Merci Pierma.
Je précise les éléments de l'article de Christophe Jaffrelot, "Pourquoi les intouchables le renient",
L'Histoire, 393, sur lequel je n'ai pas de regard particulièrement critique, ne maîtrisant pas suffisamment le sujet. (Le numéro est intéressant, avec plusieurs articles qui évoquent la mémoire et la réception de Gandhi, en Afrique du Sud et chez les intouchables, donc).
C. Jaffrelot montre que la lutte de Gandhi contre l'intouchabilité ("débarrasser l'hindouisme de la tache de l'intouchabilité") a avant tout un caractère religieux (lutte pour le droit de se rendre au temple, par exemple). Gandhi se focalise pluto^t sur une égalité religieuse et politique que sur un égalité sociale. Lui-même est issu de la caste supérieure des marchands (vaishyas), et défend à plusieurs reprises l'idée d'une société en castes :
Citer :
D'un point de vue historique, la caste apparaît comme l'expérience d'adaptation sociale tentée par l'homme dans le laboratoire de l'Inde. Si nous pouvons prouver qu'il s'agit d'une réussite, nous pourrons l'offrir au monde comme levain et comme le meilleur remède contre la compétition sans cœur et la désintégration sociale née de l'avarice et de l'appât du gain.
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Certaines de ses écrits - assez rares - témoignent de la prégnance de préjugés de caste.
Selon Jaffrelot, "Gandhi n'ignore par les tares du système des castes, bien sûr, mais il y voit la prversion d'un ordre traditionnel plus ancien et harmonieux - fondé sur l'interdépendance sociale mais ignorant la notion de supériorité ou d'infériorité lié à la naissance - qu'il suffit de restaurer par le changement des mentalités - il dirait 'des coeurs'".
L'auteur met en avant, face à Gandhi, la figure de Bhim Rao Ambedkar (
l'article wiki à son sujet), qui n'est pas un musulman (il est buddhiste converti, et il a été ministre de la justice sous Nehru), qui s'oppose à cette vision et prône d'avantage d'égalitarisme social. A partir des années 30, il s'écarte de la voie de Gandhi pour s'attacher davantage à une égalité dans l'éducation. Il s'oppose également au pacte de Poona négocié par Gandhi quant à l'élection d'intouchables dans les assemblées provinciale qu'il juge insuffisant ; il fait mettre en place, après l'indépendance, un autre système, proportionnel au poids des intouchables dans la population, et leur garantissant une petite orme d'ascenseur social.
Les successeurs des partisans d'Ambedkar jouent encore sur cette opposition entre les deux hommes.
Quoiqu'il en soit, je recommande la lecture de l'article, bien argumenté et documenté. Au passage, j'y ai appris que la constitution de 1947 est ambivalent : elle supprime la notion d'intouchabilité, mais par le système des castes, tout en prohibant la discrimination fondée que les castes.
Quant à la question de départ, à savoir pourquoi les maharadjahs ne se sont pas opposés aux Anglais davantage, je crois qu'il faut prendre en compte plusieurs éléments
- tout d'abord, que la conquête anglaise a été militaire, et que les anglais disposaient d'une supériorité militaire. Certains royaumes ont été durement vaincus, et le XIXe est traversé de guerres en Inde.
- ensuite, que comme dans tous les systèmes coloniaux, les Anglais ont divisé pour mieux régner, et se sont appuyé sur des élites qui les ont vus comme une manière de se maintenir au pouvoir, tout en étant arrosés.