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 Sujet du message : CHINE - Révolution culturelle
Message Publié : 15 Nov 2008 17:04 
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Hérodote
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Bonjour à tous.

Voilà je dois écrire un text sur Mao et la révolution culturelle.
Pour le moment je me documente et cherche de l'information.

Mon énoncé est:

"Mao a fait de grandes erreurs pendant la révolution culturelle, mais dans l'ensemble, sa contribution à la révolution culturelle prévaut largement ses erreurs. Son mérite est primaire et ses erreurs secondaires.

Considérez vous que ce jugement est juste? Pensez-vous que ce qu'il a apporté de positif prévaut certaines de ses erreurs?

Merci pour le coup de main!


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Message Publié : 16 Nov 2008 7:59 
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En Chine il est interdit de critiquer Mao mais il est aussi interdit de l'encenser.

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"Ce n'est que lorsque l'Histoire est close que l'on sait de quoi elle était faite; d'une succession d'erreurs". Philippe Muray


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Message Publié : 16 Nov 2008 15:52 
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Marc Bloch
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Vous semblez avoir un prof qui est un peu orienté. Que voulez vous il y en a encore :rool:

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Message Publié : 16 Nov 2008 16:08 
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Fustel de Coulanges
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Je plussoie Faget, appeler "erreurs" des crimes, c'est un peu fort. Et c'est en histoire que l'on vous demande ni plus ni moins que votre opinion? Je suis très très surpris de l'intitulé de la question et de l'inclination idéologique qu'il sous-tend.

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 16 Nov 2008 17:51 
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Non ce n'est pas de l'Histoire, vraiment.
C'est de la politique, purement et simplement.
Ca ne va pas être facile pour toi, Basouille. Si tu as le culot de juger que son "apport" à la révolution culturelle n'efface en rien ses crimes, tu risques le hors-sujet...

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"Quand l'oeuvre des meilleurs chefs est achevée, le peuple dit : c'est nous qui avons fait ça"
Lǎo Zi


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Message Publié : 16 Nov 2008 19:28 
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Hérodote
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Cette première partie de la réponse s'adresse à Alfred Teckel:

Il y a certaines choses que je dois préciser:

Premièrement, j'ai du traduire l'énoncé que je vous ai donné de l'anglais au français. Pour se faire, je l'ai un peu simplifier. C'était une erreur de ma part car son sens est un peu modifié.
Deuxièmement, l'énoncé de mon prof est: "Pensez-vous que cette jugement est juste? Justifiez votre réponse." Le texte qui précède cette question à en fait été rédigé par des membres du partis communiste qui soutenaient Mao, et non pas par mon prof! C'est pour cette raison que les crimes sont appelés "erreurs" ;-)

J'aurais dû précisé cela dans mon premier poste, désolé pour les confusions que cela à entrainé!

Mais quoi qu'il en soit, comme l'a dit Swertvaegher, la réponse à apporter à cet exercice est bien plus politique qu'historique. Je dirais même qu'elle est personnelle.

Donc bon, après avoir discuté du sujet avec différentes personnes et lu plusieurs articles, j'ai conclu que les bonnes actions de Mao ne prévalent pas les millions de morts qu'il à causé. Cependant, certaines personnes (la plupart faisant partis du PCC) argumentent que ça n'était pas son intention qu'il y ait autant de morts. Ils utilisent par exemple le Grand bon en Avant pour l'innocenter, à savoir que ce qu'il souhaitait était un développement accéléré de la Chine et qu'il ne pouvait pas prévoir la famine qui allait s'en suivre...

Bref, je suis conscient du fait que m'a réponse n'est absolument pas pertinente. Je n'ai pas eu le temps de me documenter suffisamment pour pouvoir tenter de répondre de manière plus juste. Et de toute façon, même après avoir lu tout ce que l'on peut lire à se sujet, je pense que cela reste difficile d'en décider d'une bonne réponse.

Merci pour la participation que vous apportez ici!


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Message Publié : 16 Nov 2008 20:21 
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Hérodote
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Effectivement, c'est quelque peu différent si l'énoncé n'est pas exactement "Pensez-vous que ce qu'il a apporté de positif prévaut certaines de ses erreurs?" :)
Comme quoi, attention aux termes que l'on choisis...
Tu pourrais peut être nous mettre l'énoncé en anglais, ce sera plus clair.

Mais si je comprends bien, c'est en cours d'anglais que l'on te pose la question ? C'est tout à fait différent dans ce cas...
Même s'il reste clair selon moi que la fin (surtout quand elle n'est pas atteinte) ne justifie pas de tels moyens. Et on ne connait que trop bien la propension de l'entourage de Mao à lui donner des excuses... Nullement valable je le répète.
Et puis je me demande...Qu'est ce que Mao a réellement apporté de positif ? Il a renversé un régime autoritaire pour en mettre en place un autre... (C'est un sacré raccourci je vous l'accorde :))

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Message Publié : 16 Nov 2008 23:23 
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Marc Bloch
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Le lien suivant rappelle les dates et les différentes phases pour ceux qui ont un peu oublié ( dont moi ) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_culturelle

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Message Publié : 25 Nov 2008 18:59 
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Polybe
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La Révolution culturelle a longtemps suscité en France, et dans le monde occidental en général, engouement, fascination et incompréhension. Elle glisse peu à peu dans l'oubli, et cette incompréhension se transforme en nostalgie chez ceux pour qui ce mouvement politique, d'une ampleur inouïe, fait remonter à la surface leurs souvenirs d'une jeunesse idéaliste et généreuse. En Chine, les laissés-pour-compte de la croissance se mettent à la regretter en se disant que le bon vieux temps d'une pauvreté digne, mais partagée de façon égalitaire, valait mieux que la nouvelle exploitation forcenée qu'ils subissent aujourd'hui. Petit rappel historique : la Révolution culturelle (1966-1976) fut mise en route par le Parti communiste chinois et ses dirigeants avec, à leur tête, le président Mao Zedong. Interprétée diversement comme une tentative de rester au pouvoir, ou comme une hérésie idéologique, elle provoqua la mort et la persécution de millions d'individus au nom de la lutte des classes. Des sites historiques, des reliques irremplaçables, des livres et des objets d'art furent systématiquement brûlés, pillés, brisés, sous prétexte de se débarasser des "quatre vieilleries" de la tradition chinoise : les vieilles coutumes, la culture traditionnelle, les moeurs anciennes et les pensées réactionnaires. On lança ainsi les enfants contre leurs parents, les étudiants contre leurs professeurs, les ouvriers contre leurs dirigeants, et le peuple chinois tout entier plongea dans un chaos généralisé qui faillit mener le pays à la banqueroute. Durant l'été 1966, c'est pour répondre à l'appel de leur président que des groupes radicaux se forment dans les collèges et les lycées afin de donner naissance aux Gardes rouges. "Curieuse alliance que celle du hiérarque vieillissant avec ces adolescents fanatisés qui le considèrent comme un dieu" observe-t-on. Leur inexpérience en fait un groupe particulièrement mobilisable, certes, mais plus encore, ils constituent le dernier segment de la population chinoise à ne pas avoir été envahie par la désillusion : les démocrates et les intellectuels ont déjà pris leurs distances avec le PCC. Les paysans ont connu une décennie chaotique durant les années cinquante, avec les luttes politiques répétées, et, surtout, la marche forcée vers le communisme qui les a laissés complètement exsangues en ce milieu des années soixante. Ils tentent péniblement de survivre.
Les jeunes, en revanche, découvrent avec enthousiasme qu'ils peuvent déjà jouer un rôle décisif dans la vie politique de leurs établissements scolaires, leurs familles ou du pays. Ils se ruent aussitôt, "Petit Livre rouge" en main, sur les cibles qui leur sont explicitement désignées par le centre : les grands intellectuels et les hauts fonctionnaires, mais aussi tous ceux qui sont plus ou moins soupçonnés de s'opposer au président Mao. Le côté subjectif, voire fantaisiste, de ces désignations provoque rapidement le chaos au sein des Gardes rouges, qui se scindent en factions rivales. La première prend le nom de "vieux Gardes rouges" (lao hongweibing), pour marquer son antériorité vis-à-vis des autres. Elle est constituée en grande pârtie d'enfants de hauts cadres, proches du pouvoir, qui se sentent donc investis d'une mission particulière, puisqu'ils se croient plus à même d'interpréter la volonté de Mao. Viennent ensuite les "rebelles" (zaofanpai), qui critiquent à la fois la hiérarchie et les options choisies par les factions adverses, puis les "conservateurs" (baohuangpai), c'est à dire ceux qui veulent protéger l'empereur, autrement dit Mao. D'autres scissions se produisent, qui donnent naissance aux "rebelles révolutionnaires" et aux "rebelles conservateurs". Si l'on ajoute à cela les appellations locales, on se rend bien compte du côté futile et absurde de ces fractures qui précipitèrent la population dans une véritable guerre civile.

La mort du président Mao, le 9 septembre 1976, mit fin à cette anomalie unique dans la longue histoire de la Chine. Le mois suivant, l'arrestation de la Bande des Quatre, composée de la veuve du président, Jiang Qing et de ses trois acolytes, Yao Wenyuan, Wang Hongwen et Zhang Chunqiao, permit de canaliser la vindicte populaire sur ces personnalités désignées comme boucs émissaires. La manoeuvre évita au régime de se livrer à une critique en règle des dérives de leurs plus prestigieux dirigeants et contribua à sa pérennité. Cet état d'esprit a peu évolué depuis puisque, l'actualité le prouve, lors du trentième anniversaire de la mort de Mao, aucune mention ne fut faite des dizaines de millions de malheureux morts de faim pendant le "Grand Bond en avant" (1958-1962). En 2007, il est toujours interdit d'évoquer les quelques cinq cent mille intellectuels déportés et jetés comme "droitiers" dans des camps de travail pendant les dizaines d'années qui ont suivi le mouvement des "Cent Fleurs" en 1957, ainsi nommé par allusion à la formule traditionnelle "Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent". A l'époque, Mao avait vivement encouragé la population à critiquer le gouvernement pour, disait-il, améliorer ses méthodes de travail. Dès que certains émirent quelques suggestions, Mao se retourna contre eux et ordonna une purge à l'échelle nationale.

Ces intellectuels, qui essuyèrent les humiliations de l'opprobre populaire à la fin des années cinquante, puis les violentes séances de lutte critique et de dénonciation durant la Révolution culturelle, tentèrent, à leur manière, de dévoiler la vérité afin de faire savoir aux jeunes générations ce qu'ils avaient vécu et d'obtenir ainsi une forme de réhabilitation. Zhang Xianlang fut l'un des représentants les plus remarquables d'un type de littérature que l'on surnomma "littérature des cicatrices" ou des "blessures" avec, à son actif, plusieurs grands romans comme La moitié de l'homme est la femme ou La mort est une habitude (excellent). Mais personne n'alla aussi loin que Ba Jin qui, à quatre-vingts ans passés, se mit à composer une série de courts écrits qu'il rassembla sous le titre de Pour un musée de la "Révolution culturelle". Selon lui, "la construction de ce musée répond à une absolue nécessité. Seuls ceux qui n'oublieront pas le passé se rendront maîtres de l'avenir". L'utilisation systématique de guillemets par certains auteurs chinois lorsqu'ils évoquent la Révolution culturelle est une forme de révolte en soi : comme cette révolution n'avait rien de culturel, le guillemet souligne le mépris de celui qui l'utilise pour cette dénomination. Partageant moi-même ce point de vue négatif sur cette période néfaste, on s'accordera donc à utiliser en permanence ces fameux guillemets, non pas par solidarité théorique mais par pragmatisme de rédaction. Ba Jin ne manque jamais d'ouvrir des guillements devant tout ce qui l'offusque et notamment le mot "servir", car l'expression "servir le peuple" n'avait pas de sens pour lui et ses compagnons. Ils ne méritaient plus que la "réforme par le travail", la rééducation en somme. Servir était désormais une affaire glorieuse entre toutes, de même que "camarade" était une appellation glorieuse entre toutes. Ils en étaient exclus.
De même qu'il convient de surveiller les anniversaires comme le lait sur le feu, les lieux de mémoire deviennent aussi progressivement l'objet d'une manipulation qui permet de gommer les désastres infligés au patrimoine culturel du pays par les Gardes rouges. Une très intéressante recherche effectuée par Maylis Bellocq (n°96 de Perspectives chinoises) dans le village de Tongli au Jiangsu, montre comment le discours officiel propose une mémoire collective fortement marquée par la période de l'occupation japonaise dans les années trente et quarante. Ainsi les jeunes collégiaux locaux mentionnent systématiquement la destruction du temple de Luoxingzhou par les Japonais, mais ne font aucun cas des autres temples rasés durant la "Révolution culturelle", car ils n'en connaissent pas l'existence passée.

Alors que colloques, écrits et travaux continuent à explorer les drames du génocide arménien, de la Shoah, du Rwanda, des Khmers rouges et de tant d'autres tragédies plus ou moins récentes, personne ne peut affirmer clairement combien de morts a provoqué la "Révolution culturelle". Pourtant, presque chaque "incident" est décrit avec une minutie étonnante qui prouve le souci qu'avaient les gens de l'époque de consigner chaque évènement dans les archives officielles, plus ou moins secrètes. On apprend par exemple qu'au cours de "l'incident" du Guangxi, dans le district de Binyang, 3883 personnes furent tuées de juillet à août 1968. Dans le seul district de Wuxuan, plus de 110 "ennemis de classe et leurs enfants" furent assassinés après juillet 1968, et il souffla un véritable vent de cannibalisme dans tout le Guangxi. Au Qinghai, des instructions furent données en janvier 1967 concernant la répression militaire des "réactionnaires, droitiers, contre-révolutionnaires", etc., ce qui marqua la fin de la politique de non-ingérence de l'armée dans les affaires civiles. Lors de l'attaque du Quotidien du Qinghai, 169 civils furent tués et 178 blessés. A Shadian, au Yunnan, les évènements se déroulent en 1975. un conflit avait éclaté autour de la dénomination de la brigade de Shadian, qui passa en 1959 de "brigade maraîchère" à "brigade céréalière". Les paysans locaux, qui appartenaient à l'ethnie hui, voulaient revenir au statut de "brigade maraîchère", qui leur aurait permis de mieux exploiter leurs terres, et tentaient de faire entendre raison aux gouvernements locaux. De plus, ils voulaient que soit levée l'interdiction de pratiquer les rites musulmans. A cause de ces exigences, au printemps 1975, 10 000 artilleurs furent envoyés pour "pacifier" Shadian : plus de 1000 civils furent tués sur une population de 7000 à 8000 âmes. En Mongolie, la violence prit des proportions démesurées après le lancement du "mouvement d'extirpation du Parti mongol". De 1967 à 1968, 16 222 personnes furent tuées et 340 000 arrêtées, torturées et/ou estropiées. D'après Chen Tijie, un historien qui s'est penché sur le cas très particulier de la Mongolie-Intérieure pendant la "Révolution culturelle", les estimations semi-officielles font état de 23 700 morts, 120 000 handicapés à vie et 500 000 arrestations, soit un tiers de la population persécutée, proportion qui dépasse celle de toutes les autres provinces de la Chine.

Je ne pense pas, pour répondre finalement véritablement à l'intitulé, que la vision donnée de l'oeuvre de Mao durant la Révolution culturelle par des apparatchiks du PCC puisse prévaloir, et que l'on puisse dans le même type de phraséologie douteuse se permettre de déclarer que pour le mal qu'il a fait, il a aussi instillé du bien. Le questionnement est plus complexe quand au processus même de la Révolution culturelle, mais il faut tout de même réduire cela à un acte fou, une volonté d'accomplir qui n'a pas été conforme aux prévisions et qui n'a laissé qu'amertume et désillusion très rapidement, jusque chez Mao Zedong. Disons que l'argument couramment avancé, c'est que Mao n'a trompé dans rien, comme vous l'avez dit "qu'il ne voulait pas cela". Tout simplement parce que les brigades entières de Gardes rouges agissaient souvent sans ordres, et que le principal de l'épuration n'a été dicté que par un assentiment silencieux du pouvoir, qui a simplement continué à marteler ses doctrines révolutionnaires.

Je ne pense pas qu'il soit utile de porter un jugement moral sur un tel acte, d'une telle étendue, sur un évènement qui marque profondément un pays comme ce fut le cas pour la Révolution culturelle. Aujourd'hui, c'est une douleur qu'il est nécessaire que les historiens finissent d'explorer profondément, afin de pouvoir la remettre au peuple chinois. C'est dans cette optique, cette vision qu'il est radicalement impossible d'être en accord avec les membres rédacteurs de ce jugement, de cette prise de position, mais qu'il est tout autant improbable de voir là dedans une simple situation de "d'accord/pas d'accord", "blanc/noir", etc. Le manichéisme ambiant est malvenu en histoire, et il importe ici de replacer réellement le contexte de ce genre de déclaration, ainsi que la nécessité d'explorer intensément le sujet avant de pouvoir se prononcer, même de manière minimale.

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"John Stuart Mill a dit que les dictatures rendaient les hommes cyniques. Il ne se doutait pas qu'il y aurait des républiques pour les rendre muets."
Lu Xun


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Message Publié : 26 Jan 2012 1:17 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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basouille a écrit :
Deuxièmement, l'énoncé de mon prof est: "Pensez-vous que cette jugement est juste? Justifiez votre réponse." Le texte qui précède cette question à en fait été rédigé par des membres du partis communiste qui soutenaient Mao, et non pas par mon prof! C'est pour cette raison que les crimes sont appelés "erreurs" ;-)
Même comme ça, cette question n'a aucun sens. La Révolution culturelle est un coup d'Etat, pas une politique. On peut peser le pour ou le contre d'une politique, pas d'un coup d'Etat, qui est un fait, point.


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Message Publié : 26 Jan 2012 14:17 
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Polybe
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Inscription : 14 Sep 2010 13:32
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Pourquoi un Coup d'Etat? Mao était toujours au pouvoir. C'est bien le parti et ses dirigeant qui ont lançé cette "révolution", comme le rappel le long et étayé message de Qin. Le terme ne me parait pas très bien adapté.


Sinon, lors de mon voyage touristique en chine, notre guide nous a fait comprendre que Mao était assez critiqué en Chine, et que le "grand bond en avant" et "la révolution culturelle" étaient perçus largement négativement par les chinois. Elle a même été jusqu'à nous dire que le mausolé sur la place Tien an men était très contesté (car faisant perdre beaucoup de splendeur à cette place). En revanche, elle ne ratait pas une occasion de justifier l'occupation du Tibet. De plus, vu tous les gadgets et souvenirs vendus aux touristes qui arborait de façon assez ridicule Mao, on se rendait bien compte que son culte était tourné en dérision.


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Message Publié : 26 Jan 2012 15:39 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Mettre le mot culture accolé à une révolution qui est en réalité une action politique de table rase du passé, est une tromperie qui a leurré toute une génération.
Aucune promotion de la culture mais au contraire une destruction de la culture chinoise et une mise au rebut des intellectuels, professeurs, lettrés, artistes, licenciés de leurs postes et envoyés dans des fermes comme simples ouvriers.
Il aurait fallu dire au professeur auteur du sujet qu'avec la révolution culturelle de Mao il aurait été licencié et envoyé comme ouvrier dans une ferme lointaine.
On a détruit de nombreuses oeuvres d'art pour qu'il ne reste rien de l'ancienne culture chinoise, un peu comme les talibans avec les statues des Bouddah.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 27 Jan 2012 2:10 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Francky22 a écrit :
Pourquoi un Coup d'Etat? Mao était toujours au pouvoir. C'est bien le parti et ses dirigeant qui ont lançé cette "révolution"
Non, Francky, pas du tout :wink: Après la catastrophe du Grand Bond en avant qui a fait, selon les estimations, entre 20 et 40 millions de morts, Mao a été mis de côté par les dirigeants du Parti (certains historiens disent qu'il s'est lui-même mis de côté) et la Chine a été dirigée pendant quelques années par les pragmatiques, autour de Liu Shaoqi et Deng Xiaoping. On a laissé à Mao un rôle honorifique, un statut d'icône de la Révolution, tandis que ses mesures politiques sont démantelées les unes après les autres. Autour du maire de Pékin de l'époque (dont j'ai oublié le nom), des intellectuels critiquent le Grand Bond en avant et la politique catastrophique de Mao, notamment par le biais d'une pièce de théâtre intitulée "La destitution de Hai Rui". Bref, période de relative ouverture durant laquelle Mao ronge son frein...
Pour revenir au pouvoir, il ne peut compter ni sur les cadres du Parti (tous acquis au camp pragmatique) ni sur les intellectuels (qui le détestent après la Campagne des cent fleurs) ni sur la majorité de l'armée (qui lui est défavorable après qu'un général très populaire ait été purgé lors du Grand Bond en avant). Il ne peut mobiliser que la jeunesse (les futurs Gardes rouges) et une partie de l'armée aux ordres de son séide Lin Biao. Ce qu'on appelle Révolution culturelle est donc ce coup d'Etat de Mao, son retour au pouvoir grâce à un putsch militaire de l'armée du nord qui marche sur Pékin et grâce aux jeunes Gardes rouges fanatisés que Mao lance contre les cadres du parti, acquis au camp pragmatique (cette Révolution culturelle s'est donc faite contre le Parti, contrairement à ce que vous pensez).
Pourquoi l'appelle-t-on "culturelle"? Tout simplement parce que le prétexte tactique initial de départ fut culturel. J'ai parlé plus haut de la pièce de théâtre, critique voilée de Mao et de sa politique. Dans l'entourage de la femme de Mao à Shanghai, un journaliste a écrit une violente critique de cette pièce à l'automne 65. C'était la première pierre à l'édifice du retour de Mao aux affaires. Mais ce n'est que le prétexte tactique qui est culturel; il aurait tout aussi bien pu être sportif si la critique était tombée sur un footballeur (vous imaginez, "la Révolution sportive", ça en jette... lol ) Cette révolution n'avait rien de culturel ni même rien de révolutionnaire; c'était un simple coup d'Etat de Mao pour revenir au pouvoir après en avoir été écarté par les pragmatiques du Parti.
D'ailleurs, une fois revenu au pouvoir et purgés les cadres du Parti, Mao va tout de suite tenter de démanteler les organisations de Gardes rouges qu'il avait créées et de les envoyer dans des camps de rééducation à la campagne. Période trouble, presque de guerre civile entre les Gardes rouges et l'armée, tous se réclamant de Mao. Ce dernier a créé un monstre qu'il a eu bien du mal à faire disparaître. Frankenstein...

Sur tout cela, vous pouvez lire n'importe quel ouvrage historique mais je vous conseille plus particulièrement Les habits neufs du Président Mao par Simon Leys.


Citer :
De plus, vu tous les gadgets et souvenirs vendus aux touristes qui arborait de façon assez ridicule Mao, on se rendait bien compte que son culte était tourné en dérision.
Pas vraiment... Le Parti ne tient que grâce à l'image de Mao, symbole de la Révolution même si ce même Parti exècre la politique Mao. En gros, Mao est le meilleur ennemi du Parti qui doit l'utiliser pour garder le pouvoir. Dans la population, les avis sont très partagés (ville/campagne etc.) mais ne peuvent pas trop être exprimés. On veut surtout oublier cette période...


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Message Publié : 27 Jan 2012 10:28 
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Polybe
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Inscription : 14 Sep 2010 13:32
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Merci pour ses éclaircissements. Je pense en effet lire quelques livres sur l'histoire de Chine et sur cette période très mouvementées du 20ième siècle.

Quand je vois à quelques point le patrimoine culturel actuel de la Chine est magnifique, je ne peux que déplorer les nombreuses destructions de cette "révolution" (et ne parlons même pas des milliers de mort!).


Pour le sentiment actuel des Chinois par rapport à Mao, bien entendu vous devez bien mieux vous y connaitre que moi :wink: Cela dit, je me souviens aussi que notre guide nous avait que les "chinois" (ou le parti?) s'étaient également beaucoup intérrogés sur la nécéssité d'enlever ou pas le portrait de Mao sur la cité interdite... Quoiqu'il en soit, elle concluait en disant que Mao avait fait de bonnes choses, et des mauvaises choses... Comme vous le dites, les chinois veulent sans doute oublier...on peut les comprendre.


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Message Publié : 29 Jan 2012 9:42 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Francky22 a écrit :
Quand je vois à quelques point le patrimoine culturel actuel de la Chine est magnifique, je ne peux que déplorer les nombreuses destructions de cette "révolution" (et ne parlons même pas des milliers de mort!).
C'est en partie vrai mais les destructions du patrimoine historique de la Chine sont une constante de l'histoire chinoise... Pour ceux que ça intéresse, j'ai un très intéressant article de Simon Leys sur la question, affirmant que le rapport des Chinois à leur histoire ne passe pas par la pierre. Si vous le voulez, envoyez-moi un MP avec votre mail et je vous l'enverrai.

Citer :
Pour le sentiment actuel des Chinois par rapport à Mao, bien entendu vous devez bien mieux vous y connaitre que moi :wink: Cela dit, je me souviens aussi que notre guide nous avait que les "chinois" (ou le parti?) s'étaient également beaucoup interrogés sur la nécessité d'enlever ou pas le portrait de Mao sur la cité interdite... Quoiqu'il en soit, elle concluait en disant que Mao avait fait de bonnes choses, et des mauvaises choses... Comme vous le dites, les chinois veulent sans doute oublier...on peut les comprendre.
Dans la population, les sentiments sont vraiment divers: il y en a pour qui Mao est une figure mythique, d'autres pour qui c'est un monstre. Mais on ne peut pas trop en parler ouvertement bien sûr... Il y en a aussi pour qui c'est presque un inconnu. J'exagère un peu mais quand je demande parfois à mes étudiants où est né Mao par exemple, ou en quelle année, il y en a beaucoup qui ne savent pas (alors qu'ils le savent pour d'autres personnages historiques) !
NB: le portrait de Mao n'est pas sur la Cité interdite mais sur la porte T......... (je n'écris pas le nom en entier, on ne sait jamais, je pourrais être censuré), la porte qui donne sur la place du même nom et l'une des nombreuses portes qui mènent à la Cité interdite.

Cordialement


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