continuer la malheureuse oeuvre stratégique de Montcalm. Partis de Montréal, encore Française, Lévis s'en va attaquer les Britanniques enfermés dans Québec. Une bataille eu lieu à Sainte-Foy, les réguliers Français (pas un seul régiment étranger) et les Canadiens mirent en déroute l'armée Britannique du général Murray. Fort de cette victoire, Lévis vint assiéger Québec , siège qui malheureusement se termina en échec du fait de la présence de la flotte Anglaise et de l'absence de la flotte Française. Revenu à Montréal, possédant une armée à moitié blessés et malade, sans renforts de la part de la France, encerclé par des troupes Britanniques quatre fois plus nombreuses (sans colons Américains), Lévis fut acculé à capituler. Tout cela ne serait pas arrivé si Montcalm s'était ingénié à écouter les conseils de Lévis qui invitait son chef à mener le combat à l'indienne, c'est-à-dire à profiter des grandes forêts de Québec adéquates à mener des raids de surprise très dévastateurs pour les Britanniques. Ce n’est pas uniquement de la faute de Montcalm, la France n’a pas assez envoyé de renforts à un Lévis qui en avait fort besoin, pendant ce temps là, les Britanniques s’étaient, en moins de six mois, considérablement renforcés. L’Amérique n’a jamais intéressé les Français, on n’a même pas voulu reprendre le Canada après Yorktown.
_________________ Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.
Charles Baudelaire
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