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Bonjour,
Je ne sais si cette intervention a sa place içi, mais il y eut quelques officiers de l'armée napoléonienne qui offrirent leurs services à l'armée du royaume confédéré des "Sikhs", au Punjab, après Waterloo.
En effet, la fin des guerres de l'Empire en 1815 provoqua un surplus de soldats expérimentés qui étaient prêts à vendre leurs services dans des potentas étrangers (Egypte, Perse, Afghanistan et Indes notamment). Pendant les années 1820 et 1830, un nombre important d'entre eux trouvèrent du "boulot" grâce au maharaja de Lahore, Ranjit Singh. Ce dernier, qui ne perdit jamais de vue que ses états allaient tout ou tard entrer en collision avec les Britanniques de la Compagnie Orientale des Indes, se fit un devoir d'engager des officiers français et italiens de l'armée de Napoléon quand il le put. En effet, les agents britanniques s'aperçurent même qu'un de ces officiers français, de retour en France en 1834, était porteur d'une requête spécifique adressée à Louis-Philippe de la part de Ranjit Singh pour qu'on lui envoie des militaires français supplémentaires qui puissent moderniser son armée. Pour l'anecdote, il y eut aussi des "mercenaires" de toutes nationalités qui servirent au sein de cette armée "sikh" : selon des sources anglaises de l'époque (J.D. Cunningham, G.C. Smyth et Alexander Gardner), il est fait mention d'une trentaine de militaires occidentaux servant dans cette armée (12 Français, 3 Allemands, 2 Grecs, 2 Espagnols, 1 Prussien, 4 Italiens, 4 Britanniques [tous des déserteurs de l'armée des Indes], 3 Américains et 1 Russe).
En premier vinrent quatre ex-officiers napoléoniens : Jean-François Allard et Jean-Baptiste Ventura, engagés en 1822, puis Paolo di Avitabile et Claude Auguste Court, en 1827. Bien que Ranjit Singh considérait ces hommes comme de simples sergents-instructeurs un peu mieux soldés que les siens et peu dignes de confiance, ces quatre officiers français eurent un impact important sur le développement de son armée, en particulier dans la modernisation de son artillerie et dans la création d'une troupe d'élite, créée entièrement par Allard et Ventura et dénomée "Fauj-i-khas" ("Armée royale")...
Cette unité était une brigade mixte indépendante qui fut vite surnommée la "Légion française" ("Francese Campu"). Allard fut simultanément nommé à la tête de la cavalerie de l'armée régulière (celle-ci appelée en langue sikh "Fauj-i-ain"), qui incluait celle de la "Légion". Allard organisa 2 bataillons d'infanterie ( les bataillons "Paltan Khas" et "Paltan Dewa Singh") et 2 régiments de cavalerie ("Rajman Khas Lansia" : "Régiment de lanciers royaux" et "Rajman Daragun Anwal" : "1er régiment de dragons") au sein de cette brigade.
Visitant un des camps d'entraînement de cette "Légion", l'officier britannique Osborne observa en juin 1838 que l'infanterie sikh travaillait sur trois rangs et évoluait au rythme des tambours, selon la mode militaire française. Tous les ordres étaient donnés en français et l'inspiration française était encore accentuée par le fait que les drapeaux de cette unité d'élite étaient tous tricolores et surmontés d'un aigle au bout de la hampe (ces étendards se différenciaient seulement de leurs homologues européens par des inscriptions en langue persane, savoir la devise du souverain sikh : "deg, tegh, fateh" ["chaudron, épée, victoire"]). Claude Court rapporte que Ranjit Singh ne vit aucune objection à ce que Ventura et Allard adoptent de tels drapeaux, sachant que ces hommes avaient tous combattu sous la bannière de Napoléon...
Un autre aspect de l'efficacité de l'entraînement du corps d'élite "français" est également notifié dans les commentaires d'Osborne. Il y est clairement écrit que ces troupes pouvaient tirer avec autant de précision et de régularité, à la fois des feux de salves et des feux de file, que n'importe quelle troupe qu'il vit auparavant. Après les "Guerres sikhs" des années 1840, beaucoup de vétérans anglais des campagnes d'Espagne et de Waterloo avouèrent que cette "Légion française" tirait et visait aussi bien que l'infanterie française de Napoléon.
En raison des autres engagements d'Allard au sein de l'armée sikh (Allard mourut en 1839), la "Légion" fut dirigée par Ventura jusqu'à son départ en France en 1843 (Ventura aura comme successeur son ancien adjoint, le "Diwan" [prince] Ajudhia Pradash). Pour la petite précision, Ventura amena dans ses bagages un manuel d'instruction d'infanterie destinée a l'entraînement des troupes d'élite sikhs, manuel qui fut traduit en langue persane. Les ordres continuaient cependant à être hurlés en français durant les exercices, la langue officielle de la "Fauj-i-khas"...
Notons aussi la présence dans cette armée sikh d'un dénommé François Henri Mouton, ancien officier de cavalerie durant les guerres de l'Empire. Claude Auguste Court commanda lui aussi une brigade de l'armée régulière.
Pour exemples, je vous livre quelques militaires termes sikhs dérivant du Français et qui montrent bien l'influence qu'eurent ces anciens officiers de l'armée de Napoléon au Punjab :
- Paltan (peloton);
- Adjutan (adjudant);
- Sarjan (sergent-major);
- Phuriya (fourrier);
- Tambur mazhor (tambour-major);
Source : Men-at-Arms Series 421 (The Sikh Army 1799-1849).
Cordialement.
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"Vous êtes de la merde dans un bas de soie" (Napoléon à Talleyrand).
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