Skipp a écrit :
Malheureusement j'ai l'impression que Pékin cherche à faire disparaître les cultures traditionnelles de ses régions en y implantant des Han pour empêcher toutes véléité d'indépendance... Ce qui n'est pas sans poser problème en territoire Ouïgours par exemple... Au Tibet annexé, les chinois vont jusqu'à faire avorter de force (et même éventrer) les tibétaines afin de réduire leur population... Ce que l'on appelle un génocide...
La relation entre Pékin et les minorités ethniques est beaucoup plus complexe qu'un rapport de colonisation... Tout d'abord, le discours officiel de Pékin est que la Chine est un pays multi-ethnique (dont les Han forment le corps principal, dit le slogan). A ce titre, les minorités disposent de provinces, districts ou cantons autonomes, et je ne crois pas qu'on puisse dire que Pékin ait systématiquement cherché à les faire disparaître. Dans certains cas, Pékin a même mené des politiques de discrimination positive vis à vis des minorités, en leur réservant par exemple des places dans les grandes universités (il est difficile de en chine d'entrer à l'université), ou, au début de la politique de l'enfant unique, en autorisant certaines minorités à avoir deux enfants par famille.
Ce "principe multi ethnique" est encore plus visible dans la présentation que les chinois font de leur histoire : les mandchous, les mongols, y sont considérés comme des chinois "au sens large", et Genghis Khan est généralement présenté sous un jour très favorable dans les documentaires historiques chinois.
Depuis quelques années, un certain nationalisme Han est apparu en Chine, qui, dans sa forme la plus extrème, voit les minorités comme des citoyens de second rang. Mais ces idéologies ont toujours été vivement combattues par les autorités.
Voici pour l'idéologie...
En ce qui concerne la pratique, la réalité est bien évidemment moins rose, mais elle varie énormément d'une région à l'autre.
D'abord, il y a les problèmes relatifs aux régions de l'ouest, Tibet et Turkestan chinois (mongolie intérieure dans une moindre mesure). Pékin y a traditionnellement peur des idéologies sécessionnistes (qui jettent à bas l'idéologie multi ethnique présentée précédemment). Il y a d'abord les Tibétains, puis les Ouighours, sachant que Pékin y est également inquiet des progrès de l'islamisme (l'ouest de la chine, tibet compris, a une forte population musulmane, dans les villes en particulier). A ma connaissance, si Pékin n'a jamais hésité à recourir à la manière forte (notez quand même qu'utiliser la force vis à vis de Han ne lui pose pas non plus problème), l'autonomie de ces régions n'a jamais non plus été remise en cause.
Ensuite, il y a la pression démographique des provinces de l'est (à majorité Han), qui aboutit à ce que les tibétains et les ouighours soient en minorité chez eux. Là encore, il me semble que pékin ait plus tenté de préserver que de noyer les cultures locales. Cependant, il est certain que le rapport de force démographique joue en faveur des Han.
En résumé, je dirais que la vision d'une Chine multi-ethnique, qui demeure le discours officiel de Pékin depuis 1949, présente pour les minorités un avantage et un inconvénient...
L'inconvénient est bien sur que tout sécessionnisme est impensable : la Chine étant multi ethnique, une minorité n'a pas lieu de réclamer une patrie, puisque sa patrie c'est la chine... Par ailleurs, il n'y a pas de "colonisation", chacun est chez soi...
Le revers (avantageux) de la médaille est que Pékin investit réellement dans la protection des cultures des minorités, probablement davantage que les pays occidentaux ne l'ont jamais fait...
Pour revenir aux mandchous, la minorité mandchoue était considérée récemment comme presque éteinte. Mais depuis quelques années, on assiste à un retour, et pékin, pour qui l'ethnie d'un enfant (indiquée sur sa carte d'identité) était toujours celle du père, autorise maintenant les enfants de mère mandchoue a se dire mandchous.
Francois