CNE_EMB a écrit :
Cela ressemble effectivement fortement à la construction du transsibérien (ou plutôt du "transmandchourien" à partir de 1896 entre Vladivostock et Irkoutsk) ou à la mise en valeur de la péninsule de Liaodong (chef-lieu : Port-Arthur) à partir de 1898-1900.
Je ne sais pas si les Russes ont utilisé des troupes supplétives locales durant leur courte présence là-bas (1898-1905), mais je vais chercher cela.
CNE EMB
Loïc a écrit :
tout à fait
Chinese in Japanese and Russian service
les deux Armées recrutèrent des auxiliaires parmi les populations locales de Mandchourie
(...) les Russes ont employé localement des Chinois comme auxiliaires dans des missions de garde de leurs lignes de chemins de fer et de ravitaillement
ces auxiliaires Chinois n'étaient pas habillés avec des uniformes russes néanmoins ils furent armés avec des Mosin-Nagant estampés "propriété du Gouvernement Impérial Russe"
il est précisé que le rôle et l'existence de ces auxiliaires Chinois est peu connu et a donné lieu a peu de publicité
The Russo-Japanese War 1904-1905
Alexeï Ivanov & Philipp Jowett
Osprey Men At Arms 414 superbement illustré par Andreï Karachtchouk
CNE_EMB a écrit :
Eh bien voilà
Mais Loïc, est-ce que les deux soldats visibles sur la photo sont bien des supplétifs mandchous/chinois de l'armée russe ? Vu le contexte et si les photos appartiennent à la même collection, ont été prises vers 1903, je dirais que c'est l'explication la plus plausible. Mais peut-on être sûr que ce ne soit pas là des soldats de l'armée impériale chinoise ?
CNE EMB
CNE_EMB a écrit :
Mais est-ce que ces armes austro-hongroises auraient pu servir chez des supplétifs russes, ou cela signe - t-il obligatoirement une identité impériale chinoise chez ces deux soldats ?
CNE_EMB
Plusieurs remarques (pour peut-être "enrichir" le petit jeu d'identifications auquel nous nous livrons) me viennent à l'esprit à la lecture de vos commentaires ci-dessus et précédents:
Etant donné que la photo de ce fil fait partie d'une série de clichés proposés à identification par buddy74140 sur le fil "Localisation de photos anciennes"
viewtopic.php?f=64&t=39281&start=0et concernent une sorte de "carnet de voyage illustré" ou "reportage" réalisé par un voyageur (inconnu ?) en 1903 entre Egypte, l'Asie du sud-est (ex-Tonkin et actuels Cambodge et Vietnam), la Chine méridionale, puis la Russie et Autriche.
J'aurai tendance à pencher pour ce sens de voyage car:
1) il existe sur cette série de photos un cliché correspondant aux dégâts laissés par le typhon qui s'abattit sur Hanoî le 7 juin 1903 et que le cliché du voyageur est lui daté du 9.
2) Que nous savons que la photo qui nous intéresse ici (comme celle du fil "Photo ancienne à localiser !"
viewtopic.php?f=92&t=39336 a été probablement faite sur un tronçon du chemin de fer de l'Est Chinois quelque part en Mandchourie et surement en été (au vu de ce qui semble être les accoutrements plutôt estivaux des personnages pour ces latitudes, la floraison végétale et également la sécheresse des sols...). Or, il semble qu'il n'y eut de transport passagers régulier sur les portions de ligne entre kharbine (ville chinoise et siège de la société russe qui avait en charge l'administration du Transmandchourien) et Vladivostock (terme de la ligne sur le Pacifique) ou Anshan (sud de la Mandchourie) qu'à partir de juillet 1903. Ce qui accréditerait par conséquent, plutôt ce sens de voyage pour le voyageur-photographe auteur de ces clichés et ajouterait une très grande probabilité que les localisations de ces prises de vues, se situent plus spécifiquement sur le tronçon de voie nouvellement ouvert à ce moment entre Anshan et kharbin (le voyageur provenant de Chine méridionale).
J'aimerai aussi porter à votre connaissance ce que j'ai pu lire sur le sujet du "Transmanchourien" dans l'ouvrage de Lung Chang (Docteur es Lettres de l'université de Fribourg): " La Chine à l'aube du XXe siècle: Les relations diplomatiques de la Chine avec les puissances depuis la guerre sino-japonaise jusqu'à la guerre russo-japonaise."
https://books.google.fr/books?id=64OaZd ... is&f=falseoù cet auteur nous indique que les termes de la concession du chemin de fer en Mandchourie accordés par la Chine étaient très favorables à la Russie (via la Société du chemin de fer de l'Est chinois fondée à cette occasion par le ministère des finances russe et capitalistiquement entièrement entre les mains du gouvernement russe) et que ce statut très privilégié (tenant en une trentaine d'articles) accordait notamment à la dite société l'expropriation et transfert de 285 000 acres de terrain chinois à son bénéfice (dont 28 000 pour la seule et entière ville de Kharbine), des concessions forestières ainsi que celles de mines et charbon, et l'administration civile et judiciaire sur toutes ces concessions. Le contrat prévoyait également le détachement et la mise à disposition par la Chine de toutes les ressources en hommes et matériels à la Société russe dont elle ferait la demande et aurait besoin pour la construction et fonctionnement de la portion de ligne traversant la Mandchourie et ce pour une période de 16 années, l'Etat Chinois prévoyant de "racheter" et récupérer le tout à ce terme. Tous les personnels chinois (qu'il s'agisse des ouvriers, gardes, administratifs...) acquérant par ces dispositions un statut de "salarié" chinois d'une société "étatique" russe soumis à la libre administration civile et judiciaire de celle-ci. Ces privilèges finirent toutefois par créer des difficultés aux autorités Chinoises car la dite Société transforma très vite les zones accordées en une sorte d'Etat dans l'Etat chinois qui porta gravement atteinte à la souveraineté chinoise dans son propre territoire.
Tout ceci donc pour souligner qu'il me semble que les personnages (particulièrement les gardes) que nous voyons sur ces photos ne sont probablement ni des supplétifs chinois pour l'armée tsariste, ni des gardes ou troupes militaires impériales chinoises constituées encadrant ou supervisant cette zone et/ou ouvrage mais plutôt des "employés" chinois de cette société russe "du chemin de fer de l'Est chinois" pourvus d'uniformes et matériels ad-hoc aux origines et provenances toujours probablement très diverses.
Très cordialement